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PARTIE 1 : CADRE DE L’ÉTUDE

2.2. Historique des recherches : le Paléolithique du Massif armoricain

2.2.1. Le Paléolithique en Bretagne : un bref historique des recherches

C'est en 1869 que parait la première description d'un site paléolithique breton, le site de Roc'h-Toul à Guiclan, Finistère (Le Hir, 1869). E. Fornier et V. Micault présentent trois années plus tard lors du Congrès Scientifique de France à Saint-Brieuc le site du Bois-du-Rocher, à La Vicomté-sur-Rance, dans les Côtes- d’Armor (1872). L’époque est alors marquée par les travaux de J. Boucher de Perthes, c’est la naissance de la Préhistoire. Les érudits locaux entreprennent des recherches et publient donc principalement dans les bulletins et mémoires des sociétés savantes locales (Jung, 2015).

La même année, en 1872, S. Sirodot fouille au Mont-Dol (Ille-et-Vilaine; Sirodot, 1873). Il faudra attendre 1922 pour qu’un nouveau gisement paléolithique soit découvert : il s’agit du site annexe de celui du Bois-du- Rocher, près du bourg de St-Hélen (abbé Million, 1907 ; T. Bezier, 1922). Les fouilles entreprises par A. Vayson de Pradenne la même année au Mont-Dol n’apportent pas d’information significative nouvelle (Vayson de Pradenne, 1929).

Chapitre 2 – Cadre chronostratigraphique et chronoculturel

C’est seulement dans les années 1950 que les recherches sur le Paléolithique de la région connaissent un nouvel essor, avec la découverte du site de Grainfollet à Saint-Suliac, et les travaux de P.-R. Giot (Giot et Bordes, 1955).

L’acteur incontournable des recherches sur le Paléolithique breton est J.-L. Monnier. Les années 1970 à 2000 sont marquées par ses travaux sur la région. Après une première thèse en géologie (Monnier, 1973), J.-L. Monnier publie la seule synthèse sur le Paléolithique breton existant à ce jour (Monnier, 1980), et dirige presque toutes les opérations de fouille ayant eu lieu à cette période.

2.2.2. Le Paléolithique ancien de la région Bretagne : un état des connaissances

La répartition des sites attribués au Paléolithique inférieur et moyen correspond aux grandes vallées et au littoral armoricains. La plupart des outils trouvés isolément sont en rapport avec les formations périglaciaires associées aux plages anciennes, ou avec les dépôts fluviatiles le long des principaux cours d’eau (fig. 13). Un rapide tour d’horizon des principaux gisements bretons rapportés au Paléolithique inférieur est entrepris ici, les sites et leur industrie seront ensuite détaillés dans un autre chapitre de ce volume.

Fig. 13 : Carte de répartition des sites, indices de sites et découvertes d'objets isolés attribués au Paléolithique ancien dans la région Bretagne (in : Jung, 2015).

Les plus anciennes traces d’occupations humaines du Massif armoricain, et plus particulièrement en Bretagne, se trouvent sur le littoral sud armoricain. Il s’agit des sites de Saint-Colomban (Carnac, Morbihan), fouillé en 1981 et 1982 (Monnier et Le Cloirec, 1985), et de Menez-Dregan I, en cours de fouille depuis 1991 (Monnier et al., 1996 ; Gaillard et Ravon (dir.), 2015).

Cependant, le plus ancien témoignage de la présence de groupes paléolithiques dans la région est certainement celui du gisement de Saint-Malo-de-Phily, situé dans le domaine de la moyenne Vilaine (Monnier

et al., 1981). Il s’agit d’un site en position secondaire, dans les alluvions anciennes. L’industrie, essentiellement

sur plaquettes de grès (fig. 14) est difficile à identifier. L’hypothèse chronostratigraphique (aux alentours du stade isotopique 15, soit au tout début du Pléistocène moyen) est fondée sur l’interprétation des paléosols et de la nature des dépôts.

L’Acheuléen est surtout connu en Bretagne par des trouvailles de bifaces isolés, certains bénéficiant d’une position stratigraphique précise, ce qui leur confère un réel intérêt scientifique. Seul un site des Côtes- d’Armor (La Ville-Mein à Planguenoual), a été véritablement qualifié de « gisement acheuléen » dans la littérature. L’industrie (bifaces amygdaloïdes et ovalaires, éclats épais) est taillée dans des blocs de grès lustré (Lamotte et Monnier, 1997).

L’existence d’industries du Paléolithique inférieur à bifaces rares ou absents, dominées par les galets aménagés, est apparue au début des années 80, avec la fouille du gisement de Saint-Colomban à Carnac (Monnier et Le Cloirec, 1985 ; Monnier, 1996 ; Monnier et Molines, 1993). Ce groupe de gisements, dénommé « Colombanien », est essentiellement localisé sur la côte sud-armoricaine. Les gisements de Saint Colomban (Carnac, Morbihan), La Croix Audran (Carnac, Morbihan), Menez-Dregan (Plouhinec, Finistère), de l’île de Groix (Morbihan) et du Bois de la Chaize (Noirmoutier, Vendée) en sont les exemples les mieux conservés. Le « Colombanien » est un groupe de sites du Paléolithique inférieur, caractérisé par un macro-outillage essentiellement composé de galets aménagés (choppers, quelques chopping-tools) et à bifaces extrêmement rares voire absents (Monnier, 1996). L’outillage léger est dominé par les denticulés, les encoches et quelques racloirs. C’est sur ce faciès régional particulier que s’est concentrée notre étude. Tous ces sites semblent avoir été occupés entre la fin du stade isotopique 13 et le stade isotopique 8.

Chapitre 2 – Cadre chronostratigraphique et chronoculturel

2.2.3. Le Paléolithique moyen ancien de la région Bretagne : le Saalien (MIS 9 à 6)

Mis à part de grands gisements de surface liés à des matériaux particuliers (grès éocènes dits aussi « lustrés ») et en dehors des sites du domaine ligérien et de la bordure orientale du Massif armoricain, l’essentiel du Paléolithique moyen breton est concentré le long du littoral (fig. 15). Les sites découverts et rapportés au Paléolithique moyen sont assez fréquents en péninsule armoricaine, en particulier le long de la côte nord- armoricaine. Les installations humaines sont alors plus variées et prennent place aussi bien en période interglaciaire que sous les températures plus rudes dues aux péjorations climatiques (Laforge, 2012). Seuls les gisements attribués au Saalien sensu lato (MIS 9 à 6), qui correspondent à la phase ancienne du Paléolithique moyen, c'est-à-dire occupés entre 370 et 130 ka (d’après Lisiecki et Raymo, 2005), seront évoqués dans le cadre de cette étude.

Cette répartition des sites saaliens le long du littoral nord-armoricain s’explique par la présence du silex et éventuellement de roches complémentaires (Huet, 2006), par la présence d’abris en pied de falaises accessibles dès le début des régressions marines et par l’existence, notamment dans le golfe normano-breton, de vastes espaces rapidement exondés au début des périodes froides, et couverts par une végétation steppique favorable à la vie des grands herbivores (Monnier et al., 2016b).

Cependant, cette répartition géographique reflète certainement plus un biais taphonomique qu’un véritable choix d’installation des groupes humains de l’époque ; en effet, tous ces gisements se situent au niveau des plus hautes mers actuelles sur la côte nord, qui se trouve en subsidence, alors que les sites de la côte sud, en soulèvement, se trouvent perchés à plusieurs mètres au-dessus des plus hautes mers actuelles, et se trouvent ainsi protégés par les dépôts dans lesquels ils sont encore interstratifiés (Ravon et Laforge, soumis).

Fig. 15 : Carte de répartition des sites, indices de sites et découvertes d'objets isolés attribués au Paléolithique moyen dans la région Bretagne (in : Jung, 2015).

Concernant les industries, plusieurs groupes semblent exister (Monnier, 1998) : des industries caractérisées par la présence, généralement abondante, d’outils sur supports bifaciaux ; des industries comportant accessoirement des bifaces, pas systématiquement sur éclats et souvent de «type acheuléen» ; des industries apparemment sans bifaces (Monnier, 1980 ; Huet, 2006 ; Monnier et al., 2007, à paraître).

Les sites saaliens présentés dans le cadre de ce travail sont ceux de Menez-Dregan I, couches 6’ à 4 (Plouhinec, Finistère, MIS 9c à 8e), de Piégu et du Pissot (Pléneuf-Val-André, Côtes d’Armor, MIS 7a), des Vallées/Nantois (Pléneuf-Val-André, Côtes-d’Armor, MIS 6e), et de Grainfollet et les Gastines (estuaire de la Rance, Ille-et-Vilaine, MIS 6e ou 6c).

Chapitre 3 – Problématique et méthodologie

Chapitre 3 – Problématique et méthodologie

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