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PARTIE 1 : CADRE DE L’ÉTUDE

3.4. Méthode d’étude des assemblages lithiques

3.4.3. Terminologie : le macro-outillage

Les macro-outils sur galets ou supports divers ont été regroupés en plusieurs grands types, selon une méthodologie adaptée à l’étude des industries colombaniennes, et souvent issue de la définition typologique de J. Collina-Girard (1986) et d’A. Tavoso (1978) : choppers, chopping-tools, galets à enlèvement(s) isolé(s), épannelés, gros éclats / fragments d’éclats, macro-outillage divers et enfin matériel de percussion (percuteurs et enclumes).

Les supports utilisés, principalement des galets, sont décrits dans un premier temps selon leurs données métriques, leur épaisseur (plat si l’épaisseur du support est inférieure à la moitié de sa largeur, peu épais si l’épaisseur du support est entre 50 % et 75 % de sa largeur, et épais au-delà de 75 %), et leur morphologie générale (ovale, ronde, rectangulaire…). L’emplacement du tranchant a également été indiqué, selon quatre variantes : tranchant distal, latéral, latéro-distal, ou étendu (toujours selon la plus grande longueur du support).

3.4.3.1. Le groupe des choppers

Sont considérés comme choppers les outils à façonnage unifacial dominant et présentant « au moins deux enlèvements adjacents » (Collina-Girard, 1986). Le support est variable, il s’agit le plus souvent d’un galet, mais dans de rares cas il peut également s’agir d’un gros éclat ou d’une plaquette de quartz filonien : « ce peut être un galet brut, un galet préalablement clivé, un bloc quelconque de matière première non roulée ou même un très gros éclat » (idem).

Le groupe des choppers se divise en six catégories, selon la morphologie du tranchant : choppers simples, choppers repris, choppers becs, choppers pointes, choppers denticulés, et choppers doubles.

Les choppers simples (fig. 18) regroupent les choppers dont le tranchant est formé par un unique dièdre, non denticulé, et strictement unifacial.

Les choppers repris (fig. 19) regroupent les choppers dont le tranchant a été repris par un ou deux enlèvements inverses qui transforment partiellement la pièce en chopping-tool. La différence entre un chopper repris et un chopping-tool réside dans le côté partiellement bifacial du tranchant ; par convention, la longueur de la portion d’arête bifaciale est inférieure à la portion d’arête unifaciale (Collina-Girard, 1986).

Les choppers becs regroupent les choppers dont le tranchant unifacial a été aménagé par deux encoches clactoniennes adjacentes, dégageant un bec.

Les choppers pointes regroupent les choppers dont le tranchant est très marqué, et forme ainsi une pointe, ou un pic.

Les choppers denticulés présentent un tranchant façonné par des enlèvements très marqués et incisifs ; il s’agit la plupart du temps d’un tranchant formé par de grosses encoches adjacentes.

Chapitre 3 – Problématique et méthodologie

Enfin, les choppers doubles présentent deux dièdres tranchants non adjacents, sur la même face ou sur deux faces différentes, mais leur tranchant n’est jamais bifacial.

Fig. 18 : Menez-Dregan I, chopper simple n°MDI.N23.4a.40 (photos R. Cheruel, D.A.O. A.-L. Ravon).

3.4.3.2. Le groupe des chopping-tools

Les chopping-tools sont des pièces à façonnage bifacial dominant, qui « comportent un tranchant bifacial parfois partiel » (Collina-Girard, 1986 ; fig. 20). Assez rares dans tous les assemblages étudiés, ils peuvent, tout comme pour les choppers, présenter un caractère « double », c’est-à-dire que le support d’origine a été façonné en deux endroits, créant ainsi deux chopping-tools.

Fig. 20 : Menez-Dregan I, chopping-tool n°MDI.O23.4a.23 (photos R. Cheruel, D.A.O. A.-L. Ravon). 3.4.3.3. Le groupe des galets à enlèvement(s) isolé(s)

Un galet à enlèvement isolé présente, comme son nom l’indique, un seul enlèvement, ou dans de rares cas de figure davantage ; mais jamais adjacents. Ces enlèvements volontaires en font des choppers simples, ou primaires (de Lumley (dir.), 2015). Lorsque cet enlèvement isolé nous a semblé provenir de l’utilisation d’un galet en tant que percuteur (éclat accidentel), la pièce a été classée dans la catégorie « percuteurs ».

3.4.3.4. Le groupe des épannelés

Il s’agit de pièces à façonnage épannelant dominant (fig. 21). Le façonnage épannelant est un façonnage de décorticage, duquel résultent des enlèvements peu inclinés, centripètes et convergents, ce qui distingue les épannelés des unifaces. Selon la définition de J. Collina-Girard (1986), ce sont des « pièces en général taillées sur galet, une série d’enlèvements centripètes et peu inclinés dégagent une surface taillée plus ou moins convexe, plus ou moins régulière opposée à l’autre partie restée corticale du galet. Cette surface épannelée est limitée par l’arête d’un dièdre tranchant obtus qui fait plus ou moins complètement le tour de la pièce, souvent une série d’enlèvements orthogonaux ravive partiellement ou totalement le tranchant ». Les

Chapitre 3 – Problématique et méthodologie

Fig. 21 : Épannelés (in : Collina-Girard, 1986, p. 390). 3.4.3.5. Les gros éclats / fragments d’éclats

Les éclats et fragments d’éclats dont les dimensions excèdent 10 cm de longueur ont été classés dans la catégorie des macro-outils. En effet, bien que peu nombreux, ils s’avèrent être d’excellents supports aux large cutting tools (LCTs) souvent considérés comme caractéristiques de l’Acheuléen (Sharon, 2006, 2008 ; Sharon et Barsky, 2016 ; Mourre et Colonge, 2010 ; Tixier, 1956 ; Mourre, 2003 ; Moncel et al., 2015).

3.4.3.6. Les fragments de galets

Dans cette catégorie ont été regroupés les déchets issus du façonnage des galets aménagés, et qui ne sont ni des éclats ni des fragments d’éclats, ainsi que les galets fracturés dont l’origine anthropique ne peut être démontrée avec certitude. Ils figureront dans la catégorie « fragments divers et débris » dans nos décomptes.

3.4.3.7. Les macro-outils divers

Cette classe est sans doute la plus diversifiée et sans aucun doute la plus diagnostique. Ont été regroupés sous cette appellation, faute d’avoir trouvé une dénomination plus adéquate (et ne souhaitant pas recourir à la catégorie « coups de poing » de J. Collina-Girard ou d’A. Tavoso) tous les macro-outils de type Acheuléen : bifaces, bifaces partiels, unifaces, hachereaux. Généralement très peu nombreux, nous n’avons pas souhaité multiplier les entrées de tableaux de classification pour ces pièces souvent anecdotiques au regard de leur nombre, mais pourtant cruciales dans notre problématique. C’est pourquoi elles seront toujours traitées à part, mais toutefois regroupées sous cette dénomination.

Nous nous référons à la définition d’A. Tavoso (1978), qui définit cette catégorie comme étant composée de « grands outils sur galets, rognons ou gros éclats, allongés et symétriques par rapport à l'axe d'allongement, à tranchant continu étendu à plus du demi-périmètre de la pièce et symétriques par rapport à l'axe de l'outil ».

Afin de lever toute ambiguïté quant au vocabulaire utilisé, un bref retour sur la terminologie s’impose tout d’abord. Dans notre étude, nous avons privilégié le terme de « biface » à celui de « pièce bifaciale », car en

l’absence d’étude techno-fonctionnelle des assemblages analysés, la variété technique de ces pièces n’a pu être déterminée. Notre définition est donc essentiellement morphologique.

- Sont considérés comme bifaces : les outils à la symétrie bilatérale, généralement allongés, à bords convergents, présentant un façonnage envahissant supérieur à 50 % de la surface totale du support, et une retouche bifaciale supérieure à 50 % du périmètre tranchant (Ravon et al., 2016b ; fig. 22).

Fig. 22 : Menez-Dregan I, biface en grès n°MDI.N23.4a.11 (photos R. Cheruel, D.A.O. A.-L. Ravon).

- les bifaces partiels : bifaces dont « la retouche bifaciale ne s’étend que sur une partie (la moitié au plus) du périmètre tranchant » (Tavoso, 1978).

- les unifaces : « outils sur galets, fragments de galets ou éclats, semblables aux bifaces par leurs dimensions, l’extension de leur tranchant, leur symétrie par rapport à l’axe d’allongement et leurs contours, mais à retouche exclusivement unifaciale » (idem).

- les hachereaux (fig. 23): ce sont des outils façonnés sur éclats, avec un bord transversal non modifié, alors que les bords latéraux sont retouchés soit unifacialement soit bifacialement. L’inclinaison du bord transversal vu de face peut varier de strictement perpendiculaire à l’axe morphologique le plus long de la pièce à franchement diagonal, formant ainsi une pointe à l’un des coins distaux (Ravon et al., 2016b). Cette variabilité peut placer certaines pièces à la limite typologique entre biface et hachereau,

Chapitre 3 – Problématique et méthodologie

Mourre, 2003 ; Chevrier, 2012). Selon la définition de V. Mourre (2006), « un hachereau présente un tranchant brut de débitage. Seuls ses bords et éventuellement sa base sont retouchés. Le tranchant est souvent prédéterminé, par un ou plusieurs enlèvements antérieurs au débitage de l’éclat-support, mais pas toujours. Certains hachereaux présentent en effet un tranchant formé par l’intersection d’une face inférieure d’éclat avec une surface naturelle, souvent néocorticale : il s’agit des hachereaux de type 0 de la typologie de J. Tixier (1956) ».

3.4.3.8. Le matériel de percussion

Le matériel de percussion regroupe à la fois les percuteurs et les enclumes (fig. 24). Leurs dimensions sont extrêmement variables, tout comme leurs matières premières. Seul le silex n’a jamais été mis en œuvre dans cette catégorie, comme pour tout le reste du macro-outillage par ailleurs.

Les percuteurs et les enclumes observés dans les différentes séries de notre étude sont toujours sur galets, ce qui rend parfois leur identification difficile. En effet, l’une des caractéristiques des gisements étudiés est la forte présence de galets, soit parce qu’il s’agit de cordons fossiles de plages anciennes (comme c’est le cas à Menez-Dregan), soit parce qu’il s’agit de paléo-vallées dont les galets ont été remontés par les labours actuels (comme c’est le cas à Groix). Ainsi, seuls les galets présentant des stigmates de percussion ou d’écrasement sur une ou plusieurs extrémités ont été qualifiés de percuteurs, les pièces jugées trop douteuses (sans stigmates nettement visibles) ont été écartées de la collection, car les chocs naturels entre galets au sein d’un même cordon fossile peuvent tout à fait produire des stigmates identiques.

Fig. 24 : Percuteur-enclume en quartzite, le Pradino, Groix (coll. A. Le Guen, clichés S. Guégan, D.A.O. A.-L. Ravon).

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