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Etude Analytique

IV. Albumine Introduction

3. Synthèse Et Catabolisme De L’albumine:

Dans les conditions physiologiques, l’albumine est synthétisée de façon constante et régulière uniquement au niveau hépatocytaire (10_15 g/j), elle représente environ 10% de la synthèse protéique hépatique totale. Son espace de distribution est représenté par l’espace plasmatique (30 % à 40 % de l’albumine synthétisée) et l’espace extravasculaire. Moins de 2 g sont stockés au niveau hépatique, la majorité se situant dans l’espace vasculaire. Le reste du pool se trouve au niveau des tissus tels que les muscles et la peau. L’albumine quitte le

plasma a un rythme de 5g /h et retourne dans le compartiment vasculaire via le système lymphatique. Sa synthèse est régulée essentiellement au niveau transcriptionnel grâce a des protéines régulatrices au niveau de son promoteur(121). De nombreux facteurs, parmi lesquels l’insuline et les glucorticoïdes, interviennent dans cette régulation. Néanmoins, le taux plasmatique d’albumine et la pression oncotique sont les éléments majeurs de la régulation de son expression. Plus de 40 à 60 % de l’albumine est dégradée dans le muscle, le foie et les reins. Cet ensemble assure en permanence le maintien de l’homéostasie.

4. Propriétés Biochimiques De L’albumine :

4.1. Propriétés de ligand et protéine de transport:

Dans les conditions physiologiques, l’albumine est capable de se lier à un grand nombre de composés endogènes ou exogènes (molécules de bas poids moléculaire, peptides et protéines), en raison du grand nombre de domaines qu’elle arbore et de la modulation de sa conformation tridimensionnelle. L’albumine subit des changements de conformation (isomérisation) en fonction du pH et de la présence d’effecteurs allostériques. L’ensemble des peptides et protéines liés à l’albumine est appelé « albuminome » ; 35 protéines, dont l’angiotensinogène, les apolipoprotéines, l’hémoglobine, le plasminogène, la prothrombine, la transferrine, sont liées à l’albumine (122). Du fait de son abondance dans le plasma, l’albumine est responsable de la pharmacocinétique et de la pharmacodynamie de nombreux médicaments comme la warfarine, l’ibuprofène..., et en régule la biodisponibilité. La fraction liée à l’albumine peut aller jusqu’à 90 %,ce qui explique que l’augmentation d’un ligand endogène de l’albumine (comme l’hème ferrique au cours d’une anémie hémolytique) peut être responsable d’une libération

plasmatique massive de la molécule pharmaceutique, pouvant conduire à des surdosages médicamenteux (123). L’albumine constitue le principal transporteur des acides gras à chaîne longue, grâce à neuf sites de liaison (FA1 à FA9). Ces sites peuvent également accueillir d’autres ligands, comme l’hème, la bilirubine et les porphyrines pour le site FA1 (123).

4.2. Propriétés antioxydantes:

Il existe un équilibre permanent entre une production radicalaire faible ou limitée et des propriétés antioxydantes assurées en partie par les protéines captrices de faible réactivité permettant l’équilibre redox. Quand cet équilibre est rompu, soit par une majoration accrue des espèces radicalaires soit par une baisse de l’activité antioxydante, un stress oxydant s’installe. Ce stress oxydant provoque de nombreux dommages cellulaires (lipides, protéines et acides nucléiques), puis tissulaires. Ce mécanisme est observé dans de nombreuses circonstances pathologiques comme les maladies dégénératives, le cancer, le vieillissement, les maladies auto-immunes, le diabète, l’athérosclérose, l’ischémie -reperfusion et le sepsis. L’albumine participe largement au maintient de cet équilibre redox endogène, et ce rôle pourrait lui donner une place particulière dans des conditions ou l’équipe redox est rompu.

Figure 30: Effets potentiels de l’albumine sur la dysfonction endothéliale du choc septique.

a. Fixation des espèces radicalaires :

Cette propriété est principalement assurée par le groupement thiol situé sur le résidu cystéine en position 34 (-Cys-34) (124) et représente plus de 80% de l’activité thiol plasmatique. Les espèces radicalaires telles que le peroxyde hydrogène et le peroxyde nitrite oxydent la Cys-34, produisant un acide sulfénique (Alb-SH), formation intermédiaire des disulfides (125) Ces dernières appartiennent au cycle redox de l’albumine, permettant de restaurer sa capacité antioxydante 10 . l’albumine peut également jouer un rôle antioxydant in vivo par sa capacité à fixer (site I) et à transporter des substances comme la bilirubine qui possèdent des capacités antioxydantes propres.

b. Fixation des ions métaux :

Libres ou faiblement liés, de nombreux métaux de faible masse moléculaire sont directement de puissants oxydants et ont la capacité de catalyser la formation d’espèces radicalaires agressives et délétères. Sur sa partie Nterminale (N-asp-Ala-His-Lys), l’albumine possède une forte affinité pour les métaux Cu, Fe, Ni,Zn et Co (126). , et la fixation de ces derniers sur l’albumine permet d’en éliminer les effets délétères. Les principaux métaux impliqués dans ces réactions d’oxydation sont le fer et le cuivre. Au cours du choc septique, il existe une oxydation des catécholamines endogènes et exogènes en dérivés de type adrénochrome qui non seulement font perdre a ces dernières leur action vasoactive mais les rendent cardiotoxiques (127). Ce mécanisme est sous la dépendance du cuivre libre libéré par la céruloplasmine au cours de l’acidose et l’ischémie tissulaire. L’albumine bloque l’oxydation de l’adrénaline en fixant le cuivre libre et limite ainsi la formation des dérivés cardiotoxiques.

4.3. Propriétés anti-inflammatoires

Grâce à son groupement thiol, l’albumine augmente les concentrations de glutathion intracellulaire et module l’activation de la transcription du NF-B in vivo et in vitro. Elle diminue la translocation de NF-κB médiée par le TNF-α dans les cellules exposées à du peroxyde d’hydrogène, ce qui lui conférerait des propriétés anti-inflammatoires (128). De nombreuses études utilisant des modèles de choc hémorragique ont montré que le type de soluté de remplissage utilisé pour la ressuscitation du choc influence la réponse inflammatoire et notamment l’activation des polynucléaires neutrophiles (129-130). L’albumine serait ainsi le moins proinflammatoire des solutés utilisés, car elle diminue

l’activation, l’extravasation et l’infiltration des neutrophiles au niveau tissulaire (131). Elle aurait même des effets immunosuppresseurs (132-133).

4.4. Propriétés pro oxydantes :

Paradoxalement, et en commun avec d’autres molécules, l’albumine peut engendrer des effets prooxydants, notamment par la fixation d’ions métaux comme le fer et le cuivre qui peuvent engendrer des états pro oxydants. Récemment, il a été observé que le cuivre lié à l’albumine devient prooxydant après fixation et oxydation de la Cys 34(134) L’administration d’albumine a été impliquée dans la diminution de la protéine antioxydante dépendante de l’oxydation du fer chez des patients en détresse respiratoire aigue (135).Très récemment, Humpert et al (136)ont montré que l’administration de solutés d’albumine pouvait, par la présence de produits de ´ 64 glycation (AGE) activer les récepteurs de type receptor of advanced glycation endproducts (RAGE) . La stimulation de ces récepteurs active en retour le facteur nucléaire de type NF-kB et différentes protéines kinases intracellulaires. (137). Les mêmes auteurs ont impliqué l’activation de ces récepteurs par l’administration de solutions d’albumine dans la surmortalité des animaux dans leur modèle expérimental de péritonite (fig 29)

4.5. Propriétés oncotiques et expansion volumique:

Au cours des maladies inflammatoires, comme le sepsis sévère et le choc septique, la perméabilité capillaire est augmentée et aboutit à une fuite transcapillaire des protéines sériques, parmi lesquelles figure l’albumine, avec pour conséquences une chute de la pression oncotique plasmatique, une extravasation des fluides vers le secteur interstitiel, une hypovolémie et une hypotension artérielle (138). Dans les conditions physiologiques, environ 40 %

de l’albumine est contenue dans le secteur vasculaire et 60 % dans le secteur extravasculaire. L’albumine représente environ 60 % des protéines du plasma (2 g/kg de poids) et constitue de ce fait le principal déterminant (60 à 80 %) du pouvoir oncotique plasmatique et de la répartition des fluides entre les différents compartiments du corps. La part principale de l’effet oncotique de l’albumine est attribuée aux effets osmotiques liés à sa masse molaire. L’autre part de cet effet s’explique par l’équilibre de Gibbs-Donnan, caractérisant le comportement des molécules chargées, comme l’albumine, qui ne sont pas distribuées de façon égale de chaque côté d’une membrane semi-perméable : l’albumine,chargée négativement à pH physiologique, attire les molécules chargées positivement comme le sodium (et donc l’eau) dans le compartiment intravasculaire (139)

4.6. Propriétés de coagulation :

Les infections graves, comme le choc septique, sont caractérisées par une activation systémique pathologique de la coagulation et une inhibition de la fibrinolyse réactionnelle. On peut observer la formation de thrombi dans la microcirculation en cas de dérégulation, aggravant ainsi les dysfonctions viscérales par défaut de perfusion [138]. Un remplissage vasculaire, par cristalloïdes ou par colloïdes, est responsable d’une coagulopathie par dilution des facteurs de coagulation. L’albumine aurait des effets anticoagulants propres, « heparin like », par majoration de l’inactivation du facteur Xa par l’antithrombine et l’inhibition du facteur d’activation plaquettaire (140-141, sans affecter la fonction plaquettaire (142). La coagulopathie est moins prononcée après hémodilution avec de l’albumine comparée à d’autres colloïdes et davantage réversible après adjonction de fibrinogène et de facteur XIII (143-144)

4.7. Propriétés sur la fonction rénale :

Si l’albumine est un élément majeur dans la prise en charge de la dysfonction rénale au cours du syndrome hépatorénal les données sont bien différentes dans la dysfonction rénale du patient en sepsis. Une étude récente a comparé le remplissage vasculaire avec des solutions hyperoncotiques dont l’albumine versus des solutions iso-oncotiques chez des patients en sepsis (145), Les résultats montrent un effet délétère de l’utilisation de solutés de remplissage vasculaire hyperoncotiques comme albumine à 20% sur la fonction rénale avec une surmortalité. Ces données récentes imposent une prescription raisonnée et réfléchie de l’albumine hyperoncotique comme soluté de remplissage vasculaire en présence d’une dysfonction rénale chez le patient septique. Ces résultats soulignent parallèlement l’intérêt de définir les populations de réanimation pouvant bénéficier au mieux de l’albumine comme soluté volémique.

Figure 31: les propriétés de l’albumine :

V. Hyperlactatémie chez les patients septiques en

VI. Hypoalbuminémie chez les patients septiques en

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