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APPROCHE NECESSAIRE POUR LA GESTION DES

3. DU SYSTEME A LA SYSTEMIQUE

Pour appréhender la complexité, la systémique fait appel à un certain nombre de concepts spécifiques. Donnadieu et al. (2003) les ont regroupés de la manière suivante :

• quatre concepts de base à caractère général, articulés entre eux et pouvant donner lieu en préalable à une présentation simple (cf. figure 3.1) ;

• une dizaine de concepts complémentaires plus techniques et orientés vers l'action (l’information, la rétroaction, la finalité, etc.).

3.1 La complexité

Comme cela été relevé précédemment, la prise de conscience de la complexité est la cause de la lente émergence de la systémique. Sans complexité, la logique cartésienne et analytique pouvait sembler suffisante pour appréhender le monde et la science. Selon Penalva (1997), est considérée comme complexe toute situation qui présente pour un observateur des difficultés de compréhension d’anticipation ou de maîtrise. Ce concept renvoie à toutes les difficultés de compréhension (flou, incertain, imprévisible, ambiguë, aléatoire) posées par l'appréhension d'une réalité complexe et qui se traduisent en fait pour l'observateur par un manque d'information (accessible ou non) (Donnadieu et al, 2003). En effet, la complexité est attribuée par l’observateur au système (Sghaier, 2014).

3.2 Le système

Ce concept constitue le socle sur lequel repose la systémique. Etymologiquement, le mot provient du grec sustêma qui signifie "ensemble cohérent". Il existe plusieurs définitions dont nous retiendrons (Saïd, 2006) :

la définition « large » donnée par Jacques Lesourne (1974) : Un système est un ensemble d'éléments en interaction dynamique.

• la définition « étroite » donnée par Joël de Rosnay (1975) : Un système est un ensemble d'éléments en interaction dynamique, organisé en fonction d'un but. Cette définition met l'accent sur la finalité ou le but poursuivi par le système.

Jean-Louis Le Moigne (2006) propose une définition d’un système, quelle que soit sa nature, autour des 5 axiomes de base (activité, structure, évolution, finalité et environnement ; Figure 3.2) que l’on trouve implicitement ou explicitement, dans les différentes acceptions du mot système. Cette construction est baptisée « système général ». L’activité (le fonctionnement) décrit ce que le système fait, transforme. L’évolution étudie ses changements, ses progressions, ses régressions (ce que le système sera). La structure est sa forme stable, ses sous-systèmes, éléments et les liaisons / interactions qui les relient. Tout système est le produit d’un environnement actif, qui fonctionne pour atteindre un objectif. Ceci revient à identifier :

• quelque chose (n’importe quoi présumé identifiable) ; • dans quelque chose (environnement) ;

• pour quelque chose (finalité ou projet) ;

• qui fait quelque chose (activité = fonctionnement) ; • par quelque chose (structure = forme stable) ; • qui se transforme dans le temps (évolution).

Figure 3.2 Le système général (Le Moigne, 2006)

À partir de ses définitions on peut dire qu’un système peut être défini comme un tout organisé de composants en interaction (figure 3.3). Il est constitué du :

• Monde des objets (composants) • Monde des relations (interactions) • Monde de la totalité.

Figure 3.3 Les composants d’un système

3.3 La globalité

Si un système est d’abord un ensemble d’éléments, il ne s’y réduit pas tel que ça été démontrer par Von Bertalanffy (1973). Selon l’adage, « le tout est plus que la somme de ses parties ». Von Bertalanffy montre, « qu’on ne peut obtenir le comportement de l’ensemble comme somme de ceux des parties et qu’on doit tenir compte des relations entre les divers systèmes secondaires et les systèmes qui les « coiffent » pour comprendre le comportement des parties ». Cette vision traduit le phénomène d’émergence : au niveau global, apparaissent des propriétés non déductibles des propriétés élémentaires. La démarche à suivre pour résoudre un problème est d’aborder tous ses aspects d’une

faisant de nombreuses itérations et en revenant en arrière pour compléter ou corriger la vision antérieure.

3.4 L'interaction

C’est un concept fondamental et un des plus riches de la systémique. Il complète celui de globalité car il s’intéresse à la complexité au niveau élémentaire de chaque relation entre les constituants du système pris deux à deux (Donnadieu et al, 2003). Dans les systèmes complexes, la relation entre constituants se traduit par un rapport d'influence ou d'échange portant sur des flux de matière, d'énergie et d'information.

Une forme particulière d’interaction est la rétroaction (ou feed-back). Les études ont prouvé que la notion d'interaction déborde largement la simple relation de cause à effet qui domine la science classique. Et connaître la nature et la forme de l'interaction est plus important pour le systémicien que de connaître la nature de chaque composant du système.

Si les quatre concepts mentionnés ci-dessus sont essentiels, il est nécessaire d'en connaître d’autres (Donnadieu et Karsky, 2002) :

• Les systèmes sont ouverts : notion de mouvance, d'ouverture, de durée et d'irréversibilité, de souplesse et d'adaptabilité, de rétroaction, la causalité s'ouvre sur la finalité. Un système a une limite qui le sépare de l'environnement.

• Il existe entre les éléments tout un réseau de communication.

• Dans ce réseau, certaines des parties jouent un rôle de réservoir, d'autres jouent un rôle de transformation, d'autres jouent le rôle de vannes et servent à contrôler les échanges ; ils sont les organes de base de la régulation et agissent selon le mécanisme de la rétroaction.

Tous ces éléments sont agencés pour atteindre un ou plusieurs objectifs communs. • Les systèmes ont besoin de variété pour s’adapter aux évolutions de l’environnement et aux nouveaux milieux.

Les systèmes sont auto-organisateurs pour se maintenir en vie en tenant compte des modifications internes et externes. Cette capacité naît de la rencontre entre la finalité et la variété.