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Les technologies environnementales

Section 1 : Les composantes de la gestion environnementale

1. Les technologies environnementales

La vision écologique envers la technologie esr passé par trois étapes d’évolution (Pogutz & Tyteca, 2002). La technologie était perçue depuis la révolution industrielle et jusqu’aux années soixante dix d’une vision positive : grâce à la technologie, l’industrialisation progresse. Le développement des processus de production se base sur le facteur technologique.

Cependant, cette vision commence à se modifier avec le début des préoccupations environnementales c'est-à-dire durant la première vague écologique. La technologie est perçue comme une menace pour la nature : elle constitue la principale source des problèmes environnementaux. En effet, les différents types de rejets générés par les entreprises trouvent souvent leurs origines dans les technologies utilisées au sein des processus de production en dépit de leur utilisation comme moyen de réduction des externalités négatives. Or depuis

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1987, date de la parution du concept de développement durable, la technologie est perçue à la fois comme source et solution aux problèmes environnementaux.

Les différentes visions envers le facteur technologique, parfois contradictoires, n’empêchent pas l’utilisation de ce dernier dans la recherche des solutions qui réduisent les impacts sur l’environnement naturel. Ces solutions, qui sont nombreuses et regroupées sous le nom de "technologie environnementale".

Les technologies environnementales sont définies comme « des équipements de production, des méthodes, des procédures et des designs ayant pour objectif de conserver l’énergie et les ressources naturelles, minimiser l’impact négatif des activités humaines sur la nature et protéger l’environnement naturel » (Shrivastava, 1995).

Selon cette définition, le concept de technologie environnementale inclut deux composantes : matérielle, telle que l’équipement et immatérielle, telles que les méthodes opérationnelles. Aussi, ce concept comporte deux orientations : technique, comme les procédures de recyclage et managériale comme le choix des technologies. L’installation de ces technologies environnementales n’est pas sans incidence sur les entreprises. Ces technologies peuvent dans le but d’améliorer le niveau de la performance environnementale de l’entreprise (Klassen & Whybark, 1999 ; Jones & Klassen, 2001) :

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- Empêcher et traiter les émissions : l’objectif principal de ces technologies est de réduire les contaminants causés par les entreprises sur leur environnement naturel que ce soit par une élimination à la source ou par un traitement après leur génération;

- Substituer des matières : certains types de technologies et afin de réduire les externalités négatives peuvent exiger dans leur fonctionnement des matières qui sont moins nocives à la nature ;

- Modifier le processus de production : l’implantation des technologies environnementales peut provoquer des changements au niveau du processus de production selon le principe de fonctionnement de ces technologies ;

- Modifier la spécification du produit : la réduction des quantités des rejets ainsi que la modification potentielle de la nature des matières utilisées peuvent modifier certaines caractéristiques du produit ;

- Améliorer les pratiques de gestion : l’incidence des technologies environnementales n’est pas seulement de nature technique mais aussi de nature managériale. L’implantation des technologies environnementales peut s’accompagner par l’adoption de nouvelles pratiques managériales.

Les technologies environnementales ont été utilisées pour la première fois au cours de la première vague écologique, c’est-à-dire vers les années soixante-dix. Auparavant, le principe de la dilution était utilisé comme solution pour réduire les impacts négatifs de

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rejets dans la nature. Les hautes cheminées des industries chimiques ainsi que l’enfouissement des déchets dans le sol illustrent ce principe comme le montre la figure 3.

Environnement

Figure n°3 : Le principe de la dilution (Boiral, 1998, p. 29)

Le développement de l’utilisation des technologies environnementales a suscité le développement de plusieurs classifications des technologies environnementales.

Références Classification

Shrivastava (1995a) Design pour le désassemblage

Production pour l’environnement

Qualité totale de la gestion environnementale Ecosystème industriel

Evaluation technologique

Eder & Leone (1999) Technologies environnementales

Technologies propres

Klassen & Whybark (1999a), Klassen & Whybark (1999b), Klassen (2000).

Technologies de contrôle Système de management Technologies de prévention

Hart (1995), Christmann (2000),

Hohmeyer & Koschel cités par Pfeiffer & Rennings (2001), Klassen & Jones (2001), Pogutz & Tyteca (2002),

Mohr (2006).

Technologies de contrôle Technologies propres

Tableau n°2 : La classification des technologies environnementales

Processus de production

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Ce tableau permet de reconnaître une multiplicité de classifications des technologies environnementales. Pour Shrivastava (1995), cinq types de technologies sont identifiables :

-Le design du produit qui se focalise sur le produit dans le but de maximiser sa durée de vie par la maximisation de l'utilisation de ses composants ;

-La production pour l'environnement qui opère des modifications sur le processus de production en utilisant des techniques de production plus efficientes ;

-La qualité totale de management environnemental qui s'intéresse à quatre éléments : la vision (culture et valeurs), les inputs (énergie et matières premières), les étapes du cycle de vie du produit (production, stockage et transport) et les outputs (produit et déchet) ;

-L'écosystème industriel qui consiste dans la création d'un réseau vert dans le but d'échanger les produits et déchets entre les entreprises y appartenant afin de réduire l'utilisation de l'énergie et des ressources naturelles et de diminuer par conséquent le niveau de la pollution ;

-L'évolution technologique qui constitue un outil d'identification des coûts, bénéfices et impacts environnementaux, sociaux et politiques d'une technologie.

Bien que cette classification soit détaillée, Klassen & Whybark (1999) affirment que les types de technologies environnementales proposés par Shrivastava (1995) comportent un problème opérationnel. Pour cette raison, ils proposent une autre classification des technologies environnementales à savoir : les technologies de contrôle de la pollution

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(traitement de la pollution après sa génération), de prévention de la pollution (réduction de la pollution à la source) et le SGE (procédures environnementales telle que l'audit environnemental). Or a priori, cette classification n'est retenue que par ses auteurs.

En se basant sur le principe de leur fonctionnement, la majorité des travaux qui figurent dans le tableau sus cité identifient deux catégories principales de technologies environnementales : les technologies de contrôle de la pollution et les technologies de prévention de la pollution.

1.1. Les technologies de contrôle :

Les technologies de contrôle s’inscrivent dans le cadre de l’approche palliative et se basent sur le principe de la dépollution en traitant la pollution après sa génération. Les contaminants résultant de l’activité de l’entreprise sont traités en aval du processus de production.

Figure n°4 : L’emplacement des technologies de contrôle (Boiral, 1998, p. 29)

Processus de production

Système

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Ces technologies sont considérées comme des mesures ex-post qui n’affectent pas le processus de production comme le recyclage des déchets. Elles s’inscrivent dans le cadre d’une approche adoptée dans les années soixante dix qui établit une séparation entre la protection de la nature et la technologie : le choix des technologies environnementales est fonction du processus de production existant. L’utilisation des technologies de contrôle s’est développé suite aux encouragements des gouvernements qui, poussés par l’opinion publique, souhaitent une réduction rapide des émissions polluantes (Jones & Klassen, 2001).

Bien que ces technologies soient abondamment utilisées, elles n’échappent pas à des limites. Elles ne constituent que des solutions réactives à court terme non radicales dont les impacts environnementaux sont limités car elles ne modifient pas le comportement des pollueurs (Klassen & Whybark, 1999b). Du fait que ces technologies réduisent la pollution après sa création, elles ne constituent pas une solution radicale face au problème de la pollution. Les industriels continuent à polluer et se servent des technologies de contrôle pour réduire la pollution générée. D’un point de vue économique, ces technologies peuvent détériorer la performance économique de l’entreprise (Klassen & Whybark, 1999).

1.2. Les technologies de prévention :

Voulant remédier aux lacunes des technologies de contrôle, de nouvelles technologies environnementales sont apparues : ce sont les technologies de prévention ou les technologies propres. Elles minimisent ou éliminent la pollution avant sa création et s’inscrivent par conséquent dans le cadre de l’approche préventive.

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Environnement

Figure n°5 : L’emplacement des technologies de prévention (Boiral, 1998, p. 29)

Comme le montre la figure 5, les technologies de prévention agissent à la source du problème et provoquent ainsi un changement au niveau du processus de production, des matières utilisées et du design du produit. Les technologies environnementales sont par conséquent incorporées dans les processus de production. De ce fait, le principe du choix des technologies environnementales en fonction du processus de production change en faveur du principe de l’interdépendance entre les technologies environnementales et le processus de production : ces deux éléments constituent un tout indissociable.

Le développement de la norme ISO 14001 permet à ce type de technologie de se développer.

De ce fait, l’adoption des technologies de prévention implique que le facteur environnemental soit l’une des priorités non seulement des dirigeants mais aussi de tout le personnel.

L’utilisation de ce type de technologie peut procurer à l’entreprise certains avantages tels qu’un processus de production plus efficient et un avantage concurrentiel puisque les technologies de contrôle sont facilement imitables contrairement aux technologies de

de production

Système d’épuration

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prévention (Christmann, 2000). Aussi, ces technologies utilisent non seulement les ressources naturelles d’une manière efficiente, mais aussi elles réduisent la quantité des rejets. Pour Lober (1998), les technologies de prévention procurent en plus de la réduction des rejets, deux autres bénéfices à savoir la réduction des coûts de disposition des rejets et de dépollution des sites contaminés. Les technologies de prévention de la pollution améliorent par conséquent l’image de l’entreprise aux yeux de ses partenaires et les conditions de travail. Elles procurent à la fois des avantages économiques et environnementaux.

Bien qu’elles présentent certains avantages, les technologies de prévention ne sont pas exemptes de difficultés. Le choix de ce type de technologie implique le plus souvent un changement dans le processus de production qui nécessite parfois des investissements importants. En plus, le fait de modifier le processus de production peut créer des problèmes technologiques et une résistance de la part du personnel. À ce sujet, Russo & Fouts (1995) affirment qu’en plus de leur coût élevé, les technologies de prévention sont récentes et mal connues et leur fiabilité économique n’est pas encore suffisamment démontrée.