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On a vu que l’hypothèse d’une utilisation des outils prismatiques sur un matériau minéral dur n’a quasiment jamais été formulée avant la fin des années 1990. Seul F. Grelaud (1978) proposait que certaines pièces

aient pu servir de « retouchoirs » pour tailler les silex.

Tenant compte des résultats de l’analyse tracéologique de Paris-Farman, des Baraquettes (Surmely, 2003), et des observations faites sur le matériel de Rueil-Malmaison-les Closeaux (Lang, 1997), nous avons émis l’hypothèse de

Les outils de type « montmorencien » de Paris-Farman

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire

Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire Axe 4 : chronologie des successions culturelles au début de l’Holocène

leur utilisation pour fracturer les lamelles par la technique du « coup de microburin ». Cette hypothèse s’appuie aussi sur le fait que la morphologie des encoches sur les microburins réussis ou ratés de Paris-Farman est souvent dissymétrique. Cette morphologie forme un angle souvent proche de 90° dans lequel s’insère bien l’arête utilisée des outils prismatiques : sur ces derniers l’angle formé par la face plane et le bord est lui aussi d’environ 90° (fig. 2).

Pour tenter de tester cette hypothèse, nous avons réalisé un premier test expérimental. Son objectif principal a été de valider l’hypothèse d’une utilisation des outils sur un matériau minéral dur et de voir si un poli similaire à celui qui a été observé sur le matériel archéologique se développe lors de la réalisation d’encoches sur le bord des lamelles. La synthèse des données collectées n’est pas terminée et nous ne présenterons ici que quelques observations générales. Une seconde séance devra être organisée afin de les compléter nos observations et valider le mode de fonctionnement des outils.

Lors de cette première séance, nous avons testé différents modes d’utilisation des outils prismatiques pour réaliser des encoches sur le bord des lamelles et obtenir des cassures en piquant trièdre (fig. 7), la zone active correspondant toujours aux arêtes latérales des pièces. Nous avons testé divers fonctionnements :

a- comme enclume (fig. 7A),

b- comme outil mobile agissant par percussion sur le bord des lamelles comme retouchoir (celles-ci étant posées sur le bord d’une enclume) (fig. 7B),

c- comme outil mobile agissant par égrisage du bord des lamelles (celles-ci étant posées sur un support) (fig. 7C),

d- comme outil mobile alliant percussion et égrisage sur le bord des lamelles (celles-ci étant posées sur le bord d’une enclume) (fig. 7D).

BILAN DES PRINCIPAUX PROJETS / Nouveaux projets

Les outils de type « montmorencien » de Paris-Farman

Figure 7 - Modes d’utilisation des outils prismatiques expérimentés pour segmenter les lamelles

en piquant-trièdre.

a- L’utilisation de l’outil comme enclume est la méthode la moins efficace, le maintien de l’outil, de la lamelle et du percuteur donnant des résultats trop aléatoires. Par ailleurs, ce mode de fonctionnement ne semble pas expliquer la présence de traces d’utilisation sur toute la longueur des arêtes des outils prismatiques.

b- L’utilisation des outils prismatiques comme retouchoir en maintenant la lamelle sur le bord d’une enclume a été peu expérimentée mais elle s’est avérée très efficace. Nous avons pu réaliser des piquants trièdres et des microburins caractéristiques. Toutefois, les

arêtes des outils prismatiques expérimentaux deviennent « mâchurées », ce qui ne correspond pas aux traces observées sur le matériel archéologique. De plus, les retouches observées sur les encoches sont irrégulières et ne correspondent pas non plus aux caractéristiques relevées sur les pièces archéologiques.

c- L’utilisation par égrisage, en posant la lamelle sur un support, permet de réaliser des encoches dissymétriques. Néanmoins, nous n’avons pas réussi à réaliser des cassures caractéristiques en piquant-trièdre. De plus, les microburins étaient atypiques : la "facette de

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fracture" est orientée vers l’avers de la pièce lorsque la retouche de l’encoche est directe et orientée correctement lorsque l’encoche est réalisée par retouches inverses, ce qui ne correspond pas au matériel archéologique. Par ailleurs, l’usure des arêtes est extrêmement rapide, conférant aux outils prismatiques une durée de vie très courte, nécessitant une réfection toutes les 20 à 30 segmentations. Néanmoins, le développement du poli sur les outils prismatiques est similaire à celui observé sur le matériel archéologique.

d- L’utilisation des pièces, en maintenant la lamelle sur le bord d’une enclume, selon un geste alliant percussion lors du contact avec le bord de la lamelle et égrisage lors de la progression de ce geste, en profitant du poids et de la longueur des pièces, semble la plus convaincante. En effet, la fracturation en microburin est concluante et le type de retouches sur les encoches parait similaire à celui observé sur le matériel archéologique. Cette technique n’a pas été testée sur une durée suffisamment longue pour être toutefois validée. Nous espérons donc pouvoir tester plus longuement cette dernière lors d’une prochaine séance expérimentale.

L’acquis majeur de l’expérimentation est d’avoir validé les observations tracéologiques relatives à l’utilisation des outils

prismatiques sur un matériau minéral dur. De plus, le développement du poli et de l’émoussé, surtout lors de l’égrisage, sont similaires à ceux observés sur les pièces archéologiques étayant l’hypothèse de leur emploi pour réaliser des encoches.

Conclusion

Ainsi, l’étude des outils prismatiques découverts à Paris-Farman permet d’apporter des réponses nouvelles quant aux procédés de fabrication des armatures. L’analyse tracéologique démontre une utilisation latérale des outils prismatiques. L’hypothèse fonctionnelle la plus convaincante, pour l’heure, semble bien être leur emploi pour fracturer les lamelles en piquant-trièdre. D’autres expérimentations devraient apporter davantage d’éléments sur cette possible fonction particulière, et sur le fonctionnement précis.

Quant à la poursuite des recherches sur l’approvisionnement en grès-quartzite, elle devrait nous permettre de définir une partie du territoire fréquenté par les Mésolithiques de Paris-Farman.

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Bibliographie