• Aucun résultat trouvé

ne synthèse rapide du contexte spécifique à la natation sportive montre que, globalement, la natation est un sport jeune, il faut commencer à l’âge de 8 à 10 ans et suivre un minimum de 2 à 3 séances par semaine dès le début. La carrière du nageur est relativement longue (10 à 15 ans) et pour progresser de façon optimale le nageur doit voir sa charge d’entraînement croître progressivement depuis ses débuts jusqu’à l’âge de 18-20 ans (jusqu’à 20 séances par semaine à certaines périodes pour les nageurs orientés vers le demi fond). La période de réalisation compétitive ne commence réellement qu’à 14-15 ans, soit 4 à 5 ans après avoir débuté. La réussite en compétition est clairement marquée par la réalisation d’une performance minimale impérativement à des dates fixées à l’avance.

Il apparaît ainsi essentiel, dans la recherche de la performance maximale lors des compétitions majeures, que le niveau d’adaptation du nageur soit maximal et son niveau de fatigue minimal. La relation entre la charge d’entraînement et la capacité de performance n’est pas linéaire mais plutôt en forme de U inversé [59,314]. Il existe un seuil individuel à partir duquel toute augmentation de la charge ne se traduit plus par une amélioration de la performance, mais par une stagnation [117,234], puis une diminution. Cette dernière peut être provoquée par une fatigue aiguë liée à la charge d’entraînement et à d’autres facteurs de stress

[206], mais également par une fatigue chronique due également à la charge d’entraînement et à d’autres facteurs de stress [206]. Meeusen et coll. (2006) [242] identifient ces deux types de fatigue comme un dépassement (over-reaching) « fonctionnel », recherché par les entraineurs se caractérisant par une réduction de la performance, qui doit permettre un rebond de la performance après une période de récupération adaptée [144,189] et un dépassement « non fonctionnel ». Alors que dans le premier cas, la récupération de la capacité de performance nécessite plusieurs jours à plusieurs semaines, dans le deuxième cas, la récupération du niveau initial est beaucoup plus longue et nécessite plusieurs semaines à plusieurs mois. Si l’équilibre entre une charge d’entrainement et une récupération adaptée demeure perturbé, une réponse anormale peut se produire et un état de dépassement (OR) peut se développer. Cet état de dépassement à court terme peut être appelé dépassement fonctionnel (FOR). Quand l’entraînement intensif se poursuit, les athlètes peuvent évoluer vers un état de dépassement extrême ou dépassement non fonctionnel (NFOR) qui conduira à une stagnation ou une dégradation de la performance. Le maintien de ce déséquilibre induirait un syndrome de

Synthèse et Perspectives

38

surentraînement (OTS) caractérisé par une dégradation de la performance qui nécessiterait des mois de récupération [245]. Les entraineurs ont ainsi recours à une organisation de l’entraînement caractérisée par une succession de phase d’entraînement intense et de phase de récupération avant une compétition. Les limites, entre la charge d’entraînement optimal, le désentraînement et le surentraînement, sont assez étroites et le passage d’un état à un autre peut se faire très rapidement. Ainsi l’optimisation de la charge d’entraînement apparaît comme une tâche loin d’être aisée pour l’entraîneur du fait d’une absence de signes cliniques permettant de diagnostiquer un état de surentraînement sans risque de se tromper. De même, bien que l’ajustement de la période de surcharge soit relativement complexe, l’ajustement de la période d’affûtage est tout aussi délicate puisque la réduction ne doit être ni trop faible pour permettre à la fatigue de diminuer, ni trop importante pour ne pas compromettre les adaptations et induire le désentraînement. Face aux multiples possibilités d’intervention sur les caractéristiques de la charge d’entraînement spécifique à la période considérée et malgré l’évaluation objective de facteurs limitant de la performance, l’entraîneur s’appuie encore principalement sur son intuition et son expérience pour faire le choix qui lui paraitra le meilleur.

Les recherches sur le suivi de l’entraînement se sont orientées vers l’étude de marqueurs biologiques dont le dosage, cependant, reste, à la fois, couteux, complexe et difficile à mettre en place de façon routinière. Depuis quelques années, des études longitudinales [128] et transversales [199] se sont intéressées au rôle de l’activité du Système Nerveux Autonome (SNA) dans la performance mais également à ses réponses aux variations de la charge d’entraînement [296,302,374]. Pour ce faire, la variabilité de la fréquence cardiaque est apparue comme un outil d’analyse non invasif de l’activité du SNA [4,296,354].

Différentes études ont analysées les réponses du système nerveux autonome à la charge d’entraînement et son implication dans la performance et la récupération. Les résultats obtenus démontrent la pertinence du choix de cet outil dans le suivi régulier des sportifs. De même, la modélisation des effets de l’entraînement sur la performance, qui fait l’objet d’études scientifiques depuis bientôt 40 ans (et les premiers travaux sur la question de Banister [23]), apparaît comme un outil objectif pour paramétrer au mieux les périodes d’entraînement. La formulation mathématique de ce modèle repose sur l’hypothèse selon laquelle la performance est la différence entre le niveau d’adaptation et le niveau de fatigue. La fatigue semble ainsi se situer au cœur de la problématique de l’entraînement et sa gestion semble incontournable dans le succès des programmes d’entraînement. Ainsi, l’utilisation combinée de la modélisation mathématique et de l’activité du SNA apparaît comme un moyen

Synthèse et Perspectives

précis, objectif et non invasif de suivi quotidien de l’entraînement et de prédiction de la performance.

40