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Chapitre 1: Introduction bibliographique

2- Susceptibilité et résistance aux maladies infectieuses

2-1-Qu’est ce qu’un individu résistant ?

La résistance à une maladie peut être définie par la lutte efficace permettant

de survivre dans un environnement hostile composé de stress de nature

biotique ou abiotique. Les individus d’une même population répondent

indépendamment les uns des autres aux stress par leur capacité à faire face

à la maladie. Chaque individu a alors sa propre susceptibilité pour une

maladie donnée. La susceptibilité élevée décrit l’état d’une sensibilité alors

que la susceptibilité très faible, voire inexistante, définira une résistance à la

maladie.

L’animal dit résistant à une maladie ne présentera pas de symptômes. La

susceptibilité n’est pas gouvernée uniquement par l’immunité mais également

par le comportement des individus des populations exposés aux agents

pathogènes. Ces comportements peuvent être illustrés par exemple par des

alimentations différentes qui découlent directement de l’environnement.

L’origine de la résistance à une maladie est souvent génétique. La notion de

l’exploitation de la variabilité génétique des bivalves résistants à des agents

pathogènes est commentée par Quillet et ses collaborateurs (2007).

Dans notre étude, la résistance de la maladie de l’anneau bun est

représentée soit par des palourdes apparaissant asymptomatiques (porteur

sain de V. tapetis). soit par des palourdes arrivant à réparer totalement la

coquille après avoir lutté contre la bactérie.

2-2-Sélection génétique d’animaux résistants

Les études sur des capacités de résistance à des maladies sont nombreuses

chez les invertébrés du fait de leur importance économique. La sélection des

populations les plus résistantes ou les moins susceptibles se fait par pression

de sélection en exposant les populations aux agents pathogènes soit en

milieu contrôlé en laboratoire soit en milieu naturel déjà contaminé par l’agent

infectieux responsable de la maladie.

En milieu contrôlé, et particulièrement dans le secteur de l’aquaculture, les

sélections ont alors pour fonction de faire disparaître les populations ou les

individus les plus sensibles au profit des populations à potentiel résistant aux

maladies afin de satisfaire le développement économique.

Alcivar-Warren et ses collaborateurs (1997) ont décrit des origines génétiques

de la susceptibilité des crevettes Penaeus vannamei au virus Baculovirus

penaei grâce à la réalisation des croisements.

afin de comprendre quels agents immunitaires sont responsables de cette

meilleure tolérance (Venier et al., 2011). Des études comparatives entre la

moule et l’huître face aux vibrioses sont en cours dans le cadre d’un

Programme Européen Bivalife (2011-2013), coordonné par T. Renault auquel

l’équipe IHP du LEMAR (Plouzané) participe. Par ailleurs, des sélections par

croisement d’huîtres plates résistantes à Bonamia correspondant à une plus

forte survie par rapport à des populations standard ont été entreprises

(Naciri-Graven et al., 1998, Culloty et al., 2004).

La modulation de la microflore comme l’utilisation de probiotiques apporte une

autre forme de résistance. Elle permet en milieu de culture contrôlé d’induire

la résistance à la vibriose des crevettes de Nouvelle-Calédonie Litopenaeus

stylirostris (Castex et al., 2010).

Des critères de résistance sont étudiés chez les bivalves. Plusieurs

populations d’huîtres plates ont été confrontées à Bonamia afin de comparer

leur résistance (da Silva et al., 2008). De nombreux travaux ont été entrepris

sur les populations d’huîtres creuses sujettes aux mortalités estivales. Par la

génétique, des programmes de sélection à grande échelle sont réalisés par

identification de critères de résistance aux pathogènes. Ainsi, des familles

résistantes et sensibles ont été sélectionnées au cours du défi MOREST

(Samain et Mc Combie, 2007). Un lot suggéré comme résistant à la mortalité

estivale chez C. gigas montre depuis 6 générations une plus faible mortalité

que les lots témoins et sensibles (Cochennec-Laureau et al., 2011) dont le

caractère de résistance semble héréditaire. De plus, Dégremont et ses

collaborateurs (2010) ont montré la résistance d’huîtres juvéniles face à

l’herpes-virus.

La détermination de QTL a permis d’identifier des marqueurs associés à des

gènes de résistance à Bonamia chez O. edulis (Lallias et al., 2009a) et des

gènes de survie chez C. gigas (Sauvage et al., 2010) ainsi que des QTLs liés

à la résistance à la maladie MSX chez l’huître C. virginica (Yu et Guo, 2006).

La sensibilité à la vibriose par le V. splendidus et V. aesturianus semble liée à

des bases génétiques chez l’huître creuse (De Decker, 2010). Des injections

de Vibrio en laboratoire ont permis d’obtenir des taux de survie supérieurs

dans les familles issues d’huîtres dites résistantes par rapport aux familles

issues d’huîtres dites sensibles.

Dans les années 1970, une population d’huîtres Crassostrea virginica

résistante au parasite Haplosporidium nelsoni (MSX) a été identifiée (Haskin

et Ford, 1978). Des études comparatives sur les concentrations en protéines

de l’hémolymphe de populations résistantes et susceptibles ont été décrites

(Ford, 1986).

Une autre espèce d’huîtres, l’huître australienne Crassostrea glomerata est

étudiée grâce à des programmes de sélection pour la résistance à la

marteliose QX (Simonian et al., 2009 ; Dang et al., 2011).

L’étude de populations sur différents critères de susceptibilité à la bonamiose

permet de mieux comprendre comment les animaux se défendent face aux

attaques pathogéniques et de trouver, grâce à la génomique, des gènes

associés à la résistance tels que celui de la cathepsine surexprimé dans les

hémocytes d’individus résistants exposés à Bonamia (Morga et al., 2011). La

majorité des études de sélection concernent les huîtres. Des études sur la

palourde japonaise nécessitent d’être approfondies afin de mieux identifier

des animaux résistants à la maladie de l’anneau brun ou MAB (voir section

Modèle biologique) dans le but de relancer la production vénéricole française.

En effet, une première approche de sélection a été entreprise depuis le début

des années 2000 après avoir montré que un lot de palourdes cultivé alors

dans le Morbihan développait beaucoup moins les symptômes de la MAB que

les autres lots cultivés (Soudant et al, 2004). Depuis, des populations

successives à partir de ce lot moins sensible ont été produites. La production

de familles biparentales à partir d’individus de ce lot permettrait alors de

mieux comprendre l’origine génétique de la sensibilité à la MAB. Afin de

sélectionner des géniteurs suivant leur caractère plus ou moins sensibles à la

MAB des critères physiologiques sont mesurés.