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CHAPITRE 1 CADRES THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE

1.4 Méthodologie

1.4.4 Techniques utilisées pour la collecte des données

1.4.4.1 Les entrevues semi-dirigées

Dans cette recherche, les données ont été recueillies par la technique d‟entrevues semi- dirigées. Ce type d‟entrevue vise l‟utilisation d‟un guide structuré comportant un certain nombre de questions principales ayant une orientation définie. Sa particularité est d‟être suffisamment flexible pour être ouverte aux énoncés imprévus (Deslaurier 1991 : 36). Le choix de cette technique a été favorisé pour réaliser notre collecte de données parce que tout en conservant une souplesse, elle nous permettait d‟aller au-delà des thèmes ciblés dans le questionnaire et d‟en approfondir certains aspects (Schensul et al. 1999). Pour ces entrevues, nous avons utilisé une partie d‟un questionnaire ayant déjà fait ses preuves lors de la thèse de doctorat du sociologue Martin Vachon qui s‟est intéressé avant nous à la problématique choisie pour notre étude (Annexe 2) (Vachon 2004 : 214). Les entrevues portaient essentiellement sur les questions liées aux différents usages de l‟eau, à la perception des individus concernant les causes et problèmes liés l‟eau et à sa gestion ainsi qu‟aux interactions entre les acteurs.

Au total, nous avons réalisé 22 entrevues semi-dirigées, d‟une durée variant entre soixante et cent-vingt minutes, avec des acteurs sociaux impliqués à différents niveaux dans le processus de gestion de l‟eau. Les participants ont été interviewés une seule fois. Les entretiens enregistrés se sont tenus principalement au domicile ou au lieu de travail des répondants. Avant de débuter l‟entretien, les participants ont rempli un formulaire de consentement du projet approuvé par le CÉRUL à l‟été 2011 leur expliquant les modalités de la recherche (Annexe 1). Nous avons choisi trois grands secteurs d‟activité de l‟eau à partir duquel nous désirions aborder des participants ; les secteurs riverain, forêt-faune et agricole. Notre choix pour ces trois secteurs s‟explique en partie par leur distribution au sein du bassin versant (Annexe 7 : Carte des enjeux territoriaux). Cette sélection nous permettait de rencontrer des individus présents au sud (le milieu agricole), au centre (le milieu riverain-lac) ainsi qu‟au nord du territoire (le milieu forêt-faune). De plus, chacun de ces groupes présente des usages et des activités diversifiés de l‟eau. Ce choix permettait de répondre à l‟un de nos objectifs dans cette recherche visant à décrire des points de vue d‟acteurs ayant des relations différentes avec la nature et plus spécifiquement avec l‟eau. Le

choix de ces groupes a également été motivé par la présence de ces secteurs au sein du conseil d‟administration de l‟organisme à l‟étude.

Les informateurs ont été approchés directement par téléphone et par courriel alors que certains ont été invités lors des observations participantes. Pour quelques participants, nous avons employé la méthode d‟échantillon « boule de neige » qui consiste à développer un échantillon à partir des recommandations des informateurs sondés. Nous avons classé les participants rencontrés en quatre sous-groupes (le tableau 1 nous permet d‟illustrer les divers secteurs).

Tableau 1 Participants à l‟étude

Sous-groupes Secteur Participants Nombre

1 Riverain-lac Riverains du lac Long 2

Riverains du lac Stevens 1

Riverains du lac Noir 2

Inspecteurs municipaux 2

2 Forêt-faune Membres du conseil d‟administration et utilisateurs de la Zec Lavigne

4

3 Agricole Producteurs agricoles (pommes de

terre et grande culture) 4

4 Gestion régionale de

l‟eau Membres du conseil d‟administration de la CARA 6

ROBVQ 1

Le premier groupe d‟acteurs que nous avons approché est celui du secteur riverain-lac. Nous avons rencontré majoritairement des riverains vivant près de trois lacs différents (lac Noir, lac Long et lac Stevens) situés dans la partie centrale-nord du bassin versant. La plupart de ces riverains fréquentent ces lacs depuis plusieurs dizaines d‟années et souvent depuis leur jeunesse. Pour la plupart d‟entre eux, ces lieux constituent leur résidence secondaire, les autres étant surtout des résidents permanents. De plus, dans le but d‟obtenir des opinions de divers intervenants liés à ce secteur, nous avons interviewé deux inspecteurs municipaux en environnement.

Le deuxième groupe rencontré fut celui du secteur « forêt-faune ». Nous nous sommes intéressés ici à interroger quelques membres et administrateurs de la Zec Lavigne située complètement au nord du bassin versant. Nous avons sélectionné cette Zec plutôt que la Zec des Nymphes ou que d‟autres acteurs de ce secteur notamment parcequ‟un membre de la Zec Lavigne siège sur le conseil d‟administration de la CARA. À la suite de deux entrevues, nous avons décidé d‟accompagner les informateurs sur le terrain afin d‟observer certains sujets traités lors des entretiens, notamment des sujets reliés à des aménagements ou des actions considérées comme problématiques.

Le troisième groupe avec lequel nous avons eu des entretiens est celui du secteur agricole. Ainsi, quelques producteurs de pommes de terre et de maïs « grande culture » ont été approchés. Ces deux types de cultures sont des pratiques importantes dans la région. Nous nous sommes intéressés particulièrement à celles-ci notamment puisqu‟elles constituent des cultures exigeantes en eau (CARA, 2006 :62). Certains cultivateurs ont été approchés directement alors que d‟autres ont été recommandés par les producteurs connus. Nous avons eu l‟occasion avec quelques producteurs agricoles et informateurs de ce secteur de nous rendre sur les terres agricoles afin d‟observer leurs travaux et leurs méthodes de culture. Cela nous a permis de mieux comprendre les points de vue et la réalité vécue par les acteurs rencontrés. De plus, dans le but d‟approfondir nos connaissances sur le projet pilote du ruisseau Vacher2, un projet important portant sur l‟eau et les producteurs agricoles, nous avons rencontré un représentant de l‟UPA de Lanaudière impliqué dans ce projet. Nous avons aussi pu nous rendre sur certains sites du ruisseau Vacher où ont été effectués divers aménagements de stabilisation des berges dans le cadre d‟un projet pilote. Notre quatrième sous-groupe regroupe des individus issus de la gestion régionale de l‟eau. Dans ce groupe nous avons approché des gestionnaires et membres du conseil d‟administration de la CARA liés aux trois secteurs faisant l‟objet de cette recherche. Nous avons utilisé le même schéma d‟entrevue que celui utilisé pour les autres groupes en y mettant davantage l‟accent sur leurs activités de gestion, sur leur perception du rôle et des

2 Le projet pilote du ruisseau Vacher est issu d‟un partenariat entre l‟Union des producteurs

agricoles (UPA) et la Fondation de la faune du Québec (FFQ). Il fait partie d‟un programme de mise en valeur de la biodiversité des cours d‟eau en milieu agricole sera expliqué plus loin dans le chapitre 3.

mandats de l‟OBV et sur leurs relations avec le gouvernement. Plus tard, au cours de notre analyse, nous avons décidé d‟intégrer à notre recherche et d‟interroger un représentant du regroupement des organismes de bassin versant du Québec ROBVQ afin d‟approfondir nos réflexions sur les organismes de bassins versants.

1.4.4.2 Observation participante et entretiens informels

Pour cette recherche nous avons aussi privilégié l‟observation participante comme technique de collecte de données. Deslauriers désigne ce procédé comme « une technique de recherche qualitative par laquelle le chercheur recueille des données de nature surtout descriptive en participant à la vie quotidienne du groupe, de l‟organisation, de la personne qu‟il veut étudier » (Deslauriers 1991 :46). Pour ce type de technique, le chercheur doit assurer une présence sur le terrain d‟étude afin de lui permettre de se rapprocher de la réalité et des dynamiques de la communauté étudiée. En séjournant dans le lieu d‟étude et en participant aux activités quotidiennes des acteurs sociaux visés par la recherche, cette méthode permet au chercheur de s‟immerger complètement dans la culture qu‟il souhaite étudier. L‟observation participante constitue une technique de collecte de données importante qui est souvent favorisée dans les recherches anthropologiques.

Pour notre terrain ethnographique, nous avons résidé plusieurs mois dans la région de Lanaudière, plus spécifiquement dans la MRC de la Matawinie au lac Noir. Cela a favorisé nos interactions notamment avec les riverains dans le milieu d‟étude et nous a aidé à comprendre la réalité locale, mais surtout à mieux observer les dynamiques qui se retrouvent près des lacs. De cette façon, nous avons pu observer le comportement des gens sur un lac, les activités réalisées sur un lac, leurs actions sur les berges, le respect des règlements, les variations démographiques des villégiateurs entre les jours de semaine et de fin de semaine, etc. Au cours de notre observation participante, nous avons assisté à des assemblées générales tenues par les groupes d‟acteurs sélectionnés au cours du printemps et de l‟été 2011. Ainsi, nous avons pu observer deux assemblées générales de lacs et une assemblée générale menée par la Zec à l‟étude. Cela nous a permis d‟entrer en contact avec le milieu et de faire connaitre notre recherche auprès de ces acteurs sociaux.

Par ailleurs, dans un souci d‟examiner les actions et les intérêts de l‟OBV à l‟étude quant à la gestion de l‟eau, nous avons participé à plusieurs activités publiques menées par l‟organisme : une conférence de presse dans le cadre du lancement de la publication « Le PDE et le SAD, deux outils stratégiques… Des alliés pour les ressources en eau du Québec », des activités de sensibilisation et d‟information menées entre autres dans le but de lutter contre le phénomène des cyanobactéries tels que la « Journée lac » ainsi qu‟une rencontre visant la présentation du cartable des lacs puis nous avons participés aux colloques « J‟ai le goût de l‟eau » tenus en 2011 et en 2012. Pendant l‟année 2012, nous avons assisté aux tables de concertation organisées par l‟organisme. Considérant que peu d‟évènements étaient prévus lors de notre période d‟enquête sur le terrain, puisque pour les OBV la période estivale correspond surtout à la cueillette de données concernant l‟acquisition des connaissances notamment sur les espèces en péril et la qualité de l‟eau, et à une période de vacances, nous avons dû prolonger notre enquête de terrain. Ainsi, dans le souci de recueillir plusieurs données et puisque ces évènements se sont déroulés à des moments différents de notre terrain de recherche, nous avons tout au long de l‟année 2011 et 2012 participé aux évènements organisés par la CARA. Cela nous a permis de rencontrer graduellement les membres de l‟exécutif et du conseil d‟administration de l‟OBV et d‟examiner les dynamiques et les relations présentes au sein des activités de l‟OBV. De plus nous avons participé à une activité publique menée par le ROBVQ au Manoir Saint- Castin : le 12e rendez-vous des OBV visant la formation des membres des OBV sur des enjeux liés à l‟eau et ayant pour but de créer un lieu de rencontres et d‟échanges entre les différentes OBV du Québec. Ces évènements ont fait l‟objet de prises de notes minutieuses à partir de notre grille d‟observation portant sur les discours, les attitudes et les comportements des individus présents (Annexe 3).

Au printemps 2011, au retour de notre terrain de recherche dans le bassin versant de la rivière de L‟Assomption, nous avons bénéficié d‟un espace de travail dans les locaux du ministère de l‟Environnement pendant quelques mois dans le cadre d‟un stage de 2e cycle. Cette période nous a donné l‟occasion de rencontrer plusieurs fonctionnaires appartenant au secteur de la politique nationale de l‟eau qui finançait cette recherche. Ce contexte a permis de favoriser les échanges et de nous aider à mieux saisir leurs points de vue, attentes et intérêts face à la gestion intégrée de l‟eau par bassin versant ainsi que de mieux saisir les

relations entretenues avec les différentes OBV. Des entrevues informelles ont d‟ailleurs été réalisées avec certains fonctionnaires.

Par ailleurs, au cours de l‟été 2012, nous sommes retournées habiter dans la région car nous avons obtenu un contrat d‟emploi avec la Zec Lavigne représentant le secteur forêt-faune3. Cette insertion sur le terrain nous a permis d‟avoir un accès privilégié à plusieurs informateurs de ce secteur sur leurs relations avec l‟eau, mais aussi d‟étudier leurs types d‟interactions avec la nature. Cela nous a également permis de prolonger notre interaction avec quelques participants et notre terrain de recherche et de valider les résultats obtenus lors de nos activités de collecte de données.

1.4.4.3 Recensement de documents

Parallèlement aux deux techniques de collecte de données précédentes, nous avons privilégié le recensement de documents en lien avec l‟organisme de bassin versant à l‟étude. Plusieurs documents officiels ont été examinés dans le but d‟obtenir un maximum d‟informations concernant les activités de gestion réalisées par l‟organisme de bassin versant à l‟étude. Les rapports annuels (2009-2010, 2010-2011 et 2011-2012), le plan directeur de l‟eau, l‟outil développé pour l‟arrimage entre le PDE et le SAD et d‟autres documents produits et publiés notamment par la CARA ont été examinés. Nous avons eu accès à ces documents par l‟entremise du ministère du Développement durable de l‟Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP), à partir du site Internet de l‟organisme, mais surtout lors des diverses activités auxquelles nous avons participé. De plus, d‟autres documents écrits ont été recueillis sur le terrain tel que le plan récréotouristique de la Zec Lavigne et des documents liés au ruisseau Vacher ou à des décisions prises par une association de lac dans le but de nous aider à mieux comprendre les actions et intérêts des groupes d‟acteurs sélectionnés.