Master
Reference
L'argent fait-il le bonheur ? Matérialisme et considération pro-sociales et pro-environnementales
TURPIN, Lucie
Abstract
Dans un contexte social ou le progrès et la réussite sont deux objectifs qui guident les comportements de tout à chacun, nous nous sommes intéressés à l'impact de cette recherche constante du « toujours plus » sur le bien-être individuel. Basé sur la Théorie de l'Autodétermination (Deci & Ryan, 1985), ce travail de recherche examine, dans une première étude, les liens existants entre le niveau de matérialisme et le bonheur grâce à différentes mesures du bien-être subjectif. Puis, dans une deuxième étude, nous évaluons les liens entre le niveau de matérialisme, la motivation pour l'environnement sur les comportements écologiques ainsi que leur interaction dans un contexte de prise de décision environnementale. Les résultats montrent tout d'abord un impact différencié du niveau de matérialisme sur le bien-être subjectif. De plus, les résultats montrent un lien négatif entre le niveau de matérialisme et les comportements pro environnementaux. Les résultats, qui ne vont pas tous dans le sens de nos hypothèses, seront discutés de manière à décrire l'impact négatif du matérialisme sur le [...]
TURPIN, Lucie. L'argent fait-il le bonheur ? Matérialisme et considération pro-sociales et pro-environnementales. Master : Univ. Genève, 2017
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:99845
Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.
L’argent fait-il le bonheur ?
Matérialisme et considérations pro-sociales et pro- environnementales
Mémoire réalisé en vue de l’obtention du titre de
Master universitaire en Psychologie
Orientation psychologie affective Par
Madame Lucie Turpin
Directeur du mémoire
Monsieur Julien Chanal Jury
Monsieur Tobias Brosch Monsieur Nicolas Silvestrini
Genève, Juin 2017 UNIVERSITE DE GENEVE
FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’EDUCATION
"Ne gâche pas ce que tu as en désirant ce que tu n’as pas ; mais souviens-toi que ce que tu as, fut jadis parmi les choses
que tu ne pouvais qu’espérer."
Epicure
Résumé
Dans un contexte social ou le progrès et la réussite sont deux objectifs qui guident les comportements de tout à chacun, nous nous sommes intéressés à l’impact de cette recherche constante du « toujours plus » sur le bien-être individuel. Basé sur la Théorie de
l’Autodétermination (Deci & Ryan, 1985), ce travail de recherche examine, dans une première étude, les liens existants entre le niveau de matérialisme et le bonheur grâce à différentes mesures du bien-être subjectif. Puis, dans une deuxième étude, nous évaluons les liens entre le niveau de matérialisme, la motivation pour l’environnement sur les comportements
écologiques ainsi que leur interaction dans un contexte de prise de décision environnementale.
Les résultats montrent tout d’abord un impact différencié du niveau de matérialisme sur le bien-être subjectif. De plus, les résultats montrent un lien négatif entre le niveau de
matérialisme et les comportements pro environnementaux. Les résultats, qui ne vont pas tous dans le sens de nos hypothèses, seront discutés de manière à décrire l’impact négatif du matérialisme sur le bonheur et sur l’environnement.
Table des matières
1. Introduction ... 5
2. Cadre théorique ... 6
2.1. Matérialisme et bien-être ... 6
2.2. Le concept de matérialisme ... 8
2.3. La théorie de l’autodétermination ... 9
2.4. La théorie de l’auto-détermination et la régulation des comportements et des conflits .... 10
2.5. Notre recherche ... 12
3. Etude 1 ... 15
3.1. Population et procédure ... 15
3.2. Mesures ... 15
3.3. Résultats ... 16
Tableau 1 : ... 16
Impact du niveau de matérialisme sur les différentes mesures du bien-être subjectif... 16
4. Etude 2 ... 17
4.1. Population et procédure ... 17
4.2. Mesures ... 17
4.3. Résultats ... 19
Tableau 2 : ... 19
Corrélation entre le niveau de matérialisme et la motivation à adopter un comportement écologique, la fréquence de ces comportements et la prise de décision ... 19
Tableau 3 : Modération du niveau de matérialisme sur la prise de décision et sur la fréquence des comportements pro-environnementaux par le niveau de motivation... 20
5. Discussion / conclusion ... 20
6. Conclusion ... 27
7. Références bibliographiques ... 28
8. Annexe ... 33
1. Introduction
Chaque année depuis 2012, un groupe d’experts indépendants publie un rapport mondial sur le bonheur. Un classement de près de 160 pays se fait à travers différents critères d’évaluations:
le revenu, la santé, l’encadrement social, la liberté de choix, la confiance et la générosité. Ils sont pondérés par les expériences positives (rire, sécurité, repos, …) et négatives (colère, dépression, stress, …). Considéré comme une mesure appropriée du progrès social et un objectif important des gouvernements, le niveau de bien-être des habitants d’un pays est devenu un critère mesurable à prendre en considération.
Les deux derniers rapports publiés offre une place de choix pour la Suisse (1ère en 2015 et 2ème en 2016). Pour chacun des rapports, le revenu par habitant est un des critères d’évaluation influençant le plus la place occupée par ce pays (Helliwell & al., 2015, 2016). Selon l’office fédéral de la statistique, la Suisse arrive également dans les trois premiers pays du classement européen évaluant le standard de pouvoir d’achat sur l’année 2014. Il existerait donc, conformément à l’adage, un lien entre la richesse et le niveau de bonheur.
Pourtant, la recherche en psychologie montre que le matérialisme est lié négativement au niveau de bien-être d’un individu. En effet, les personnes matérialistes ont une préférence pour l’utilisation de leur argent dans l’acquisition de biens matériels (des choses que l’on puisse montrer, qui confère un certain statut social) et ont tendance, par exemple, à privilégier la consommation visible plutôt que les achats durables. Dans la perspective de la théorie de l’autodétermination, Deci et Ryan postulent que le bien-être est un état dépendant de la satisfaction de trois besoins psychologiques fondamentaux de base que sont les besoins d’autonomie, de compétence et d’affiliation. Les individus seraient donc plus heureux s’ils vivent dans des pays riches mais seulement une fois que les besoins de base seraient satisfaits (Deiner & Myers, 1995). Le type de consommation (consommation visible vs. achats durables) peut donc nourrir plus ou moins les besoins de l’individu et ainsi conduire, ou non, à son bienêtre. De plus, les alertes concernant les enjeux environnementaux liés à la consommation non durable sont présents depuis longtemps en Suisse qui fait figure de bon élève. La Suisse, et donc ses habitants, s’engagent dans la lutte pour l’environnement. Ainsi, les Suisses, qui ont un fort pouvoir d’achat sont incités à avoir de fortes considérations environnementales dans leur achats et pourraient se trouver dans des situations de consommation conflictuelles dès lors qu’ils
ont à adopter un comportement pro-environnemental ou à pratiquer une activité susceptible de nuire à l’environnement selon qu’ils soient matérialistes ou pas.
De nombreuses études s’intéressent à ce qui fait qu’un individu va adopter un comportement pro environnemental et surtout à le maintenir (Killbourn & Pickett, 2008). Parmi ceux-ci, nous avons vu que la motivation, au travers de la satisfaction des besoins fondamentaux des individus, et le matérialisme sont des éléments déterminants de ces choix. Dans ce travail, nous nous intéresserons tout d’abord aux liens qu’entretient le matérialisme avec le bien-être, au travers de ses différentes composantes. Ensuite, nous évaluerons les effets du matérialisme et de la motivation pro-environnementale sur les comportements pro-environnementaux des individus, ainsi que sur leur prise de décision en rapport avec une activité susceptible d’impacter l’environnement. L’objectif de ce travail est donc d’étudier l’influence du matérialisme de l’individu ainsi que sa motivation pro-environnementale sur ses comportements écologiques exprimés, que ce soit dans un cadre décontextualisé ou lorsqu’il est mis en conflit par des situations qui opposent une consommation particulière et prisée en Suisse (le ski) avec un comportement écologique et durable.
2. Cadre théorique
2.1. Matérialisme et bien-être
De nombreux travaux en psychologie se sont attachés à comprendre les liens qui existent entre les possessions et le bien-être. Dès 1974, l’économiste Richard Easterlin mettait en évidence le fait qu’une hausse du revenu par habitant d’un pays donné ne correspondait pas forcément à une hausse du bien-être ressenti (Easterlin, 1974). Cette découverte a donné lieu à ce que l’on appelle « Le paradoxe d’Easterlin ». Contrairement aux idées reçues et au dogme du capitalisme, la littérature montre assez fréquemment (Dittmar & al. 2014, Chancellor & al.
2011, Dunn & al. 2011) l’existence d’un lien négatif entre le fait de dépenser de l’argent pour l’acquisition de biens matériels et le niveau de bien-être auto rapporté.
Récemment il a été montré une corrélation positive entre le revenu et « la satisfaction de vie
» et « le bien-être émotionnel » (Deaton & Kahneman, 2010). Cependant, ce résultat montre un
« effet plafond » à partir de 75 000 $ de revenu annuel pour un ménage. Il semblerait que ce résultat indique que les revenus permettent d’améliorer le bien-être mais seulement jusqu’à un certain point. Par exemple, une étude récente menée dans 34 pays explique ce paradoxe par le fait que la croissance économique n’est pas associée à une augmentation du bonheur quand elle est accompagnée par une inégalité croissante des revenus (Oishi & Kesebir, 2015). L’argent pourrait donc « faire le bonheur » s’il était plus équitablement réparti ou encore s’il était mieux utilisé. Certains auteurs suggèrent que l’investissement dans des expériences plutôt que dans des choses matérielles augmenterait le niveau de bonheur tout comme le fait d’épargner son argent. Ce ne serait donc pas le fait d’avoir de l’argent ou non qui rendrait heureux mais plutôt la manière dont il est réparti et la manière de le dépenser (Dunn & al., 2011, Aaker & al., 2011).
Plusieurs études (Belk, 1984; Richins et Dawson, 1992, Kasser & Ryan, 1993, Dittmar & al., 2014) ont révélé que les individus qui cherchent le bonheur dans l’acquisition d’argent et de biens seraient moins heureux, auraient une moins bonne estime d’eux-mêmes avec un niveau plus élevé de dépression et d’anxiété que les autres. Ceci s’expliquerait notamment par le fait que notre société pousse à la consommation en mitraillant nos capteurs attentionnels de messages publicitaires à longueur de journée. Ces messages vantant les méritent d’une certaine richesse matérielle entrainent une hausse des comparaisons sociales, une hausse de l’écart entre le soi actuel et le soi idéal et impactent les gens ayant des aspirations extrinsèques (importance
de l’image et de l’argent) en produisant une auto évaluation négative d’eux-mêmes et donc une baisse de leur niveau de bien-être. Pour ces auteurs, les gens les plus matérialistes seraient ceux les plus vulnérables face à une auto-évaluation négative d’eux-mêmes mais ce trait serait aussi symptomatique d’un sentiment d’insécurité psychologique.
2.2. Le concept de matérialisme
Si vous aviez 10000 francs à disposition, et que vous aviez le choix entre l’achat d’une voiture de luxe ou un beau voyage, dans quoi préféreriez-vous le dépenser ? Selon la définition du Larousse, si vous choisissez la voiture, vous répondez au critère de la personne matérialiste.
Ce serait une « manière de vivre, état d'esprit orienté vers la recherche des satisfactions matérielles, de plaisirs ». Selon Belk (1985), le trait matérialiste serait en fait un ensemble de traits qui définirait le comportement matérialiste : l’envie (le fait d’être envieux des autres, de ce qu’ils possèdent), l’absence de générosité (avoir des difficultés à donner ou à prêter des biens à autrui et une attitude négative envers la charité), la possessivité (désirer avoir un certain contrôle sur ce que l’on possède et une crainte de les perdre) et la préservation (le fait de trouver nécessaire de conserver sous forme matérielle des souvenirs, des expériences - prendre des photos en vacances, par exemple). Selon Richins et Dawson (1992), le matérialisme est une valeur reflétant l’importance qu’une personne met dans ce qu’elle peut acquérir et sa manière de voir la place qu’ont ces acquisitions dans sa recherche de bien-être. C’est pourquoi, ce qu’elles possèdent vont avoir plus de valeur à leurs yeux que les expériences qu’elles pourront vivre, par exemple. Cette conceptualisation du matérialisme telle que définie par ces auteurs regroupe trois composantes importantes qui définiraient les personnes matérialistes. La première explique que, pour ces individus, les possessions auraient une valeur centrale dans leur vie. Ils vont allouer du temps et des ressources à la recherche de biens à acquérir. Ces personnes vont également penser que l’acquisition de biens et ce qu’ils possèdent déjà est une pièce fondamentale dans leur recherche de bonheur. Le dernier point central qui définit les matérialistes est leur manière de juger de leur succès et de celui des autres en fonction du nombre de leur possession.
Cependant, tous s’accordent sur l’idée globale selon laquelle le concept de matérialisme peut se définir comme « un ensemble de valeurs, d’objectifs et d’attentes relatives à l’acquisition de richesses et de biens matériels. » (Kasser & Ryan, 1996; Richins & Dawson,
1992, cité dans Hurst & al., 2013). Les personnes qui orientent leurs actes vers l’acquisition de biens matériels accordent une valeur à ces biens démesurée par rapport à leur valeur réelle.
Leurs acquisitions deviennent centrales, ont souvent plus de valeurs que les liens qu’ils peuvent avoir avec leurs pairs et ils anticipent davantage sur leurs futurs achats. Ils se sentent évalués par les autres selon leurs possessions mais évaluent également leurs pairs de la même manière.
2.3. La théorie de l’autodétermination
La théorie de l’autodétermination (TAD) défini divers buts et aspirations qui vont guider nos comportements. Un des principaux aspects de cette théorie est la distinction faite entre les aspirations intrinsèques et les aspirations extrinsèques. Kasser et Ryan ont publiés divers travaux sur ce sujet (Kasser & Ryan, 1996 ; Sheldon & al., 2004). Ils définissent les aspirations intrinsèques comme permettant la satisfaction des besoins de base et comme un indicateur d’une bonne santé mentale. Les personnes qui privilégient les aspirations intrinsèques vont accorder de l’importance à « la croissance personnelle, l’établissement de relations et l’engagement dans la communauté » (Paquet & al., 2016). Ces objectifs sont directement liés aux trois besoins fondamentaux définis par la TAD (autonomie, compétence et affiliation) et qui sont les garants du bien-être mental. Par opposition, les personnes qui privilégient les aspirations extrinsèques vont rechercher « l’accumulation de biens matériels, la recherche de notoriété et la recherche d’une bonne réputation » (Paquet & al., 2016). Leurs comportements seront influencés par des buts externes de valorisation et de réussite sociale. La recherche de récompenses et d’éloges guideront leurs comportements. Selon Kasser, on peut définir une personne comme étant matérialiste si elle accorde plus d’importance aux aspirations extrinsèques qu’intrinsèques. Un outil de mesure du niveau de matérialisme a été développé par Kasser et Ryan en 1993. Il a ensuite été repris et complété pour arriver à la version la plus récente développé par Grouzet et al. en 2005 grâce à une étude menée sur 1800 étudiants à travers 15 pays différents. Cet outil regroupe 11 dimensions ou objectifs de vie. Sept d’entre eux sont des aspirations intrinsèques et les quatre autres sont des aspirations extrinsèques.
Un des postulats essentiel de la TAD est la satisfaction des besoins fondamentaux. La théorie affirme que tout un chacun tend de façon innée vers la satisfaction de trois besoins psychologiques fondamentaux pour le développement que sont les besoins d’autonomie, de compétence et d’affiliation. Le besoin d’autonomie fait référence au besoin de se sentir à l’origine de son propre comportement (DeCharms, 1954; Deci & Ryan, 1985). Même si les
actions entreprises sont influencées par des sources externes, l’individu est conscient de cette influence et se sent tout de même à l’initiative de l’acte. Le besoin de compétence est la nécessité de l’être humain de se sentir compétent dans les actions qu’il entreprend et dans ses interactions avec l’environnement social (Deci, 1980; White, 1959). Ce besoin de compétence va amener les individus à rechercher des moments leurs permettant d’exprimer leurs capacités. Ce n’est alors pas tant le résultat qui est ici recherché mais le sentiment de confiance en effectuant l’action. Le dernier besoin est celui de se sentir affilié, connecté aux autres, d’avoir un sentiment d’appartenance avec une communauté (Baumeister & Leary, 1995 ; Ryan, 1993). Cela fait référence à la tendance que nous avons tous à chercher à être connectés aux autres, au besoin de se sentir accepté et de se sentir en sécurité dans une communauté. La TAD donne ici un cadre qui explique pourquoi les comportements orientés vers des buts extrinsèques (donc plus matérialistes) ne mènent pas à la satisfaction des trois besoins psychologiques fondamentaux, puisqu’ils sont à l’opposés des buts extrinsèques, et donc ne mènent pas au bienêtre.
2.4. La théorie de l’auto-détermination et la régulation des comportements et des conflits
Bien que ce concept soit compliqué à définir et que les auteurs ne s’accordent pas tous sur la même définition de la motivation, il est intéressant de retenir celle donnée par Vallerand et Thill dans leur ouvrage « Introduction à la psychologie de la motivation » : « Le concept de motivation représente le construit hypothétique utilisé afin de décrire les forces internes et/ou externes utilisées produisant le déclenchement, la direction, l’intensité et la persistance du comportement » (Vallerand & Thill, 1993). Selon la TAD, l’individu tendrait naturellement à la satisfaction de trois besoins psychologiques fondamentaux. L’expression de ces besoins psychologiques passent par les expériences que va pouvoir vivre un individu pour intégrer ces besoins et les satisfaire. Les comportements produits par les individus qui découlent de ces expériences peuvent être régulés par différentes formes de motivation qui vont de la plus contrôlée (si les besoins ne sont pas satisfaits) à la plus autonome (si les besoins le sont). La théorie identifie six sous types de régulations : la non régulation ou amotivation (absence de motivation), la régulation externe (le comportement est effectué dans un but utilitaire), la régulation introjectée (régulation des valeurs de l’individu en fonction de son environnement), la régulation identifiée (le comportement est jugé important pour l’individu), la régulation intégrée (la personne a pleinement intégrée la valeur du comportement mais celui-ci a toujours un but utilitaire), la régulation intrinsèque (le comportement est motivé par le plaisir). Les
régulations externe et introjectée sont contrôlées alors que les régulations identifiée, intégrée et intrinsèque sont autonomes. Les auteurs présentent ces différentes formes de régulations sur un continuum d’autodétermination relative (Deci & Ryan, 2002). Chaque type de régulation à un degré d’autonomie, ou d’intériorisation, différent en fonction de sa place sur ce continuum.
Selon la TAD, les comportements régulés par les formes de motivations les plus autonomes favorisent la satisfaction des trois besoins psychologiques fondamentaux et donc un état de bien- être et de vitalité supérieur.
Chaque type de régulation a des conséquences propres sur le comportement d’un individu.
La façon dont il va être motivé à produire tel ou tel type de comportement, ou plutôt le degré d’intériorisation du comportement effectué, va entrainer des modifications dans la manière dont il va s’identifier aux causes externes de ce comportements et, du coup, aux résultats qui vont en découler. La forme de régulation la plus autonome aura, par exemple, pour conséquence d’entrainer une augmentation des sentiments positifs et est associée à une meilleure santé mentale. Les recherches ont également montré que cette forme de régulation était adjointe d’une créativité accrue et d’une plus grande persistance dans le comportement. A contrario, en situation de régulation introjectée, l’individu va accepter les contraintes sans les faire sienne. Il va subir la pression de ces contraintes et règles externes sans vraiment y adhérer (Paquet & al., 2016).
Les différences qui peuvent exister dans l’intériorisation du comportement découlent de la satisfaction des trois besoins psychologiques fondamentaux. Un des aspects les plus importants de la théorie concernant la satisfaction de ces trois besoins est le lien avec le bien-être psychologique ou, autrement dit, comment l’un prédit l’autre. La croissance, le bien-être et la vitalité de l’être humain dépendrait des nutriments essentiels que sont la satisfaction des trois besoins. Plusieurs études ont investigué ce lien et ont obtenu des résultats significatifs. Reis et collaborateurs ont étudié les variations du bien-être psychologique global (émotions positives et sentiments de vitalité) en fonction de la satisfaction ou non des trois besoins psychologique définis par la TAD. Les résultats montrent que les journées où les besoins psychologiques sont satisfaits sont aussi les journées où l’être humain est le plus heureux (Reis & al., 2000). Il faut, cependant, également tenir compte du fait que, bien que la satisfaction des trois besoins soit plus importante que l’équilibre de satisfaction entre chacun de ces trois besoins, ce dernier point reste tout de même important pour prédire le bien-être psychologique global comme l’on démontré Mack et collaborateurs en 2011 avec un échantillon de joueurs de volleyball. La
satisfaction équilibrée des trois besoins psychologiques fondamentaux était prédictive des indices de bien-être.
Pelletier et collaborateurs (2008) ont démontré que la TAD pourrait être un moyen de comprendre l’engagement et la persistance ou non des comportements pro environnementaux.
Ils avancent notamment l’idée que la régulation externe pourrait être un type de motivation entrainant un désengagement des comportements pro environnementaux alors qu’ils sont fréquemment utilisés. En effet, les programmes mis en place par les gouvernements afin de promouvoir ce type de comportement instaurent un système de récompense ou de punition allant de pair avec le comportement pro-environnemental. Or, ce type de régulation est, elle aussi, régie par des sources de contrôle externe à l’individu. Quand on enlève le facteur externe de motivation, le comportement tend à s’arrêter. Pour illustrer son propos, Pelletier et Sharp (2008) ont mené une étude à l’université d’Ottawa dans laquelle il a mis en place un affichage à divers points stratégiques du campus. Certaines avaient un message extrinsèque encourageant à se servir de tasses réutilisables pour boire leur café (orientés sur l’économie d’argent) tandis que les autres avaient un message intrinsèque (santé, bien-être personnel ou celui des générations à venir). Les résultats ont montré une hausse de l’utilisation des tasses réutilisables de 6% à 10% dans les endroits où les affiches prônaient un message intrinsèque. D’autres études ont également montré un lien entre le niveau de motivation autodéterminée et la fréquence des comportements pro-environnementaux, venant même contredire une idée partagée par bon nombre d’individus selon laquelle éliminer les obstacles pour rendre plus facile le comportement pro-environnemental aurai pour effet d’augmenter ces mêmes comportements.
Une première étude de 1997 (Green-Demers, & al., 1997) et une seconde en 2007 (Pelletier, &
al., 2007) ont investigué cette relation entre le niveau de motivation vis-à-vis d’un comportement pro-environnemental et la fréquence de comportements pro environnementaux de difficultés croissantes. Les résultats des deux études montrent qu’il n’y a pas de différence d’engagement dans les comportements pro environnementaux faciles selon le niveau de motivation. Cependant, lorsqu’il s’agit de comportements moyennement ou très difficiles, seuls les gens à haut niveau de motivation autodéterminée ont tendance à effectuer le comportement.
2.5. Notre recherche
Introduire le concept de développement durable en lien avec le matérialisme peut sembler évident pour certain ou, au contraire, complexe à entendre pour d’autre. Nous avons vu plus haut comment le niveau de matérialisme, le type de motivation envers un comportement pouvait avoir un impact sur le niveau de bien-être subjectif. Des études montrent qu’il en est en fait de même pour les comportements écologiques. Le rapport Brundtland publié à la suite de la commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations Unies en 1987 explique que le développement durable est une méthode permettant aux sociétés de se développer en conjuguant les préoccupations socio-économiques et les besoins des êtres humains. Ceux-ci ne doivent cependant pas compromettre la satisfaction de ces mêmes besoins pour les générations futures. Les différentes mesurent prisent par les gouvernements pour limiter la pollution de notre environnement s’appliquent principalement grâce à des compromis à faire entre les différentes préoccupations sociales, environnementales et économiques. Les niveaux d’alerte à la pollution atmosphérique mis en place dans certaines villes (comme Pékin ou encore Paris) imposent la circulation alternée des voitures ou encore la mise à l’arrêt de certaines usines polluantes ou de chantiers. Et, bien que ces mesures soient prises dans l’intérêt général, il peut y avoir un impact négatif compréhensible sur le bien-être de l’individu qui est amené à faire un choix entre ses préoccupations personnelles et les obligations imposées par la loi. Comprendre ce qui motive les personnes à adopter ces comportements pro environnementaux permettraient d’adapter les mesures et la manière dont elles sont mises en place.
Autour de cette question « l’argent fait-il le bonheur ? », nous avons décidé de travailler sur le lien entre le matérialisme, le bien-être, et le développement durable. Le but de cette recherche est donc d’évaluer le lien entre le matérialisme et le bien-être personnel et de mesurer l’impact de cette dimension sur le niveau d’engagement dans des comportements proenvironnementaux.
Les études présentées précédemment montrent un lien négatif entre le niveau de matérialisme chez les individus et leur niveau de bien-être subjectif. Plus une personne sera orienté vers des vale§urs matérialistes et moins elle sera heureuse. Nous avons également discuté les différents types de motivations qui vont guider nos comportements. Les études montrent que plus l’on est intrinsèquement motivé dans notre comportement, plus on aura tendance à adopter ces comportements.
La première étude vise à évaluer le lien existant entre le niveau de matérialisme et le niveau de bien-être. Comme nous l’avons dit précédemment, plusieurs études ont mis en évidence un lien négatif entre le matérialisme et le bien-être global d’un individu. L’étude de Dittmar et collaborateur de 2014, par exemple, a révélé que plus un individu était matérialiste et moins il avait de comportement favorable pour sa santé, une habitude de consommation risquée plus élevée et plus d’auto-évaluation négative. Les résultats montrent également des effets moins importants mais présent tout de même sur la satisfaction de vie et les affects négatifs. Cet impact négatif du niveau de matérialisme a été mis en évidence sur quatre dimensions du bien-être présentées dans cet article.
Cette méta-analyse a montré que la force de l’effet dépendait de facteurs sociodémographiques et du contexte dans lequel les valeurs étaient étudiées (dans un environnement d’étude ou de travail ou encore concernant les différences culturelles). Cette étude et d’autres (Deaton & Kahneman, 2010, par exemple) montrent un effet du matérialisme sur une mesure composite du bien-être subjectif.
L’hypothèse relative à cette première étude est de montrer, non seulement que le matérialisme a un impact négatif sur le bien-être subjectif mais également qu’il a un impact différent sur chacune des dimensions du bien-être étudiées.
En lien avec les études présentées précédemment sur la poursuite des buts, les différents types de régulation et l’engagement dans des comportements pro environnementaux (GreenDemers, & al., 1997, Pelletier et Sharp, 2008), nous avons souhaité mettre en lien le niveau de matérialisme et les comportements écologiques à travers une seconde étude.
L’étude 2 a pour objectif de tester l’hypothèse selon laquelle les individus matérialistes seraient moins motivés à adopter un comportement proenvironnemental que les non- matérialistes. Nous formulons également l’hypothèse que, dans le cadre d’un conflit environnemental, qui implique une prise de décision, les individus matérialistes auraient moins tendance à évaluer la variable environnementale comme étant plus importante que la variable
Bien être subjectif
•Satisfaction de vie
•Affects positifs
•Affects négatifs
Self appraisal
•Estime de soi
•Vitalité subjective
DSM AXIS 1
•Anxiété
•Dépression
Physique
•Santé physique
•Comportements à risques
plaisir. Une troisième hypothèse pour cette seconde étude est que cet effet sur la prise de décision des matérialistes serait modéré par la motivation proenvironnementale de l’individu.
3. Etude 1
3.1. Population et procédure
Cinq cent dix-huit étudiants de premier cycle d’un cours obligatoire de première année en psychologie à l'Université de Genève (Suisse) ont été recrutés pour participer en échange de crédits de cours. Les participants ont été invités à remplir des questionnaires en ligne sur leurs habitudes de vie et leurs sentiments actuels. Ils ont été invités à remplir ces questionnaires dans un environnement calme, sans limite de temps. Chaque question devait être répondue avant que les participants puissent lire la question suivante. Chaque étudiant a reçu un numéro d’identification permettant d’anonymiser leurs réponses.
L’échantillon total de 518 étudiants a rempli le questionnaire « Index d’aspiration » (Grouzet & al., 2005) permettant de mesurer le niveau de matérialisme.
Parmi ces 518 étudiants, un échantillon de 435 étudiants a rempli les questionnaires correspondants à la première dimension du bien-être : le bien-être subjectif. Un échantillon de 235 étudiants a rempli le questionnaire correspondant à la deuxième dimension du bien-être : le Self Appraisal. Pour finir, l’échantillon total de 518 étudiants a rempli les questionnaires correspondants à la troisième dimension du bien-être : DSM Axis 1.
3.2. Mesures
Le score de matérialisme a été mesuré grâce à l’Index d’aspiration. Il permet l’évaluation de 11 domaines d’aspirations (Autosatisfaction, Affiliation, Sentiment de communauté, Santé physique, Réussite financière, Image, Popularité, Spiritualité, Hédonisme, Conformité, Sécurité) (Grouzet, F. & al. 2005). La méthode consiste à faire la moyenne des scores obtenus pour les buts intrinsèques et pour les buts extrinsèques et de soustraire la moyenne des scores extrinsèques à la moyenne des scores intrinsèques pour obtenir le score de matérialisme.
La satisfaction de vie a été évaluée à l’aide du Satisfaction With Life Scale (Diener & al., 1985). Cette échelle permet d’évaluer le niveau de satisfaction de vie dans son ensemble. Le questionnaire mesure également les affects positifs et négatifs à l’aide de The Positive And Negative Affect Schedule (Watson & al., 1988). Afin de mesurer l’estime de soi, nous avons utilisé le Rosenberg Self-Esteem Scale (Rosenberg, 1965). La vitalité subjective a été mesurée grâce à la version française de la Subjective Vitality Scale - State Level Version (Ryan & al.
1997). Pour finir, une mesure de l’anxiété et une mesure de la dépression a été prise avec l’Inventaire d’Anxiété Situationnelle et le Trait d’Anxiété forme Y (Spielberger, 1983) ainsi que le Beck Depression Inventory (Beck, 1996).
3.3. Résultats
Le but de cette recherche était donc, dans une première partie, de tester le lien entre le niveau de matérialisme et le niveau de bien-être.
Pour la première étude, nous avons fait l’hypothèse d’un impact négatif du matérialisme sur le bien-être général mais, conformément à la littérature, nous avons également prédit un impact différentiel du niveau de matérialisme sur les différentes dimensions du bien-être.
Notre hypothèse se vérifie avec des résultats montrant un lien négatif entre le niveau de matérialisme et la satisfaction de vie (r = -0.157, p < 0.001) et le niveau de matérialisme et la vitalité subjective (r = -0.160, p = 0.015). Les analyses montrent également que plus un individu est matérialiste et plus il aura d’affects négatifs (r = 0.157, p < 0.001). Les résultats ne montrent aucun lien significatif entre le niveau de matérialisme et les autres dimensions du bien-être évaluées dans cette étude : affects positifs ((r = 0.063, p = 0.191), estime de soi (r = 0.085, p = 0.076), anxiété (r = 0.086, p = 0.07) et dépression (r = 0.023, p = 0.628) (tableau 1).
Tableau 1 : Impact du niveau de matérialisme sur les différentes mesures du bien-être subjectif
Bien-être subjectif
Note : *p<.05
Satisfaction de vie Affects positifs Affects négatifs Estime de soi Vitalité subjective Dépression Anxiété
Matérialisme -.16* .06 -.15* .08 -.16* .02 .08
4. Etude 2
4.1. Population et procédure
L’échantillon est composé de deux cents neuf étudiants (41 hommes et 168 femmes, Mâge:
22,42 ans) de l’université de Genève qui ont répondu à un questionnaire regroupant les différentes mesures d’intérêts en échange de crédits de cours. Ils ont été invités à répondre à ce questionnaire via une plateforme en ligne, dans un environnement calme et sans limite de temps.
Les questions portaient sur leurs objectifs de vie et leurs comportements écologiques. Nous avons également récolté des données socio-démographiques.
4.2. Mesures
Le score de matérialisme a été mesuré grâce à l’index d’aspiration de manière similaire à la première étude. Les participants évaluaient leur attitude face à des items comme « Je désire…
que mon image corresponde à celle que les autres trouvent attirante » ou encore « Je désire…
que j’aide le monde à devenir meilleur » sur une échelle de Likert en 9 points. Le score de matérialisme était déduit du même calcul que celui utilisé dans l’étude 1.
La motivation à adopter un comportement pro environnemental a été évaluée grâce au questionnaire sur la motivation pro-environnementale (Pelletier et Sharp, 2008). Chaque question correspond à un type de motivation allant du plus externe au plus intrinsèque sur le continuum d’autodétermination comme définit par Deci et Ryan en 1985. Les participants devaient évaluer leur attitude face aux raisons qui les poussent à effectuer un comportement écologique sur une échelle allant de « Pas du tout » à « Tout à fait » par rapport à des items tels que « Parce que je me sentirais mal à l'aise si je ne faisais rien pour l'environnement » ou encore « Parce que cela me semble raisonnable d'aider à préserver l'environnement ». Une moyenne est ensuite calculée pour chaque type de motivation puis, nous avons calculé un score d’autodétermination en suivant la formule suivante : +3Intrinsèque +2 Intégrée +1Identifié 1Introjecté -2Externe - 3Amotivation.
Nous avons ensuite réalisé une évaluation de la fréquence des comportements proenvironnementaux grâce à des items tels que « Je fais des dons à une association ou un organisme engagé dans une action environnementale » ou encore « J'organise mes trajets en
covoiturage ou j'utilise les transports en commun » sur une échelle allant de « Jamais » à « Toujours ». Puis nous avons évalué les croyances par rapport à l’environnement grâce à des items tels que « L'utilisation continue de produits chimiques dans l'agriculture pourrait endommager l'environnement » ou bien « La disponibilité de l’eau potable va devenir un problème dans le futur » avec une échelle allant de « Pas du tout d’accord » à « Tout à fait d’accord ».
Enfin, nous avons construit des situations qui impliquent une prise de décision entre une activité particulièrement appréciée en Suisse et hédonique, à savoir le ski, mais qui peut facilement entrer en conflit avec des considérations pro-environnementales. Chaque situation était proposée de manière à contrebalancer la pratique du ski par un enjeu environnemental particulier grâce à des items tels que « Quand les conditions d'enneigement ne sont plus optimales, doit-on continuer à utiliser l'enneigement artificiel malgré la pollution de l'environnement? » ou encore « Doit-on créer de grandes stations, peu importe l'impact négatif sur l'environnement, parce que cela occasionne des emplois et que c'est favorable à l'économie locale? » et une échelle de réponse allant de « Pas du tout d’accord » à « Tout à fait d’accord
».
Les items de cette échelle ont ensuite été inversés pour avoir des résultats exploitables. Après inversion, les réponses données par les participants peuvent être lues de cette façon :
1 6
Privilégie l’environnement Privilégie le plaisir
Un des derniers questionnaires consistait à savoir, en général, à quel point ils se sentaient heureux ou malheureux dans leur vie. Ils devaient sélectionner parmi 11 items allant de « Extrêmement heureux(se) (être en extase, joyeux, fantasque!) » à « Extrêmement malheureux(se) (complètement dépressif(ve), complètement amorphe) » celui qui leur correspondait le mieux.
Nous leurs avons également posé quelques questions sur leur pratique du ski et nous avons récolté des données sociodémographiques. (CF annexe).
4.3. Résultats
Pour la deuxième étude, nous avons fait l’hypothèse que les individus matérialistes seraient moins motivés à adopter un comportement pro-environnemental que les non-matérialistes. En ce qui concerne cette variable « prise de décision », nous avons prédit que lorsque les individus doivent faire face à un choix entre privilégier un comportement pro environnemental ou leur plaisir personnel, les individus matérialistes privilégieraient la variable plaisir, même si c’est au détriment de l’environnement. Nous avons également prédit que cette notion de « prise de décision » serait modérée par la motivation envers le comportement.
Conformément à ce que nous avions prédit pour la première hypothèse, on observe un lien négatif entre le niveau de matérialisme et la motivation à adopter un comportement proenvironnemental (r = -0.243, p < 0.05) (tableau 2). Les individus les plus matérialistes sont également ceux dont la fréquence des comportements pro environnementaux baissent (r = 0.309, p < 0.05) (tableau 2). Concernant la seconde hypothèse, les résultats obtenus montrent que, lors d’un choix mettant en opposition le plaisir personnel à un comportement pro environnemental, les personnes les plus matérialistes auront plus tendance à faire le choix du comportement pro environnemental (r = -0.278, p < 0.05) (tableau 2). Ce résultat, qui va dans le sens contraire de notre hypothèse sera discuté dans la partie suivante. Un résultat complémentaire montre également que moins une personne est autodéterminée dans ses comportements écologiques et plus elle choisira la variable pro-environnementale au détriment de son plaisir dans le contexte de la prise de décision mise en place dans notre questionnaire (β = .32 ; t(204) = 4.82 ; p < 0.05) (tableau 3).
Tableau 2 : Corrélation entre le niveau de matérialisme et la motivation à adopter un comportement écologique, la fréquence de ces comportements et la prise de décision
Note : *p<.05
Pour finir, les résultats de notre analyse de régression relatifs à la dernière hypothèse ne montrent pas d’effet significatif de la modération du niveau de matérialisme sur la prise de décision par le niveau de motivation (β = -.02 ; t(204) = -.33 ; p = .74) (tableau 3). Une analyse
Motivation Fréquence Prise de décision
Matérialisme -.24* -.40* -.28*
complémentaire ne montre pas non plus d’effet significatif de la modération du niveau de matérialisme sur la fréquence des comportements pro-environnementaux par le niveau de motivation (β = .04 ; t(204) = .78 ; p = .43) (tableau 3).
Tableau 3 : Modération du niveau de matérialisme sur la prise de décision et sur la fréquence des comportements pro-environnementaux par le niveau de motivation
Critère Prédicteur β t p-value
Prise de décision
Matérialisme -.20 -3.02 .00
Motivation .32 4.82 .00
Interaction
Matérialisme/Motivation
-.02 -.33 .74
Fréquence Matérialisme -.17 -3.21 .00
Motivation .62 11.69 .00
Interaction .04 .78 .43
Matérialisme/Motivation
Note : Prise de décision = choix entre la variable plaisir ou la variable proenvironnementale
; Matérialisme = niveau de matérialisme ; Motivation = niveau de motivation autodéterminée
; Fréquence = fréquence des comportements proenvrionnementaux.
5. Discussion / conclusion
Le but de notre recherche était, dans un premier temps, d’étudier les liens entre le matérialisme et le bonheur à travers différentes mesures du bien-être subjectif. Dans un second temps, nous avons souhaité étudier l’impact du matérialisme et de la motivation proenvironnementale de l’individu sur ses comportements écologiques tout d’abord ainsi que sur une situation de prise de décision impliquant un conflit entre une pratique hédonique (le ski) et l’environnement à travers différentes mesures des comportements écologiques. Nous nous sommes principalement intéressé à mesurer le niveau de matérialisme pour étudier l’impact différentiel sur les comportements des individus.
Nos hypothèses étaient, pour l’étude 1, que plus un individu est matérialiste et moins son niveau de bien-être subjectif sera élevé mais également que le niveau de matérialisme aurait un impact différentiel sur les dimensions du bien-être étudiés. Dans l’étude 2, nous avons, comme dans l’étude 1, mesuré le niveau de matérialisme mais aussi le degré de motivation à adopter un comportement pro-environnemental avec, pour rappel, l’hypothèse selon laquelle plus un individu est matérialiste et moins il aura de comportement écologique. Dans un second temps, nous nous attendions également à ce que, ses caractéristiques individuelles influencent la décision dans une situation consistant à mettre en opposition une situation de pratique hédonique avec une considération pro-environnementale. Puis, pour finir, nous avons postulé que l’impact du matérialisme sur la prise de décision serait modéré par la motivation pour l’environnement de l’individu.
Les résultats présentés précédemment ne vont pas tous dans le sens de nos hypothèses.
Etude 1 : effet du niveau de matérialisme sur le bien-être subjectif
Premièrement, nous pouvons relever l’effet significatif du niveau de matérialisme mesuré par notre questionnaire sur le niveau de bien-être subjectif. Ces résultats viennent confirmer ce que nous avons prédit en lien avec la littérature existante sur la manière de dépenser son argent, les valeurs qui nous guident et le niveau de bien-être auto-rapporté. Cependant, les résultats montrent un impact différentiel du niveau de matérialisme sur les différentes mesures du bien- être. On remarque que plus un individu à un niveau de matérialisme élevé et moins il portera un jugement cognitif global positif sur son niveau de satisfaction de vie. Les résultats montrent également une hausse des affects négatifs et une baisse de la vitalité subjective, mesurant le sentiment auto-rapporté d’être vivant et alerte. Les autres dimensions du bien-être évaluées par ces questionnaires ne montrent pas de liens significatifs avec le niveau de matérialisme.
Etude 2 : Effet du niveau de matérialisme sur les comportements proenvironnementaux
L’étude 2 révèle donc bien, conformément à notre 1ère hypothèse, un lien négatif entre le niveau de matérialisme et la motivation à adopter un comportement pro-environnemental. Le degré de motivation étudié ici se situant sur un continuum d’autodétermination allant de l’amotivation à la motivation extrinsèque puis la motivation intrinsèque, on peut déduire de ce résultat qu’un haut niveau de matérialisme chez un individu entraine une baisse de la motivation autodéterminée pour un comportement écologique. Les résultats complémentaires ont
également révélé l’impact d’un haut niveau de matérialisme sur la baisse de la fréquence de ces mêmes comportements. Ces résultats sont conformes à la théorie et aux prédictions que nous avons pu faire relatives à ces théories. Le souci majoritaire qui se pose ici concernant la mise en place de comportements pro-environnementaux chez des personnes ayant un haut niveau de matérialisme est l’intégration de ce comportement comme faisant partie d’une volonté intrinsèque de le réaliser. Le lien négatif qui ressort de nos résultats entre le niveau de matérialisme et le manque de motivation autodéterminée à effectuer le comportement ne veut pas dire que les personnes matérialistes n’ont pas de comportements écologiques. Cela veut dire qu’ils ne les réalisent pas à la même fréquence qu’une personne se situant plus en bas de l’échelle de matérialisme et, conformément à la TAD, que l’on observera une persistance plus faible de ces comportements. Si les personnes les plus matérialistes n’ont pas l’intention de réaliser le comportement pour des raisons intrinsèques c’est qu’ils n’ont pas intégré la valeur propre de ce dit comportement et que priment encore pour eux des objectifs plus superficiels d’image, de popularité ou encore de réussite financière. Il y aurait donc potentiellement un levier de changement à saisir sur la manière dont sont formulés les messages de promotions de ces comportements pro-environnementaux pour impacter également ces personnes qui ne sont pas aussi sensible à l’autosatisfaction, la santé physique ou encore le sentiment de communauté (relatifs aux buts intrinsèques) que peuvent prôner les campagnes de publicité en dehors du bien-être environnemental.
L’étude a permis également de vérifier notre seconde hypothèse selon laquelle, face à un dilemme mettant en opposition un comportement favorisant leur propre plaisir face à un comportement écologique, les individus les plus matérialistes choisiraient de privilégier le comportement en faveur de leur plaisir personnel au détriment de l’environnement. Le but ici était de mettre dans une balance les deux comportements possibles afin de mesurer le poids de chacune des considérations individuelles (plaisir personnel ou considérations proenvironnementales). En effet, il est très facile de répondre positivement à la question : «Etes- vous pour le tri des déchets ? » et de se rendre compte que, dans les faits, une petite partie des individus ayant répondu par l’affirmative à cette question le fait réellement. Cette différence observée entre les opinions et les pratiques peut s’expliquer par un biais de désirabilité sociale.
Qu’il soit conscient ou non, ce processus implique, lors de la passation de tests, que les participants répondent aux questions en tenant compte de ce qui est socialement désirable dans un contexte donné. La mise en place de ce questionnaire visait donc à contrecarrer l’apparition possible de ce biais dans le but d’obtenir des réponses les plus honnêtes possibles. Or, les
résultats montrent, tout d’abord, que plus le niveau de matérialisme est haut chez une personne et plus il privilégiera la variable pro-environnementale au détriment de son plaisir personnel.
Ceci peut s’expliquer par le fait que les comportements écologiques font partie d’une certaine conscience collective comme étant un comportement positif. Ce qui caractérise la personne matérialiste étant le besoin de reconnaissance par l’image, la popularité et la réussite, le fait de dire que l’on effectue un comportement écologique lui permet d’accéder à cette reconnaissance.
Ceci est valable, que l’on soit matérialiste ou non, mais ça l’est encore plus pour les personnes les plus matérialistes au regard des résultats de l’étude 1. Un haut niveau de matérialisme entrainant une baisse de la satisfaction de vie, des affects négatifs et de la vitalité subjective, on peut supposer que les personnes les plus matérialistes cherchent à combler leurs besoins d’autonomie, de compétence et d’affiliation (3 besoins innés vers lesquels tout un chacun tend, selon la TAD) par l’adhésion à des opinions qui ne sont pas les leurs mais bien celles relatives aux normes sociales. Ceci pourrait expliquer que, face à un choix imposant une mise en avant d’un comportement connoté négativement comme le choix de son propre plaisir au détriment de l’environnement, les personnes les plus matérialistes choisissent de dire qu’ils privilégient l’environnement.
Les résultats complémentaires montrent également que les personnes les moins autodéterminées ont tendance à privilégier l’environnement au détriment de leur plaisir. Nous n’avions pas émis d’hypothèse particulière concernant ce lien mais, conformément à la théorie et probablement relativement à des idéaux sur l’implication dans des comportements proenvironnementaux, nous aurions pu prédire que le degré d’autodétermination prédirait, dans le sens contraire de notre résultat, le choix de la variable écologique ou hédonique. Cependant, au vue des résultats précédents concernant l’hypothèse 2, il semble cohérent de penser qu’une personne peu autodéterminée dans ses choix privilégie l’environnement. Les comportements des personnes les moins autodéterminées sont régulés par des types de motivation externe ou introjectée qui impliquent que le comportement soit effectué dans un but utilitaire et que la régulation de ses valeurs se fasse en fonction de son environnement. Ici encore le besoin d’affiliation prime sur les buts extrinsèques relatifs à la définition du matérialiste. Cependant, bien que nos résultats montrent un impact significatif du niveau de matérialisme et de la motivation autodéterminée sur le choix du comportement pro-environnementale, allant dans le sens contraire de nos hypothèses, le problème de la persistance de ce comportement est toujours existant. Le fait que ce soit les personnes les plus matérialistes mais aussi les moins
autodéterminées qui privilégient le comportement pro-environnementale pose la question de l’intégration de la valeur du comportement écologique. Là encore, les campagnes de promotions pour les comportements écologiques ont un rôle primordial à jouer dans l’intégration du comportement pro-environnemental comme devant être une valeur importante pour le soi.
Notre troisième hypothèse visait à investiguer la modération du conflit engendré par l’opposition entre la variable plaisir et le comportement pro-environnemental par la motivation envers le comportement par rapport au niveau de matérialisme. Les résultats non significatifs montrent que le type de motivation de l’individu ne modère pas le lien mis en lumière par l’hypothèse 2 entre le niveau de matérialisme et le choix du comportement à adopter. Cela signifie que le niveau de motivation autodéterminée n’a pas d’impact sur le choix du comportement pro-environnemental émis par une personne ayant un haut niveau de matérialisme. Une personne matérialiste ne choisira pas plus la variable pro-environnementale, qu’elle soit autodéterminée dans ses choix ou non. On peut donc en déduire que ce n’est pas tant le fait d’avoir intégré ou non le comportement pro-environnemental comme étant une valeur importante mais bien ce que la personne donne à voir d’elle-même lorsqu’elle choisit de privilégier l’environnement au détriment de son plaisir personnel.
Tout comme de manger bio est devenu une mode suivi par les classes sociales les plus favorisées comme les plus populaires, en se basant sur ces résultats, il serait intéressant de parvenir à faire intégrer le fait d’avoir une conscience pro-environnemental et un comportement écologique quotidien comme étant une norme sociale respectée, symbole de réussite et montrant une image de soi valorisée. Pour pouvoir créer des messages publicitaires allant dans ce sens, les gouvernements en place doivent se baser sur ce qui a déjà été fait et qui prouve, une fois de plus cet impact de la représentation sociale des comportements écologiques. Par exemple, une étude publiée en 2011 a cherché à montrer l’impact des identités d’habitation sur les représentations sociales des modes de transport. Parmi d’autres mesures, l’auteur a mis en lien les types de logements (maison individuelle, maisons jumelées, petit collectif et grand collectif) avec les représentations du bus et les représentations de la voiture. Les résultats montrent que la représentation du bus est assez défavorable pour les occupants de maison individuelle et de plus en plus favorable pour les occupants de logements collectifs (Depeau, S., & al., 2011).
Compte tenu des différences de revenus évidentes entre les personnes vivant dans une maison individuelle et celles vivant dans des habitations collectives, on peut en déduire que la
représentation des transports en communs par les personnes ayant un revenu élevé n’est pas favorable à la mise en place d’un comportement pro-écologique.
La principale critique à apporter à ce travail serait le possible biais dans les deux études dû au choix de l’échantillon. En effet, pour chacune des deux études, l’échantillon se composait exclusivement d’étudiants (pour des raisons pratiques) qui ont probablement un niveau socioéconomique non représentatif de la population générale. Il aurait été intéressant de réaliser cette étude avec des individus tout-venants. Ce choix de l’échantillon pourrait expliquer les faibles résultats obtenus dans la première étude. Toujours concernant le choix de l’échantillon, la première étude a été réalisée avec trois échantillons différents pour étudier le lien entre le matérialisme et chacune des trois dimensions du bien-être (Bien-être subjectif, Self-appraisal et DSM Axis 1). Bien que cela n’ait pas visiblement influencé les résultats puisque aucun résultats significatif n’a été trouvé concernant la dimension DSM Axis 1 qui avait pourtant le plus de participants, il aurait probablement été préférable de récolter les données à partir du même échantillon pour les trois dimensions en lien avec le matérialisme.
Concernant le questionnaire présentant une situation dite de « prise de décision », il est possible que l’utilisation du terme « plaisir personnel » ne soit pas appropriée. En effet, plusieurs items ne mettent pas vraiment en opposition le plaisir personnel et le choix d’un comportement pro-environnemental. Les participants avaient parfois à choisir entre des variables plutôt de « patriotisme local » ou encore de « considération économique », ce qui a pu quelque peu influencer les résultats. Il pourrait donc être intéressant, en réutilisant ce questionnaire, d’en modifier certains items pour que s’opposent toujours le « plaisir personnel » et le choix d’un comportement écologique.
Le biais de désirabilité sociale ayant visiblement influencé un des principaux résultats de notre étude, il aurait pu être intéressant de mesurer ceci avant la passation des divers questionnaires.
Il pourrait être intéressant d’aller plus loin avec les résultats récoltés dans ces deux études en les mettant en lien à travers des analyses plus poussées. Chacune des dimensions du bien-être impactées par le niveau de matérialisme pourrait être mises en lien avec le niveau de motivation à adopter un comportement pro-environnemental. Cela permettrait d’être plus précis quant à la direction que doivent prendre les messages de communication concernant les comportements écologiques.
Le bien-être, le nôtre et celui de notre environnement est un thème crucial qui touche tous les domaines : politique, éducatif, le monde du travail. C’est pourquoi il est très intéressant d’étudier l’impact de nos comportements sur ces différentes dimensions. Ceci nous permet de comprendre que la perception que nous avons de nos motivations à agir de telle ou telle sorte peut être erronée et nous mener à des états contraires à celui recherché. Cette recherche nous apporte beaucoup d’informations quant aux résultats de ces comportements ainsi qu’à la manière dont nous devons changer notre perception de l’impact de la place que nous donnons actuellement aux valeurs qui nous guident dans notre recherche du bien-être et celui de notre environnement. Bien que notre société de consommation nous pousse à toujours accumuler plus dans un espoir vain de succès, de popularité ou autres buts extrinsèques, qui, nous l’avons vu, ne mène pas au bonheur, il faudrait parvenir à contrer ces dictats pour revenir à des buts plus intrinsèque de santé physique, d’affiliation ou encore d’autosatisfaction comme définit par Grouzet et collaborateurs en 2005. Ces résultats nous permettent même d’aller plus loin en affirmant qu’il serait judicieux d’être, en premier lieu, reconnaissant envers ce que nous possédons déjà. C’est en tous les cas ce qu’évoque une étuderéalisée par des chercheurs d’une université américaine dont les résultats révèlent que les personnes matérialistes seraient plus déprimés et éprouveraient moins de satisfaction dans leur vie parce qu’ils auraient du mal à être reconnaissants de ce qu’ils possèdent. Ce sentiment de gratitude, dérivé de l’altruisme, est un sentiment positif qui permet de se décentrer du soi pour se concentrer sur les autres. Le matérialiste aurait tendance à déplacer son objectif à atteindre pour être toujours plus heureux tandis que la personne qui fait preuve de gratitude envers ce qu’elle possède déjà saura en apprécier les effets positifs sur sa santé mentale. De nombreuses études se sont déjà penchées sur l’étude de ce sentiment de gratitude (Tsang, J., & al., 2014).
6. Conclusion
Ce travail de recherche a permis de mettre en lumière un lien négatif entre le niveau de matérialisme et différentes modalités du bien-être subjectif. Nous avons également pu remarquer l’impact du niveau de matérialisme sur le choix d’effectuer un comportement proenvironnemental et la fréquence de l’exécution de ces comportements. Cette mise à jour de liens intéressants entre ces différents concepts ne doit pas être une fin en soi. C’est pourquoi il serait intéressant de pouvoir utiliser ces résultats pour éclairer les gouvernements sur la marche à suivre lors de la préparation des campagnes sur l’environnement.
7. Références bibliographiques
Allen, J. B., & Ferrand, J. L. (1999). Environmental locus of control, sympathy, and proenvironmental behavior: A test of Geller’s actively caring hypothesis. Environment and behavior, 31(3), 338-353.
Baumeister, R. F., & Leary, M. R. (1995). The need to belong: desire for interpersonal attachments as a fundamental human motivation. Psychological bulletin, 117(3), 497.
Beck, A. T., Steer, R. A., & Brown, G. K. (1996). Beck depression inventory.
Belk, R. W. (1984). Three scales to measure constructs related to materialism: Reliability, validity, and relationships to measures of happiness. NA-Advances in Consumer Research Volume 11.
Belk, Russell W. (1985), "Materialism: Traits Aspects of Living in the Material World", Journal of Consumer Research, 12, 265-280.
Boiché, J., Sarrazin, P., & Chanal, J. (2015). A longitudinal study of perceived conflict and instrumental relationships between life contexts among adolescents: The role of selfdetermined motivation. Journal of Applied Sport Psychology, 27(4), 430-448.
Chancellor, J., & Lyubomirsky, S. (2011). Happiness and thrift: When (spending) less is (hedonically) more. Journal of Consumer Psychology, 21(2), 131-138.
De Charms, R. M.,Reitman, W., & Mcclelland, D. C. (1954). Behavioral correlates of directly and indirectly measured achievement motivation. Wesleyan Univ Middletown CT.
Deci, E. L., & Ryan, R. M. (1980). The empirical exploration of intrinsic motivational processes. Advances in experimental social psychology, 13, 39-80.
Deci, E. L., & Ryan, R. M. (2002). Handbook of self-determination research. University Rochester Press.
Depeau, S., & Ramadier, T. (Eds.) 2011. Se déplacer pour se situer. Presses universitaires de Rennes. doi :10.4000/books.pur.34413
DeVoe, S. E., & Pfeffer, J. (2010). The stingy hour: How accounting for time affects volunteering. Personality and Social Psychology Bulletin, 36(4), 470-483.
Diener, E. D., Emmons, R. A., Larsen, R. J., & Griffin, S. (1985). The satisfaction with life scale. Journal of personality assessment, 49(1), 71-75.
Dittmar, H., Bond, R., Hurst, M., & Kasser, T. (2014). The relationship between materialism and personal well-being: A meta-analysis. Journal of Personality and Social Psychology, Vol 107(5), Nov 2014, 879-924
Feather, N. T. (1992). Expectancy‐value theory and unemployment effects. Journal of Occupational and Organizational Psychology, 65(4), 315-330.
Easterlin, R. A. (1974). Does economic growth improve the human lot? Some empirical evidence. Nations and households in economic growth, 89, 89-125.
Festinger, L. (1962). A theory of cognitive dissonance (Vol. 2). Stanford university press.
Gillet, N., & Vallerand, R. J. (2016). Les effets de la motivation sur la performance sportive au regard de la théorie de l’autodétermination: vers une approche intra-individuelle.
Psychologie Française, 61(4), 257-271.
Grouzet, F. M., Kasser, T., Ahuvia, A., Dols, J. M. F., Kim, Y., Lau, S., ... & Sheldon, K. M.
(2005). The structure of goal contents across 15 cultures. Journal of personality and social psychology, 89(5), 800.
Green-Demers, I., Pelletier, L. G., & Ménard, S. (1997). The impact of behavioural difficulty on the saliency of the association between self-determined motivation and environmental behaviours. Canadian Journal of Behavioural Science/Revue canadienne des sciences du comportement, 29(3), 157.
Helliwell, John F., Richard Layard, and Jeffrey Sachs, eds. 2015. World Happiness Report 2015.
Helliwell, J., Layard, R., & Sachs, J. (2016). World Happiness Report 2016, Update (Vol. I).
Hultman, M., Kazeminia, A., & Ghasemi, V. (2015). Intention to visit and willingness to pay premium for ecotourism: The impact of attitude, materialism, and motivation. Journal of Business Research, 68(9), 1854-1861.