• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE 2. CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE

2.3. L’EVALUATION DES PERFORMANCES ECONOMIQUES DES

2.3.1. Evaluation des systèmes de cultures

Analyser le fonctionnement des systèmes de culture et évaluer leurs performances agronomiques est nécessaire pour comprendre les raisons pour lesquelles les agriculteurs les pratiquent. L’analyse des systèmes de culture ne peut cependant se limiter à ces deux premières étapes. Il est indispensable d’en évaluer la rentabilité. C’est-à-dire les résultats économiques que les agriculteurs peuvent espérer en tirer.

2.3.1.1. Le produit brut

Le produit brut (PB) est la valeur de toutes les productions finales obtenues au cours d’une période comptable ; elle comprend le montant des ventes, la valeur de la production consommée et les éventuelles variations d’inventaire. En d’autres termes, le produit brut

16

correspond à la valeur de la production, c’est-à-dire, aux quantités produites multipliées par le prix unitaire de chaque production.

Calcul du produit brut

PB = production x prix unitaire.

PB association=∑ (productions x prix unitaire de chaque produit)

Exemple: association haricot+maïs+ manioc: PB = (quantité récoltée de haricot x prix du haricot) + (quantité récoltée du maïs x prix maïs) + (quantité récoltée du manioc x prix manioc).

L’évaluation économique d’un système de culture doit, d’une manière générale, tenir compte de l’ensemble des cultures ou associations de cultures intervenant dans la succession intra- annuelle (les différentes cultures se succédant dans l’année) et dans la rotation (les cultures ou cycles de cultures tout au long de la rotation) et donc du nombre d’années n que comprend cette rotation.

PB= [ ∑ (productions x prix unitaire de chaque produit) en année 1 + =∑ (productions x prix unitaire de chaque produit) en année 2+…+ =∑ (productions x prix unitaire de chaque produit) en année n] / n

La différence avec les modes comptables classiques de calcul, notamment les notions de recettes et de marges, qui sont des ratios établis pour des cultures et non pour des systèmes de cultures, est que ces derniers tiennent compte de la complexité des facteurs mis en jeu dans le choix des agriculteurs et des interactions entre les cultures au sein d’un système, seuls les ratios s’appliquant à l’échelle de ces systèmes étant pertinents. D’où une rotation incluant cycles annuels de cultures et années de jachères, ces dernières doivent être prises en compte dans le calcul du produit brut du système de cultures ramené à l’unité de surface malgré que leur production soit nulle.

Pour nous permettre de comparer les produits de différents systèmes de culture, nous allons ramener le produit brut annuel à l’hectare ou par actif agricole (PB/ ha ou PB/ Actif agricole). Par exemple, une rotation d’une année de manioc et deux années de jachères, d’une durée égale à trois ans, le produit brut annuel moyen du système de culture, sur l’ensemble de la surface concernée, est:

PB= rendement du manioc x surface totale /3 x prix unitaire du manioc

D’où, le produit brut de ce système de culture ramené à l’unité de surface est donc:

PB/ha= rendement du manioc /3 x prix unitaire du manioc

Diviser le produit brut d’un hectare de manioc par trois rend compte du fait que deux hectares mis au repos sont nécessaires pour atteindre ce rendement.

17

2.3.1.2. Les consommations intermédiaires

Les consommations intermédiaires sont définies comme l’ensemble des facteurs de production qui sont totalement transformés au cours d’une période, c’est-à-dire, l’ensemble des biens et des services utilisés intégralement au cours d’un cycle de production. Dans le cas d’une culture, lorsque l’on parle de « biens », il s’agit des semences, des plants (s’ils sont achetés), des engrais, des pesticides, du carburant, etc. Les « services », quant à eux, correspondent aux travaux que l’agriculteur ne sait pas réaliser lui-même faute de savoir-faire ou d’équipement :

 le greffage par exemple pour une plantation pérenne, les soins vétérinaires pour un élevage, la location de la charrue, etc.

 Le concept de consommations intermédiaires s’applique à l’échelle du système dans sa globalité et non pas à l’échelle d’une espèce cultivée. Par exemple, on ne peut pas isoler les effets des engrais dans une association ou même dans une succession, et en affecter le coût à une seule espèce, étant donné les arrière-effets possibles.

Le montant annuel de consommations intermédiaires (CI) sera donc:

CI= ∑ (quantités de biens x prix unitaire de chaque bien) +∑ (quantité de services x prix de chacun d’eux)

Les intra-consommations sont des produits ou sous-produits qui ne sont ni vendus ni autoconsommés, mais utilisés pour une autre activité au sein de l’exploitation : fourrages, litières, céréales pour animaux, etc. Ces intra-consommations ne seront pas évaluées car elles apparaîtront en positif dans le produit brut et en négatif dans le calcul des consommations intermédiaires. Dans le cas très fréquent où les semences utilisées sont auto-produites (conservées de la récolte précédente), il convient également de leur affecter une valeur monétaire car l’agriculteur aurait dû les acheter (à leur prix à l’époque du semis) s’il ne les avait pas conservées.

2.3.1.3. Le calcul de la valeur ajoutée brute (VAB)

C’est la valeur que l’exploitation agricole a ajoutée, au cours d’une période comptable, à la valeur des éléments initiaux détruits (les consommations intermédiaires) grâce au processus de production/ transformation. Elle mesure le surplus que les exploitations agricoles ont ajouté à l’économie de la zone. A ce titre, elle est au cœur de toute étude économique s’intéressant au développement (Fabre, 1994). L’importance de chaque culture est fonction de sa valeur ajoutée. Ainsi l’évaluation de la VAB par rapport aux facteurs de production intervenus dans le processus de production, dont la terre, le travail et le capital, met les décisions de l’agriculteur en perspective car chaque opérateur économique cherche à maximiser la valeur ajoutée de son facteur de production le plus limitant.

VAB = PB – CI

La valeur ajoutée brute correspond à la différence de valeur entre ce que l’agriculteur achète ou consomme pour produire et ce qu’il vend (ou consomme) après le processus de production.

18

Cette différence de valeur correspond à la valeur qui a été ajoutée par le travail effectué lors du processus de production. Il s’agit donc d’une estimation de la richesse produite par le travail réalisé. Comme dans le cas du produit brut, on peut évaluer la VAB pour une culture ou une association de cultures, mais aussi pour un système de cultures incluant plusieurs cultures dans une rotation. Dans un système de culture fondé sur une rotation d’une durée de n années, la VAB s’obtient de la même façon que le produit brut.

VAB du SC = (VAB en année 1 du SC + VAB en année 2 du SC + …. +VAB en année n du SC) / n

Avec VAB en année 1 du SC = PB en année 1 du SC – CI en année 1 du SC.

Pour comparer des systèmes de culture sur le plan de la richesse produite par unité de surface, il est nécessaire de ramener la VAB à la quantité de terre nécessaire pour la produire :

VAB/ unité de surface= VAB totale produite par SC/ an / unité de surface consacrée au système

VAB/ unité de surface est appelée productivité de la terre, c’est donc un indicateur qui permet de comparer l’efficacité des systèmes de cultures, en particulier dans les situations de pénurie foncière.

Lorsque les agriculteurs travaillent eux-mêmes sur leur exploitation agricole avec leur famille, leur intérêt est avant tout de valoriser leur force de travail, de choisir les systèmes de cultures assurant une production de richesse élevée au regard du travail requis.

Dans notre étude concernant l’analyse de l’économie rurale des exploitations agricoles familiales de la Province de Kirundo, la terre n’est pas un facteur limitant. L’intérêt des exploitants agricoles de Kirundo pris dans notre étude de cas, sera de choisir des systèmes de cultures offrant une bonne production par rapport au travail investi.

La valeur ajoutée brute par unité de travail ou productivité brute de travail, se calcule en considérant l’homme-jour comme une unité de mesure de travail investi:

VAB/ h.j = VAB annuelle pour un système de culture sur une surface donnée/ temps de travail total requis par an sur cette même surface (mesuré en homme-jour).

Cette même productivité du travail correspond à la richesse obtenue pour chaque journée de travail qui est consacrée à un système de cultures donné. Ceci nous permettra de comparer ce que rapporte, en termes de création brute de richesse, une journée de travail consacrée à tel ou tel système de culture.

La rémunération brute du travail familial, ou marge brute, est calculée en retirant de la VAB totale le salaire des ouvriers qui ont travaillé dans le système de culture en question, et en ramenant la marge ainsi calculée au nombre de journées de travail familial (le nombre de jours de travail des membres de la famille dédiés au système de culture étudié).

Rémunération brute du travail familial = (VAB/an-total salaires versés /an) / temps de travail familial (mesuré en homme-jour).

19

La rémunération brute du travail familial est un bon indicateur de la rentabilité d’un système de culture aux yeux de la famille comparée à la rémunération brute du travail d’un ouvrier ou d’autres opportunités de travail dans la région.