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La théorie institutionnelle de la rme

La compréhension des di¤érents problèmes théoriques et pratiques du fonction- nement des entreprises, incluant les problèmes liés à la divergence des deux ap- proches mentionnées ci-dessus, peut être grandement facilitée à l’aide des idées qui sont à la base d’une autre théorie économique, appelée l’économie néo-institutionnelle. L’idée principale de cette théorie est associée à Ronald Coase (1993) :

«. . . l’utilisation du mécanisme des prix est liée à certains coûts. La …rme dans laquelle le mécanisme du marché est substitué par le mécanisme d’élaboration et d’application des ordres, est débarrassée de tels coûts (pourtant, évidemment, elle subit les coûts de gestion qui sont bien di¤érents des coûts d’utilisation du mécanisme des prix). Ainsi, la …rme comme un phénomène empirique, comme une organisation productrice, émerge (en substituant ainsi l’achat et la vente des facteurs de production) dans le cadre de laquelle le mécanisme non-marchand -

c’est-à-dire, le mécanisme interne de la …rme - est plus e¢ cace» .

Alors, dans la conception institutionnelle, la …rme est envisagée comme une organisation, créée par des agents économiques pour une allocation plus e¢ cace de leurs possibilités. Les coûts de transactions liés à l’acquisition des matériels et de l’équipement en cas de création de la …rme sont plus bas que les coûts de la production du même produit sans l’organisation de la …rme. Cela explique l’existence de la nouvelle …rme. « Le comportement» de l’entreprise est caractérisé par les particularités de signature et d’exécution des contrats avec des organisations et des employés externes.

« La version institutionnelle de la …rme, contrairement à celle néo-classique, ne met pas l’accent sur le pronostic de comportement de la …rme conformément à la fonction de production existante comme la forme d’expression de la dépendance technologique entre les coûts des facteurs de production et un produit …ni le plus important possible, compte tenu de la combinaison des coûts. Ici, il faut souligner un autre point : l’explication de l’émergence, de l’existence et de la coexistence de formes multiples des entreprises, des limites de ces croissances, des possibilités diverses de solution des problèmes de motivation des employés, de l’organisation, du contrôle, de la plani…cation, etc. Dans cette optique, la version institutionnelle présente un lien entre la théorie- néo-classique et les théories de gestion» (Coase, 1993).

Les coûts liés à l’utilisation du mécanisme des prix : il s’agit, tout d’abord, des dépenses d’acquisition de l’information des producteurs des biens et de l’infor- mation sur les prix et aussi les dépenses de réalisation des transactions. Il s’agit des coûts de transaction liés à l’acquisition des connaissances, c’est-à-dire, à la diminution de l’incertitude dans l’environnement externe aussi que dans l’environ- nement interne de l’entreprise. En particulier, l’incertitude est ainsi provoquée par

l’existence des intérêts opposés, concurrents, des agents économiques et l’existence de l’opportunisme (dans la théorie des contrats : « le comportement d’un contrac- tant qui a pour but l’extraction du pro…t des relations contractuelles au détriment d’autres contractants» ) qui est renforcé par l’utilisation de l’incomplétude des connaissances des contractants, par l’asymétrie de l’information.

Ainsi, la tâche typique de la théorie institutionnelle peut être formulée comme l’analyse du comportement de la …rme dans un monde où l’information est coûteuse et incomplète. Pourtant, il est clair que l’analyse de la …rme sous cet angle met l’accent sur des côtés importants de son organisation et de son fonctionnement, mais, cependant, cette approche n’est pas universelle, c’est pourquoi la liaison institutionnelle des théories néo-classique et « managériales» promise par Coase n’est pas tout à fait directe. Et pour le moment, les théories néo-classique et institutionnelle restent des courants de pensée relativement séparés.

Le choix de la forme organisationnelle de l’entreprise (incluant la taille initiale), ainsi que celui des relations contractuelles sont déterminés comme le résultat de la minimisation de la somme des coûts de transaction et des coûts de production. Et, à cela, il faut ajouter le rôle important joué par la notion d’actif, que l’on quali…e de spéci…que si son utilisation e¢ cace est liée exclusivement à la transaction concrète. Lorsque les transactions des entreprises concernent des actifs très spéci…ques et, lorsque l’incertitude et la fréquence des transactions augmentent, l’entreprise va chercher (à …n de minimiser ses coûts de transaction) à internaliser la plupart de ses transactions. De cette façon, Williamson (1985, 1993) explique l’intégration verticale de certaines entreprises.

A l’opposé, on trouve les contrats marchands classiques (les contrats d’achat, de vente), les contrats instantanés dont les caractéristiques sont parfaitement connues. Et, entre ces deux cas polaires, il y a un ensemble de situations intermédiaires, des

arrangements institutionnels et organisationnels (tel que la sous-traitance et les accords de coopération).

Si l’objectif de minimisation des coûts de transaction détermine les formes des relations entre …rmes, dans ce cas, il détermine l’organisation interne et la taille des entreprises. E¤ectivement, dans un de ses premiers ouvrages, William- son (1975) a montré comment le choix entre l’externalisation et l’internalisation de l’activité (c’est-à-dire entre la production par soi-même ou l’achat sur le mar- ché) est déterminé par le même critère de minimisation des coûts de transaction. Car la hiérarchie de l’organisation au cours de l’évolution de la …rme peut causer l’augmentation des coûts de transaction. Il est évident que l’entreprise peut être intéressée par la limitation de sa taille et l’instauration de relations contractuelles avec d’autres entreprises.

L’importance de la théorie institutionnelle de la …rme du point de vue de l’analyse du développement des nouvelles entreprises

En s’appuyant sur la théorie institutionnelle de la …rme on peut faire des conclusions importantes pour l’analyse de la création et du développement des entreprises.

Premièrement, une petite taille d’entreprise n’est pas toujours un désavantage, la taille optimale dépendant des coûts de transaction. Ensuite, pour de petites entreprises, les contrats à long terme avec de plus grandes entreprises, sous la forme d’une sous-traitance, par exemple, peuvent constituer un facteur de stabilité de la …rme. Ainsi, la qualité de ces relations peut in‡uencer la survie et le développement des entreprises. De la même façon, la dépendance forte d’un petit nombre de clients peut constituer un risque pour l’existence même de l’entreprise. Dans cette optique, il est clair que l’entreprise est intéressée par la diversi…cation des risques auxquels

elle peut être exposée, en augmentant le nombre de ses partenaires et en renforçant les liens qui les unissent.

Deuxièmement, la conception institutionnelle peut expliquer la variété des formes organisationnelles et juridiques, et expliquer les raisons de di¤érences dans leurs fonctionnements. Par exemple, de la conception institutionnelle on peut conclure que des entreprises individuelles sont plus in‡uencées par les ‡uctua- tions de la conjoncture économique que les sociétés. Ainsi, de nouvelles entreprises peuvent être créées sous une forme individuelle qui peut ne pas être optimale du point de vue de minimisation de la somme des coûts de transaction et des coûts de production, compte tenu des contraintes …nancières. Par suite, elles peuvent être plus fragiles dans un environnement instable que les sociétés qui, évidemment, ont beaucoup plus de capacités …nancières. Ainsi, dans un environnement très chan- geant, on peut avancer l’hypothèse de plus grandes chances relatives de survie des sociétés par rapport aux entreprises individuelles.