• Aucun résultat trouvé

LA TRANSITION DES ÉTUDES AU MARCHÉ DU TRAVAIL CHEZ LES JEUNES DE L’AFRIQUE FRANCOPHONE 9

1. Aperçu du marché du travail en Afrique francophone 1 Une croissance démographique soutenue

1.2 Des taux d’activité à la hausse

Longtemps resté en dessous de la moyenne mondiale, le taux d’activité12 en Afrique francophone a augmenté de 1,5 point de pourcentage entre 2002 et 2017, avec un pic atteint en 2013. Ce taux s’inscrit dans une tendance à la hausse et se situe depuis 2008 au-dessus du taux d’activité dans le monde qui, lui, est en baisse constante.

Figure 2 – Évolution du taux d’activité des 15 ans et plus, 1990-2017

Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde » (estimations modélisées de l’OIT). Les taux pour l’Afrique francophone ont été calculés par les auteurs en considérant la moyenne pondérée des taux par pays.

Les taux élevés de participation à la population active en Afrique francophone sont majoritairement attribuables aux pays de l’Afrique subsaharienne.

Dans les pays de l’Afrique du Nord francophone (Égypte, Maroc et Tunisie), on observe un désengagement de la population à l’égard du marché de travail ; les taux d’activité y sont inférieurs à 50 % (Figure 3). C’est le cas également de la Mauritanie et des Comores.

12 Correspond au nombre total d’actifs (personnes occupées et chômeurs) dans un groupe, exprimé en pourcentage de la population totale de ce groupe.

Figure 3 – Taux d’activité des 15 ans et plus en 2017, par pays

Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde » (estimations modélisées de l’OIT).

Figure 3 – Taux d’activité des 15 ans et plus en 2017, par pays

Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde » (estimations modélisées de l’OIT).

Une analyse selon le genre montre que la hausse du taux d’activité en Afrique francophone est essentiellement due à la progression de la participation des femmes au marché du travail (Figure 4). Le taux d’activité des femmes de 15 à 64 ans a progressé de près de 3,4 points de pourcentage au cours de la période 2002-2016, pendant que celui des hommes augmentait légèrement de 2007 à 2011 avant de renouer avec sa tendance à la baisse.

Malgré ces données contrastées, les femmes sont toujours moins présentes que les hommes sur le marché du travail.

Figure 4 – Évolution du taux d’activité chez les 15-64 ans, selon le sexe (1990-2017)

(a) Hommes (b) Femmes

Source : calculs des auteurs à partir des données de la Banque mondiale,

« Indicateurs du développement dans le monde » (estimations modélisées de l’OIT). Les taux de l’Afrique francophone sont des moyennes pondérées des taux par pays.

La place des femmes sur le marché du travail varie beaucoup d’un pays à l’autre, comme le montre la figure 5. Le taux d’activité des femmes de 15 à 64 ans va de 24 % en Égypte à 88 % au Rwanda. Les taux très élevés à cet égard dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne ne peuvent être interprétés comme une évolution positive et s’expliquent plutôt par une pauvreté élevée et par la structure économique de cette région. Si la culture y est favorable au travail des femmes, il n’en demeure pas moins que ces dernières doivent se rabattre sur des emplois précaires

pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. En 2007, le ratio emploi-population des femmes en Afrique subsaharienne était le deuxième plus élevé du monde, derrière l’Asie de l’Est (BIT, 2008). Contrairement à l’Afrique subsaharienne francophone, les taux de participation des femmes en Afrique du Nord et en Mauritanie sont – et de loin – les plus faibles.

En 2017, le pourcentage de femmes de 15 à 64 ans qui participaient au marché du travail était de 32 % en Mauritanie, de 27 % au Maroc et en Tunisie, et de 24 % en Égypte. Le ratio emploi-population des femmes en Afrique du Nord figure parmi les plus faibles au monde. Cette situation pourrait s’expliquer par des traditions sociales encore bien ancrées. Dans ces mêmes pays, le taux d’activité chez les hommes est environ trois fois celui des femmes qui ont entre 15 et 64 ans (Figure 5).

Figure 5 – Taux d’activité des femmes et rapport des taux d’activité chez les hommes et les femmes de 15 à 64 ans en 2017

Source : calculs des auteurs à partir des données de la Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde » (estimations modélisées de l’OIT). Le taux de l’Afrique francophone est une moyenne pondérée des taux par pays.

Comme l’indique le tableau 1, la population des jeunes de 15 à 29 ans en Afrique francophone a plus que triplé entre 1960 et 2017 ; d’ici 2050, elle aura augmenté de 98 % et dépassera les 260 millions. Cependant, contrairement à la population active totale en Afrique francophone, le pourcentage de jeunes de 15 à 24 ans13 qui participent au marché du travail a peu augmenté entre 2002 et 2017 (Figure 6). Cette situation peut s’expliquer par la croissance du taux de scolarisation de ce groupe de la population, mais aussi par les difficultés liées à l’accès à l’emploi – notamment pour les diplômés – et le découragement qui en découle.

On note toutefois que, dans l’ensemble, le taux d’activité des 15-24 ans en Afrique francophone affiche une bonne évolution contrairement à la moyenne mondiale, bien que celle-ci cache de grandes disparités entre les pays. Le Niger, le Rwanda et Madagascar se démarquent, avec des taux d’activité chez leurs jeunes qui dépassent 70 %, comparativement à une moyenne de 47,5 % en Afrique francophone (Figure 7).

Figure 6 – Évolution du taux d’activité chez les jeunes de 15 à 24 ans (1990-2017)

Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde » (estimations modélisées de l’OIT). Les taux de l’Afrique francophone sont des moyennes pondérées des taux par pays.

13 Les données pour le groupe des 15-29 ans ne sont pas disponibles.

Certains pays comme la République du Congo, la République démocratique du Congo, la Guinée et le Bénin affichent des taux d’activité totaux au-dessus de la moyenne en Afrique francophone, mais les taux d’activité des 15-24 ans y sont en dessous de la moyenne. Cette situation peut s’expliquer par un nombre élevé de jeunes étudiants qui ne combinent pas travail et emploi. Encore une fois, les pays francophones de l’Afrique du Nord se trouvent dans le peloton de queue. Les Comores et le Gabon affichent une situation tout à fait particulière, avec moins d’un jeune sur cinq qui est actif.

Figure 7 – Taux d’activité chez les jeunes de 15 à 24 ans en 2017

Source : Banque mondiale, « Indicateurs du développement dans le monde » (estimations modélisées de l’OIT). Le taux de l’Afrique francophone est une moyenne pondérée des taux par pays.

1.3 Un fort taux de chômage chez les jeunes