• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE V : L'étude de cas GMO

1. L’approche qualitative

Les études de cas présentent une stratégie de recherche couramment utilisée dans la recherche en gestion. Toutefois, quelques ouvrages en science sociale persistent toujours à considérer les études de cas comme une stratégie informelle de recherche. Parfois même, quelques auteurs les considèrent comme un stade exploratoire d’une autre stratégie de recherche.

1.1. Objectifs des études de cas

Yin (2014) définit les études de cas comme « une recherche empirique qui étudie

un phénomène contemporain dans un contexte réel, lorsque les frontières entre le phénomène et le contexte n’apparaissent pas clairement et dans lequel on mobilise des sources empiriques multiples ». Cette définition nous permet de comprendre les études

de cas mais aussi de les distinguer par rapport aux autres stratégies de recherche comme les enquêtes et les expériences.

Scapens (1990) définissent les études de cas par leurs caractéristiques notamment :  Le chercheur a un contact direct et profond avec les participants

organisationnels, particulièrement dans les entretiens et les observations directes, ces contacts constitueront la source primaire de collecte des données de recherche.

 La recherche se focalise sur les tâches réelles ou les processus et non sur des situations artificielles crées par le chercheur.

 Le protocole de recherche n’est pas totalement figé, il évolue avec les observations.

 La présentation des données comprend la description riche et détaillée des pratiques et contextes de l’entreprise.

Systèmes d’information de gestion Chapitre V, L’étude de cas.

176

À première vue, ces caractéristiques excluent les enquêtes et les expériences du champ des études de cas qui exigent un protocole de recherche entièrement structuré avant le début de l’étude. Les expériences s’intéressent à des situations artificielles crées pour les besoins de l’étude. Les questionnaires sont différents dans la mesure où ils n’exigent pas nécessairement de contacts directs et profonds avec les acteurs et les résultats sont rarement présentés sous la forme de description riche et détaillée des pratiques et contextes de l’entreprise.

Une des caractéristiques intrinsèques des études de cas est alors la multiplicité des sources de données. Il peut très bien s’agir d’entretiens, d’observations directes, d’archives, de documentations, d’entretiens ou d’artefacts physiques. Yin (2014) n’exclut pas de considérer des sources quantitatives de données dans les études de cas comme on peut utiliser quelques fois des données qualitatives dans les enquêtes statistiques.

Par ailleurs, les études de cas présentent l’avantage de comprendre l’organisation dans son propre contexte. Les chercheurs, pouvant parfois être surpris par les données collectées, doivent alors adapter la recherche à la réalité du terrain. La plupart des études de cas, motivées par la volonté de comprendre les interactions entre les phénomènes et leurs contextes, permettent une analyse riche et détaillée de l’entreprise dans son contexte.

Il existe plusieurs types d’études de cas :

 Exploratoires : ces études ont pour objectif de définir une question et les hypothèses sous-jacentes ou de déterminer la faisabilité d'une procédure de recherche.

 Descriptives : elles présentent la description complète d'un phénomène dans son contexte.

 Explicatives : elles cherchent à mettre en valeur des relations de cause à effet, par l'accumulation de données.

Systèmes d’information de gestion Chapitre V, L’étude de cas.

177

En conclusion, contrairement aux enquêtes ou aux expériences, les études de cas permettent d’étudier les phénomènes en globalité et en profondeur, raison pour laquelle certains auteurs les recommandent particulièrement pour les recherches en comptabilité et contrôle de gestion (Scapens 1990, Lorino 2003).

1.2. Critiques des études de cas

Les études de cas ont depuis toujours été stéréotypées et considérées comme des méthodes incomplètes et peu solides parmi les méthodes de recherche en sciences sociales. Les résultats des chercheurs sont jugés comme peu précis, manquant de rigueur et d’objectivité. Par rapport aux critères de validité de la recherche, les études de cas peuvent manquer de validité externe. En effet, elles présentent peu d’évidence pour la généralisation. Comment peut-on généraliser à partir d’une seule ou même de quelques études de cas ?

Mais au-delà de la question de la généralisation dans les études de cas, on cherchera à étudier les fondements de la question. On peut alors distinguer trois grands courants dans la littérature (Lukka et Kasanen, 1995) :

- Un premier courant extrême qui rejette la possibilité de généralisation, puisque les traitements statistiques ne peuvent être réalisés.

- Un autre extrême qui refuse la possibilité de la généralisation : cet objectif doit être réfuté dans les études de cas.

- Finalement une vision plus modérée, qui elle, considère que seules les études de cas rigoureusement menées peuvent produire des résultats généralisables. À première vue, le premier courant demeure le plus fondé. Comme le nombre de cas est souvent limité voire même unique, la généralisation est difficile ou même impossible. Les chercheurs restent donc prudents par rapport à la généralisation (Scapens, 1990). Le deuxième extrême a aussi ses supporters. Plusieurs chercheurs prétendent que l’objectif de généralisation devrait être réfuté puisqu’il représente le modernisme.

Systèmes d’information de gestion Chapitre V, L’étude de cas.

178

L’objectif principal des études de cas et contrairement aux sciences dures est de présenter une étude approfondie et détaillée du phénomène étudié.

Enfin, la vision modérée accepte la généralisation mais seulement pour les études de cas rigoureusement menées. Toutefois, cette généralisation n’est pas basée sur les statistiques associées au modernisme mais sur ce qu’on qualifie de généralisation théorique ou analytique (Yin 2014, Scapens 1990). Il s’agit de déterminer les similitudes et les tendances générales dégagées entre les cas étudiés, on parle alors de réplication. La théorie est par la suite testée à travers les réplications dans d’autres cas.

1.3. Pertinence des études de cas dans le cadre de la problématique posée

Selon Yin (2014), afin de déterminer la stratégie de recherche adéquate, il faut se poser les questions suivantes : quelle est la forme de la question ? Contrôle-t-on les comportements ? Se focalise-t-on sur les événements contemporains ?

Notre question de recherche étudie l’impact du processus d’appropriation sur la performance perçue des SI. Non seulement, on analysera l’ampleur de l’impact mais aussi les éléments du processus qui ont causé cet impact. Si on applique les critères de Yin (2014) pour le choix des stratégies de recherche, on limitera le choix à trois méthodes : les expériences, les études historiques et les études de cas. Le deuxième critère étant le contrôle sur les comportements, on peut alors éliminer les expériences car dans notre étude, on ne peut contrôler les changements organisationnels induit par les SI.

Enfin, le thème des Systèmes d’information et particulièrement des ERP est novateur en sciences de Gestion. Ces systèmes, ayant vu le jour durant les années quatre-vingt-dix, connaissent un véritable essor durant ces dernières années. La problématique peut être alors qualifiée de contemporaine. À travers les conditions citées par Yin, nous pouvons conclure que les études de cas demeurent une stratégie adéquate pour conduire notre étude.

Systèmes d’information de gestion Chapitre V, L’étude de cas.

179

Documents relatifs