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CHAPITRE 4 PRÉSENTATION ET ANALYSE DES DONNÉES RELATIVES À

4.4. A TELIER D ’ ÉCRITURE AUTOBIOGRAPHIQUE : RETOUR EN ENFANCE

J’arrive dans ce cours sans trop savoir ce que j’y faisais. Je ne savais toujours pas si je voulais continuer ma recherche en étude des pratiques psychosociales. Cela dit, j’avais entendu des commentaires très positifs sur ce cours et j’étais quand même curieuse d’y participer. Et, grâce à l’exercice d’écriture autobiographique qui y était demandé, j’ai pu recroiser, contre toute attente, la petite fille au bouquet de papillons. Un souvenir en amenait un autre, comme si ma conscience se frayait un chemin dans ma mémoire. Et, au fur et à mesure de mes écrits, un fil se tissait… je renouais avec des moments bien particuliers de mon enfance, mettant de l’avant ce que j’ai appelé « mes racines vibratoires ». Ainsi, comme vu au chapitre 3, créer un récit autobiographique m’a rapprochée de mon vécu en me mettant plus en présence de moi-même. Me raconter ma propre histoire m’a permis d’ouvrir ma conscience et d’approfondir ma relation à mon monde intérieur. Voici quelques extraits de ce récit autobiographique :

Vibrations communautaires

Je suis dans une église annexée à un centre de frères dominicains. Je connais bien les lieux. Je les fréquente depuis ma plus tendre enfance. Le décor est particulier pour une église. Je m’en souviens comme d’un lieu plutôt chaleureux : beaucoup de boiseries et de cordages. Une mezzanine surplombe l’assemblée de croyants assis en demi-cercle autour de l’autel. J’aimais particulièrement m’y installer pour pouvoir y observer tranquillement toute l’assemblée.

Arrive le moment de la célébration où tout le monde se lève et se donne la main pour entonner le « Notre Père ». Ce moment avait quelque chose de particulier pour moi. J’étais impressionnée. Je ressentais chacune de mes petites mains en contact avec celle de mes voisins adultes. Je sentais la chaleur humaine passer au travers. Parfois c’était chaud et légèrement humide. Parfois, la main qui accueillait la mienne était trop crispée. Puis le chant commençait et là, j’étais toujours très émue, touchée par ces vibrations. Aujourd’hui encore, cette sensation me revient à chaque fois que des convives chantent tous en cœur autour d’un gâteau d’anniversaire.

Ce souvenir est pour moi une mémoire de communion, d’union commune. La lecture de ce récit fait apparaître en moi une sensation de paix intérieure. Je crois que ce sont des moments comme celui-là qui ont semé en moi la capacité à ressentir le contact à quelque

chose de plus grand que moi, d’être partie intégrante d’un tout. À la lecture de ce moment, je ressens également toute la chaleur d’une communauté et toutes les racines de mon besoin criant d’appartenir à un groupe uni. J’y reconnais aussi ma sensibilité à l’intimité du contact de la main autant que l’ouverture de mes sens au contact des autres, de leurs mains, de leur chant, de leurs vibrations qui me touchent jusqu’au cœur.

Les deux souvenirs qui suivent me remettent encore plus profondément en contact avec mon essence. Le premier me rappelle que le chant est un chemin qui me permet de retrouver facilement en moi la petite fille au bouquet de papillons. Le deuxième relate un moment vibratoire puissant qui, comme le souvenir présenté plus haut, se passe aussi dans un lieu de culte.

Enfant, j’aimais beaucoup chanter et particulièrement chanter en groupe. Quand j’étais à l’école primaire (pédagogie Freinet), on chantait souvent pendant les heures de classe. Je me souviens particulièrement de ma 5e année.

Vibrations enfantines

Marc, l’enseignant, nous apprenait à chanter en « canon » la chanson des petits souliers. J’aimais beaucoup ces moments de chant collectif qui demandaient une écoute et une belle complicité de tous les membres du groupe.

Où sont mes petits souliers, quelqu’un me les a volés, J’les avais mis au fond d’un placard ou bien peut-être au fond d’un tiroir, J’m’en souviens plus, j’m’en souviens plus.

Encore aujourd’hui, je me souviens des paroles de la plupart des chansons qui ont habité mon enfance et qui me rappellent aussi toute la complicité que j’ai eue avec Barbara. Elle a été ma seule amie pendant plusieurs années. Nous aimions particulièrement chanter ensemble.

Lorsque nous étions encore enfants Sur le chemin des bruyères Tout le long de la rivière

On cueillait la mirabelle Sous le nez des tourterelles.

Déjà à cette époque, la vie en groupe n’était pas facile pour moi. Je me sentais souvent rejetée mais chanter en groupe me donnait un grand sentiment d’inclusion. J’avais ma place. Ces souvenirs avec Barbara évoquent pour moi toute la joie de mon enfance.

Vers le tout début de ma vingtaine, j’ai un souvenir d’une expérience particulièrement marquante, cette fois-ci dans une basilique italienne. Ce moment m’avait ébranlée dans mes croyances par la puissance de ce que j’ai ressenti mais aussi par le fait que rien de rationnel, de concret ne pouvait expliquer ce que je ressentais. J’étais à Venise, en février 2002 (j’avais 20 ans) :

Vibrations italiennes

[…] en plein au bon moment pour assister à son fameux carnaval. Mes yeux sont remplis par la beauté des lieux et des événements. Les personnages somptueux, masqués, déambulent dans les rues. Le mystère est cultivé ici et cette ambiance me plait. Ruelles et canaux se chevauchent; bateaux et piétons se croisent. Je suis étonnée de voir des agents s’affairer à organiser la circulation… des piétons dans ces petites ruelles bondées de touristes ! J’arrive sur la place St-Marc. J’entre dans l’impressionnante basilique St-Marc. Je suis enveloppée par l’élégance du décor. J’arrive au centre de ce lieu de culte, sous un gigantesque dôme, endroit où se situait possiblement l’autel avant que cette basilique devienne un site touristique. Le temps s’arrête. Sous ce dôme, je ressens une sensation forte, inhabituelle. Je prends alors conscience de cette énergie venant d’en haut, comme une colonne de vibrations enveloppantes et puissantes. Je suis surprise par l’intensité de ces sensations. Cela m’intrigue autant que cela me perturbe. Le moment est si intense que je préfère faire quelques pas pour ne plus sentir tout cela et faire comme si de rien n’était.

Ce souvenir est pour moi fondateur dans mon rapport à l’invisible. J’étais jeune adulte et la sensation était si forte, si évidente qu’intérieurement je ne pouvais pas nier ce que je venais de vivre. J’étais intriguée tout autant que mal à l’aise. Je ne savais que penser de ce qui m’était arrivé.

D’écrire les souvenirs de ce que j’ai appelé mes racines vibratoires pour le cours de récit autobiographique, tout en ayant vécu cette rencontre privilégiée avec la petite fille au bouquet de papillons, cette partie contemplative de moi-même, quelques mois auparavant (lors du stage en août 2012), m’a aidée à percevoir et ressentir de plus en plus cette singularité que je porte en moi. Je reprends contact avec mon essence et avec ma joie de vivre. Et cette reconnexion a été suffisamment forte pour me donner un nouveau souffle et réanimer la chercheure en moi. Je voulais devenir plus consciente de ce qui me faisait vibrer et je voulais l’explorer à travers mon métier d’ostéopathe.

Cette nouvelle quête, c’est celle que j’ai pu vivre à travers les entretiens d’explicitation qui font l’objet du chapitre suivant. Cela dit, avant de passer au chapitre 5, il m’importe d’intégrer l’apport de ma formation à l’enseignement du yoga dans mon processus personnel.