On peut identifier dans la plupart des œuvres une progression en trois étapes qui couvre l’ensemble de la vie de l’auteur représenté et s’articulant ainsi :
17 Encore que ces différentes questions trouveront à être développées dans l’analyse, en
jeunesse/années de formation, âge adulte/maturité, vieillesse/consécration ou décrépitude. Ce schéma biographique basique n’est pas nécessairement chronologique, il peut être déconstruit ou altéré ; il peut rendre compte de faits avérés ou non, mais il est au centre de presque tous les récits et est généralement reconnaissable malgré les variations dont il est souvent l’objet. Les trois textes représentant Nelligan témoignent par exemple de l’importance de cette structure, puisque la biographie du poète se prête tout particulièrement à un développement en trois temps. Destiné à un jeune public, Nelligan, le spasme de vivre, dépeint ainsi chronologiquement l’évolution psychologique et artistique de Nelligan, des premiers écrits jusqu’au triomphe de la récitation de La romance du vin au château Ramezay, puis au basculement dans la folie. Ce dernier évènement engendre la dégénérescence du jeune homme et celle du même coup son destin, la reconnaissance et la consécration ne venant que plusieurs années plus tard.
La même formule est utilisée par Michel Tremblay pour le livret de l’opéra Nelligan, à la différence près que le récit s’ouvre sur les années d’internement. Ce renversement chronologique a pour effet de présenter la période d’internement comme un aboutissement, et comme l’accomplissement d’un sacrifice effectué au profit de la littérature nationale. Je reviendrai, au chapitre III, sur la question de la valeur accordée par les auteurs à l’internement de Nelligan, mais il importe pour le moment de mentionner que le texte de Tremblay comporte tous les éléments de la structure biographique dont il vient d’être question, puisque le personnage de Nelligan âgé revoit défiler devant lui les épisodes marquants de sa jeunesse. Comme dans Nelligan,
le spasme de vivre, on distingue ainsi aisément les périodes de l’enfance et du début de
l’adolescence, qui correspondent aux années de formation, puis la période de la maturité qui est atteinte précocement vers l’âge de 18 ans. Le troisième texte, Le
portrait déchiré de Nelligan, est de loin celui qui présente la temporalité la plus
complexe, caractérisée par un usage fréquent de l’analepse et superposant dans de mêmes espaces des personnages appartenant à des périodes différentes. À la différence des deux autres textes, la narration suggère un peu plus fortement que Nelligan n’aurait jamais atteint son plein potentiel artistique puisqu’il aurait été
interrompu trop tôt dans son développement poétique. Ce récit ne donne donc pas à voir une période de maturité à proprement parler, mais défend plutôt l’idée que certains facteurs (en particulier des individus) auraient empêché le poète d’atteindre cette maturité fortement pressentie. Comme pour le texte de Tremblay, cette différence ne compromet pas la progression en trois étapes, puisque l’absence de cette seconde phase du développement de l’auteur représenté s’inscrit dans la logique de l’œuvre ; elle soutient l’argumentaire mis en place par Aude Nantais et Jean-‐‑Joseph Tremblay pour défendre l’idée d’un Nelligan tragiquement et injustement happé dans son évolution stylistique et intellectuelle.
Le schéma biographique en trois temps est une formule extrêmement flexible, et de nombreuses variations sont opérées par les auteurs, sans pour autant déroger à cette structure générale. Certains textes se concentrent par exemple plus précisément sur l’une des trois périodes. C’est le cas du texte de Jean-‐‑Jacques Brochier, Maupassant : 1er février 1880, qui, comme l’indique son titre, ne représente qu’une seule journée de la
vie de Maupassant, où les trois phases apparaissent en filigrane : à travers les souvenirs du personnages, dans la correspondance avec Flaubert, et dans la description de l’œuvre en cours de rédaction (Boule de suif), qui a contribué à faire de Maupassant un écrivain consacré. Mais de nombreux récits vont, d’une manière ou d’une autre, aborder l’ensemble de la vie des écrivains qu’ils représentent. Dans
Verlaine d’ardoise et de pluie de Guy Goffette, l’auteur des Fêtes galantes est ainsi
dépeint de ses années de jeunesse jusqu’à sa déchéance comme buveur d’absinthe habitué des estaminets parisiens. Arthur Buies chevalier errant, malgré une chronologie audacieuse qui sera décrite plus en détail dans les prochaines pages, donne également à voir les différentes périodes de la vie d’Arthur Buies, tout comme l’autre texte où apparait le chroniqueur, Le grand Buies, qui applique presque littéralement la formule ternaire.
Dans quatre textes du corpus, ceux représentant Stéphane Mallarmé et Laure Conan, le schéma biographique en trois temps est beaucoup plus complexe à déceler, voire écarté. Cette absence est d’autant plus étonnante que ces quatre récits adoptent des
esthétiques fondamentalement différentes les unes des autres et s’adressent à des lecteurs d’horizons divers. On peut par contre supposer que l’existence relativement paisible de Mallarmé, tout comme celle de Conan, ont joué un rôle important dans les choix des évènements constituant les trames narratives des textes. Les deux récits de Daniel Oster, La gloire et Stéphane, présentent Mallarmé comme un écrivain accompli, sans que ne soient mentionnées les années de jeunesse ou une quelconque période de formation. Stéphane ne relate que quelques jours de la vie du poète qui, en visite à Bruxelles pour y prononcer sa conférence sur Villers-‐‑de-‐‑l’Isle-‐‑Adam, rencontre un couple (fictif) qui le pousse à réfléchir sur divers éléments de sa vie personnelle, comme son emploi de professeur ou encore les liens qu’il entretient avec les membres de sa famille. La pratique de l’écriture et la poésie sont certes des thèmes centraux de ce texte, mais elles sont abordées dans une perspective qui vise à dépasser les limites du récit biographique. Le lien entre la vie de l’auteur et son œuvre est ici beaucoup moins significatif qu’il ne peut l’apparaitre dans d’autres textes du corpus, ou du moins ce lien est présenté différemment par le narrateur de Stéphane qui cherche à rendre compte de sa propre expérience d’écriture. Cette perspective particulière, centrée sur la nature même de l’écriture, semble directement influencée par Mallarmé, notamment par le texte de la conférence sur Villiers de L’Isle-‐‑Adam, dont les premières lignes abordent une thématique similaire :
Sait-on ce que c’est qu’écrire ? une ancienne et très vague mais jalouse pratique, dont gît le sens au mystère du cœur.
Qui l’accomplit, intégralement, se retranche.
Autant, par ouï dire, que rien existe et soi, spécialement, au reflet de la divinité
éparse : c’est, ce jeu insensé d’écrire, s’arroger, en vertu d’un doute - la goutte
d’encre apparentée à la nuit sublime - quelque devoir de tout recréer, avec des
réminiscences, pour avérer que l’on est bien là où l’on doit l’être (parce que, permettez-moi d’exprimer cette appréhension, demeure une incertitude). Un a un
[sic.], chacun de nos orgueils, les susciter, dans leur antériorité et voir18.
18 Stéphane Mallarmé, Villers de l’Isle-‐‑Adam, conférence par Stéphane Mallarmé, Paris, Librairie
de l’art indépendant, 1890, p. 9. Consulté en ligne le 29 octobre 2014 sur : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8626853v/f19.image.
Dans La gloire, publié six ans après Stéphane, la place accordée aux informations biographiques est encore plus restreinte. Dans une esthétique fragmentaire, un narrateur, qui semble être le même que dans Stéphane, poursuit sa réflexion sur l’écriture en l’inscrivant dans une perspective plus personnelle encore, faisant directement référence à sa propre pratique et à ses propres préoccupations littéraires. Le texte alterne ainsi entre des passages métatextuels dans lesquels le narrateur évoque le livre qu’il rédige et des considérations sur certains aspects de l’œuvre de Mallarmé ou sur des travaux critiques qui lui sont consacrés. Oster évite ainsi délibérément de structurer son texte de manière à laisser apparaitre un schéma biographique traditionnel, schéma dont il remet fortement en doute la valeur et la validité dans ses deux textes.
Le cas de Laure Conan est plus complexe. Alors que Stéphane et La gloire peuvent être considérés comme les deux jalons d’une même entreprise de remise en cause de l’écriture biographique, La romancière aux rubans et La saga des poules mouillées sont les œuvres de deux auteures différentes, et il semble d’autant plus significatif que chacune ait choisi d’occulter totalement la période de l’apprentissage pour représenter Laure Conan au faîte de sa gloire. Dépourvue de passé, l’auteure joue dans les deux récits un rôle de modèle bien plus qu’elle n’évolue elle-‐‑même dans le domaine littéraire. Dans la pièce de Jovette Marchessault, quatre écrivaines (Laure Conan, Germaine Guèvremont, Gabrielle Roy et Anne Hébert) sont réunies dans un espace hors du temps dans lequel elles peuvent s’entretenir les unes avec les autres. L’absence d’une temporalité reconnaissable contribue à donner une image statique des quatre personnages, qui semblent exister indépendamment de toute réalité. Étant insensibles au passage du temps, les auteures revêtent une aura mystique : elles apparaissent comme les figures d’une mythologie littéraire et portent chacune une valeur symbolique. Au sein de ce quatuor anachronique, Conan est ainsi surnommée « l’ancienne », de manière à mettre en évidence son importance dans l’histoire littéraire et le statut de précurseure qui lui est attribué par les trois autres écrivaines. Il y a donc dans la pièce les traces d’une chronologie, mais qui se déploie sur une échelle
générationnelle, permettant de situer les auteures les unes par rapport aux autres plus qu’elle ne révèle quoi que ce soit de leurs biographies respectives. C’est dans cette perspective que Laure Conan est présentée comme une génitrice, à la fois bienveillante (« C’est elle ! C’est elle ! C’est maman popoule, maman cut cut19 ! »), mais également primitive (ce qui se manifeste par des gestes aussi symboliques que subversifs, comme marcher à quatre pattes et aboyer comme un chien). En quelques répliques, le personnage évoque de rares éléments de sa vie personnelle et sa condition de femme à la fin du XIXe siècle. Elle mentionne notamment l’ennui dont elle souffre à la Malbaie et la méfiance qu’elle pense inspirer à ses concitoyens, qui la perçoivent comme une menace en raison de son métier d’écrivaine. Le personnage de Conan décrit aussi brièvement sa relation avec l’abbé Casgrain, qu’elle craint « suffisamment pour lui écrire des lettres modestes et pieuses20 ». Peu de répliques concernent directement les œuvres de Conan, le texte insistant plutôt sur la place de l’écrivaine dans l’histoire littéraire. Lorsqu’ils font allusion à ses écrits, les autres personnages soulignent surtout l’importance que l’écrivaine accorde à la psychologie, ce qui constitue, selon eux, une innovation majeure au sein des lettres québécoises. Anne Hébert semble ainsi opposer l’œuvre de Conan et les textes québécois de la même époque, souvent nationalistes et patriotiques, lorsqu’elle s’écrie : « Avec toi notre littérature changea : elle cessa de dépeindre l’extérieur pour dire les signes et les cicatrices21 ».
Dans La romancière aux rubans, les informations biographiques sont également laissées de côté, le texte évoquant simplement la liaison amoureuse entre la romancière et Pierre-‐‑Alexis Tremblay. La mention de cet évènement ne s’inscrit pas dans une trame biographique développée, mais vise plutôt à faire écho aux préoccupations du personnage principal du récit, une préadolescente (fictive) du nom de Lys-‐‑Aimée. Cette jeune fille, nièce de Laure Conan chez qui elle est en convalescence, se désole en effet d’avoir été rejetée par un garçon du voisinage et
19 Jovette Marchessault, La saga des poules mouillées, Montréal, Leméac, 1989 [1981], p. 126. 20 Ibid., p. 91.
pour se consoler se lance dans la lecture d’Angéline de Montbrun, sans connaitre l’identité véritable de l’auteure. Destiné à de jeunes lecteurs, le texte de Louise Simard adopte le point de vue de Lys-‐‑Aimée pour présenter Laure Conan, de sorte que le portrait de la romancière demeure très schématique. Peu d’œuvres sont évoquées, Lys-‐‑Aimée n’ayant connaissance que d’Angéline, texte dont elle n’est pas à même de saisir la portée ni d’évaluer la valeur autrement qu’en référant à sa propre expérience. Contrairement à la place prépondérante accordée aux écrivains dans la majorité de textes du corpus, la focalisation sur le personnage de Lys-‐‑Aimée contribue à faire de Laure Conan un personnage de second plan.
Il est également important de souligner que le thème de la relation parents/enfant est absent des deux œuvres consacrées à Conan. Absence remarquable, puisqu’il s’agit d’un enjeu majeur dans une majorité d’œuvres du corpus. Plusieurs personnages d’écrivains entretiennent en effet des rapports houleux avec leurs parents. Dans les textes consacrés à Buies, par exemple, le père s’oppose à la vocation d’écrivain, tandis que Verlaine, dans Verlaine d’ardoise et de pluie, développe se dispute fréquemment avec sa mère. Au chapitre des conflits parentaux, les fictions consacrées à Nelligan sont toutefois les plus riches. Le personnage du poète s’oppose ainsi farouchement à l’autorité de son père dans les trois récits qui lui sont consacrés, et les auteurs du
Portrait déchiré de Nelligan vont jusqu’à suggérer une liaison incestueuse avec la mère
dans leur texte. Les œuvres de de Daniel Oster mettent elles aussi en scène la relation père/fils, en déplaçant toutefois le point de vue puisque c’est le rôle de père de Mallarmé qui est évoqué, alors que le poète doit composer avec la mort prématurée de son fils Anatole.
Quelle que soit l’importance qu’elles accordent à la biographie de l’auteur, la plupart des œuvres abordent généralement peu la question du contexte historique. En se concentrant sur des informations biographiques et des données personnelles, beaucoup de récits ne décrivent qu’à peine le climat social et culturel des dernières décennies du XIXe siècle. On peut s’étonner que l’Affaire Dreyfus, qui a pourtant secoué la France pendant plus d’une décennie, de 1894 à 1906, de même que les
attentats anarchistes de 1892-‐‑1894 ne soient mentionnés dans aucun récit. L’exposition universelle de 1889, qui symbolise souvent cette période, n’est mentionnée que dans un seul texte, La lune seule le sait de Johan Heliot. La guerre franco-‐‑allemande de 1870-‐‑1871 est également évoquée dans ce texte, mais de manière à justifier les évènements fictifs du récit. Dans l’univers décrit par Héliot, la défaite de Sedan a été évitée grâce à l’intervention de forces extraterrestres ayant pris le parti de Napoléon III. Cette guerre est également évoquée dans Par tous les temps, afin de souligner les souvenirs fictifs que ce conflit ravive chez le personnage principal. Notons que ces deux textes sont les deux seuls récits de science-‐‑fiction du corpus, ce qui montre que ce genre, dans ses variantes à caractère historique, est porté à inclure une grande quantité de références au contexte où se déroulent les récits.
Les textes de Pierre Michon, Michel Tremblay, Guy Goffette, Jovette Marchesault, Louise Simard et André Vanasse se caractérisent tous par une représentation minimaliste du contexte historique. Il n’y est fait mention que de peu d’évènements n’étant pas directement liés la vie de l’auteur représenté. Dans Nelligan le spasme de
vivre, roman publié dans la même collection que La romancière aux rubans, les
épisodes amoureux, les amitiés et les périodes sombres de la vie de Nelligan constituent la majeure partie de la trame narrative. L’absence quasi totale de mise en contexte laisse croire que cette œuvre, comme le texte de Simard, se veut une introduction à la vie et à l’œuvre de l’écrivain représenté, et non à la période à laquelle il appartient. Ce choix correspond ainsi à une certaine vision de la littérature et à une lecture basée sur des données biographiques, établissant un lien direct entre la biographie et les œuvres et faisant de l’écrivain une pure individualité, ses textes n’étant pas présentés comme étant tributaires du contexte sociohistorique. Plus nuancé à cet égard, le texte de Michel Tremblay contextualise très sommairement la poésie de Nelligan en la présentant comme le reflet des conflits sociaux qui divisaient le Québec à la fin du XIXe siècle. Le climat social des années 1890 se voit ainsi simplifié pour répondre à cette visée, en se limitant à deux conflits entre des classes opposées,
la bourgeoisie montréalaise et la bohème littéraire, puis entre les Québécois francophones et les anglophones.
Le récit de Mireille Maurice, Le grand Buies, est l’un de ceux qui accordent une place importante à la question du contexte, ce qui n’est assurément pas étranger à la nature particulièrement engagée de l’œuvre de Buies lui-‐‑même. C’est ce qui se produit dans le passage suivant, alors que le personnage de Buies commente la position du clergé au sujet de l’émigration des canadiens-‐‑français vers les États-‐‑Unis :
Le clergé canadien-français refuse de vous envoyer des prêtres parce qu’il désapprouve votre émigration aux États-Unis. Et pourquoi ? Pour la simple raison que l’argent rentre moins ici et qu’accéder à votre demande serait encourager une plus forte émigration, ce qui réduirait d’autant leur revenu. Il soutient donc que vos âmes vont se corrompre dans ce pays de perdition, pour que vos dollars reviennent dans ses
troncs… voilà la seule rime qu’il comprend22 !
Tout au long du texte de Maurice, des passages des chroniques de l’écrivain sont retranscrits sous forme de dialogues dans lesquels des personnages représentant différentes idéologies (religieuse, paysanne, bourgeoise) donnent la réplique à Buies, ce lui qui permet d’illustrer sa pensée. L’intérêt du chroniqueur pour les questions d’actualité est également prétexte à évoquer, ne serait-‐‑ce que brièvement, certains épisodes marquants de l’histoire du Québec et du Canada, mais aussi les enjeux sociaux de l’époque, et plus particulièrement ceux commentés Buies dans ses textes. Sans référer aussi directement aux faits historiques, d’autres œuvres évoquent des données contextuelles, signe que les auteurs ne sont pas indifférents à la question du climat social. Dans La Gloire, les références à des faits historiques avérés se font souvent de façon fragmentaire, en cohésion avec le propos et l’esthétique de l’œuvre. L’érudition dont fait preuve Oster dans le choix des informations historiques qu’il inclut dans son texte (en référant par exemple à des moments très précis quoiqu’obscurs et anodins de la vie de Mallarmé, ou en citant des journaux d’époque)
suggère fortement que le narrateur laisse volontairement des blancs dans son récit, ce qui appuierait le discours critique à l’égard du genre biographique qui se déploie dans ses deux récits. En refusant ainsi de livrer ce qu’il nomme des textes « pleins », Oster s’en prendrait à ce qu’il appelle le « principe d’exhaustivité » dans la biographie23, c’est-‐‑à-‐‑dire
[l]'idée de totalité, méthodologiquement excitante [et reposant] sur l'a priori qu'en accumulant des biographèmes sur une ligne, on obtiendra une trace continue.
Seulement la faille, le manque, le défaut, font aussi partie du tout24 [...].
Il va sans dire que le résultat de cette démarche ne s’adresse pas au lecteur néophyte de Mallarmé. Le récit suppose également une connaissance minimale de la biographie du poète de même qu’une certaine familiarité avec l’œuvre, tant la poésie que les autres textes, et en particulier la conférence sur Villiers de l’Isle-‐‑Adam. Ces textes et la poésie de Mallarmé sont en effet fréquemment évoqués par le narrateur, mais ils ne