• Aucun résultat trouvé

Un fort taux de chômage chez les jeunes et une prépondérance des activités informelles

LA TRANSITION DES ÉTUDES AU MARCHÉ DU TRAVAIL CHEZ LES JEUNES DE L’AFRIQUE FRANCOPHONE 9

1. Aperçu du marché du travail en Afrique francophone 1 Une croissance démographique soutenue

1.3 Un fort taux de chômage chez les jeunes et une prépondérance des activités informelles

En 2017, le taux de chômage était estimé à 5,7 % dans l’ensemble de l’Afrique francophone, soit un taux comparable à celui observé ailleurs dans le monde (5,5 %). En général, depuis la fin des années 1990, l’Afrique francophone performe bien sur le plan du taux de chômage et les tendances de cet indicateur avoisinent maintenant celles de la moyenne mondiale (Figure 8). Cette performance cache toutefois de fortes disparités entre les pays qui composent l’Afrique francophone (Figure 9).

Figure 8 – Évolution du taux de chômage total entre 1991 et 2017

Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde » (estimations modélisées de l’OIT). Les taux de l’Afrique francophone sont des moyennes pondérées des taux par pays.

Les pays où le taux de participation à la population active est faible sont pour la plupart ceux qui ont des taux de chômage au-dessus de la moyenne.

Le Gabon affiche le taux de chômage le plus élevé : 19,6 %. Les pays de l’Afrique du Nord et la Mauritanie font eux aussi partie des pays où le chômage sévit, avec un taux à deux chiffres dans la plupart des cas. Si on combine ces taux de chômage élevés avec des taux d’activité relativement faibles (comme le montre la figure 3), on réalise à quel point les pays concernés se privent de ressources importantes qui pourraient contribuer à leur développement.

Figure 9 – Taux de chômage par pays en 2017

Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde » (estimations modélisées de l’OIT). Le taux de l’Afrique francophone est une moyenne pondérée des taux par pays.

Figure 10 – Évolution du taux de chômage chez les jeunes de 15 à 24 ans

Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde » (estimations modélisées de l’OIT). Les taux agrégés de l’Afrique francophone sont des taux pondérés calculés par les auteurs à partir des données par pays.

Les jeunes de 15 à 24 ans sont plus susceptibles d’être touchés par le chômage que les 25 ans et plus. La situation est toutefois moins problématique en Afrique francophone, où le taux de chômage chez les jeunes baisse au fil des ans ; ainsi, depuis 1996, ce taux est en dessous de la moyenne mondiale (Figure 10).

L’Égypte, la Tunisie et le Gabon sont les pays qui affichent les taux de chômage les plus élevés parmi les jeunes de 15 à 24 ans. Cette situation est loin de s’expliquer par un surnombre de jeunes à la recherche d’un emploi ; en effet, comme l’indique la figure 7, les taux d’activité des jeunes dans ces pays sont parmi les plus faibles.

Dans plusieurs pays, les inégalités en matière d’accès à l’emploi selon l’âge se font sentir. Ainsi, c’est en Maurice que le rapport entre le taux de chômage chez les jeunes et le taux de chômage total est le plus élevé : le taux de chômage chez les jeunes équivaut à trois fois la moyenne du pays.

Dans la plupart des pays, ce ratio avoisine 2. Les inégalités en matière d’accès à l’emploi sont moins marquées au Sénégal et en Guinée.

Figure 11 – Taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans et rapport entre le taux de chômage chez les jeunes et le taux de chômage total par pays en 2017 Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde » (estimations modélisées de l’OIT). Le taux de l’Afrique francophone est une moyenne pondérée des taux par pays.

La prédominance des emplois vulnérables demeure une préoccupation majeure, puisqu’elle limite les chances d’une intégration professionnelle réussie pour les jeunes et, par ricochet, d’un vrai développement économique. En 2017, 62 % des travailleurs en Afrique francophone occupaient un emploi vulnérable, c’est-à-dire qu’ils étaient des travailleurs familiaux non rémunérés ou qu’ils travaillaient à leur compte. Ce taux était de 42,5 % ailleurs dans le monde, faisant de l’Afrique un endroit où il est difficile de décrocher un emploi de qualité. La situation ne s’est que très peu améliorée au cours des trois dernières décennies et l’écart avec la moyenne mondiale s’est creusé au cours de cette période (Figure 12).

Figure 12 – Évolution de la fréquence des emplois vulnérables *

* Les emplois vulnérables sont ceux des travailleurs familiaux non rémunérés et des personnes qui travaillent à leur compte.

Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde ». Les taux agrégés de l’Afrique francophone sont des moyennes pondérées des taux par pays.

Le taux de chômage relativement faible observé dans les pays de l’Afrique francophone subsaharienne serait dû à une prépondérance des emplois vulnérables dans ces pays, mais aussi à la prédisposition des travailleurs à occuper ces emplois. Le Niger, le Rwanda, le Burundi, Madagascar et le Togo sont les cinq pays de l’Afrique francophone où les taux de chômage sont les plus faibles et où les emplois vulnérables dépassent 80 % (Figure 13). Ces pays sont donc loin de tirer le meilleur parti de la richesse que constitue leur main-d’œuvre. La Guinée, le Tchad et le Burundi ont une fréquence d’emplois vulnérables encore plus élevée, puisqu’ils représentent

plus que 90 % de tous les emplois. Les taux les plus faibles sont enregistrés en Maurice, en Égypte et en Tunisie (respectivement 16, 20 et 21 %). Dans ces pays, l’emploi salarié semble être la norme, mais les taux de chômage y sont souvent assez élevés.

Figure 13 – Fréquence des emplois vulnérables * par pays (% des emplois)

* Les emplois vulnérables sont ceux des travailleurs familiaux non rémunérés et des personnes qui travaillent à leur compte.

Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde ». Les taux agrégés de l’Afrique francophone sont des moyennes pondérées des taux par pays.

Encadré 1 – Prévalence des bons et des très bons emplois