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Tentations et limites, contrôler l’orient bordelais

IMPLANTATION PRÉCOCE ET PÔLE MAJEUR : L’ART ROYAL DANS LA CITÉ BORDELAISE AU XVIIIE SIECLE

3- Tentations et limites, contrôler l’orient bordelais

3- Tentations et limites, contrôler l’orient bordelais

Les difficultés d’installation face au monopole des loges majeures3, la Française et l’Amitié ou l’Anglaise qui se tient toutefois davantage en retrait, rythment la vie de l’orient et motivent des correspondances nombreuses face à ces tentatives. Ainsi, dès la deuxième moitié du siècle, on constate un renouveau certain de l’activité maçonnique dans le royaume dont Bordeaux n’est pas exempt. Plusieurs ateliers y sont jugés illégitimes et leurs membres ne sont pas considérés comme des maçons réguliers.

Le tableau général de tous les vénérables des loges de Paris et de province régulièrement constituées par la Grande Loge de France, établi en 1766, compte trois loges à Bordeaux : la loge de la Réunion des Élus, la loge de l’Amitié et la Française4. Ce tableau masque en partie la réalité du paysage maçonnique local et les enjeux qui le traversent, établissant la volonté manifestée par les loges les plus anciennes d’asseoir leur préséance. Nombre de réunions dont nous n’avons pas connaissance, se sont tenues clandestinement sans reconnaissance officielle. Toutefois, quelques tentatives apparaissent dans les correspondances des loges, échangées entre elles ou destinées à l’obédience centrale5. Cette restriction imposée par les loges majeures semble de toute évidence être connue par des maçons qui sollicitent une régularisation. Après des essais infructueux par la voie traditionnelle, c'est-à-dire en demandant leur appui aux loges locales, il semble que les solliciteurs cherchent à passer au-dessus en s’adressant directement à la Grande Loge de Paris. « À cet effet nous nous sommes adressés aux

1 Correspondance de loges de Toulouse et de Villeneuve d’Agenais (Villeneuve-sur-Lot), Libourne et La Rochelle qui mentionnent les troubles et tensions qui suivent le cheminement de Martines et ses passages dans leur orient.

2 GODF AR 113-2-470 f°2, 26 février 1767.

3 Nous qualifions de loges majeures les trois loges les plus anciennement établies et au recrutement important, c'est-à-dire l’Anglaise, la Française et l’Amitié.

4 GODF AR 92-3-53. Ce tableau date sûrement de l’année 1767.

5 Même ces loges qui laissent des traces ne sont pas systématiquement recensées ; Bord G., La

franc-maçonnerie en France, op. cit., p. 407-412 ; douze loges sont relevées au sein de l’orient de Bordeaux,

certaines dont on n’a pas connaissance et dont les sources ne sont pas indiquées. Parfois des erreurs semblent se glisser dans ce catalogue : ce que Gustave Bord nomme la Réunion des États est en fait la

loges constituées de cet orient pour nous en tracer la route. N’en ayant aucun succès, nous nous adressons à vous, nos très chers frères »1, « ces loges pourraient bien faire des difficultés pour empêcher que nous soyons constitués comme ils viennent de le faire à une loge qui voulait se créer »2.

La tentation des deux loges principales de conserver le monopole maçonnique bordelais est battue en brèche sur une étroite temporalité. Au cours de trois années, entre 1765 à 1767, ce sont trois ateliers qui tentent de s’ouvrir sous le regard hostile des loges déjà constituées. Il s’agit de la Saint Michel, la Sincérité et la Réunion des Élus. Cette augmentation quantitative du nombre d’ateliers et de francs-maçons témoigne d’un renouvellement de l’enthousiasme maçonnique après-guerre, de temps plus propices pour ces réunions et du renouveau du commerce international qui accompagnent le réveil des loges comme l’Anglaise et l’Amitié qui étaient provisoirement en sommeil pendant la guerre. Avec le retour de la paix, les loges semblent renaître de leurs cendres, et à l’image de l’explosion économique atlantique, l’activité maçonnique de l’orient bordelais se démarque peut-être encore plus, par son enthousiasme et son dynamisme, de celle des autres villes du royaume.

Le contrat passé en juillet 1750 entre les quatre loges installées et confirmé deux ans plus tard de ne pas créer de nouvel atelier dans un rayon de dix lieues alentour de la capitale de Guyenne ni de reconnaître un nouvel atelier sans l’accord des trois autres n’apparaît pas comme un frein à l’apparition de nouvelles loges. Toutefois, les difficultés de reconnaissance et de régularisation troublent le parcours maçonnique de ces ateliers plus éphémères3.

-La Sincérité

La première source mentionnant ce nouvel atelier qui tente de s’établir sous le nom de la Sincérité date du mois d’août 1765, mais il est possible qu’elle apparaisse clandestinement dès 17644. Une planche datée du 12 août 17651 est envoyée à la Grande

1 GODF AR 113-1-12. 2 Ibid.

3 Le Bihan A., Loges et chapitres, op. cit., p. 38.

4 GODF AR 112-1-15, la mention « passé maître » en 1765 laisse supposer qu’un vénérable a été élu l’année précédente donc en 1764. Cela reste hypothétique.

Loge de France à Paris, depuis la cité de Beaufort-en-Anjou, à l’initiative d’un frère, sous le nom de Chaussée2. Le rédacteur de cette missive, Chaussée, n’apparaît plus les années suivantes lors des suppliques élaborées par l’atelier de la Sincérité pour demander une régularisation de son activité maçonnique. Il présente son initiative en 1765, sans toutefois apporter le moindre élément sur le nombre de frères souhaitant participer à cette ouverture, leur état ou leur résidence. Réellement, les affaires de la Sincérité s’ouvrent à l’été 1766, aux mois de juin et juillet.

L’activité de l’atelier la Sincérité n’est connue qu’à travers des rapports contradictoires et orientés par leurs émetteurs, qu’il s’agisse des requérants ou de la loge

Française quant à elle, s’oppose évidemment vivement à l’érection de cette nouvelle

loge. Ces correspondances contradictoires reflètent les tensions qui agitent l’orient bordelais à l’occasion de cette nouvelle initiative et les rapports de force qui s’exercent entre les loges, ainsi que vis-à-vis de l’obédience centrale. Paris est loin, les décisions longues et parfois superficielles aux yeux des loges locales et la tentation centrifuge d’un orient majeur installé sur les frontières du royaume3 est manifeste.

Il semble que la Sincérité souhaite voir le jour après le mécontentement de certains membres de la loge Française, au nombre de cinq, sous l’égide du frère Thivens4. Les frères mentionnés justifient cette scission par les difficultés qu’ils ont à se rendre dans le temple de la Française, trop éloigné. Ce sont donc des considérations pratiques qui suscitent leur volonté de créer un nouvel atelier5. Il semble que les démarches à entreprendre afin d’élever un atelier légitime ne soient pas connues par les nouveaux membres qui souhaitent en apprendre les étapes en se renseignant auprès de la Grande Loge de France. La création de la Sincérité leur apparaît être possible par la division de membres de la Française.

1 GODF AR 112-1-15.

2 Il est possible que cette lettre ne concerne par la Sincérité de Bordeaux, mais qu’elleait été mal rangée dans les archives russes ou, dès le XVIIIe siècle, conservée parmi d’autres correspondances sans relever de l’orient bordelais.

3 Beaurepaire P.-Y., « Au cœur de l’expansion maçonnique du siècle des Lumières : la correspondance fraternelle et ses réseaux », dans Albert P. (dir), Correspondre jadis et naguère, Paris, CTHS, 1997, p. 337-348.

4 Thivens, orthographié aussi sous la forme Thievent. Il serait alors officier de la Française, en tant que second surveillant. De nombreux rapports sont envoyés jusqu’en 1770 concernant Thivens et sa tentative de créer une nouvelle loge contre l’avis de la Française qui l’exclue de sa loge. Ces cinq frères ne sont connus que par la correspondance, car il n’existe pas de tableaux de la loge Française au cours de cette année. 5 Il ne semble pas s’éloigner de la Française pour les membres de ce nouvel atelier. GODF AR 112-1-15.

En ces temps troublés, où seules trois loges s’imposent sur le paysage maçonnique bordelais et après les troubles précédents provoqués par les initiatives de Morin et Pasqually, ces loges régulières se raidissent désormais sur leurs positions face à de nouvelles tentatives. Les cinq frères souhaitant quitter la Française pour le nouvel atelier ne précisent pas leur profession ni même leur résidence. Est-ce que le prétexte de l’éloignement n’en est qu’un, ou alors cette scission s’appuie-t-elle également sur des distinctions socio-professionnelles ? Le fait que la Française rejette par la suite leur demande sous le principe bien contestable qu’ils aviliraient l’Ordre par leur état civil et par leurs mœurs, alors même qu’ils semblent avoir été initiés ou affiliés à la Française pose la question des motivations de la Française et peut limiter la portée de ce jugement sur leurs mœurs. Les résidences des frères ou du local ne sont toutefois pas connues. La loge pourrait s’installer vers les quartiers de Saint-Michel ou Saint-Julien, ou encore vers les Chartrons. La réponse sans équivoque de la Grande Loge de France oblige les cinq solliciteurs à recevoir le consentement des officiers de la Française et de l’ensemble de cette loge pour obtenir une régularisation. La formulation prononcée par la Sincérité qu’« il n’y aura aucune difficulté »1 suppose que les demandes énoncées par le frère Thivens ont été exagérées et laisse sous silence les tensions qui peuvent déjà se manifester au sein de la loge Française. Au-delà des correspondances, la vie interne des ateliers reste inconnue à cette époque. Néanmoins, des difficultés se distinguent à travers les discours tenus par les deux protagonistes, la Française d’un côté qui s’estime spoliée, et les membres de la Sincérité par la voix de Thivens. Les mécanismes de délibération en loge apparaissent : les frères concernés, appartenant à la Française mais souhaitant s’en détacher, doivent être absents des délibérations tenues par la Française devant la requête de la création d’un nouvel atelier. Cette exclusion de la tenue des frères requérants est nécessaire pour assurer la régularité de la séance, tout comme les frères souhaitant l’affiliation ne sont pas présents lors des délibérations de la loge. Le jugement de la

Française du 9 juillet 1766 ne semble pas, dans un premier temps, opposé à la création

d’un nouvel atelier par la scission d’une partie de ses membres, toutefois la source est orientée car elle est envoyée par Thivens. Le paiement des cotisations et l’épuration des comptes des frères souhaitant quitter les colonnes de la Française semble être la seule exigence préalablement mentionnée2 par les délibérations de la Française. Cette mention des cotisations démontre l’importance de la tenue des comptes, les cotisations participant

1 GODF AR 112-1-15. 2 Ibid.

aux frais quotidiens d’un atelier. S’agit-il d’une unique considération financière de la loge, ou cherche-t-elle également des arguments pour retarder une procédure à laquelle elle est susceptible de s’opposer, car une scission cause une perte de prestige tout autant qu’une réduction de son recrutement et de ses finances ? Les démarches et les vices de procédures sont autant d’arguments qui semblent employés par les protagonistes pour défendre leur position de gardien de l’ordre maçonnique sur l’orient bordelais et leur recours à la Grande Loge de France1. Les arguments exposés illustrent les tensions contradictoires qui existent sur la scène bordelaise mais aussi les discordes qui éclatent entre les loges2. De plus, l’opposition manifestée à la demande de régularisation de la

Sincérité peut s’appuyer sur la présence, parmi les membres enregistrés, d’un souffleur de

la Comédie3, qui est un motif de refus dans les recommandations de l’Art Royal4. À travers les correspondances officielles, qui sont à manier avec précaution car elles sont orientées, mais qui sont, pour ce cas, les seules sources quant aux déboires qui agitent la loge irrégulière de la Sincérité, se dessine l’argument majeur de la Française quant à son opposition. Ces motifs d’opposition se concentrent sur un seul frère, le frère Thivens, inscrit à la Française, qui a déjà marqué sa volonté de quitter les rangs de la Française, d’abord pour rejoindre la loge de l’Amitié5, puis pour former son propre atelier. Les sources rendent difficile l’appréhension de la vie des loges et de l’activité quotidienne de ces dernières. La correspondance apporte un éclairage limité.

Par la suite, les frères de la Française, associés aux frères de l’Amitié, rendent leur jugement par la voix de leurs commissaires désignés6. Ces affaires, qui deviennent facilement sociales, semblent poursuivre le frère Thivens, même si plus aucune mention de la loge de la Sincérité ne lui est associée. La loge ne semble pas avoir obtenu de reconnaissance et face aux difficultés rencontrées, elle se délite pour disparaître pour un temps au moins. Cet épisode anime les débats des tenues des loges Française et Amitié et occupe les discussions des maçons. L’orient bordelais est soulevé par de nouvelles

1 Ibid. 2 Ibid.

3 GODF AR 113-1-14.

4 Les gens du théâtre sont exclus régulièrement des loges, la loge Anglaise le mentionne dans son livre d’architecture également.

55 GODF AR 112-1-15 ; cela expliquerait aussi pourquoi la Française en opposition avec l’Amitié signifie clairement les jugements portés contre ce frère.

6 Ces commissaires sont respectivement au nombre de cinq et six. Parmi ces derniers commissaires officiels, la moitié des frères de l’Amitié participent également au jugement contre la loge de Raoux et un seul issu de la Française.

tentations de diversification des ateliers, hors des grandes loges majeures1. Après une dernière supplique adressée à la Grande Loge, la Sincérité et ses frères semblent s’effacer du paysage bordelais jusqu’en 1784.

-La Réunion des Élus

Une nouvelle loge apparaît en 1766 une loge sous le nom de la Réunion des Élus, aussi appelée la loge du frère Raoux car il en est l’initiateur et le vénérable. Le frère Raoux, qui se qualifie lui-même facilement de seul membre à « être muni de certificat des loges de la ville de Montpellier »2 et seul maître maçon, ne semble pas proposer d’arguments plus solides pour installer sa loge. Cette réunion de douze personnes demande à être légitimée sous l’égide de la Grande Loge de France dès 1766. La fête de la Saint-Jean semble marquer une date majeure dans les initiatives de légitimation de cet atelier qui tient des réunions depuis quelques temps déjà au cours du premier semestre de l’année 1766. Nouvel arrivant à Bordeaux, le frère Raoux manifeste une activité importante dans la mise en place d’un espace de sociabilité maçonnique supplémentaire, instaurant des réunions et initiant des correspondances nombreuses pour obtenir la régularisation3. « À cet effet nous nous sommes adressés aux loges constituées de cet orient [la Française et l’Amitié] pour nous en tracer la route »4, ce qu’elles lui refusent. Jusqu’en 1769, une correspondance s’établit pour obtenir la régularisation de cet atelier. La normalisation est un moteur important, le nombre de réunions et le nombre de présents diminue face aux difficultés éprouvées par la Réunion des Élus pour être reconnue et acceptée sur l’orient bordelais. Ces lettres requérant une régularisation adressées aux loges bordelaises et de la Grande Loge parisienne sont issues des délibérations de la loge comme le laissent supposer les signatures de plusieurs officiers. D’autres sont rédigées par le frère Raoux, à l’initiative de la création et de la vitalité de l’atelier constitué ainsi sous le nom de la Réunion des Élus. Ces sollicitations démontrent les circuits empruntés

1 GODF AR 112-1-15, « la Française a représenté à la Grande Loge l’inutilité de l’érection d’une quatrième loge sous cet orient », c'est-à-dire l’Anglaise, la Française et l’Amitié ; puisque la Perfection des

Mœurs est absorbée, la loge du Vénérable Lavie disparue, la Réunion des Élus ou la Saint Michel non

reconnues.

2 GODF AR 113-1-14. Les archives conservées dans le Fonds maçonnique, Cabinet des Manuscrits de la BNF sur la loge montpelliéraine n’ont pas été consultées. Le frère Raoux n’est pas enregistré dans le fichier Bossu.

3 GODF AR 113-1-12. 4 GODF AR 113-1-12.

par un atelier pour obtenir sa légitimité et dessinent l’ensemble des flux de correspondance nécessaires à cette démarche. Cette géographie communicationnelle s’établit de l’atelier demandeur vers les loges constituées de son orient, de cet atelier vers l’obédience centrale puis de cette dernière à la fois vers le demandeur et vers les ateliers locaux pour demander enquêtes et avis et se conclut par les réponses des loges locales vers les différents protagonistes.

Dans le cas de la Réunion des Élus, la réaction de la Française et l’Amitié est une

objection manifestée tant auprès des membres de la Réunion des Élus que de la Grande Loge de France. Les arguments présentés par la Française et l’Amitié pour s’opposer à la régularisation de cet atelier, qui comprend en 1767 dix membres, relèvent tant de « la forme que du fond »1. Ces deux loges s’émeuvent des infractions faites autant par l’atelier requérant que par l’obédience centrale au cours des démarches administratives engagées pour la reconnaissance d’un nouvel atelier travaillant pour la gloire de l’Art Royal. Toutefois, au-delà des arguments de forme, le discours tenu par ces deux ateliers s’attache davantage aux manquements quant à l’organisation même de la cellule maçonnique et au recrutement de ses membres. Ces deux loges considèrent que les membres de la Réunion

des Élus « ne sont pas en état de socier avec [les francs-maçons] soit par leurs qualités

civiles, soit par leur conduite peu réservée »2. Le deuxième argument soulevé est la crainte d’une nouvelle division de l’orient comme ce fut le cas quelques années auparavant. L’intérêt affiché par ces deux loges est de maintenir « la paix, l’union, la décence et le bon ordre » au sein de l’orient de Bordeaux. La volonté monopolistique du recrutement et la domination de l’activité maçonnique sont autant d’arguments qui sont absents du discours tenu par ces deux loges, mais perçus par les ateliers sollicitant des constitutions. L’ensemble répond également au pacte passé quinze ans auparavant entre les loges légitimes.

La Grande Loge de Paris, qui paraît vouloir reconnaître la Réunion des Élus et lui accorder des constitutions se met en porte-à-faux avec les principales loges de la capitale bordelaise et marque ainsi les distances qui peuvent exister entre obédience centrale et relais provinciaux les mieux établis. Les discussions concernant cette demande de régularisation occupent les tenues et discussions de ces deux ateliers que sont la

Française et l’Amitié, et les délibérations sont prises et signées en commun, puisque cinq

frères de la Française et huit de l’Amitié entérinent cette opposition.

1 Ibid. 2 Ibid.

Pendant plus d’un an, l’atelier formé par les frères autour de Raoux cherche à obtenir sa régularisation, mais l’opposition des loges locales contrecarre avec vigueur ce projet. À la fin de la décennie 1760, le paysage maçonnique bordelais reste dominé par les trois loges apparentées, l’Anglaise, la Française et l’Amitié, qui conservent encore toute autorité sur les initiatives qui peuvent éclore. Ces essais démontrent l’attraction de l’Art Royal auprès des élites et d’une audience plus large. Les membres recensés lors de l’envoi d’un tableau en mars 1767 par la Réunion des Élus sont essentiellement des marchands et des courtiers. Ces hommes, à l’exception notable du frère Tolède, peintre en miniature, appartiennent au monde du commerce ou sont des notables. Ce recrutement socio-professionnel suscite l’opposition des loges bordelaises établies qui se manifeste par la négation de toute reconnaissance et le refus d’ouvrir les portes de leur temple aux membres appartenant à la Réunion des Élus qualifiée de clandestine. Ce rejet est battu en