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3.4. Estimation actualisée des ressources

3.5. Synthèse et perspectives économiques

La présente réévaluation des ressources potentielles, à l’aide d’outils modernes de modélisation 3D et de méthodes géostatistiques, est basée sur les données historiques disponibles à ce jour, sur les connaissances géologiques du gisement et le contexte géologique. Elle a permis de mieux contraindre la géométrie de la minéralisation pour ce type de gisement. Elle correspond à une succession de lentilles riches dont l’extension latérale varie entre 25 m et 120 m, entrecoupées de zones stériles de 50 à 80 m d’extension latérale (branche principale). Ce type de morphologie est couramment observée dans les gisements de type filonien à antimoine, à or (type or orogénique) ou dans les filons à tungstène et/ou étain de type péri-granitique. Les zones stériles correspondent au passage de failles tardives (N150-160°E ; N120°E et N75°E), dont les cinématiques sont supposées dextres. Elles arrêtent et/ou décalent les corps minéralisés avec un rejet latérale pouvant aller jusqu’à 35 m. Ces failles sont importantes pour comprendre la géométrie actuelle du gisement et ses possibles extensions.

Il a aussi été montré que les 9 colonnes minéralisées sont ouvertes en aval-pendage, l’allongement vertical des colonnes est contrôlé par un pitch de 50-80° SW qu’il convient de suivre pour trouver leur prolongement en profondeur. Les facteurs contrôlant ce pitch restent encore à éclaircir. Les travaux historiques ont montré que la nature de l’encaissant joue un rôle important

172 dans le degré d’ouverture de la structure filonienne qui serait, bien développé et plus continue dans les grauwackes massifs que dans les lithologies schisteuses (géométrie en pinch and swell ?). Ces contacts lithologiques pourraient avoir guidé la mise en place de la minéralisation. Les mesures de stratification et schistosité disponibles sur le secteur (Fig. 91) montrent qu’elles sont très proches l’une de l’autre (S0-1) et semblent contredire cette hypothèse. Elles ont une direction NW-SE constante et ne montrent qu’un faible pendage de 20-35° vers le SW qui est insuffisant pour expliquer le pitch élevé des colonnes.

La nouvelle estimation a permis de quasiment doubler le potentiel théorique en antimoine du gisement des Brouzils par rapport aux estimations historiques, avec un potentiel de l’ordre de 338 866 t de minerai @ 5,35 % Sb équivalent à 18 144 t de Sb métal en reprenant la valeur historique du cut-off de 2 % Sb. Après soustraction du tonnage en Sb métal déjà exploité (895 t Sb métal), les ressources en terre estimées seraient de l’ordre de 17 249 t Sb métal contenues dans la tranche des 80 premiers mètres et réparties sur une structure d’un peu plus d’un kilomètre de long. Ces travaux permettent de classer les Brouzils en tête des projets miniers français pour l’antimoine. Cette augmentation est en grande partie due au fait que l’estimation réalisée dans cette étude a aussi pris en compte les faibles teneurs (entre 0,01 et 1,5 % Sb) ce qui n’avait pas était le cas lors de l’évaluation historique. Il est difficile d’évaluer avec précision ce que pourrait être le cut-off actuel car cela demanderait une étude plus poussée. Par analogie avec des gisements actuellement en exploitation et par rapport à l’augmentation du cours de l’antimoine, il est possible qu’il puisse être abaissé. Cela permettrait la prise en compte du minerai à faible teneur, qui correspond au faciès d’encaissant hydrothermalisé, brèchifié et stockwerk de quartz à stibine, lors de futures campagnes d’exploration et des futures estimations de ressources plus détaillées. Sa prise en compte permettrait d’ajouter un volume important de minerai potentiellement valorisable. L’interpolation de l’ensemble du gisement a été dicté par les caractéristiques structurales de la branche principale. Pour améliorer cette estimation il serait judicieux de refaire la méthodologie séparément sur chacune des branches afin de respecter au mieux les caractéristiques structurales propres à chacune. Cette étude n’a pas été réalisée par manque de temps.

Il convient de préciser que l’estimation effectuée est une estimation de ressources potentielles et non un calcul de ressources détaillées. Elle représente une hypothèse de travail basée sur l’interprétation des documents historiques et des connaissances géologiques disponibles à ce jour, et à ce titre ne possède pas une valeur absolue. Cette estimation intervient en début du cycle d’exploration est a pour but de faire un état des lieux des potentialités économiques de ce projet, ainsi que d’améliorer la connaissance sur le gisement pour de futurs travaux d’exploration ou d’estimation plus détaillés. Par ailleurs ces ressources peuvent être classées dans la catégorie des

173 ressources inférées suivant les normes sur la certification des ressources et réserves (norme NI-43-101 du code canadien ou australien JORC) communément admise par la communauté internationale. Le facteur limitant étant l’absence de mise en place d’un protocole de QA/QC moderne lors des campagnes d’exploration dont proviennent les données utilisées. Par ailleurs, aux vues de la forte variabilité des teneurs, la maille de sondage ne semble pas optimale pour contraindre avec précision l’évolution des teneurs sur ce type de gisement, ce qui a soulevé des incertitudes au cours de l’étude variographique (portée calculée proche de celle de la maille de sondage utilisée) et donc par conséquence sur l’estimation des ressources. Par conséquent, les ressources définies dans cette étude ne pourront donc pas intervenir, à ce stade, dans un calcul de réserve qui prend en compte seulement les ressources dites « mesurées » et « indiquées » qui possèdent un degré de certitude plus élevé.

Le couple tonnage / teneur réestimé a pu être comparé avec celui d’autres projets en cours d’exploration ou d’exploitation de gisements à Sb de type filonien, comparables d’un point de vue morphologique (Fig. 90). Le gisement des Brouzils possède un tonnage faible comparé aux autres projets, mais se classe parmi les plus riches en teneur. Il se place devant des projets actuels d’exploration (Lake-Georges, Goynuk), mais aussi devant des gisements appartenant à de grands districts antimonifères comme celui de Costerfield en Australie, et renforçant l’intérêt pour ce sujet. A cela il convient d’ajouter que les ressources des Brouzils sont estimées sur les 80 premiers mètres de profondeur, alors que les mines actives de la province de Murchison (Afrique du Sud) comme Gravelotte, Athens, Beta et Monarch (Fig. 90) sont exploitées au-delà de 1 km de profondeur. Ces considérations ainsi que l’ouverture des colonnes en aval pendage sont des arguments forts qui confirment la continuité au-delà de 100 m de profondeur de la minéralisation, augmentant significativement son potentiel économique. L’importante anomalie Sb (> 10 à 50 ppm Sb) de plus d’1,5 km de long dans les sols situés au nord du gisement (Fig. 91), jusqu’au lieu dénommé la Guère, laisse supposer la présence de colonnes minéralisées en profondeur encore inconnues dans cette zone. Si ces hypothèses sont confirmées lors de la campagne d’exploration, cela pourrait contribuer à augmenter considérablement le potentiel économique du gisement des Brouzils pour le faire entrer dans la catégorie des gisements de classe mondiale (> 30 000 t Sb métal), ce qui en ferait une cible très attractive sur le plan international. La présence de métaux valorisables comme l’or peut aussi faire augmenter significativement la valeur économique du gisement.

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Figure 90 : Graphique tonnage en fonction de la teneur de quelques projets d’exploration et mines actives de type gisement à antimoine filonien et comparaison avec les Brouzils (données provenant des sites des compagnies minières).

Des travaux d’exploration par sondages profonds apparaissent nécessaires pour mieux contraindre la géométrie des corps minéralisés, évaluer leurs continuités notamment en profondeur et valider avec un meilleur degré de confiance la présente estimation des ressources. En parallèle l’exploration tactique (géochimie sol au bedrock et méthodes géophysiques type résistivité ou VLF) de la zone nord du gisement permettrait de mieux évaluer les potentielles extensions latérales dans cette zone, ainsi que la relation géométrique et structurale avec les indices et le gîtes à Sb(Au) de la Télachère situés à 2 km au NE dans le prolongement de la Branche principale des Brouzils (Fig. 91).

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Chapitre IV

Le district à or et antimoine