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CHAPITRE 2. CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL DE LA RECHERCHE

2.1. DEFINITION DES CONCEPTS

2.1.3. Les systèmes de production

En économie rurale, Brossier (1987) donne trois principales définitions se rapportant aux systèmes de productions agricoles:

un premier type de définition se rapporte à l’exploitation agricole, il est centré sur la gestion (micro-économie): le système de production est la combinaison des facteurs de production et des productions dans l’exploitation agricole, l’exploitation étant définie comme l’unité «dans laquelle l’agriculteur pratique un système de production en vue d’augmenter son profit». On parle alors du système de production de tel ou tel agriculteur ou du choix d’un système de production en vue d’augmenter son profit.

Le deuxième type de définition insiste sur le caractère social, sur la stabilité et les changements des systèmes de production selon divers critères. Jouve (1992) définit le système de production agricole comme un ensemble structuré de moyens de production (travail, terre, capital) combinés entre eux pour assurer une production végétale et/ou animale en vue de satisfaire les objectifs et les besoins de l’exploitant ». En d’autres termes, s’intéresser au système de production revient à s’intéresser au fonctionnement et à la dynamique du sous- système de culture, du sous-système d’élevage et à la combinaison des deux sous-systèmes dans les exploitations (Cochet et Sophie, 2005). Par fonctionnement, on entend « l’enchaînement de prises de décision du producteur et de sa famille sous un ensemble de contraintes et d’atouts, en vue d’atteindre des objectifs qui régissent des processus de

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production et que l’on peut caractériser par des flux divers (monnaie, matière, information, travail, etc.) au sein de l’exploitation et avec l’extérieur » (Sébillotte, 1979).

Le troisième type de définition se réfère à une batterie de concepts qui s’emboîtent entre eux. Badouin (1987) réserve le terme système de culture et d’élevage à la combinaison des spéculations. Il utilise celui de système de production pour l’emploi des ressources productives (ou facteurs de production), et leur répartition. Quant au système d’exploitation défini par le mode de fonctionnement des unités, il se rapporte aux formes de propriété ou d’usage des facteurs de production (exemple : exploitation individuelle, utilisation de salariés, formes d’organisation du travail, type de commercialisation) et aussi à la manière dont sont répartis les produits du travail (niveau d’autoconsommation, parts respectives des investissements et de la rémunération du travail, ...). Baudouin (1998) montre que dans les régions d’agriculture moderne, les systèmes culturaux se caractérisent très souvent par quelques spéculations dominantes, des rotations simplifiées, des itinéraires techniques bien standardisés et des pratiques culturales très homogènes. La situation est très différente sous les tropiques où on observe sur une même exploitation et dans le temps, que se succèdent, parfois sans ordre apparent, des associations culturales entre espèces divergentes, des mélanges variétaux sans cesse recomposés et des jachères, le tout formant des structures de peuplements diversifiées et hétérogènes, mettant en jeu des interactions nombreuses entre la plante, le sol, l’eau, la lumière, sans oublier les facteurs socio-culturels. Donc, les systèmes de cultures multiples occupent de larges places dans les régions tropicales. Jugés trop hâtivement archaïques par certains techniciens du développement, de tels systèmes sont au contraire bien adaptés aux faibles ressources disponibles localement et répondent bien de manière dynamique à plusieurs objectifs, entre autres : l’équilibre nutritionnel, la réduction de risques, la complémentarité écologique et surtout l’utilisation optimale d’un espace cultivable restreint.

Cochet (1996) quant à lui montre que les agriculteurs burundais réalisent différents types de labours et travaux du sol superficiels : défonçage, labour profond, labour superficiel, enfouissement ou recouvrement des semences, curage des canaux de drainage dans les bas- fonds, sarclage, buttage, etc. Malgré la faible diversité de l’outillage (la grande houe sortie des usines chinoises est le seul outil disponible) et les efforts considérables que ces travaux exigent, les agriculteurs font preuve d’une préoccupation constante pour la récupération de la biomasse disponible et le maintien de la fertilité de leurs sols. L’ancienneté de ces pratiques d’élevage et de labour, pour ne citer que ces deux exemples, ne signifie pas que l’agriculture burundaise n’a pas connu, durant les dernières décennies, de profondes transformations. En l’absence quasi totale de nouveaux moyens de production (en particulier d’origine industrielle : engrais, produits phytosanitaires), ces changements sont largement dus à la capacité d’innovation des agriculteurs et à leur savoir-faire, en particulier en ce qui concerne la gestion d’une biomasse devenue de plus en plus précieuse. Ils ont permis à la production agricole de croître au même rythme que la population et de préserver l’autosuffisance alimentaire du pays. Outre l’extension des surfaces assolées au détriment des pâturages, ces transformations relèvent surtout d’une intensification remarquable (en travail) des systèmes de culture : multiplication des cycles de culture sur une même parcelle, complexification progressive des associations et successions de cultures, complantation d’arbres dans les

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parcelles de cultures vivrières et dans les caféières (Grevillea robusta), développement considérable de la bananeraie (Cochet, 1993; Cochet, 2010).

Le fonctionnement de tout système de production individuel est fortement influencé par l’environnement rural extérieur (politiques, institutions, marchés et liens avec l’information). Les exploitations agricoles sont non seulement étroitement liées à l’économie hors exploitation par les marchés des produits et du travail, mais les économies rurales et urbaines sont aussi fortement interdépendantes. Par exemple, comme indiqué ci-dessus, il est très courant que les ménages des petites exploitations agricoles tirent une part importante de leurs revenus, souvent 40 pour cent ou plus, d’activités hors exploitation. Les femmes et les hommes des exploitations agricoles sont aussi liés aux communautés rurales et aux réseaux sociaux; ces liens sociaux influent la conduite des exploitations familiales (Cochet, 2001).

2.2. TYPES D’AGRICULTURE FAMILIALE SELON LEUR INTEGRATION AU