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CHAPITRE 2. CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE

2.1. DEFINITION DES CONCEPTS

2.1.2. Système d’exploitation agricole

Généralement, les agriculteurs considèrent leurs exploitations, qu’il s’agisse de petites unités de subsistance ou de grandes exploitations, comme des systèmes à part entière. Dixon et al. (2001) montrent que les systèmes d’exploitation se caractérisent par la variété des ressources naturelles dont disposent les familles agricoles: types de terre, accès à l’eau, accès aux ressources communales (mares, zones de pâturage et forêts). A ces ressources naturelles de base s’ajoutent le climat et la biodiversité ainsi que le capital humain, social et financier. Chaque exploitation possède ses propres caractéristiques découlant des variations en dotation en ressources et des conditions familiales. Le ménage, les ressources, les flux de ressources et les interactions au niveau de l’exploitation agricole constituent ensemble le système de production. Les éléments biophysiques, socioéconomiques et humains d’une exploitation agricole sont interdépendants; aussi les exploitations peuvent-elles être analysées comme des systèmes à partir de différents points de vue.

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La dotation en ressources de n’importe quelle exploitation agricole dépend, entre autres, de la densité de population, de la distribution des ressources parmi les ménages et de l’efficacité des institutions qui déterminent l’accès aux ressources. Indépendamment de leur taille, les systèmes individuels de production sont organisés pour produire de la nourriture et pour satisfaire d’autres besoins du ménage, grâce à la gestion des ressources disponibles – soit en propriété, soit louées ou gérées conjointement – à l’intérieur de l’environnement social, économique et institutionnel existant.

Par contre, un système d’exploitation agricole est défini comme un ensemble de systèmes de production individuels qui ont généralement des ressources de base, des modes opératoires, des moyens de subsistance des ménages et des contraintes semblables, et pour lesquels des stratégies de développement et des interventions semblables seront appropriées. Selon l’échelle de l’analyse, un système d’exploitation agricole peut englober quelques douzaines ou des millions de ménages. Brossier (1987) souligne que la caractéristique essentielle de la recherche-systémique est donc qu’elle commence chez le paysan (identification des contraintes) et qu’elle finit chez le paysan (propositions d’actions pour dépasser les contraintes). Il reste qu’il y a «une grande incapacité opérationnelle à créer les conditions du partenariat avec les paysans ». Les sociétés locales demeurent le plus souvent des objets d’études extérieures. Les recherches-systèmes sont orientées sur le développement, elles ne peuvent se contenter de produire la connaissance scientifique.

Le Roy (1987) définit l'exploitation agricole comme étant un groupe complexe, caractérisé par la coexistence du centre de décision principal qu' est le chef d'exploitation, contrôlant donc le champ collectif et la destination des récoltes de celui-ci, et de centres de décision secondaires. Des sous-groupes, plus ou moins autonomes dans la production et dans la consommation, peuvent se manifester. Au champ collectif se rajoutent des parcelles individuelles, gérées par d'autres membres de l'exploitation agricole. Une même personne peut être ainsi impliquée dans plusieurs processus de production : sur le champ collectif de l'exploitation, sur le champ individuel de son père, de sa mère, de son conjoint ou de lui- même. Toute cette complexité, souvent trop ignorée par l'encadrement agricole, doit être traduite de la façon la plus fidèle possible, avec présentation de typologies des organisations rencontrées, et en jaugeant le degré d'autonomie, au sein de l'exploitation, selon le statut de l'individu.

Dixon et al. (2001) classifient les systèmes d’exploitation agricoles des régions en développement selon les critères suivants:

 la disponibilité en ressources naturelles de base, comprenant l’eau, la terre, les parcours et les forêts;

 le climat, pour lequel l’altitude est un facteur déterminant;  la topographie, comprenant les pentes;

 la taille des exploitations, le régime foncier et l’organisation;

 le modèle dominant des activités agricoles et de subsistance des ménages, comprenant les cultures en champ, l’élevage, les arbres, l’aquaculture, la pêche et la cueillette, la transformation et les activités hors exploitation agricole; et prenant en compte les principales technologies utilisées qui déterminent l’intensité de la production et l’intégration des cultures, de l’élevage et des autres activités.

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A partir de ces critères, Dixon et al. (2001) distinguent huit principales catégories de systèmes d’exploitation:

 les systèmes d’exploitation agricoles irrigués, recouvrant une large gamme de cultures vivrières et de rente;

 les systèmes d’exploitation agricoles à base de riz aquatique, dépendant des pluies de la mousson complémentées par l’irrigation;

 les systèmes d’exploitation agricoles pluviaux des zones humides à haut potentiel de ressources, caractérisés par des activités agricoles (surtout les cultures de racines, les céréales et l’arboriculture industrielle aussi bien dans les plantations que dans les petites exploitations et l’horticulture commerciale) ou des systèmes mixtes agriculture- élevage;

 les systèmes d’exploitation agricoles pluviaux des terres en pentes et des hautes terres, qui sont souvent des systèmes mixtes agriculture-élevage;

 les systèmes d’exploitation agricole pluviaux des zones sèches ou froides à faible potentiel, où des systèmes mixtes agriculture-élevage et pastoraux se mêlent à des systèmes souvent dispersés de très faible productivité présente ou potentielle en raison de l’extrême aridité ou du froid;

 les systèmes d’exploitation agricoles dualistes (associant des grandes fermes commerciales et des petits exploitants) dans des écologies variées et avec des modèles de production divers;

 les systèmes d’exploitation agricoles basés sur la pêche artisanale côtière, souvent systèmes mixtes;

 les systèmes d’exploitation agricoles urbains, typiquement axés sur l’horticulture et l’élevage.