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4.2. Evolution au cours du temps de mix historiques

4.2.1. Matériel et méthodes

4.2.2.1. Synthèse des résultats

L’étude des mix de production électrique des pays sélectionnés au cours du temps permet de dégager les conclusions présentées dans le Tableau 4.2. Il apparaît que la plupart des pays étudiés n’ont pas connu de transition entre 1960 et 2011. Quelques changements temporaires de groupe, comme par exemple pour la Suisse, sont le plus souvent le résultat d’un besoin d’augmentation de la production pour répondre à une demande croissante, mais ne rentrent pas dans les mécanismes de transition sur le long terme. Seuls trois pays parmi ceux sélectionnés ont connu une transition :

la France : transition du Gr3 au Gr2 (TR2) avec une forte insertion de nucléaire à partir des années 70,

l’Allemagne : transition du Gr4 au Gr3 (TR3), avec insertion de nucléaire,

le Danemark : transition du Gr4 au Gr3 (TR3), avec insertion de renouvelables intermittents (éolien).

Les résultats concernant ces 3 pays sont détaillés dans la partie suivante. Le détail des résultats concernant les autres pays étudiés se trouve en Annexe C.1.

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Tableau 4.2 : Synthèse des résultats de l’étude de l’évolution des mix de production électrique des pays sélectionnés.

Pays Groupe de la typologie (2012) Transition en historique ? Transition prévue en prospective ? Retenu pour une modélisation de la transition ? Evolution de la demande Commentaire

Norvège 1 Non Non Non

Pays à forte production hydraulique. Une forte présence de la ressource hydraulique et l’organisation du Nord Pool permet de ne pas supposer une modification de groupe (la diversification viendra de l’import d’électricité d’autres pays).

Suisse 1 Oui Non Non

Pays hydraulique puis hydraulique et nucléaire, avec un passage temporaire dans le groupe 2 est issu d’une augmentation de la part charbon sur quelques années. On peut émettre l’hypothèse d’un « creusement » précédent l’insertion du nucléaire.

France 2 Oui Oui Oui Cf. 4.2.3.1

Canada 2 Non ? Non

Pays typique du groupe 2, avec une réduction de la part charbon au profit du gaz, permettant de conserver une baisse des émissions de GES. La forte demande pourrait être un frein à une transition vers le groupe 1 en prospective.

Brésil 2 Non ? Non Pays typique du groupe 2, la forte part d’hydraulique et le développement des

renouvelables permettra de conserver le pays dans ce groupe.

Allemagne 3 Oui Oui Oui Cf. 4.2.3.2

Danemark 3 Oui Oui Oui Cf. 4.2.3.3

USA 3 Oui/Non Non Non

Pays dans la zone de transition du groupe 4 à 3 depuis les années 60. Les politiques actuelles laissent à supposer peu de changement dans le mix, tout du moins aucune transition.

Russie 3 Non ? Non

Pays typique du groupe 3. L’effort de changement pour passer dans le groupe 2 nécessiterait une dynamique similaire à celle de la France dans les années 70, ce qui n’est pas envisagé en prospective.

Pologne 4 Non ? Non

Pays avec une production très forte en charbon. L’insertion des renouvelables et du gaz pourrait laisser supposer une baisse des émissions GES, mais la transition vers le groupe 3 nécessiterait la même dynamique que celle initiée par le Danemark.

Chine 4 Non ? Non

Pays à demande de production exponentielle, qui conserve une stabilité dans ses émissions de GES. L’insertion progressive de nucléaire et d’hydraulique devrait permettre de conserver une production forte sans pénaliser encore plus les émissions GES.

Inde 4 Non ? Non

Pays en voie de développement, qui connaît une augmentation de ses émissions GES due à une demande de production électrique en augmentation assurée par des moyens fossiles. Il pourrait constituer un cas d’étude intéressant si un développement des renouvelables y est initié en prospective.

75 # 6 C , D E F + G " 1$$"& # " H "& E I8 I8 3 3 3 3

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4.2.3. Etude des transitions : cas de la France, de l’Allemagne et du

Danemark

La composition du mix est exprimée sur les graphiques Figure 4.1 en proportion de la production totale pour chaque année, et par type de ressource primaire.

4.2.3.1. France

Le graphique de la France en Figure 4.1 permet d’observer deux phénomènes : une première modification du mix avec insertion du nucléaire dans les années 1970 et l’insertion de gaz et de renouvelables à partir des années 2000, faisant passer la France du Gr3 au Gr2. L’insertion de nucléaire a été réalisée sur un pas de temps court, c’est-à-dire moins de 10 ans. Les émissions GES du mix se trouvent très vite dans la zone de transition TR2 à partir 1980. A cette date, la composition du mix est de 15 % de nucléaire et 85 % d’hydraulique et fossile. En 1984, la composition du mix s’inverse : environ 70 % de nucléaire, et 30 % d’hydraulique et fossile composent le mix. Une augmentation de la part de charbon précédant la très forte croissance de nucléaire est par ailleurs observable en 1976. Ces changements apparaissent dans la littérature comme une volonté d’indépendance énergétique et de sobriété .

La rapidité de changement de groupe (Gr3 au Gr2) observée dans ce cas est très spécifique, et n’a pas été constatée pour d’autres pays. De plus, le nucléaire n’a pas mis 40 ans à devenir majoritaire . Il ne semble donc pas possible d’établir de conclusions générales sur les transitions TR2 à partir de ce cas. De plus, certaines analyses récentes comme l’exercice

prospectif de l’ADEME en 2012 , envisagent des scénarios écartant le nucléaire.

Ainsi, il faudrait étudier d’autres cas d’évolution de mix en transition TR2 pour évaluer les changements génériques associés à ce type de transition.

4.2.3.2. Allemagne

Ce cas illustre une transition du Gr4 au Gr3 à partir des années 1980, effectuée par insertion de nucléaire conjugué à du gaz, aussi décrit Figure 4.1. Ce changement est identifié dans la littérature comme une réponse au choc pétrolier de 1973 . Cette dynamique est aussi issue depuis les années 80 de l’Energiewende, politique énergétique environnementale qui propose une croissance de production sans pétrole ni uranium . En termes d’émissions GES l’Allemagne n’est toujours pas sortie de la zone de transition TR3 en 2011, car la part de charbon dans le mix représente encore plus de 45 % de la production.

4.2.3.3. Danemark

Le Danemark, Figure 4.1, présente une transition du Gr4 au Gr3 reposant uniquement sur la croissance des renouvelables intermittents. Alors que son mix était composé exclusivement de source fossile jusque dans les années 1990, le Danemark est sorti de la zone de transition TR3 en 2011. La transition est opérée par l’insertion de 5 % de renouvelables et 20 % de gaz. Le pays est resté dans TR3 une dizaine d’années, puis à partir de 2000, la part de gaz diminue au profit des renouvelables intermittents, particulièrement l’éolien. Ce changement provient de la politique environnementale développée depuis les années 70 (Dansk Energipolitik, puis Energiplan81), qui a connu un renforcement de ses objectifs en termes d’énergies renouvelables à partir des années 1990 (Energi2000) . Cette politique a été la première mondiale sans nucléaire dans ses projections.

77 Les résultats sur l’Allemagne et le Danemark suggèrent que les transitions TR3 impliquent le plus souvent du gaz, mais aussi d’autres technologies peu émettrices, comme les renouvelables ou le nucléaire. La durée de la transition semble être fortement dépendante du pays considéré.