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Un thème commun à tous les lycéens : la méconnaissance de leurs droits

Dans le document Les lycéens et leurs droits (Page 52-54)

A. Focus group : définition et déroulement du dispositif

1. Un thème commun à tous les lycéens : la méconnaissance de leurs droits

Quel que soit le groupe d’élèves interrogés68, il apparaît d’emblée que les élèves méconnaissent totalement leurs droits. Mais plusieurs raisons à cela peuvent être mises en évidence.

La méconnaissance des droits lycéens est due à un manque d’information de la part de la communauté éducative

La première raison est qu’ils n’ont jamais été accompagnés dans l’apprentissage de leurs droits. A l’heure de la mise en place du parcours citoyen, il paraît impensable de ne pas seconder les élèves dans la formation à leurs droits. Et visiblement en ce qui concerne les élèves, ils se sentent totalement délaissés dans cet apprentissage et pointent du doigt le fait que ce silence est volontaire de la part de la communauté éducative69. Cette idée était déjà ressortie des entretiens individuels et des questionnaires auprès des membres de la communauté éducative : les enseignants font un survol rapide du règlement intérieur lors de la rentrée mais « en appuyant bien sur (les) devoirs » comme le dit Jeanne (Livret d’annexes p.31), et en délaissant, ne lisant même pas les droits lycéens inscrits dans le règlement intérieur de chaque établissement scolaire. De plus, certains outils mis en place dans le but d’aider les élèves dans leur éducation à la citoyenneté ne sont pas utilisés à bon escient. C’est le cas notamment des heures de vie de classe qui ne sont utilisées que pour préparer le conseil de classe et lister les dysfonctionnements de la classe70.

Certains élèves connaissent si peu leurs droits qu’ils vont parfois jusqu’à s’en inventer. C’est le cas du fameux «si le professeur n’est pas là au bout de 15 minutes, on peut partir » (Livret d’annexes p.33). Mais ces droits fictifs, issus des pratiques lycéennes ancestrales, ne font pas parties des droits lycéens reconnus par la loi : les droits collectifs.

Concernant les élèves se plaçant plus dans la posture de lycéen que dans celle d’apprenant, c’est-à-dire les personnes ayant participé au deuxième focus group, la méconnaissance est totale également mais le ressenti est différent. Ces lycéens-là pensent connaître leurs droits, même si on ne les leur a jamais clairement listés et expliqués, (« on ne nous a jamais dit vos

68 Elèves issus de séries générales et élèves issus de série technologiques.

69 Benjamin : « Les chefs ils se gardent bien de nous dire les droits » - Livret d’annexes p.31

70 Paroles d’Elodie : « Avant le conseil de classe, on a fait une réunion de vie de classe pour parler des

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droits c’est ça » (Livret d’annexes p.41), « On n’a pas une liste et on ne peut savoir quels sont nos droits »). Ils croient les avoir déduits de leur vie quotidienne au lycée. Cependant,

même s’ils ne les connaissent pas, ils sont conscients d’en avoir et estiment que leurs prérogatives sont, dans l’ensemble, respectées71.

La méconnaissance des droits lycéens est due à un manque d’intérêt de la part des lycéens eux-mêmes.

Au-delà de la méconnaissance de leurs droits qu’ils attribuent à une cause externe72 (le

manque d’éducation aux droits lycéens), les élèves avouent au détour des discussions enregistrées qu’ils constituent eux-mêmes une des raisons à leurs lacunes juridiques. En effet, ils expriment clairement un manque d’intérêt pour leurs droits. En revanche, ils mettent en avant différentes raisons à ce manque d’intérêt. Pour certains, cela vient du fait qu’ils se doutent qu’ils disposent d’un grand nombre de droits et qu’ils ne peuvent pas s’intéresser à tous. Ils vont même plus loin en précisant qu’ils s’y intéresseront lorsqu’ils en auront besoin73. Cela rejoint l’idée émise par les membres de la communauté éducative, idée selon laquelle les lycéens ont une vision purement utilitaire de leurs droits.

Pour d’autres le manque d’intérêt vient du fait que les élèves estiment passer suffisamment de leur temps dans l’enceinte du lycée, pour ne pas avoir en plus à y rester de manière volontaire en dehors de leurs heures de cours.74 Cette réponse a été donnée lors du deuxième thème abordé pendant le focus group, thème qui traitait de la participation lycéenne. On pourrait donc peut-être y voir les prémices de compréhension des droits lycéens.

Le premier résultat provenant de l’analyse des focus group revient à dire que les droits lycéens sont largement méconnus par les élèves. La deuxième idée qui ressort de l’analyse des informations concerne le sentiment d’injustice ressenti par les lycéens.

71 Les lycéens interrogés lors de ce deuxième focus group faisaient en réalité allusion à la liberté d’entrée et de

sortie de l’établissement, sans réelle contrainte. Cette idée avait également émergée de travaux de recherche de Pierre MERLE lorsque ce dernier avait interrogé les lycéens sur la vision qu’ils avaient de leurs droits.

72 On parle d’attribution causale externe.

73 Paroles de Camille : « Pour moi comme c’est acquis dans ma tête ces droits-là, je ne me pose même pas la

question en fait. Pour moi ils sont acquis, je les ai et tant que je n’en ai pas le besoin, je ne m’y intéresserai pas. » - Livret d’annexes p.46

74 Paroles de Lou : « Mais déjà qu’on passe notre vie au lycée, on va pas en rajouter. On a des grosses journées.

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