• Aucun résultat trouvé

Gouvernorats Tranches d’effectif

TUNIS ARIANA BEN AROUS NABEUL TUNISIE

Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % Nbre %

Moins de 10 12 16 ,9 8 6,9 2 4,2 3 4,8 70 9,1 De 10 à 50 41 57,7 78 67,8 30 62,5 33 52,4 465 60,2 De 50 à 100 11 15,5 21 18,3 13 27,1 17 26,9 160 20,7 De 100 à 300 6 8,5 7 6,1 3 6,2 10 15,9 66 8,6 Plus de 300 1 1,4 1 0,9 0 0 0 0 11 1,4 TOTAL 71 100 115 100 48 100 63 100 772 100

Source : base de données de l’API ; résultats produits le 15 décembre 1994 à notre demande

Il apparaît de manière très nette que la majeure partie des entreprises exportatrices tunisiennes se situe dans la tranche de celles qui emploient entre 10 et 50 salariés. Nous pouvons donc accentuer encore le constat central que nous avons dressé quant à la taille des entreprises privées tunisiennes : sous réserve de la représentativité des unités exportatrices par rapport à l’ensemble de ces entreprises, nous pouvons affirmer que, non seulement la PME est un modèle quasi-exclusif d’entreprise privée en Tunisie, mais qu’à l’intérieur de cette catégorie, ce sont les plus petites d’entre elles qui dominent en nombre, même si la tranche des 10 à 50 salariés ne représente que 31,9% de l’emploi total de ces entreprises exportatrices tunisiennes, soit tout de même pas loin du tiers.

Les gouvernorats concernés par l’espace industriel de la capitale ne présentent pas une structure par taille des entreprises exportatrices fondamentalement différente de ce qu’elle est dans le reste du pays. La catégorie des 10 à 50 salariés y dépasse toujours la moitié ; c’est à l’Ariana qu’elle se trouve la mieux représentée, avec 67,8%, tandis que le gouvernorat de Nabeul, à l’inverse, n’en comprend « que » 52,4%, et ce au bénéfice de la tranche des plus grosses des PME : les unités comptant de 50 à 300 salariés se trouvent sur-représentées dans ce gouvernorat.

Ces nuances concernant l’espace de la capitale ne remettent pas en cause une donnée essentielle : l’entreprise privée tunisoise est, comme l’entreprise privée tunisienne, une PME, et bien souvent, une PME de taille modeste.

Il résulte donc de ces considérations que notre choix de nous intéresser aux PME de la région de la capitale n’en est pas tout à fait un, puisque, hormis le secteur public tenu en tant que tel hors de notre champ de recherche, pratiquement toutes les entreprises relèvent de cette catégorie. Il faut mettre à part les quelques groupes industriels en expansion en Tunisie, dont chacun d’eux est en fait constitué d’un ensemble de PME, même si sa taille totale peut dépasser, et de loin, les limites de cette catégorie. A titre d’exemple, le groupe Poulina, sans doute un des plus importants sinon le plus important du pays, totalise 3 000 salariés directs (sans compter les quelque 2 000 sous-traitants réguliers) sans que chacune de ses filiales ne dépasse les 200 salariés.18

B. Des unités de production relativement dispersées dans l’espace.

a. Délimitation de l’espace en question.

La recherche que nous nous proposons de mener dans ce chapitre requérant l’usage de l’outil statistique appliqué à l’espace, il nous paraît d’abord indispensable de définir et délimiter plus précisément que nous ne l’avons fait jusqu’alors l’espace de notre recherche.

Cet espace ne se confond pas systématiquement avec les découpages administratifs, mais nous sommes cependant bien obligé de recourir à ces limites administratives, ne serait-ce que pour pouvoir tirer parti des statistiques qui sont produites dans serait-ces limites. Nous distinguerons deux niveaux d’observation : le premier se réfère au découpage administratif des gouvernorats ; il permet de caractériser l’espace de notre recherche de manière globale

mais sommaire. Nous qualifierons d’« échelle régionale » ce niveau d’observation, tandis que la prise en compte de découpages plus fins, dessinant les contours des délégations et des zones industrielles, définira pour nous l’ « échelle locale».

En ce qui concerne les gouvernorats, nous distinguerons :

1) Une zone centrale de notre espace d’étude, constituée des trois gouvernorats du « District de Tunis » : ceux de Tunis, de l’Ariana, et de Ben Arous. Ils forment un espace industriel et surtout urbain quasiment continu, intégrés dans une même agglomération. Ils seront tous trois pris en compte en totalité dans les analyses statistiques et le travail d’enquête. 2) Une zone que nous pourrions qualifier de périphérique, qui comprend des

gouvernorats entourant le District de Tunis, et dont une partie seulement, en raison des effets d’attraction et de polarisation qu’elle subit de la part de Tunis, sera incluse dans notre champ de recherche : il s’agit des gouvernorats de Bizerte, Zaghouan et Nabeul.

Du gouvernorat de Bizerte, nous ne retiendrons que la délégation d’Utique, la plus proche du District de Tunis. Ce choix comporte une part d’arbitraire à laquelle il est difficile d’échapper, compte tenu du caractère relativement continu de l’espace compris entre Tunis et Bizerte. Cependant, ce vaste ensemble ne forme pas une unité du point de vue des polarisations industrielles : les centres d’attraction sont divers, comme on l’explique dans le Schéma Directeur d’Aménagement du Grand Tunis :

« Le gouvernorat de Bizerte est subdivisé en six points de croissance industrielle : - la région de Menzel Bourguiba polarisée par les unités industrielles mécaniques d’El Fouledh, de la Socomena, etc…;

- la région du Grand Bizerte dont le rayonnement est tributaire de l’expansion de la cimenterie, la construction mécanique et la confection ;

- la région de Zarzouna, axée sur l’industrie chimique (raffinerie de pétrole, production de gaz et d’huiles de moteur, etc… ;

- la région de Ras Jebel, dominée par un grand pôle de confection (Lee Cooper, etc…) ;

- les zones industrielles de Mateur, spécialisées dans les composants mécaniques ; - les zones industrielles de Menzel Jemil, El Alia et, à un degré moindre, Utique, sont plus diversifiées avec une domination du textile ( …)».19

Compte tenu de cette diversité, la capitale ne saurait exercer d’effets déterminants que sur les franges du gouvernorat de Bizerte qui lui sont les plus proches, notamment Utique, délégation où une zone industrielle importante a été promue.

A l’inverse, le gouvernorat de Zaghouan, qui ne comporte que quatre délégations20

, sera retenu dans sa totalité. Ce choix se justifie par le fait que si l’industrialisation de ce gouvernorat est très récente, encore même balbutiante, ce processus ayant été impulsé par les encouragements de la politique de décentralisation industrielle, elle est cependant en pleine expansion, et que celle-ci est presque entièrement due à la proximité de Tunis :

19 Groupement d’Etudes URBACONSULT-URAM-BRAMMAH : Etude du Schéma Directeur d’Aménagement

du Grand Tunis, République Tunisienne, Ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire,

rapport final de première phase, avril 1996.

« …La saturation de certaines zones industrielles du District de Tunis a conduit certains types d’industries en expansion à se localiser dans le gouvernorat de Zaghouan. La proximité de Tunis a permis au gouvernorat de Zaghouan de puiser sur les ressources en main-d’œuvre qualifiée de Tunis et de tirer profit des débouchés pour la production industrielle que peut offrir Tunis » (URBACONSULT-URAM-BRAMMAH, 1996, op. cit.).

En ce qui concerne le gouvernorat de Nabeul, il apparaît, d’après la même étude, que les délégations de Nabeul et de Grombalia en constituent les deux points de croissance principaux, avec respectivement 29,8% et 15,8% de l’emploi industriel du gouvernorat. D’autres sources21

laissent toutefois penser que la délégation de Soliman occupe une position industrielle tout à fait comparable à celle de Grombalia. Les autres délégations ne seront pas considérées comme faisant partie de notre champ de recherche, à la fois en raison de la faible place qu’y occupe l’industrie et de leur éloignement de la capitale, ce qui rend peu probable le pouvoir d’attraction de celle-ci à leur égard. La délégation de Nabeul elle-même sera laissée de côté pour la même dernière raison. Restent donc Grombalia et Soliman.

Ce préalable méthodologique étant posé, il convient maintenant d’entrer dans le cœur de l’analyse de l’espace en terme de district industriel. Le deuxième critère de la définition de ces districts implique en tout premier lieu une proximité d’unités de production exerçant la même activité, ce qui implique une concentration de ces unités, et une densité forte de l’espace industriel. Qu’en est-il dans et autour de Tunis ?

b. La dispersion relative des unités de production dans l’ espace du Grand Tunis.

1. Dispersion à l’échelle régionale.

A l’échelle régionale, nous nous contenterons, à la suite des auteurs de l’étude du Schéma d’aménagement du « Grand Tunis », de faire état de la coexistence de forces centripètes qui rendent compte d’une tendance à la concentration industrielle dans le District de Tunis, et de forces centrifuges, l’emportant dorénavant sur les précédentes, qui tendraient au contraire à un desserrement industriel au bénéfice des gouvernorats que nous avons qualifiés de « périphériques ».

Illustrons l’existence au moins passée des premières en rappelant, avec A. BELHEDI, le « poids écrasant » de Tunis dans l’espace tunisien22. Pour ce qui nous intéresse, il nous suffira de retenir deux chiffres : plus des 2/5 des emplois industriels du pays23, 1/3 de ceux qui ont été créés entre 1973 et 1986, sont à mettre au compte de l’agglomération tunisoise. Ajoutons que, d’après URBACONSULT, le District de Tunis localisait en 1991 27, 5% des établissements industriels dénombrés en Tunisie. Le tableau n°4 permet d’actualiser et de compléter ces données.

On peut constater que l’ensemble du « Grand Tunis » peut être considéré comme un espace privilégié par l’industrie, puisque concentrant presque 44% des entreprises et quelque 52% de l’emploi industriel, pour un peu plus du 1/3 seulement de la population tunisienne.

21 Que nous expliciterons infra (voir, même Chapitre, B-b-2)

22 BELHEDI Amor : L’organisation de l’espace en Tunisie. Production et reproduction de l’espace, Th : Géographie : Tunis : 1992,.

Ce constat vaut plus précisément pour le District de Tunis, surtout à cause du gouvernorat de Ben Arous, que l’on peut décidément considérer comme le gouvernorat le plus

Tableau n°4 : Poids relatif de l’espace industriel de Tunis dans l’ensemble tunisien en