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209 - ALINE HELM Yolande, op. cit., pp. 41-42.

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Le Siècle des sauterelles,

Chapitre II : L'animal : du contexte au paratexte

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(Kénadsa, Ain-Sefra) pendant la première moitié du vingtième siècle. Malgré la part importante de réalisme qui enveloppe l’œuvre, elle évoque en parallèle une histoire qui suit des penchants imaginaire et allégorique que réels.

Mahmoud et sa tribu les Tidjani représentent un échantillon des algériens colonisés et dépossédés de leurs terres par les français (Roumi). Les Sirvant dépossèdent Mahmoud de la terre de ses ancêtres, l’acte qui les a rendus inévitablement des nomades. Le temps où son père cherchait vengeance, Mahmoud, le poète, cherchait la tranquillité et paix, il n'aspirait qu'à la liberté.

L’histoire commence émouvante : En attendant le retour de son Mari, Nedjma surveille passionnément l’arrivée de Mahmoud en observant l’horizon étendu du désert avec sa petite Yasmine et son bébé endormi dans la Kheïma210. La visite des lieux, par deux brigands qui étaient de passage, prévenait une catastrophe tragique à laquelle ne pouvait échapper la famille de Mahmoud. En l’absence du protecteur du clan, les criminels violent et tuent Nedjma devant les yeux de sa fille Yasmine, qui, se réfugiant dans une cachette, s’est retrouvée aussitôt déplorablement frappée de mutisme devant l’atrocité de la scène. Heurté de la tragédie, le père Mahmoud étreint la petite Yasmine, plonge longtemps dans ses souvenirs lointains et décide enfin vengeance.

L’injustice et le malheur ne cessent de poursuivre Mahmoud et ce qui reste de sa famille. D’une part, car il a revendiqué une ferme qui appartenait préalablement à ses ancêtres, il se trouve accusé injustement par les Sirvant d’avoir provoqué une incendie, et d’une autre, il se trouve menacé par le grossier El-Madjnoun qui anticipe sa récompense suite aux conseils fournis à Mahmoud.

210- L’emploi de mots arabes dans le texte Mokeddemien est fréquent. Ce procédé est lucidement explicité par CHAULET ACHOUR Christiane dans son « Malika Mokeddem, Métissages » (p.85-86) ainsi : « Ces

procédés mettent en valeur le mot étranger (par rapport au français), le désigne et l’explique. Ainsi le lecteur repère bien le changement d’énonciation linguistique et ne peut ignorer qu’il lit une œuvre qui n’a pas qu’un seul code lexical et un seul système linguistique. »

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Mahmoud risque sa tête, il trouve cachette dans le désert. Après le mal qui l’a injustement frappé, lui et sa famille, le héros a décidé de mener, avec sa fille, une quête de soi, de liberté et de tranquillité.

La petite Yasmine mène une vie tragique après la perte de sa mère. Elle s’évade du modèle féminin depuis qu’elle est entretenue par son père le poète, qui lui fait apprendre l’écriture, chose qui fait d’elle une menace et attire le mauvais sort pour les femmes de la tribu des Hamani. La confrontation avec l’assassin de sa mère est un autre événement plus choquant depuis la mort de sa mère, El-Majnoun ou appelé «Le Pirate de désert » n’était qu’un des deux assassins de Nedjma. Néanmoins cette rencontre avec le meurtrier a permis à Yasmine de récupérer sa voix pour la perdre ultérieurement : « Ses premiers mots avaient été jetés, isolés, sur le sable tels des cris de délivrance, tels le langage haché des primitifs. » p.162, « Sa voix est morte avec Sa mère, enterrée avec elle. Elle ne peut lui revenir » p.187

Benichou, le juif, est un ami proche de Yasmine, prend la place du père de Yasmine après la mort de Mahmoud. Khadija était la femme la plus aimée de Yasmine car elle trouve en elle la deuxième mère, elle pousse Mahmoud à intégrer dans sa tribu parce que sa fille est devenue une adulte et elle aurait besoin d’une société féminine :

« Elle est trop mûre pour se perdre dans l'univers insouciant des enfants, trop détachée des triviales réalités et continuités des jours pour se joindre aux adultes, trop lettrée pour invoquer sans raillerie leur mektoub, trop rebelle pour soumettre sa liberté à leurs exigences. Élevée par un homme et par un homme poète, elle a échappé au moule féminin de la tradition. » pp.201-202

L’histoire touche sa fin par la fuite de Yasmine pour éviter son mariage forcé avec le riche Bachir. Marquée par le souvenir de la roumia Isabelle Eberhart, Yasmine l’admet, dans un monde virtuel, comme une mère imaginaire car cette Roumia, elle aussi, est trouvée morte dans le même oued que Nedjma. Si Eberhardt partage le même sort de la mort que Nedjma, elle l’est aussi pour Yasmine dans sa fuite, son écriture et son déguisement ininterrompu.

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La Nuit de la lézarde est le sixième roman de Mokeddem, dans lequel, l’auteure passe à une écriture d’apaisement. Le texte évoque des événements qui remontent aux années quatre-vingt-dix dans le grand sud algérien. L’histoire est apparemment dénuée d’une intrigue lucide et précise, mais elle se veut, dans son sens général, illustrative de la pensée de solitude et d'isolement.

Nour et Sassi sont deux personnages qui symbolisent à la fois l’amour impossible et l’amitié particulière qui pourraient rarement se nouer entre deux êtres de sexes différents, dans une société bédouine si conservatrice et traditionaliste. Quand les habitants ont finalement décidé d’abandonner leur village sous l’effet de la sécheresse, Nour a choisi de ne pas déloger de la citadelle située au bord du village dans le vaste désert, elle a choisi d’y rester, même seule, consciente que c’est dans cette solitude sereine et dans cet espace nu que réside sa vraie liberté. Quant à Sassi, l’ancien et le fidèle ami de Nour, il décide lui aussi de rester et partager avec Nour les secrets de la solitude. Plusieurs interrogations embarrassantes intriguent les villageois sur la relation unissant les deux personnes.

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La Nuit de la lézarde,

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Entre un amour désiré et une amitié inévitable, Nour choisit le second positionnement quand elle s'est trouvée seule devant Sassi, qui, malgré sa cécité, était complètement épris d'elle. L'amitié d'un homme est, pour Nour, un succès exceptionnel dans ce monde de violence. Avec l'aide de Sassi, Nour gagne sa vie dans un souk en marchandant des légumes cultivés dans un petit jardin, elle prête souvent l'oreille aux récits de mort qui viennent du nord algérien, et aussi à la plaisanterie et l'absurde avec lesquels les villageois combattent la crainte. Mokeddem a souvent confirmé que :

« Les algériens ont droit à la différence, à la diversité. Les adeptes de l’uniformisation nous ont causé suffisamment de torts comme ça…En revanche, l’humour décapant avec lequel ces mêmes enfants décortiquent les travers de leur société me réjouit et me rassure. C’est un antidote radical contre la bêtise. »211

À un moment de l'histoire, l'héroïne décida de délaisser le désordre et la violence qui gouvernent ce monde et repartir vers les lézardes du village ruiné. Nour, la porteuse d’un prénom qui signifie « lumière », observe l'espace désertique et s’invente une histoire, elle guette l'apparition de son homme aimé, qui viendrait un jour du nord. Avant l’apparition du roman, l’auteure explique cette attente d’amour :

« C’est un roman qui se situerait un peu à mi-chemin entre Le siècle des sauterelles et L’Interdite. C’est l’histoire d’une attente, d’une attente de l’amour. Nour, mon héroïne n’a pas été à l’école ; c’est une femme qui n’a pas choisi, qui n’a pas réfléchi à la liberté ; elle a refusé de se laisser écraser quasiment par instinct »212.

D’autres personnages secondaires traversent l’histoire : Oualou, la personne qui porte un nom utopique dans le vocabulaire des noms propres algériens, évoque une allégorie de l'ignorance et la nullité, il est aussi la personne qui confirme toujours l’ensemble des propos de son partenaire l'Explication, celui-ci, comme son nom l’indique, n'hésite jamais à fournir des explications pour tout sorte problème posé.

211 - LABTER Lazhari, op. cit., p. 64.

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Quatre enfants apparaissent dans des brefs moments de l’histoire, mais aussi