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Les investissements dans le projet de rénovation/extension de la chaufferie Laurana-Parc sont conséquents (près de 12 millions de CHF - MCHF). Les copropriétaires de la chaufferie historique ont réinvestis plus de 2.5 MCHF dans la rénovation du local chaufferie et la création de SST dans les immeubles du périmètre historique Laurana. Ils ont donc payé l’équivalent d’un renouvellement standard de la chaufferie au mazout mais en ayant des moyens de productions plus efficaces avec la PAC et une facturation correspondant à la réalité de la consommation par immeuble.

Les SIG, choisis comme contracteur du projet, ont investis plus de 9 MCHF dans la rénovation des capacités de production et de distribution et le développement d’un nouveau réseau CAD, soit environ 940 CHF/kW installé.

SIG a pris en charge les risques financiers liés à l’investissement mais en contrepartie a obtenu de nombreux nouveaux clients qui consommaient avant du mazout. Actuellement, SIG couvre ses coûts liés à l’achat des ressources avec un bénéfice de 2% (sans compter les marges déjà intégrées dans la part variable du contrat). Cependant, la part fixe contractuelle ne couvre pas encore les charges fixes réelles et dépendra de l’évolution des connexions sur les 30 ans de durée de vie du contracting. La moyenne de la puissance souscrite sur cette durée de vie devrait se situer à 7.3 MW pour correctement rentabiliser l’investissement.

Avant la connexion au CAD, le prix de la chaleur était d’environ 10 à 11 cts/kWh (≈17 chf/m2) en raison notamment de l’absence d’amortissements (part fixe) dans ce prix30. Depuis le contracting et avec l’intégration d’une part fixe dans le prix de la chaleur, ce dernier tourne autour de 15 à 16 cts/kWh (≈22 chf/m2). Cette augmentation des charges de chauffage (+35%) a été entièrement supportée par les locataires, ce qui pose des problèmes d’acceptabilité pour le CAD du point de vue des locataires. Cependant, dans le cas de l’analyse détaillée de l’immeuble de la CPEG, il a été montré que ces charges restent 5 fois plus faibles que les charges liées aux loyers, eux-mêmes relativement faibles (dans le cas de la CPEG) par rapport à la moyenne cantonale.

Une mise en perspective du surcoût de la PAC sur le seul périmètre Laurana aboutit à un prix de la chaleur d’environ 17 cts/kWh, soit 1.2 cts/kWh de plus que le scénario standard sur le périmètre complet. Ce surcoût correspond à une diminution d’environ 20% du tarif gaz, alors que l’année 2015 a vu une baisse d’environ 13% du tarif gaz de SIG. Cela montre la dépendance du prix à des facteurs externes au projet.

Avec des hypothèses de rendement de chaudière et de charges fixes standards, un prix moyen du mazout de l’ordre de 1 CHF/litre sur les 30 ans de l’installation permettrait d’atteindre une équivalence économique pour les locataires (hors évolution des taxes type CO2 ou autres).

Au niveau économique et énergétique, la réalisation Laurana-Parc et ses extensions est avant tout un projet de développement de réseaux avec une ressource gaz, comme le rappelle explicitement le schéma de Sankey de la partie 3.2.1.

30 Hors année 2008-2009 du pic du pétrole.

5 MODELISATIONS NUMERIQUES

Après les analyses techniques et économiques de Laurana-Parc, il semblait nécessaire de faire des modélisations du champ de sondes géothermiques afin de voir les éventuelles optimisations possibles pour cette réalisation et/ou de futurs projets. Pour cela, l’UNIGE a fait appel au Dr Pahud de la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du canton de Vaud (HEIG-VD), spécialiste des champs de sondes géothermiques et concepteur du logiciel PileSim permettant le dimensionnement d’un champ de sondes (PAHUD, 2007).

Comme déjà indiqué, M. Pahud avait déjà fait des simulations en 2010 pour le projet Laurana-Parc (PAHUD, 2010) qui portaient sur une PAC fournissant l’ensemble des réseaux (Laurana et Trois-Chênes) avec arrêt complet des chaudières gaz en été. Cette configuration ne correspond pas à ce qui a été construit avec la PAC uniquement sur le retour de Laurana (voir partie 3.1).

Tout en gardant à l’esprit cette différence, il est possible de comparer cette ancienne simulation avec les résultats de l’année 14-15 :

Tableau 11 : simulation PileSim initiale (2010) et réalité année 2014-2015 (en MWh et %)

*NB : valeur recalculée à partir des de la réalité 2014-15 (périmètre Laurana = 4'250 MWh)

La simulation de 2010 aboutissait à un dimensionnement de la PAC de 240 kW (avec un COPA de 3) pour 12'000 mètres de sondes31. La production de chaleur totale est plus élevée dans la simulation car elle correspond à un périmètre plus grand, et qui devrait être atteint d’ici 2-3 ans avec les nouvelles connexions en cours sur Trois-Chênes.

La PAC devait fonctionner 8'000 heures à pleine puissance, la réalité étant plus proche de 4'400 heures avec une PAC plus puissante (voir partie 3.3.1). Cependant, la valorisation de

l’énergie de condensation du gaz était sous-estimée dans la simulation (6% du gaz utile) par rapport à ce qui est observé (9%).

Au niveau du taux de couverture de la PAC pris sur le périmètre Laurana, on constate une diminution de 45% à 33% entre la simulation et la réalité, due essentiellement aux limitations en débits et/ou en température côté condenseur qui ne pouvaient être prises en compte dans la simulation (voir partie 3.3.4 et 3.3.5).

Le taux d’énergie renouvelable est proche entre la simulation et la réalité mais dans le futur, la part de la géothermie devrait encore descendre étant donné que la quantité de gaz va augmenter avec les nouvelles connexions sur le réseau Trois-Chênes, augmentant ainsi le potentiel de condensation du gaz. Cette recharge supplémentaire du champ de sonde via la condensation des fumées va à terme impliquer une part de la chaleur géothermique dans le bilan proche de zéro32.

32 Cette part de géothermie est actuellement de 16%, voir Figure 21