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Modification du SNA et de la variabilité RR au cours des cycles d’entraînement 84

Chapitre 3. Activité du SNA, entrainement et performance

3.1. Intérêt de la mesure de l’activité du SNA pour le suivi de l’entraînement

3.2.3. Modification du SNA et de la variabilité RR au cours des cycles d’entraînement 84

Deux types d’adaptation du SNA à l’exercice peuvent être mis en évidence. Le premier type d’adaptation, à court terme, dont les répercussions s’étendent de quelques secondes à 24 heures [123,263], reflète l’intervention du SNA au cours de l’exercice et la phase de récupération et se caractérise par un retour aux valeurs basales pré-exercice après la récupération. Un deuxième type d’adaptation, à long terme, de quelques jours à plusieurs années [340] reflète les changements du niveau de réglage basal du SNA en réponse à un entraînement.

Il existe plusieurs évidences de l’implication forte de la variabilité RR en réponse à un exercice physique et à un cycle d’entraînement. En effet, la variabilité RR est associée à

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V O2 max et plus précisément, une forte variabilité RR traduisant une activité parasympathique importante, est associée à une

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V O2 max élevée [199].

Chez les sportifs de haut niveau, l’entraînement amène l’activité du SNA, et plus particulièrement son bras parasympathique, à un niveau important. Le problème réside dans la détermination de la charge optimale de travail, suffisamment importante pour induire une adaptation et une surcompensation, sans être trop importante pour éviter un dépassement non fonctionnel et risquer un syndrome de surentraînement.

Deux études récentes ont montré des variations significatives des paramètres de la variabilité RR lors des cycles d’entraînement chez des athlètes de haut niveau [295,373]. Alors que chez des triathlètes surmenés l’activité parasympathique semblerait augmenter lors des phases d’entraînement intense [218], d’une manière générale, les résultats montrent une baisse

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progressive de l’activité parasympathique et une modification de la balance sympathico-vagale vers une prédominance de l’activité sympathique pendant trois semaines d’entraînement intensif suivie d’une remonté de l’activité parasympathique et un rééquilibrage de la balance pendant la semaine de récupération. L’étude de Pichot et coll. [296] a montré que ces variations pouvaient atteindre 41% pour certains indices de la variabilité RR contre seulement 10% de variation pour la fréquence cardiaque. Ces études n’ont été réalisées que dans le cadre de surentraînement court terme (over-reaching) et ont néanmoins montré des variations importantes de certains paramètres. On peut donc supposer que des variations plus amples devraient être observées lors d’une surcharge à long terme et qu’il doit exister des seuils de variabilité en dessous desquels l’athlète risque d’atteindre une phase critique de surentraînement, s’il n’effectue pas une période de repos.

Ces variations des paramètres de la variabilité RR au cours des cycles d’entraînement ont été explorées à l’échelle du groupe, cependant, il est primordial de retenir que ces fluctuations, témoins de l’état de forme, sont très individuelles. Les indices de variabilité RR permettent de suivre individuellement l’état de forme de l’individu [128]. Une étude réalisée sur des nageurs a permis de mettre en exergue l’association très individuelle entre d’une part l’activité autonome et la performance et d’autre part, le gain d’activité autonome après affûtage et le gain de performance [128].

3.2.4. Entraînement intensif et surentraînement

Le succès d’un programme d’entraînement repose sur l’alternance de périodes de surcharge et de récupération avec des gains de performance maximisés lorsque la période d’affûtage est précédée par une période d’entraînement intense [362,363]. Lors de l’intensification des charges d’entraînement, l’athlète sera exposé à la fois à des sensations de fatigue plus importantes ainsi qu’à une diminution de son niveau de performance. La combinaison de cette fatigue et d’une récupération adéquate devrait être suivie par une adaptation positive et un gain de performance. Cependant, si la balance entre la charge d’entraînement et la récupération est déséquilibrée, la relation dose-effet peut être modifiée et un état de surmenage, tout d’abord, et de surentraînement, ensuite, peut se développer [242]. La différence entre le surmenage et le surentraînement réside plutôt dans le temps nécessaire à la récupération du niveau de performance que dans la durée de l’entraînement intense [145]. Le terme « surentraînement » est souvent utilisé dans la littérature et bien souvent sa définition reste floue et peut se confondre avec surmenage, « burnout », lassitude…

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Surentraînement : Accumulation de charge d’entraînement et de contraintes induisant une diminution durable de la capacité de performance avec ou sans symptômes physiologiques et psychologiques, pour laquelle la restauration de la capacité de performance peut nécessiter de quelques semaines à quelques mois [206].

Surmenage : Accumulation de charges d’entraînement et de contraintes induisant une diminution transitoire de la capacité de performance avec des symptômes physiologiques et psychologiques, pour laquelle la restauration de la capacité de performance peut nécessiter de quelques jours à quelques semaines [206].

L’étude des indices relatifs à l’activité du SNA dans la prévention du surentraînement revêt un intérêt marqué. Bien que le surentraînement ait fait l’objet d’abondantes recherches

[81,121,168,209,313], il n’en demeure pas moins difficile à diagnostiquer de manière précise du fait notamment du manque d’outils de diagnostic appropriés [372]. De plus, les données expérimentales sur le surentraînement sont difficiles à accorder et la référence au modèle proposé par Israël [185], qui distinguait deux formes de surentraînement, l’une sympathique et l’autre parasympathique, complique le débat sur le sujet. Dans des situations de surentraînement et de surmenage des hausses de Fréquence Cardiaque de repos (FCrep) de 5 à 10 bpm ont été rapportées [189]. Cependant au cours d’un suivi longitudinal, aucune différence de FCrep n’a été observée [169]. L’analyse combinée de la variabilité de la fréquence cardiaque et de la FCrep a rapporté une absence de modification de FCrep à une augmentation de la modulation sympathique [373]. En période de surcharge, une augmentation de la FCrep associée, à la fois, à une diminution de la modulation vagale et à une augmentation de la modulation sympathique, a été observée [180,295]. Hedelin et coll. (2000) [156] ont suivi neuf canoéistes avant et après un protocole d’entraînement caractérisé par une augmentation de 50% de la charge d’entraînement pendant six jours. Les fréquences cardiaques à des intensités sous maximale et maximales étaient diminuées de 5 à 8 battements par minutes du fait probablement de l’hypervolémieinduisant une augmentation du volume d’éjection systolique et un maintien du débit cardiaque avec un rythme cardiaque inférieur. Cependant ces changements de fréquence cardiaque n’étaient pas accompagnés de différences significatives sur le plan des paramètres de la VFC. Selon ces auteurs, cela s’expliquerait, à la fois, par une durée de la période de travail intense trop courte pour induire des changements au niveau de la VFC et des caractéristiques individuelles amorties par la prise en compte du groupe. Portier et coll. (2001) [302] ont étudié 8 coureurs à pied après une période de récupération de trois semaines et après douze semaines d’entraînement intense en endurance. Bien que les athlètes

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n’ont pas été entrainés jusqu’au surentrainement, les résultats montrent une diminution de 18% du contrôle vasomoteur sympathique et démontrent la pertinence de l’analyse spectrale de la variabilité RR dans la mise en évidence des modifications de la balance autonomique, et dans la détection d’un état de fatigue pouvant conduire au surentraînement. Ces résultats sont confirmés par Pichot et coll. (2000) [295] qui ont étudié l’activité du SNA chez 7 coureurs de demi-fond âgés de 24,6 ± 4,8 ans au cours d’un cycle d’entraînement composé de trois semaines d’entraînement intense suivi d’une semaine de relative récupération. Au cours de cette étude la VFC a été analysée en utilisant la transformée rapide de Fourier et la transformée en ondelettes. Leurs résultats confirment que l’entraînement intense conduit à une prédominance de l’activité orthosympathique sur l’activité parasympathique. Les résultats des enregistrements nocturnes de VFC démontrent que la VFC nocturne est, à la fois, un outil pertinent d’évaluation de la fatigue cumulée, de prévention du surentraînement et d’optimisation en fonction des profils individuels d’entrainement.