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La théorie évolutionniste de la rme

Pendant les années 80, un autre courant de la théorie de la …rme a été développé, il s’agit de l’approche évolutionniste (Nelson et Winter, 1982). Selon la théorie évo- lutionniste, la …rme est envisagée comme un objet dans un environnement d’entités similaires, qui peut être comparé à une population biologique. Le comportement des entreprises est déterminé, premièrement, par les interrelations des membres de cette population, deuxièmement, par certaines caractéristiques internes de l’objet, parmi lesquelles, il y a les règles stables de décision en réponse à di¤érents change- ments, soit internes, soit externes. Il est supposé que pendant son fonctionnement, l’entreprise est en interaction continue avec « la population» des autres entreprises. Des procédures de décision, des algorithmes de réaction en réponse aux change-

ments de l’environnement de l’entreprise externe et interne sont alors mis en place. Selon cette conception, il s’agit de ces règles (« les procédures» ) qui déterminent, in …ne, l’aspect de l’entreprise, les di¤érences de fonctionnement sur le marché entre une entreprise et une autre. Selon l’opinion des évolutionnistes, ce sont les règles existantes, et non pas l’aspiration aveugle à la maximisation du pro…t dans toutes les situations et sous toutes les conditions, qui déterminent le caractère des décisions de la …rme. Ces règles ne sont pas …xées pour toujours, elles évo- luent conformément aux changements de l’environnement et portent l’empreinte des personnalités des directeurs de la …rme ainsi que le caractère des relations avec ses partenaires. « Le comportement» d’entreprise conditionné par ces routines est une réaction naturelle et évolutionniste en réponse aux in‡uences exercées par les environnements d’a¤aire, administratif et technologique.

Ainsi, le modèle évolutionniste de l’entreprise, contrairement au modèle néo- classique, admet qu’il n’y a pas de critère unique optimal des décisions de l’entre- prise. Ce critère revêt un caractère purement individuel, re‡étant non seulement les préférences des individus, mais aussi l’expérience historique du fonctionnement de la …rme, l’historique de ses succès et de ses échecs. Il est clair qu’il ne s’agit pas d’un critère unique et invariable comme dans la théorie néo-classique, mais il s’agit d’un critère dynamique, qui change d’une période à l’autre (cf. Nesterenko, 2000).

Les courants principaux de la théorie évolutionniste sont liés au processus dyna- mique, par lequel sont déterminés au cours du temps les schémas de comportement des entreprises et les conséquences de ce comportement pour le marché. C’est une logique typique de tels processus évolutionnistes. À chaque instant, les caractéris- tiques courantes du fonctionnement de la …rme, la quantité de son capital et les valeurs des autres variables principales déterminent les niveaux des coûts et de la

production. Ces paramètres des …rmes avec l’état de l’o¤re et de la demande, qui sont supposés exogènes, déterminent les niveaux des dépenses et de la production sur le marché. De cette façon le niveau de rentabilité de chaque …rme est déter- miné. La rentabilité qui dépend des règles d’investissement de la …rme considérée joue un rôle décisif dans l’augmentation ou la diminution de sa taille. Comme les tailles des …rmes peuvent varier, les mêmes caractéristiques de fonctionnement vont engendrer des dépenses et quantités produites di¤érentes et, ainsi, des prix di¤érents et des niveaux variés de rentabilité. Il est clair que dans le cadre d’un tel régime de sélection, les coûts et les prix agrégés de la branche vont changer, même si les caractéristiques fonctionnelles des …rmes individuelles sont constantes. Cependant, les caractéristiques individuelles des …rmes seront sujettes à des chan- gements à cause de l’in‡uence des règles de recherche dans les …rmes. La recherche et la sélection sont les deux composantes existantes qui in‡uencent le processus évolutionniste : les mêmes prix qui assurent la relation réciproque dans la sélection (c’est-à-dire, dans la sélection des …rmes sur le marché à l’aide du mécanisme des prix), ont un impact sur la direction de la recherche. Sous l’impact mutuel de la recherche et de la sélection, les formes organisationnelles se développent dans le temps, et la situation à chaque instant porte les germes de la situation à l’instant suivant.

De même que certaines idées néo-classiques, apparemment, sont naturellement exprimées mathématiquement à l’aide du calcul di¤érentiel et intégral, la des- cription verbale de l’évolution économique exposée ci-dessus peut être traduite mathématiquement de façon naturelle en utilisant un processus de Markov, bien que dans un espace d’états assez complexe. Il a été mis en avant par Nelson et Winter (1982) la nature aléatoire de ce processus ; en particulier, les résultats de la recherche ont un caractère stochastique. Alors, e¤ectivement, ce qui détermine

la situation dans une branche particulière à un instant particulier, c’est la distri- bution des probabilités des situations dans cette branche à l’instant suivant.

Le trait distinctif de la conception évolutionniste est la notion systématique du caractère dual de l’entreprise. D’une part, l’entreprise est un membre de la communauté des entreprises (« de la population» ) et elle subit entièrement les conséquences de l’évolution de cette communauté. D’autre part, elle possède ses propres traditions de détermination des directions prioritaires de son activité, les quantités et les proportions des ressources utilisées.

Néanmoins, les questions d’émergence et, à un degré fort, les questions de liquidation de l’entreprise ne sont pas entièrement expliquées dans le cadre du modèle évolutionniste.

L’importance de la théorie évolutionniste de la …rme du point de vue d’analyse du développement des nouvelles entreprises

Dans l’optique du modèle évolutionniste émerge la question suivante : Com- ment de nouvelles entreprises, dont la plupart sont de petites tailles, même de très petites tailles, peuvent-elles survivre et se développer dans le contexte d’une concurrence importante de la part des entreprises déjà existantes ? La réponse à cette question dépend, selon Picory (1994), de l’environnement des nouvelles en- treprises. Elle est liée à la notion de l’environnement externe des …rmes, avec le système territorial des entreprises ou avec un secteur d’activité. Selon cette concep- tion, de petites entreprises peuvent utiliser les avantages liés à leurs positions, soit grâce à de nouvelles idées, soit grâce aux ressources humaines proches de leur lo- calisation, soit grâce à la spécialisation (la spécialisation peut diminuer les coûts de production), aux coopérations et aux collaborations qui s’établissent entre les …rmes appartenant à un même territoire.

En ce que concerne l’activité innovatrice (qui concerne, soit la sphère organisa- tionnelle, soit la sphère technologique), les petites entreprises sont plutôt complé- mentaires qu’en concurrence directe avec les grandes entreprises (Picory, 1994).

Tout d’abord, les PME disposent d’avantages comparatifs dans le cadre de la sphère liée aux structures organisationnelles et dans les incitations individuelles (si, par exemple, il s’agit d’une entrepreneur individuel, il a des incitations très fortes à mener e¢ cacement son activité, car il reçoit 100% du pro…t) (Arrow, 1983). Les PME pro…tent aussi des externalités positives des grandes entreprises. Les liens entre petites et grandes …rmes peuvent être informels, peuvent concerner l’échange de savoir (y compris des brevets) et les mouvements des départs et d’embauche des employés entre les entreprises. Mais il peut s’agir de liens établis lors d’accords de coopération dont les formes peuvent être nombreuses.

Dans le cadre du modèle de spécialisation ‡exible (Piore et Sabel, 1984), dans un contexte de marché caractérisé par la diversité et la variabilité de la demande, les petites entreprises sont susceptibles de mettre en place une organisation non hiérarchisée et plus réactive aux variations de la demande. Les raisons principales de l’existence de petites entreprises résident dans la ‡exibilité et l’innovation or- ganisationnelle.

Ce n’est pas par hasard si, dans les économies modernes, les nouvelles en- treprises concernent majoritairement des activités de service dont la nature peut fortement varier suivant les types de clientèle (cf. Klapper et al., 2005). Or, les pe- tites entreprises peuvent disposer d’avantages comparatifs dans ce domaine. Tout d’abord, pour ces activités, il existe rarement des économies d’échelle internes à la …rme qui pourraient pro…ter aux plus grandes d’entre elles. Les entreprises les mieux adaptées à ces activités doivent avoir une spécialisation ‡exible pour ré- pondre aux clients et pour réagir rapidement aux changements de la conjoncture.

Ainsi, les avantages comparatifs potentiels de petites …rmes nouvellement créées ne sont pas négligeables, la théorie évolutionniste peut dé…nir les conditions de sélection (disparitions / développement) des …rmes en fonction de leur capacité à s’adapter aux conditions changeantes de leur environnement.