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La théorie de l’auto-détermination et la régulation des comportements et des conflits

2. Cadre théorique

2.4. La théorie de l’auto-détermination et la régulation des comportements et des conflits

Bien que ce concept soit compliqué à définir et que les auteurs ne s’accordent pas tous sur la même définition de la motivation, il est intéressant de retenir celle donnée par Vallerand et Thill dans leur ouvrage « Introduction à la psychologie de la motivation » : « Le concept de motivation représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes utilisées produisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la persistance du comportement » (Vallerand & Thill, 1993). Selon la TAD, l’individu tendrait naturellement à la satisfaction de trois besoins psychologiques fondamentaux. L’expression de ces besoins psychologiques passent par les expériences que va pouvoir vivre un individu pour intégrer ces besoins et les satisfaire. Les comportements produits par les individus qui découlent de ces expériences peuvent être régulés par différentes formes de motivation qui vont de la plus contrôlée (si les besoins ne sont pas satisfaits) à la plus autonome (si les besoins le sont). La théorie identifie six sous types de régulations : la non régulation ou amotivation (absence de motivation), la régulation externe (le comportement est effectué dans un but utilitaire), la régulation introjectée (régulation des valeurs de l’individu en fonction de son environnement), la régulation identifiée (le comportement est jugé important pour l’individu), la régulation intégrée (la personne a pleinement intégrée la valeur du comportement mais celui-ci a toujours un but utilitaire), la régulation intrinsèque (le comportement est motivé par le plaisir). Les

régulations externe et introjectée sont contrôlées alors que les régulations identifiée, intégrée et intrinsèque sont autonomes. Les auteurs présentent ces différentes formes de régulations sur un continuum d’autodétermination relative (Deci & Ryan, 2002). Chaque type de régulation à un degré d’autonomie, ou d’intériorisation, différent en fonction de sa place sur ce continuum.

Selon la TAD, les comportements régulés par les formes de motivations les plus autonomes favorisent la satisfaction des trois besoins psychologiques fondamentaux et donc un état de bien-être et de vitalité supérieur.

Chaque type de régulation a des conséquences propres sur le comportement d’un individu.

La façon dont il va être motivé à produire tel ou tel type de comportement, ou plutôt le degré d’intériorisation du comportement effectué, va entrainer des modifications dans la manière dont il va s’identifier aux causes externes de ce comportements et, du coup, aux résultats qui vont en découler. La forme de régulation la plus autonome aura, par exemple, pour conséquence d’entrainer une augmentation des sentiments positifs et est associée à une meilleure santé mentale. Les recherches ont également montré que cette forme de régulation était adjointe d’une créativité accrue et d’une plus grande persistance dans le comportement. A contrario, en situation de régulation introjectée, l’individu va accepter les contraintes sans les faire sienne. Il va subir la pression de ces contraintes et règles externes sans vraiment y adhérer (Paquet & al., 2016).

Les différences qui peuvent exister dans l’intériorisation du comportement découlent de la satisfaction des trois besoins psychologiques fondamentaux. Un des aspects les plus importants de la théorie concernant la satisfaction de ces trois besoins est le lien avec le bien-être psychologique ou, autrement dit, comment l’un prédit l’autre. La croissance, le bien-être et la vitalité de l’être humain dépendrait des nutriments essentiels que sont la satisfaction des trois besoins. Plusieurs études ont investigué ce lien et ont obtenu des résultats significatifs. Reis et collaborateurs ont étudié les variations du bien-être psychologique global (émotions positives et sentiments de vitalité) en fonction de la satisfaction ou non des trois besoins psychologique définis par la TAD. Les résultats montrent que les journées où les besoins psychologiques sont satisfaits sont aussi les journées où l’être humain est le plus heureux (Reis & al., 2000). Il faut, cependant, également tenir compte du fait que, bien que la satisfaction des trois besoins soit plus importante que l’équilibre de satisfaction entre chacun de ces trois besoins, ce dernier point reste tout de même important pour prédire le bien-être psychologique global comme l’on démontré Mack et collaborateurs en 2011 avec un échantillon de joueurs de volleyball. La

satisfaction équilibrée des trois besoins psychologiques fondamentaux était prédictive des indices de bien-être.

Pelletier et collaborateurs (2008) ont démontré que la TAD pourrait être un moyen de comprendre l’engagement et la persistance ou non des comportements pro environnementaux.

Ils avancent notamment l’idée que la régulation externe pourrait être un type de motivation entrainant un désengagement des comportements pro environnementaux alors qu’ils sont fréquemment utilisés. En effet, les programmes mis en place par les gouvernements afin de promouvoir ce type de comportement instaurent un système de récompense ou de punition allant de pair avec le comportement pro-environnemental. Or, ce type de régulation est, elle aussi, régie par des sources de contrôle externe à l’individu. Quand on enlève le facteur externe de motivation, le comportement tend à s’arrêter. Pour illustrer son propos, Pelletier et Sharp (2008) ont mené une étude à l’université d’Ottawa dans laquelle il a mis en place un affichage à divers points stratégiques du campus. Certaines avaient un message extrinsèque encourageant à se servir de tasses réutilisables pour boire leur café (orientés sur l’économie d’argent) tandis que les autres avaient un message intrinsèque (santé, bien-être personnel ou celui des générations à venir). Les résultats ont montré une hausse de l’utilisation des tasses réutilisables de 6% à 10% dans les endroits où les affiches prônaient un message intrinsèque. D’autres études ont également montré un lien entre le niveau de motivation autodéterminée et la fréquence des comportements pro-environnementaux, venant même contredire une idée partagée par bon nombre d’individus selon laquelle éliminer les obstacles pour rendre plus facile le comportement pro-environnemental aurai pour effet d’augmenter ces mêmes comportements.

Une première étude de 1997 (Green-Demers, & al., 1997) et une seconde en 2007 (Pelletier, &

al., 2007) ont investigué cette relation entre le niveau de motivation vis-à-vis d’un comportement pro-environnemental et la fréquence de comportements pro environnementaux de difficultés croissantes. Les résultats des deux études montrent qu’il n’y a pas de différence d’engagement dans les comportements pro environnementaux faciles selon le niveau de motivation. Cependant, lorsqu’il s’agit de comportements moyennement ou très difficiles, seuls les gens à haut niveau de motivation autodéterminée ont tendance à effectuer le comportement.

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