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CHAPITRE II : Systèmes d’information, appropriation et performance perçue

Section 1 : Les systèmes d’information, concepts et fondements

1. Notion de systèmes d'information (SI)

1.2. Les fondements du système d'information

1.2.2. Les technologies de l’information

Afin d'appréhender le concept de technologies de l'information de manière plus explicite, il serait judicieux de parler de la technologie en générale mais aussi de la technologie relative à l'information.

1.2.2.1. Le concept de technologie

Malgré une utilisation courante du terme technologie, il n’existe néanmoins aucune définition universelle pour ce terme. La technologie est assimilée aux procédés et aux outils qui envahissent les fonctionnements de la société actuelle. On croit que la technologie c'est l'avion, l'ordinateur, le smartphone etc. mais ce ne sont que des produits de la technologie. En effet la technologie est aussi vielle que l'homme, c'est pour cela qu'on parle actuellement de nouvelles technologies ou de technologie de pointe pour qualifier des procédés et des usages nouveaux créés par des machines ou des objets tout aussi nouveaux.

L'étymologie du mot technologie vient du grec "tekhnologia" et qui est composé de "techne" (art, compétence, artisanat) et "logia" (science ou étude). La technologie peut être alors définie comme l’art de la science.

« La technologie est l'application de la connaissance aux buts de la vie humaine,

ou de changer et manipuler l'environnement de l'homme. »1

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Cette définition résume à notre avis tous ce que ce terme peut prétendre, notamment l'utilisation du savoir pour créer des outils destinés à faciliter la vie de l'homme, mais aussi les procédés avec lesquels l'homme agit sur son environnement.

Woodward (1980) définit la technologie comme une collection d’usines, machines, outils et méthodes disponibles dans un certain temps pour l’exécution d’une tâche de la production. Perrow1, par contre plus abstrait, la définit comme étant le processus de gérer l’incertitude et le risque dans les transactions permettant de transformer les données en résultats. Pour Lowe2, la technologie est une application structurée de principes scientifiques et de connaissances pratiques aux entités physiques et systèmes.

L'analyse d'Orlikowski (1992) est particulièrement intéressante dans la mesure où elle présente deux déterminants qui permettent de cerner le concept de technologie notamment : sa portée (qu'est-ce qui peut être considéré comme étant de la technologie ? Qu'englobe le concept de technologie ?) et son rôle (les tâches accomplies et les impacts engendrés). La synthèse d'Orlikowski par rapport à la portée de la technologie, permet de distinguer deux approches divergentes du concept. La première (la plus répandue) est la vision matérielle, qui assimile la technologie aux équipements, outils et infrastructures technique installés par les individus dans le but d'accomplir leurs tâches (Woodward 1980).

La deuxième approche considère la première comme restrictive, elle propose une vision plus large qui englobe non seulement la dimension technique mais aussi les aspects relatifs aux tâches à accomplir, aux interactions entre les acteurs, aux processus3 de transformation et aux connaissances et savoir-faire (Perrow 1967 et Thomson 1967)4. Mais cette vue étendue reste une description statique des aspects techniques, fonctionnels,

1 In Larif Oueslati (2006, p.34).

2 In Guiderdoni-Jourdain (2005, p.55).

3 Davenport (1998) définit un processus comme « un ensemble de tâches agencées dans un ordre bien précis dans le temps et dans l’espace qui transforment des inputs en outputs ».

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organisationnels, sociaux de la technologie. Les interactions entre les différentes composantes et l’action des individus ne sont pas prises en compte, ce qui peut occulter des problématiques majeures relatives aux impacts engendrés par la technologie (Luc 2008). Orlikowski (1992) adopte explicitement la vision matérielle du concept de technologie qui est par ailleurs largement répandue dans la littérature.

Scott1, par contre, élargit le champ de la technologie : « Se concentrer sur la technologie dans une organisation consiste à concevoir l’organisation comme un endroit où un certain travail est accompli, un local où l’énergie est appliquée pour la transformation de données en résultats. Le concept est défini par les théoriciens de l’organisation et comprend non seulement le matériel utilisé pour effectuer le travail mais aussi le talent et la connaissance des travailleurs et les caractéristiques mêmes des objets par lesquels le travail est accompli ».

L’approche de Weick2, considérée comme emblématique mais aussi très répandue, intègre la vision matérielle et la vision étendue de la technologie. Selon cet auteur, il convient de distinguer entre technologie et système technique. En effet, un système technique est une combinaison de dispositifs et de processus physiques et intellectuels qui servent à la transformation de la matière, ce qui correspond à la vision matérielle, alors que la technologie est un concept plus large et plus complexe dont le système technique n’est qu’une composante. La seconde composante comprend le tissu des actions et interactions entre individus et groupes d’individus en contact avec le système technique, qui par ces actions et interactions conçoivent leur propre compréhension des dispositifs techniques et systèmes de référence qu’ils partagent et développent des interprétations qui influencent leur compréhension et leur usage des dispositifs technologiques. Les impacts qui en résultent sont de ce fait eux aussi complexes et

1 In Lambert (2005, p.15).

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aléatoires. Cette idée est exprimée par la célèbre formule de Weick : « la technologie est

équivoque ».

Cette équivocité est particulièrement visible pour les technologies de l’information. De nombreux auteurs relèvent que celles-ci sont l’objet d’usages inattendus, ou du moins non prévus par les développeurs et concepteurs de ces technologies (la voix sur IP1, la photo sur un téléphone portable, la VoD2…)

La revue de la littérature du concept de technologie fait ressortir trois grandes catégories de définitions :

 Une première catégorie qui associe la technologie aux applications matérielles pour transformer des données en résultats (Woodward, Orlikowski) ;

 Une deuxième catégorie plus large qui comprend aussi bien les applications matérielles que les connaissances humaines. Dans ce courant, on retrouve (Scott) ;

 Une troisième catégorie reste la plus large mais aussi la plus abstraite et la plus ambiguë. Elle met plutôt l’accent sur le caractère complexe et incertain de la technologie (Perrow, Weick, Thomson)

Intégrer ces différentes conceptions de la technologie s’avère une tâche plutôt complexe. Tout d’abord, la première et la deuxième catégorie sont plutôt complémentaires. Elles définissent la technologie par rapport à ses composantes aussi bien matérielles qu’immatérielles. Ensuite, la troisième catégorie reflète le caractère complexe et ambigu de la technologie. Ces caractéristiques sont d’autant plus visibles pour les technologies de l’information et de la communication.

1 La voix sur IP, ou « VoIP » pour Voice over IP, est une technique qui permet de communiquer par la voix (https://fr.wikipedia.org/wiki/Voix_sur_IP)

2 VoD (Video on demand) ou vidéo à la demande est une technique de diffusion de contenus vidéo numériques bidirectionnelle (interactive) offerts ou vendus par les réseaux câblés, comme Internet, ou les réseaux non câblés, comme la téléphonie 3G, 4G, (https://fr.wikipedia.org/wiki/Vidéo_à_la_demande)

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1.2.2.2. Les technologies de l’information

Le terme « Technologies de l’information » (TI), ou encore il y a quelque temps « Nouvelles Technologies de l’information et de Communication » (NTIC), est une formule qui met davantage le point sur leur caractère innovant, un label qui reflète la convergence de plusieurs courants de développement technique, comprenant la micro-électronique, la micro-informatique, les télécommunications, le génie logiciel et l’analyse des systèmes Zuboff (1988)1. Selon cet auteur les technologies de l’information se distinguent des autres technologies notamment par rapport à la spécificité de la matière qu’elles manipulent (l’information), il précise que les TI ne se contentent pas d’automatiser les processus de manipulation de l’information, elles créent de l’information dans des volumes et de rapidité de traitement jamais atteints auparavant, et dont l’impact est pressenti comme positif dans le fonctionnement des organisations.

Selon Wang2, les technologies de l’information ne constituent pas seulement une nouvelle forme de technologie mais la dimension informationnelle lui offre un caractère distingué par rapport aux autres technologies. Plus précisément, elles permettent le

Business Process Reengineering et introduisent donc un changement radical dans la

structure organisationnelle.

Kéfi et al. (2004, p.21) qualifient les TI comme « la technologie qui permet de

transformer de l’information matière première en information produit fini, selon un certain nombre de dispositifs techniques et de processus. Parmi les plus importants : la saisie, le traitement, le stockage et la communication ».

Laudon et Laudon (2004) définissent les technologies de l’information comme la fondation technique (matérielle) des systèmes d’information. Elles offrent l’équipement pour collecter et traiter l’information.

1 In Kéfi et Kalika (2004, p.21).

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Selon Reix et al. (2011), les technologies de l’information correspondent à l’usage de techniques permettant de saisir, stocker, traiter, diffuser des données sous différents symboles (textes, images…). Dans cette définition les auteurs mettent en évidence l’unicité de la technique de traitement électronique des données à savoir la numérisation. C’est cette unicité technique qui permet d’expliquer les propriétés des technologies de l’information.

Laudon et Laudon (2013) précisent que les technologies de l’information sont des composantes de nature technique que les entreprises achètent, développent ou combinent pour constituer l’infrastructure technologique qui permettra à leur système d’information de fonctionner.

À travers toutes ces définitions, nous avons essayé de faire le point sur les différentes approches et perceptions des TI. Nous considérons la vision dans laquelle les technologies de l’information sont une composante technique des systèmes d’information est une vision qui correspond parfaitement à notre perspective de recherche.

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