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A travers la littérature, force est de constater la variété des termes utilisés pour désigner les techno- logies éducatives. Nous débutons ainsi la partie conceptuelle par clarifier la terminologie utilisée lorsque nous parlerons de l’ordinateur et des médias dans l’enseignement. Différents termes sont uti- lisés selon les auteurs. Certains parlent de nouvelles technologies, de médias éducatifs, de nouveaux médias, d’hypermédias, de multimédias. D’autres précisent les termes en parlant de Technologie de l’Information et de la Communication (TIC) pour l’Education (TICE), d’autres incluent les Mé- dias et les Images, qu’ils dénomment MITIC (Médias, Images et Technologies de l’Information et de la Communication). Il importe de préciser que dans le monde anglophone, on observe moins de divergences et de débats sur la terminologie. Le terme ICT s’est imposé même si on parle parfois de

technology litteracy et d’educational technology.

Bref historique de l’introduction des MITIC dans l’enseignement 1.1.

Nous débutons ce sous-chapitre en présentant l’historique de l’introduction des technologies dans l’enseignement. Cette introduction nous permettra de mieux comprendre pourquoi la terminologie est si diversifiée.

L’intégration des MITIC dans la formation des enseignants peut être analysée selon un point de vue historique de l’introduction des MITIC en classe. Au début des années 1960, les enseignants voyaient apparaître les médias audiovisuels. Ainsi, la télévision en classe devient un outil d’accom- pagnement à l’enseignement. On parle également de télévision éducative. Il faut attendre les années 1960 - 1970, afin d’observer les premières applications de l’ordinateur en classe. Skinner introduit

la machine à enseigner à travers le courant béhavioriste, puis l’influence de l’enseignement assisté par ordinateur (EAO). L’invention d’un langage de programmation de haut niveau utilisable par les enfants (LOGO) conçu par Papert permet d’envisager un apprentissage d’inspiration constructiviste (Gurtner & Retschitzki, 1991). Dans les années 1970 - 1990, les ordinateurs sont diffusés à une plus large échelle dans les classes des pays industrialisés. Selon Karsenti, Peraya et Viens (2002), « les pre- miers cours de formation aux applications pédagogiques de l’ordinateur développés dans les années 1970 étaient centrés presque exclusivement sur l’appropriation de l’outil et de la culture informati- que, d’une part, sur la programmation, d’autre part » (p. 249). De plus, ils postulent que :

Si les premiers efforts de formation des maîtres aux TIC ont connu un succès bien mitigé, c’est surtout parce qu’on traitait la question isolément, sans prendre en compte la complexité de l’intégration de l’ordinateur en salle de classe et qu’on s’intéressait aux compétences techniques, souvent hors contexte. (p. 249)

Dans les années 1980 - 1990, apparaissent les hypertextes, hypermédias, les multimédias, les tech- nologies de l’information et de la communication (TIC) pour l’éducation (TICE) et la formation ouverte et à distance (cf. liste des abréviations, p. 15).

Comme l’indiquent Karsenti, Peraya et Viens (2002),

La formation des maîtres aux TIC s’est faite dans l’urgence, pour l’appropriation de l’outil sans que soit vraiment développée une réflexion critique sur les orientations et les stratégies pédagogiques mises en place. La recherche s’intéressait peu, quant à elle, à la formation des maîtres ou des formateurs : elle tentait surtout de justifier le recours à l’utilisation de l’ordinateur en montrant ses effets potentiels et en le comparant à une pédagogie traditionnelle. (p. 250)

L’explosion des TIC se réalise en 1990-2000 avec l’apparition d’Internet, des forums de discussions, du courriel, ainsi que le développement des communautés d’apprentissage en réseau.

On remarque que depuis 40 ans, les technologies n’ont cessé d’évoluer, en laissant peu de temps aux enseignants pour mettre en place une réelle intégration dans l’enseignement. Les enseignants doivent faire preuve d’adaptation pour se sentir à l’aise face aux changements récurrents. La formation aux MITIC est une formation demandant des compétences particulières d’adaptation, d’autonomie, et d’autorégulation. Les compétences acquises lors de la formation devront être révisées et adaptées aux changements recurrents provoqués par l’innovation technologique. L’enseignant devra s’autoformer, en s’exerçant et apprenant par lui-même. Mise à part le développement rapide de nouveaux outils, l’enseignant doit faire face à une nouvelle situation d’enseignement en classe.

L’intégration des MITIC demande un changement de pratique. Comme le soulignent Tardif et Mukamurera (1999),

Avec les TIC, c’est vraiment la première fois depuis près de quatre siècles que l’hégémonie de la classe, comme structure socio-physique du travail pédagogique, est sérieusement menacée, alors qu’elle peut s’ouvrir et se défaire au profit de nouveau modes d’éduca- tion et d’instruction fondés sur des nouvelles formes d’interactions entre les enseignants et les élèves […] l’originalité et la force des TIC nous semblent résider, par rapport à la pédagogie scolaire, dans leur possibilité de substituer aux interactions en classe des interactions à distance et hors classe, c’est-à-dire des interactions qui échappent aux limitent spatio-temporelles de la classe. (p. 11)

Selon Albero (2000) cité dans Linard (2002), « le passage du paradigme de l’instruction au paradig- me de l’autonomie, précipité par les TIC, contraint la formation à évoluer vers une autoformation » (p. 152). La conception des TIC à l’école est ainsi passée d’une conception isolée et technique à une conception transversale, intégrée et touchant l’ensemble des médias à l’école.

Terminologie 1.2.

A travers ce bref historique, force est de constater la diversité des objets de la Technologie de l’Educa- tion. L’évolution des technologies nous fait apparaître une terminologie fournie dont voici une liste non exhaustive : médias éducatifs ; technologie de l’information ; technologie de l’information et de la communication (TIC) pour l’éducation (TICE) ; nouveaux médias ; nouvelles technologies ; hy- permédias ; multimédias ; média et images et technologie de l’information et de la communication (MITIC) ; ingéniérie éducative ; technologie éducative ; etc. Les termes MI et TIC sont séparés : le premier terme englobe tout ce qui a trait à l’image et le second terme concerne davantage la prati- que de l’ordinateur et des technologies en général. Ceci nous montre à quel point il est difficile de regrouper ces conceptions dans une terminologie globale. Il importe de ne pas confondre les tech- nologies qui sont des outils avec la Technologie de l’Education qui est une discipline.

Hotte (2007) parle de discipline en utilisant le concept de la Technologie de l’Education. Elle se définit comme l’analyse, le développement, l’application et l’évaluation de systèmes, dispositifs, technologies et ressources humaines et matérielles en vue d’améliorer l’apprentissage humain. Elle consiste en l’application méthodique des principes scientifiques à la solution des problèmes que pose l’éducation. Elle s’insère dans différentes disciplines comme les sciences de l’éducation, la psycholo- gie de l’apprentissage, l’éducation aux médias, la psychologie sociale, l’ergonomie, l’épistémologie, l’éthique, l’informatique et l’ingénierie. Albarello (2004) propose quatre grandes orientations et champs de recherche sur les technologies et la formation. Il s’agit tout d’abord du champ qui dévelop- pe les outils, on parle alors du domaine de l’informatique et l’ingénierie. Puis, le domaine des usages sociaux, qui fait appel aux disciplines de l’ergonomie, de la psychologie cognitive et des sciences hu- maines et sociales. Ensuite, vient le champ des finalités qui est représenté par le domaine de l’éthique et finalement, tout ce qui a trait aux conditions de productions de savoir qui peut être étudié par des

philosophes et des épistémologues. Pour Meunier et Peraya (2004), la Technologie de l’Education est une « interdiscipline ». Gurtner (2007) propose de parler plutôt de Technologie de l’apprentis- sage, en mettant l’accent sur les activités réelles des apprenants lors de l’utilisation des technologies. En synthèse

Dans notre recherche, nous parlerons plutôt d’outils que de la discipline en elle-même. Nous utili- serons ainsi le terme « MITIC », car il englobe les médias et les images ainsi que les technologies de l’information et de la communication et représente les types de pratique dans les classes. Nous nous efforcerons d’utiliser ce terme, afin de garder une cohérence avec la terminologie utilisée dans le contex- te jurassien. Dans la partie théorique, nous garderons bien évidemment la terminologie des auteurs. Après avoir présenté la terminologie, il nous semble important de développer une partie sur le concept d’intégration des MITIC. Qu’est-ce que l’intégration ? Comment se réalise-t-elle ?

Intégration des MITIC en classe