Chapitre 2 : Présentation des méthodes biophysiques principales utilisées : La diffusion de rayons
1. La diffusion aux petits angles (SAS)
1.1. Théorie
Cette partie a été rédigée en se basant principalement sur les livres Elementary scattering theory: for
X-ray and neutron users336 et Experimental neutron scattering337.
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1.1.1. Géométrie d’une expérience de diffusion
Figure 32: Géométrie d’une expérience de diffusion. Adapté de Carlile, C. J. (2013)337.
La figure 32 illustre la géométrie d’une expérience de diffusion. Un neutron ou photon incident,
spécifié par son vecteur d'onde k⃗ , où k = 2π/λ, est diffusé dans un nouvel état ayant un vecteur
d'onde k′⃗⃗⃗ . L'origine des coordonnées est à la position du noyau ou de l’électron et le neutron ou
photon est diffusé selon un vecteur k⃗ . La direction de diffusion est définie par l'angle ϕ et par
l'angle 2θ entre les faisceaux incidents et diffusés. La diffusion se produit dans un cône élémentaire
d'angle solide dΩ. Si la diffusion est élastique, l'amplitude du vecteur d'onde est inchangée lors de
la diffusion, c'est-à-dire |k⃗ | = |k′⃗⃗⃗ |. Si la diffusion est inélastique, il y a un échange d'énergie entre le
neutron et l'échantillon : quand le neutron gagne de l'énergie |k⃗ | < |k′⃗⃗⃗ |, et quand il perd de l'énergie
|k⃗ | > |k′⃗⃗⃗ |.
Une fois que les neutrons ou photons ont interagi avec l'échantillon, la mesure des neutrons ou
photons diffusés permet de déterminer la section efficace de diffusion des neutrons ou photons.
La section totale 𝜎𝑡𝑜𝑡 est définie par :
σtot=nombre de neutrons ou photons diffusés dans toutes les directions par seconde
flux incident I0
Équation 1
De façon simplifiée, la section efficace de diffusion σ est une mesure de la taille d’un atome tel qu’il
apparait pour un neutron ou photon et mesure donc l’efficacité avec laquelle les neutrons ou
photons sont diffusés par le noyau ou les électrons.
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1.1.1. Diffusion élastique et transfert d’impulsion
Le profil de diffusion est usuellement décrit par l’intensité Ien fonction de l’amplitude du vecteur
de diffusion ou le transfert d’impulsion q⃗ . Dans le cas de la diffusion aux petits angles, on suppose
que les photons ou les neutrons incidents n'échangent pas d'énergie avec l'échantillon, on ne
considère alors que la diffusion élastique. Selon cette hypothèse, les faisceaux incidents et diffusés
ont la même longueur d'onde λ. Si k⃗ et k′⃗⃗⃗ sont respectivement les vecteurs d’onde des faisceaux
incidents et diffusés, et que le vecteur de diffusion q⃗ = k′⃗⃗⃗ − k⃗ , alors :
q = |q⃗ | = 4π
λ sinθ
Équation 2
où 2θest l’angle de diffusion mesuré. Durant l’expérience, la longueur d’onde λ du faisceau incident
est fixe. La valeur de qne dépend donc que de l’angle 2θet les variations d’angle de diffusion sont
représentées par q.
1.1.2. Section efficace différentielle
La quantité de base qu'une expérience de diffusion vise à mesurer la fraction de particules incidentes
qui diffusent dans diverses directions, telles que définies par les coordonnées polaires sphériques
2θ et ϕ de la figure 32.
En supposant une diffusion élastique, un détecteur est installé pour compter les neutrons ou
photons diffusés dans l’angle solide dΩ. Si les neutrons ou les photons forment un flux constant
de particules entrantes, le flux incident, I0, est habituellement le nombre de neutrons ou photons
frappant l'unité de surface de l'échantillon par unité de temps, où la surface est considérée comme
étant perpendiculaire au faisceau incident (avec des unités de m-2.s-l). Leur taux d'arrivée dans la
direction de 2θ et ϕ jusqu’au détecteur qui sous-tend dΩ (en stéradian sr), peut également être
exprimé comme R par unité de temps (s-l).
Le ratio :
Nombre dévié par (2θ, ϕ) par seconde par unité d′angle solide
Nombre de particules incidentes par unité de surface de faisceau=
R(2θ, ϕ)
I0dΩ
Équation 3
est alors étroitement lié à la fonction de diffusion d’intérêt. Il est connu sous le nom de section
efficace différentielle, dσ/dΩ, en m2.sr- 1 (surface par unité d'angle solide).
La définition précise de la section efficace différentielle utilisée varie légèrement selon le domaine
d'application, mais est souvent citée par atome, ou par molécule, à travers une division par le
nombre d'unités de diffusion d'intérêt, N, de l'échantillon :
dσ
dΩ=
R(2θ, ϕ)
NI0dΩ
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où, à proprement parler, l'égalité se situe dans la limite de dΩ → 0.
Dans les figures 32 et 33, l'angle solide dΩ couvert par le détecteur sur l'échantillon est dA/r2 où
dA est la zone grisée. Le nombre de neutrons diffusés par seconde dans cet angle solide est le flux
multiplié par la surface ou |ψf|2 × dA, et qui est d’après l’équation 3 égal à I0(dA/r2)(dσ/dΩ). On
a donc :
dσ
dΩ= |ψf |
2r2
Équation 5
1.1.3. Diffusion par un noyau ou électron fixe
La description de la partie précédente sur la section efficace différentielle portait sur la description
des données de diffusion. Décrivons maintenant comment la structure de l'échantillon, au niveau
atomique, est liée aux diffusions mesurées.
Figure 33: Schéma de diffusion d'une onde plane de neutrons ou photons par un seul diffuseur. Adapté de
Carlile, C. J. (2013)337.
Considérons la diffusion par un seul noyau ou électron fixe (ne se déplace pas et n’échange pas
d'énergie). Une onde plane incidente de neutrons ou photons se déplaçant dans la direction 𝑥
comme représenté dans la figure 33 est déterminée par la fonction onde :
ψi= eik𝑥
Équation 5
où i2= − 1 et k = 2π/λ est le nombre d'onde.
La probabilité de trouver un neutron ou photon dans un volume dV est |ψi|2dV. Si |ψi|2= 1,
l'Équation se réfère à une densité d'un neutron ou photon par unité de volume dans tout l'espace.
L'onde diffusée par un noyau ou électron isolé, comme indiqué dans la figure 33, est sphérique
avec la fonction d’ondesuivante, k’ étant le nombre d’onde sortante :
ψf= −be
ik⃗⃗⃗⃗ r⃗ ′
r
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r est la distance par rapport au noyau ou électron diffusant et b est connue sous le nom de
« longueur de diffusion » du noyau ou de l’électron et varie selon les éléments du tableau périodique
(et dans le cas des neutrons entre les isotopes d’un même élément) (figure 39). Le signe « - » de
l'équation 6 est adopté pour s'assurer que la plupart des valeurs de b pour les éléments soient
positives.
1.1.4. Diffusion par un ensemble de noyaux ou électrons
Après avoir traité le cas d’un seul noyau, si l’on considère un assemblage tridimensionnel de noyaux
ou d’électrons tout en maintenant l’hypothèse de la diffusion élastique, l’onde diffusée résultante
peut être écrite sous la forme suivante :
ψs= − ∑ (bj
r)
j
eik⃗⃗⃗⃗ r⃗ ′ eiq⃗⃗ .r⃗
Équation 7
Où q⃗ = k′⃗⃗⃗ − k⃗ est le vecteur de diffusion avec k⃗ et k⃗⃗⃗ ′les vecteurs d’onde des neutrons incidents et
diffusés.
Le nombre de neutrons ou photons diffusés par seconde est le flux fois la surface :
b2
r2v ∙ 4πr2= (4πb2)v
Équation 8
Ainsi, on obtient :
σtot= If
I0
= 4πb2
Équation 9
σtot étant la section efficace du noyau ou de l’électron vue par le neutron ou le photon (en m2).
1.1.1. Densité de longueurs de diffusion et intensité de diffusion
Selon que les rayons X ou les neutrons sont utilisés, l’intensité de diffusion mesurée correspond à
la transformée de Fourier de la densité de longueurs de diffusion du noyau ρn ou de la densité
électronique ρe, intégrée sur le volume de particule V. Cependant, comme les particules sont en
solution, ρ doit être remplacée parΔρ, le contraste entre la densité de longueurs de diffusion de la
particule et celle de la solution tampon ρs, qui est supposée être homogène. La densité de longueurs
de diffusion Δρ se calcule avec les longueurs de diffusion bj et le volume Vj (à la position r) que
chaque atome occupe au sein d’une particule. Comme la particule est immergée dans une solution
de densité de longueurs de diffusion ρs il faut en retirer celle-ci :
Δρ = bj
Vj
− ρs
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Dans une solution idéale où les particules sont orientées de façon isotrope, l’intensité de diffusion
est en symétrie sphérique autour du faisceau incident. L’intensité de diffusion totale I(q) peut être
alors écrite comme la somme des intensités de diffusion des composants individuels de la solution
moyennée sur toutes les orientations possibles (noté 〈… 〉) :
I(q) ∝ 〈|∫ Δρ. eiq⃗⃗ r⃗ dV|
2
〉
Équation 11
Dans le document
Étude du mécanisme d’action du protéasome PAN-20S par diffusion de neutrons aux petits angles résolue en temps
(Page 65-70)