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PARTIE 1 : CADRE DE L’ÉTUDE

3.4. Méthode d’étude des assemblages lithiques

3.4.1. Terminologie : concepts et méthodes

Le vocabulaire descriptif utilisé dans le cadre de ce travail est emprunté au lexique typologique de F. Bordes (1961), ainsi qu’à celui de J. Tixier, M.-L. Inizan et H. Roche (Tixier et al., 1980). Les différents termes et concepts utilisés dans le cadre de notre travail de recherche seront tout d’abord détaillés ici, afin d’en poser les bases méthodologiques.

Notre démarche d’étude repose sur le concept de chaîne opératoire, introduit en premier lieu par A. Leroi-Gourhan en préhistoire (1943, 1964). Il s’agit d’un outil d’analyse dont l’objectif est de reconstituer l’ensemble des étapes résultant de la fabrication d’un objet. Appliqué aux industries lithiques, ce concept permet de retracer l’ensemble des techniques, des méthodes et des schémas conceptuels qui régissent l’ensemble des gestes affectant un bloc de matière première, depuis son acquisition jusqu’à la production, l’utilisation et enfin l’abandon des produits qui sont issus de sa transformation (Tixier, 1978 ; Tixier et al., 1980 ; Geneste, 1985, 1991 ; Pelegrin et al., 1988).

La reconstitution des différentes chaînes opératoires repose sur la lecture technologique des assemblages lithiques (Dauvois, 1976 ; Tixier et al., 1980). En effet, chaque élément témoigne de sa place dans la dynamique de production lithique par ses caractères typologiques et morphotechniques (présence ou

Chapitre 3 – Problématique et méthodologie

l’on peut observer soit sur le nucléus (surface de débitage) soit sur l’éclat (face supérieure), et qui permettent d’appréhender les gestes techniques dont le bloc de matière première a fait l’objet. Cette lecture technologique de la pièce permet d’effectuer un remontage mental des différentes chaînes opératoires (Tixier, 1978 ; Tixier et

al., 1980).

La multiplication des études technologiques depuis quelques années sur divers sites a permis de faire évoluer le concept de chaîne opératoire, afin de mettre en évidence des systèmes techniques. Il s’agit d’appréhender les éventuelles relations entre les différentes chaînes opératoires présentes à l’échelle d’un site (Brenet, 2011).

La méthode reflète l’organisation des différentes gestes techniques au sein d’un schéma conceptuel, et relève de l’organisation des connaissances, de la pensée (méthode Levallois, par ex.). La technique est le mode d’action sur la matière (percussion directe dure, par ex.). Enfin, le procédé participe au bon déroulement de la séquence de débitage. Il peut s’agir de la préparation du plan de frappe, comme l’abrasion de la corniche par exemple.

Notre étude repose sur deux concepts, celui d’économie des matières premières et celui d’économie du

débitage (Perlès, 1991 ; Pigeot, 1987 ; Pelegrin, 1995). L’économie de la matière première revient à analyser la

chaîne opératoire d’acquisition : choix de la matière première, modalités d’acquisition, apport sur le site, gestion différentielle au niveau du débitage (Perlès, 1980). L’économie du débitage intervient surtout lors de la phase de production, de transformation et de sélection des supports (Inizan, 1976 ; Perlès, 1980, 1991). Ces deux concepts permettent ainsi de préciser les objectifs du débitage et les comportements économiques (Huet, 2006).

Deux principales chaînes opératoires ont été observées sur tous les gisements colombaniens étudiés : une pour le débitage, et une pour le façonnage. Le débitage vise à produire des éclats, des supports. Dans ce cas de figure, l’éclat est le produit du débitage, le nucléus le déchet. Le façonnage vise à modifier le volume du bloc de matière première taillé afin de le transformer en produit. Dans ce cas de figure, l’éclat détaché est le déchet. Cependant, cette distinction n’est pas toujours évidente, car les éclats-déchets du façonnage ont pu être utilisés comme supports également. Les produits obtenus lors du débitage sont les éclats, ou les fragments d’éclats. Ces différents supports peuvent être transformés, et ainsi faire l’objet de retouches.

Comme indiqué précédemment, entreprendre une analyse techno-typologique complète sur l’ensemble du matériel disponible était impossible, au vu du trop grand nombre d’artefacts. Cependant, seul le site de Menez-Dregan I a été échantillonné lors de notre étude. Néanmoins, les couches 4 (la plus récente du site) et 9 (la plus ancienne) ont été entièrement revues.

Deux méthodologies différentes ont donc été appliquées au matériel étudié : une étude détaillée, et un simple inventaire.

- Étude détaillée : Lorsque cela était possible, chaque pièce a été observée en détail, en décrivant sa

nature (éclat, fragment d’éclat, etc.), sa matière première, son état de surface, et sa forme générale (ovale, sub-rectangulaire, etc.). Les mesures en millimètres et les poids en grammes sont également indiquées. Chaque bord et chaque face ont été décrits selon une grille typologique détaillée et adaptée. Les données sont rentrées sous Excel, et disponibles par niveau archéologique.

- Inventaire : En adéquation avec la nouvelle gestion des archives de fouille mise en place parallèlement

à notre travail de recherche, les bacs de matériel archéologique ont été inventoriés selon deux grandes catégories (« lithique » : principalement le débitage ; et « macro-outillage » : principalement le façonnage). Les artefacts présents dans ces bacs n’ont bénéficié d’aucune prise de mesures, ni d’examen complet. Seuls leur type et leur matière première ont été enregistrés, et nous ont toutefois

permis de réaliser des décomptes exhaustifs de la composition de l’assemblage lithique du site de Menez-Dregan I.

Afin de mettre en évidence les modalités de débitage dans chaque niveau archéologique, un échantillonnage des nucléus a été réalisé, et ceux-ci ont alors pu bénéficier d’une étude détaillée. Cette méthodologie a été mise en place dans le but de pallier au manque d’informations concernant les nucléus ayant simplement été décomptés par niveau et par catégorie lithologique.

Enfin, les millions d’esquilles et de fragments issus du débitage et/ou du façonnage de l’industrie lithique de Menez-Dregan I n’ont pas été étudiés dans le cadre de notre travail de recherche, pour deux raisons. La première est la trop grande quantité de matériel disponible, étudier cette catégorie d’artefacts n’étant absolument pas envisageable dans le temps imparti pour notre travail. La seconde est qu’avant même d’étudier ces esquilles, il aurait fallu les nettoyer, or nous avons choisi de donner la priorité au reste de l’assemblage pour les travaux de post-fouille. Cependant, ces opérations de lavage-marquage reprendront par la suite, permettant de préparer les esquilles pour les nombreux remontages à l’échelle du gisement. Toutefois, toutes les esquilles de la couche 9 ont été observées, afin d’obtenir un inventaire des matières premières mises en œuvre sur le niveau archéologique le plus ancien du site de Menez-Dregan I.

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