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8- La bête dans le contexte arabo-musulman

Chapitre I : Démarcation conceptuelle et contextuelle 21

I- 8- La bête dans le contexte arabo-musulman

À l’instar des autres religions, l'Islam révère d’une manière profonde toutes formes de vie que Dieu a créées sur terre, commençant par l'homme jusqu’ à la bête et les plantes. Même s'il est évident et rationnel que le saint Coran assigne un statut auxiliaire aux animaux par apport aux hommes, c’est aussi à travers ce livre que la religion manifeste son respect le plus démesuré aux diverses formes d'âme, voire elle montre constamment, à travers le Coran, un mérite exceptionnel même pour une seule âme, comme elle conserve aussi la même évocation pour les bêtes et les plantes. C’est dans la même optique que va aussi la Sunna, seconde ressource de législation religieuse chez les musulmans : le Prophète Mohamed rapportait dans un Hadith célèbre qu'une femme est descendue aux enfers parce qu'elle a emprisonné un chat, elle ne lui a donné ni à manger ni à boire, ni elle l'a libéré126. Tandis qu'un 126 http://articles.islamweb.net/media/index.php?page=article&lang=A&id=142568 13.08.2015 * للها هٕضز ُأ اىٍّع للها ٘ضز سىع َب للها دبع َع

، ٚٓسِ في ٚأسوا تبٓرُع( : هاق ِ٘ لأ ، اّتطبح ذإ اّتكض لأ ، اّتىعطأ ِ٘ لا ؛ زاٍلا اّٗف تمخدف ، تتاو ٜتح اّتٍجض ْٗمع لفتو )ضزلأا شاشخ َو نكأت اّتكست .

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homme a mérité le paradis car il est descendu dans un puits pour chercher de l'eau pour un chien mourant de soif qu'il a croisé sur sa route127.

À travers l’Histoire, les différentes sociétés arabes entretenaient avec les bêtes des contacts particuliers, des rapports exceptionnels hérités de la période préislamique, raffinés surtout à l’arrivée de l’Islam par de nouveaux préceptes et conceptions. Toutefois, si c’est l’Islam a pu changer et corriger certaines images et visions de l’homme vis-à-vis l’animal, par l’attribution d’un mérite déployant la nature de la tolérance théologique, ceci ne doit pas être compris que cette religion est parvenue uniquement avec ces nouvelles visions et spéculations correctrices de l’ensemble des valeurs préexistantes, mais aussi le mérite est profondément lié aux valeurs socioculturelles et mythiques qui tendent ses racines vers l’Histoire lointain et qui régnaient pour longtemps puis reconnues et modifiées par l’Islam.

On aperçoit notamment chez les peuples arabes polythéistes habitant de la Péninsule arabique, que l’animal était porteur de diverses dimensions symboliques liées aux pratiques rituelles et traditionnelles héritées de leurs ancêtres. Depuis bien longtemps, l’animal est le compagnon des bédouins dans leur nomadisme, dans leur commerce, dans leur poésie et architecture voire dans la magie et la sorcellerie. Sa symbolique, très ample aussi, est fortement présente en littérature et dans les cultes et les mythes de l’époque. Le culte de totem est pratiqué depuis bien longtemps par beaucoup d’ethnies arabes. La péninsule arabe compte plus de soixante divers noms en relations symboliques avec les animaux, nous citons Beni Assad (Les Fils de lion),

127- http://www.islamweb.net/mohammad/index.php?group=articles&lang=A&id=174029 10.10.2015 * ٚسٖسِ ٘بأ َع ٍْع للها ٘ضز بيٍلا ُأ

ْٗمع دتشا لٖسطب نجز اىٍٗب ( : هاق َو )باترلا(ٝسجلا نكأٖ حّمٖ بمك اذإف ،جسخ يث بسشف اّٗف هصٍف ،اس٠ب دجٕف ،شطعلا دكل : نجسلا هاكف ،شطعلا س٠بلا هصٍف ،نيو غمب ُاك ٙرلا نجو شطعلا َو بمكلا ارِ غمب في اٍل ُإٔ ،للها هٕضز اٖ : إلاق .. ْل سفغف ْل للها سكشف ،بمكلا ٜكطف اٞاو ْفخ لأىف .) ٙزاخبلا ( سجأ ٛبطز دبك تاذ نك في : هاكف ،؟ اسجلأ يٟاّبلا

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Beni Dhaba (Les Fils de gazelle), Beni Kilab (Les Fils de chien !!), Beni Namir (Les Fils de tigre), Beni Thaâlaba (Fils de renard)…etc.

Les bédouins arabes ont octroyé abondamment de valeurs et de défauts des humains aux animaux (la peur au lapin, la transmutation au serpent, la magie au corbeau, la grandeur à l’aigle…etc.). Les contemporains enterraient des animaux tels que les chameaux, les chiens et les chevaux avec leurs maîtres, par croyance mythique que ces bêtes iront les servir dans l'au-delà, voire à la mort de l’homme, on pensait que l'âme s'éloigne du corps et s’envole sous forme de hibou.

Multiples sont les animaux qui ont marqué pour longtemps les différents aspects de la civilisation islamique, et amplement parmi eux se montrent profondément liés au folklore populaire notamment chez les bédouins qui habitaient la péninsule arabe. Comme dans d’autres civilisations, les rapports liant les nomades arabes aux animaux de différentes espèces ne cessent d’évoluer selon des facteurs qui varient entre le besoin biologique et les dimensions rituelle et culturelle. Les besoins humains et le degré de l’utilité de la bête représentent, d’une part, les repères fondamentaux qui déterminent la nature de cette relation, d’autre part, la considération mythique et le statut rituel qu'avait l'animal lui accordaient une grande valeur morale et spirituelle.

L'expérience requise au milieu désertique par les bédouins arabes les a aidés à lutter pour la survie dans ces endroits ésotériques si rudes et secs. L’hérédité de l’ensemble des expériences, des coutumes et des traditions ancestrales ont démontré une évidence, celle si un bédouin veut maintenir sa survivance dans un milieu pareil, il lui serait exigé de faire appel à plusieurs moyens à sa proximité, dont les bêtes représentent la partie importante. Le chameau, à titre d’exemple, est l’animal accommodé à la dureté de la vie désertique, vu ses capacités de sobriété et d’endurance, c’est pourquoi cet animal est surnommé le vaisseau du désert. Pour les nomades, cet animal est le moyen typique pour le déplacement dans les lieux rigoureux. Sa femelle, la chamelle est aussi une source féconde de lait et porteuse du

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symbole de la vie chez les Touaregs du nord de l’Afrique. Dans ces circonstances climatiques naissent aussi les profonds liens associant le bédouin avec d’autres animaux, des liens qui ont contribué exclusivement à la fixation d’une image archétypale selon laquelle on ne peut imaginer l’homme arabe à l’écart de son chameau, son cheval ou son chien.

«Les Arabes, ayant à peu près conservé les habitudes des premiers peuples, doivent aussi, (...) en garder la ressemblance, non seulement dans les mœurs, mais encore dans leur costume (...) il est non moins certain que les patriarches devaient vivre comme vivent les Arabes, comme eux gardant leurs moutons, ayant comme eux des maisons de laine, des chameaux pour le voyage, et le reste »128

D’un autre côté, l’animal a souvent assuré sa présence mythique dans l’imaginaire arabe. Dans un des mythes jordaniens, on croit, depuis bien longtemps, au présage tiré du vol des cigognes, ces oiseaux migrateurs sont considérés comme source de bonheur et de beauté, une aspiration qui répond à son surnom en arabe « Abou-Sa’d » (père du bonheur). Bien que cette conception change catégoriquement d’acception en Algérie, en dépit de l’appartenance de ce volatile à la zoologie sacrée, en le considérant mythiquement coupable de la pauvreté qui a frappé la nation arabe depuis la création de l’univers129

.

Le cheval arabe (pur-sang particulièrement) est l’image du prestige social et culturel dans la société arabe. Il ne représente pas un simple moyen de transport mais

128 - FROMENTIN Eugène : Un été dans le Sahara In Les Ouvres complètes, Paris : Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1984, p. 47. In BEJI Linda, L’Orientalisme français et la littérature tunisienne

francophone : Relations et influences, Thèse en littérature et civilisation française pour obtenir le

grade de docteur de l’université Paris IV, p. 120.

129-

En ce qui se rapporte aux animaux en Algérie, les interprétations symboliques, les contes et les mythes qui y sont relatifs ont des conceptions qui relèvent de l’oralité. Afin de surmonter la carence des références agréées, notre initiative était entreprise pour approvisionner davantage ce travail. Nous avons recueilli sur les lieux des témoignages procurées par des individus âgés et avertis, vus par le siens comme de bons connaisseurs et mémoires du folklore et des traditions dans leurs périmètres.

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un dispositif d’apparat, de conquête et de respectabilité. Le cheval en général a une place symbolique et allégorique chez les musulmans qui le représentent et imagent dans leur inconscient collectif, c'est une monture à selle qui a ses dimensions mythiques et sacrés, parce qu'elle est la monture préférée du Prophète

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« Nous rappellerons ici le fameux Bourak, cheval ailé au visage de femme et à la queue de paon sur lequel le Prophète aurait accompli son ascension au ciel (mi’râj) »130. Tout au long de leur Histoire, les arabes ont accordé un haut respect à cet animal, un respect qui s’illustre à travers les fortes relations affectives échangées entre l’animal et son propriétaire qu’en témoignent largement les différents mythes et contes populaires : « Une légende maghrébine estime que le cheval prie pour son maitre du lever du jour jusqu’à la mi-journée et pour lui-même ensuite » 131