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TEXTES ET INTERTEXTES : POUR UNE INTERTEXTUALITE ASSUMEE

1- Préliminaires

L’influence de Kateb Yacine et de ses œuvres, se donne à voir de manière évidente dans les textes de Salim Bachi. L’auteur du Chien d’Ulysse, l’assume et le revendique clairement. En effet, lors de la conférence donnée à l’Ecole Normale Supérieure de Paris, celui Ŕci confirme que :

«…pour rendre hommage à un écrivain, j’ai choisi Kateb Yacine c’est évident…il a opéré quelque chose de neuf à la littérature maghrébine… une destruction, quelque chose qui n’est pas de l’ordre du documentaire…c’était ce qui m’a fasciné quant j’avais lu Nedjma très jeune et que j’ai voulu devenir écrivain d’une certaine manière.»1

Des références à Nedjma et au Polygone Etoilé, et même aux autres œuvres, sont clairement percevables dans la plupart des textes du jeune auteur, voilées ou affichées, celles-ci laissent en tout cas, peu de place à l’incertitude par rapport à l’influence Katébienne, si bien que l’on est amenée à affirmer qu’il marche sur les pas

1 Entretien avec l'écrivain Salim Bachi à l'Ecole Normale Supérieure de Paris. http://www.francophonie-ens.org/article.php?id=176 . Consulté le 16 janvier 2015.

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de son aîné. De l’allusion la plus subtile à la citation la plus explicite, cette intertextualité est formellement assumée. En fait, toutes les formes d’emprunts se prêtent au jeu de l’intertextualité, au point que la majorité des œuvres de Bachi, qu’elles soient éloignées des thèmes traités par son prédécesseur ou qu’au contraire, le sujet soit abordé par les deux, portent en elles l’estampille katébienne.

A ce stade de l’analyse le texte littéraire, reste la meilleure preuve crédible à certaines pratiques littéraires auxquelles s’adonne Bachi depuis son premier roman. Ses déclarations confortent bien évidemment nos hypothèses mais leur présence dans le texte Bachien demeure la preuve la plus tangible quant à leur origine Katébienne.

Dans ce présent chapitre, nous débutons l’analyse par les formes qui n’ont pas bénéficié d’une modification ou d’une transformation majeure. Ces reprises textuelles entrent dans la catégorisation de coprésence que propose Gérard Genette. Une seconde partie fera l’inventaire et l’analyse de la majorité des transformations apportées au texte cité, à savoir celui de Kateb Yacine, et qui dévoileront le projet littéraire de Salim Bachi.

2-L’influence de Kateb Yacine : une coprésence manifeste

Dans les textes de Salim Bachi, la multitude des clins d’œil adressés aux textes katébiens rend leur recensement difficile. Ainsi avons nous relevé que certains auteurs qui ont influencé Kateb Yacine figurent dans la liste des écrivains auxquels Bachi porte une grande admiration. Citons, à titre d’exemple, William Faulkner et Rainer Maria Rilke.

Comme nous l'avons expliqué plus haut, toutes les formes de l'emprunt se prêtent au jeu intertextuel. La relation de coprésence et de dérivation avec toutes leurs déclinaisons comme la citation, la référence, l'allusion, la parodie, la transposition et autres, alimentent les textes Bachiens. La relation de coprésence est définie en ces termes par G. Genette : « Je définis l’intertextualité, pour ma part, de manière sans doute restrictive, par une relation de coprésence entre deux ou plusieurs textes,

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à-dire eidétiquement et le plus souvent, par la présence effective d’un texte dans un autre. »1

Face à leur multitude, nous décidons de commencer par les formes les plus évidentes, convaincue que chaque lecture est susceptible d'en dégager d'autres.

Dans la relation de coprésence, nous avons relevé plusieurs citations qui reprennent

mot-à-mot plusieurs phrases de Kateb Yacine.

Aucune difficulté quant à leur perception lors de la lecture, si ce n'est que certaines de ces phrases reprises, sont dépourvues de guillemets. Les marques typographiques de la citation ont été volontairement omises par Bachi, considérant sûrement qu'un lecteur averti de Kateb Yacine ne peut ignorer cette intertextualité. Les énoncés repris se fondent aisément dans le texte sans créer une hétérogénéité apparente.

2/1 La citation

C'est dans Amours et aventures de Sindbad le marin, que nous relevons la majorité des reprises littérales. Se limitant à quelques phrases ou parfois à une phrase courte, Bachi ne reprend aucunement des passages entiers de l'œuvre de Kateb Yacine. Seules quelques phrases demeurent inchangées. En effet, il a suffi que le narrateur

emploie la phrase «la gueule du loup» pour que Le Polygone étoilé et Kateb

s'incrustent dans le texte de Bachi, entraînant une double écriture : celle du jeune auteur et celle de son aîné.

Toutefois, une question se pose : cette phrase reprise change t- elle d'un texte à

un autre ou au contraire, exprime-t-elle la même la signification ?

Dans Amours et aventures de Sinbad le marin, « la gueule du loup » apparait pour la première fois à la page 173.

Dans Le Polygone étoilé de Kateb Yacine, l’expression «la gueule du loup» est employée dans la partie autobiographique de ce texte hétéroclite. Kateb Yacine,

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l'utilise pour désigner l'école et la langue française. Le passage de l'école coranique vers l'école française mal vécu par l'auteur représente, en fait, une sorte de rupture du cordon ombilical entre le fils et sa mère. Ne maîtrisant pas la langue française ce passage risquait de mettre en danger la complicité entre Kateb et sa muse. Il écrit : « Ma mère soupirait ; et lorsque je me plongeais dans mes nouvelles études, que je faisais, seul, mes devoirs, je la voyais errer, ainsi qu'une âme en peine» ;

Il rajoute:

«Adieu notre théâtre intime et enfantin, adieu le quotidien complot ourdi contre mon père pour répliquer, en vers, à ses pointes satiriques...»1

Pour préserver cette relation, les rôles se sont inversés, la mère est devenue l'élève de son fils «non sans tristesse» dira l'auteur : «puisque je ne dois plus te distraire de ton

autre monde, apprends-moi donc la langue française...»2

Cet autre monde imposé par la langue française pétri de solitude et de tristesse, représente pour lui «une seconde rupture du lien ombilical» à cause de «la gueule du loup», il achève le Polygone étoilé par cette ultime phrase très lourde de sens : «…ainsi, avais-je perdu tout à la fois, ma mère et son langage, les seuls trésors et inaliénables- et pourtant aliénés. »3

«La gueule du loup» ne représente pas seulement la langue française, mais aussi tout

un univers auquel l'auteur refuse d’appartenir.

Des années plus tard il suivra le conseil paternel qui expliquait :

1 Kateb Yacine, Le Polygone étoile, op. cit. p.181.

2Ibid., p.181.

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«…laisse l'arabe pour l'instant (…) La langue française domine. Il te faudra la dominer…Mais une fois passé maître dans la langue française, tu pourras sans danger revenir avec nous à ton point de départ.»1

Dans les années 1970, il quittera définitivement la langue française et tout ce qu'elle représente par rapport à l’aliénation, pour le théâtre de langue arabe dialectal et dira à ce sujet : «écrivain, j'ai été plus que d'autres aliéné par la langue française.»2 En retrouvant la langue maternelle, la langue du peuple l'auteur guérit le mal, recoud le cordon ombilical sectionné et coupé par la langue de l'ancienne domination.

«La gueule du loup» représente tout cela à la fois : non pas seulement la langue française mais tout un monde qui rappelle l’ancienne colonisation et les différentes fractures occasionnées au pays.

Chez Salim Bachi, c’est exactement la même signification qui est employée. La phrase reprise littéralement mais sans guillemets à la page 173 désigne l’ancienne colonisation et le désastre qu’elle a infligé depuis son installation. Le narrateur l’explique dans cet extrait : «Lorsque Chafouin 1er, président à vie, eut avalé son dernier pois chiche, il entra dans d’horrifiques spasmes et douleurs dignes des enfers…on le poussa dans un jet privé qui le transporta en France, au Val de Grâce, dans la gueule du loup en quelque sorte». Il poursuit son discours en confirmant le sens péjoratif de l’expression en question en disant :

«…Chafouin 1er

l’emportait la veille encore contre l’ancienne puissance coloniale et demandait aux instances internationales de sanctionner la vieille putain de France qui avait autant torturée

d’Algériens que l’Algérie indépendante et populaire»3

1Ibid., p.180.

2 J. Arnaud, Recherches sur la littérature maghrébine de langue française, le cas de Kateb Yacine, op. cit.

p.1011.

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Toutefois, nous avons constaté que quelques pages plus haut, la même expression Ŕà quelques détails près- est employée par l’auteur, mais pourvue cette fois-ci, d’une petite déformation : une féminisation.

En effet, l’auteur féminise l’expression de Kateb Yacine, elle devient : « la gueule de la louve» comme pour désigner une autre puissance coloniale que son pays natal a connue celle-ci, bien évidemment encore plus ancienne : il parle de la colonisation romaine.

«La gueule de la louve» employée par l’auteur est exclusivement adressée à Rome. Elle n’est pas sans rappeler la légende qui particularise l’histoire ancienne de Rome : fondée (en 735av.J- C) par les frères jumeaux Romulus et Remus abandonnés et recueillis par une louve qui les allaite. Cette dérivation de la phrase de Kateb Yacine doit interpeller notre attention. A cet effet, une question s’impose : qu’elle est la raison de cette féminisation ? Pourquoi ne pas avoir utilisé l’expression telle quelle, comme il le fait quelques pages plus loin dans le même roman ? Une première réponse, évidente à nos yeux, peut être suggérée. Nous pensons que l’expression qui reste inchangée est employée pour désigner toute ancienne colonisation qu’a connue l’Algérie. L’occupation romaine, la plus ancienne du pays, ainsi que la colonisation française, la dernière, ont marqué à jamais l’histoire algérienne.

La modification apportée à l’expression katébienne (la féminisation) est utilisée pour faire la distinction entre les deux anciennes colonisations. Cette différenciation reste importante puisqu’elle illustre deux moments historiques : celui de l’occupation romaine (représentée par la louve) et celui de la colonisation française (symbolisée par le loup).

Une seconde explication, moins explicite, peut être envisagée suite à une lecture comparative entre les énoncés relatifs à Rome et ceux qualifiant la France. Ainsi la féminisation du terme « loup » est une manière d’en atténuer la symbolique agressive. Elle minimise, ainsi, les ravages causés par l’ancien occupant.

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Le traumatisme causé par la présence romaine en Algérie, a eu largement le temps de s’estomper. Les ravages causés par l’ancienne occupation s’effacent peu à peu.

En effet, le passé lointain de cette présence l’a, en quelque sorte, rendu moins douloureuse dans la mémoire collective.

Le passage dédié à Rome et à ce qu’elle représente est significatif de la perception du narrateur de l’ancien empire. Sindbad raconte au Dormant :

«… je me trouvais à Rome, jeté par une de ces ruses de l’histoire dans la gueule de la louve. Rome avait brûlé Carthago, l’avait vouée aux gémonies, avait interdit que l’on édifiât de nouveaux remparts en lien et place des anciens.»1

Le narrateur poursuit son récit, non sans exprimer son sentiment par rapport à Rome devenue à présent inoffensive et sans danger : «Rome l’ennemie de l’Afrique et pourtant bruyante, poussiéreuse, endormie sous le soleil des mouches et des antiques violences africaines».

La « louve » apprivoisée, assagie est inoffensive. Le narrateur ressent une sorte d’empathie vis Ŕ à - vis de l’ancienne occupation qui a perdu sa puissance et son lustre d’antan, comme nous le montre ces passages : « Rome et l’Italie se noyaient sous le

poids des scandales, étouffés par ces hommes malades qui pillaient depuis un siècle» 2

Ou encore :

«Les gens n’aiment pas les voyages, c’est connu. Ou alors ce sont des touristes. Rome en regorgeait. Il fallait les voir, Piazza di Spagna, s’agglutinant autour de la fontaine du Bernin, une barque, comme des mouches sur une bouse bien fraîche, ou sur une charogne, cette carne faisandée d’une vieille notion : l’art. C’était terminé à présent, on baisait

1 Bachi Salim, Amours et Aventures de Sindbad le Marin, op. cit. p.78.

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les répliques en masse, mais on conchiait les artistes…Mais triste, l’église était ensachée dans une publicité géante, à la mode romaine, une capote publicitaire. Quel gâchis !» 1

Etre dans «la gueule de la louve» est de toute évidence plus supportable qu’être dans «la gueule du loup», c'est-à-dire, la France. Les nombreux passages réservés à la France ou à Paris, sont très critiques : la France est qualifiée de «putain» ; Paris de ville « où il fait froid et humide » elle est à l’image de tout ce pays que Sindbad visite « un pays invisible»2

Comme le signale ce passage :

«On ne peut ouvrir un journal, lire un article, regarder ne émission à la télévision sans que l’on y parle, débatte, combatte de ce qu’est la France…Mais la France n’est plus rien, c’est pourquoi on la cherche partout »3

Quelques passages plus loin, l’image de la France ainsi que de sa capitale, s’assombrit davantage, nous comprenons, alors, que le narrateur n’est pas du tout ravi de son séjour dans « la gueule du loup » :

«La ville lumière était un mythe qu’on avait exporté dans le monde entier au début du vingtième siècle. D’ailleurs, avec le camembert et le bordeaux, c’était la seule création française que s’arrachaient encore les Américaines qui touristaient à Paris sous leur lumière d’août. Oubliés les Sartre, Camus, Foucault et Derrida. Aux orties, Mondrian et Zadkine. Demeuraient les Jean-Baptiste Polaire, les Combaz d’arrière-garde et les Nouvel pas-fraiches. Triste époque, triste ville qui faisait à présent la

1Ibid., p.79-80

2Ibid., p.202.

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chasse aux étrangers, boutait les Picasso et Modigliani hors de chez elle, les enfournait dans des avions pour les vomir ailleurs. »1

Les passages éclairent davantage les raisons probables qui ont poussé l’auteur à modifier l’expression katébienne sans pour autant altérer sa signification première qui désigne une colonisation.

L’image péjorative de la France est, sans aucun doute, liée au souvenir de la plus récente colonisation qu’a connue l’Algérie. En effet, le traumatisme de la guerre est toujours présent, son souvenir est encore inscrit dans la mémoire des Algériens : «Les Algériens haïs parce qu’ils ont osé sortir de la nuit coloniale et dons les enfants sont un vivant remords de ce crime.»2

Nous comprenons alors que pour le narrateur, l’occupation romaine avec le souvenir de son passage en Algérie, est plus supportable que celle des Français qui est plus récente et dont les traces sont encore présentes.

La phrase de Kateb Yacine nous habitue à sa présence peu à peu. Nous la retrouvons dans un autre récit de Bachi, utilisé cette fois-ci par Khaled Kelkal. Cette reprise est néanmoins celle qui se rapproche le plus de la phrase de Kateb et de sa signification puisqu’elle est employée pour désigner exactement la même sens, c'est-à-dire l’école française, comme suggéré dans cet extrait : «on m’avait jeté dans la gueule du loup : le lycée la Martinière. Je venais d’avoir 18 ans… »3

Le personnage revit la fracture vécue par Kateb, non point avec sa mère mais avec ses condisciples :« Je me suis retrouvé confronté à un mur. A la cantine, je refusais de manger du porc, me singularisant encore plus, m’éloignant de ces fils de bourgeois pleins de morgues qui se jetaient sur des saucisses.»4

1Ibid., p217.

2Ibid., p.202

3 Bachi Salim, Moi, Khaled Kelkal, op. cit. p.43

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Une autre reprise textuelle de Kateb Yacine se laisse voir de manière très explicite. Celle-ci ne subit aucune transformation, mais ne porte aucune marque d’hétérogénéité. L’énoncé suivant « hordes de barbares » a marqué nos esprits lorsque nous avons lu Nedjma (page 173). Le personnage Rachid raconte l’histoire du pays, de ces deux villes de cœur : Cirta et Hippone, qui n’arrivent plus à se relever après plusieurs successions coloniales. Rachid se confie au journaliste en ces termes :

«Il existe bien peu de villes comme celles qui voisinent au cœur de l’Afrique du Nord, l’une portant le nom de la vigne et du jujube, et l‘autre au nom peut-être plus ancien que Cirta…Ici quelque horde barbare avait bâti son fort dans le roc.» (p.173)

La phrase «horde barbare» adressée aux multiples envahisseurs qu’a connus l’Algérie est reprise dans le même contexte et sans aucune modification s’agissant de l’Algérie et de Carthago. En effet, le narrateur de Bachi déplore, comme Rachid, la succession d’envahisseurs et constate les dégâts causés par tant de violences :

«La guerre …il avait connue. Il n’aurait su dire où ni quand. Mais comment…cela ne l’ignore pas. Elle s’était incrustée dans sa chair au point de la marquer au fer…Il y avait d’autres chimères, d’autres goules qui peuplaient sa mémoire enténébrée : des cités dévastées par des hordes barbares» (p.18)

Une deuxième utilisation de cet énoncé sera recontextualisé par le texte bachien. Celui-ci se met à qualifier une autre nature d’envahisseurs, ceux du 21ème siècle : les touristes. A ce sujet, Sindbad dira : « Depuis la mort du Pape immobile, la cité ne désemplissait pas, envahie par des hordes barbares qui les menaçaient d’un

engorgement des égouts, une acqua alta foireuse. Le monde allait à sa perte…» 1

2/2 la référence :

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Toujours dans le même registre de la coprésence, l’intertextualité entre les œuvres de Bachi de Kateb Yacine connait un autre déploiement en se démultipliant et en arborant d’autres formes de coprésence. En effet, plus nombreuse que les reprises textuelles (citations), les références aux textes katébiens sont (avec les allusions) abondantes. Sophie Rabau définit cette notion en ces termes : « Dans le cas de la référence le texte évoqué n’est pas cité mot à mot, mais l’auteur ne se cache pas, au contraire de renvoyer à un passage précis d’un texte »1

Le nombre important des références aux textes de Kateb, nous impose de débuter l’analyse par le second roman de Bachi qui en contient le plus. En effet, la Kahéna ne cesse de nous renvoyer à l’univers de l’œuvre katébienne et ce, dès les premières pages. Le lecteur averti ne peut donc ignorer la présence constante d’une tribu, d’un oued, d’un ancêtre….

a- La tribu des Beni Djer

Même si le nom ne correspond nullement à celui de la tribu Keblout (chez Kateb), l’histoire des Beni Djer2 présente tant de similitudes avec celle des Keblout que nous avons l’impression qu’il s’agit de la même tribu ancestrale. En effet, les Beni Djer entrent en scène dés la première page, lorsque le narrateur se met à raconter son histoire, son parcours, son destin, son origine et son déclin.

Les connexions entre les Beni Djer et les Keblout se mettent en place, et un sentiment du déjà lu nait et le fait de brouiller les pistes en changeant le nom de la tribu ne suffit guère à chasser le souvenir de keblout.

En fait, l’auteur de la Kahéna ne voulait surtout pas cacher la référence à la tribu de Kateb. Lors de sa conférence à l'Ecole Normale Supérieure de Paris, il précise justement que «les ancêtres c’est effectivement, c’est Kateb Yacine directement».

1 Rabau Sophie l’intertextualité, Paris, Flammarion , 2002. P231

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Lors de la lecture du roman, la référence devient plus qu’évidente, car comme Keblout, les Béni Djer furent des gens insoumis. Face à la menace française, ils se