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des couches attribuées au Boréal

(9, 7d et 10a)

À diverses reprises depuis l’article

princeps (Augereau, op. cit.), et sur la base

d’observations privilégiant donc les objets retouchés, l’accent a été mis sur les particularités de l’industrie attribuée au Boréal : sur le fort taux des objets considérés

BILAN DES PRINCIPAUX PROJETS / Nouveaux projets

Réexamen de l’industrie lithique recueillie au Haut-des-Nachères à Noyen-sur-Seine

comme « outils du fonds commun », sur l’abondance des éclats choisis pour les fabriquer, sur l’extrême rareté des armatures, par contraste et par comparaison avec des assemblages de même époque. Et ces particularités, on s’est demandé s’il était possible de les « rattacher aux activités

menées sur le site : travail du bois, exploitation des produits de la chasse et de la pêche… » (Marinval-Vigne et al., 1989). La

tracéologie nous informera à ce propos, bien entendu. En attendant, quelle information tirer des restes de taille, et notamment des nombreux nucléus ? Quelle information nouvelle en plus du constat déjà dressé par A. Augereau d’un débitage « sur place », du moins à faible distance puisqu’il était clair que cet assemblage était le résultat de rejets ?

Nous avons donc examiné les nucléus en totalité après avoir écarté 6 « cassons » (des fragments de blocs faillés profondément par le gel) ainsi que 10 nucléus sur lesquels, à première vue, les objectifs du débitage sont difficiles à déterminer, et pour diverses raisons (interruption trop précoce, maladresse prononcée, altération par le feu ou réutilisation comme percuteur). Il reste alors 40 nucléus sur lesquels les objectifs se lisent bien, du moins au moment de l’abandon puisque nous n’avons pas encore tenté de remontages. Deux objectifs principaux peuvent être alors reconnus, et nous allons brièvement décrire les méthodes pour y parvenir :

1) un objectif minoritaire d’éclats est attesté sur 12 nucléus parmi les 40, ces 12 nucléus se divisant en deux sous-groupes égaux. Six galets ont fourni des éclats plutôt épais et grands (± 40 mm dans leur plus grande dimension) correspondant bien aux supports de plusieurs pièces à retouche volontaire. Six autres galets ayant plutôt fourni des éclats fins et petits (±20 mm dans leur plus grande dimension), il conviendra de vérifier par la tracéologie si des éclats de ce gabarit ont été utilisés bruts. Quel que soit le gabarit recherché, la méthode est d’une simplicité extrême: des coups portés au percuteur de pierre dure, sans préparation préalable des convexités, sans abrasion et sans orientation préférentielle. En somme, des exploitations souvent multifaciales résultant de la réitération d’une formule technique minimale.

2) c’est une méthode un peu plus raffinée, et surtout beaucoup plus « typée », qui a été utilisée sur 27 nucléus pour l’objectif nettement

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Axe 1 : évolution des environnements tardiglaciaires et holocènes Axe 2 : chronologie des successions culturelles au Tardiglaciaire

Axe 3 : palethnographie des sociétés du Tardiglaciaire

majoritaire : des enlèvements fins, courts et allongés avec au moins un bord rectiligne correspondant donc bien aux supports — lamelles stricto

sensu et lato sensu —

habituellement choisis dans beaucoup d’industries de la région au Boréal pour fabriquer des microlithes. À part 3 nucléus sur casson ayant subi une exploitation très brève, les 24 autres volumes sont des galets ovoïdes assez réguliers et petits (30 à 50 mm dans leur plus grande dimension), tous exploités au percuteur de pierre et sans beaucoup d’abrasion des bords de plan de frappe. Ils ont tous fait l’objet d’une exploitation strictement unipolaire, à une exception près qui confirme d’ailleurs cette règle : trois plans de frappe ont été

ouverts, mais

indépendamment et

successivement pour exploiter des surfaces s’entrecroisant. Cette même exception confirme une autre règle : sur ce nucléus, ce sont des surfaces plutôt larges qui

ont été débitées

successivement, comme c’est le cas sur tous les autres qui ont aussi fait l’objet d’une exploitation faciale assez enveloppante.

Ces aspects relatifs à la méthode, nous prévoyons, bien sûr, de les détailler et surtout de les illustrer, et il faudra ensuite réfléchir sur la motivation de ce caractère facial fort, ce choix n’étant pas le plus évident quand on veut produire des enlèvements plus étroits que longs (ce qu’atteste d’ailleurs un certain étalement des négatifs sur 14 nucléus). Est-ce par exemple l’indice d’une certaine recherche de productivité ? Serait-elle alors simplement circonstancielle, ou bien est-ce la marque plus générale de certaines traditions particulières au cours du Mésolithique moyen ? Bien entendu, pour commencer à répondre, il faudra des confrontations solides.

Et ces comparaisons sont également indispensables pour confirmer un soupçon très fort, qui est aussi le résultat principal de ce premier examen. Du point de vue de la représentativité des objectifs, l’assemblage de nucléus nous semble, à première vue, parfaitement conforme à ce qu’on trouve dans les autres habitats de plein air du Boréal (pour la synthèse la plus complète concernant ces questions en France septentrionale, voir Souffi, 2002) : toujours cette production majoritaire de supports d’armatures, et donc pas vraiment de particularité économique perceptible à

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travers les seuls débitages. Pour aller au-delà de ce soupçon, il faudra des comparaisons quantitatives précises avec des habitats récemment fouillés. Ensuite, s’il se confirme que les proportions de nucléus lamellaires

lato sensu sont normales à Noyen, il

conviendra alors se pencher sur le grand problème que pose la sous-représentation évidente des produits — retouchés ou non — issus de ces nucléus lamellaires lato sensu. En fait, toute la « fraction fine » est en proportion étonnamment faible. Est-ce l’effet d’un tri par gravité ayant affecté ces rejets en bord de berge ? Ou bien, plus que ce processus taphonomique, doit-on invoquer le résultat d’une distribution anthropique, les gros éléments, en particulier les nucléus, étant sur-représentés dans cette zone périphérique de l’habitat, conformément à ce que l’on a pu observer récemment en fouillant en extension plusieurs habitats de même époque (voir notamment Séara, 2008) ? De toute évidence, il est essentiel, maintenant, de s’interroger sur le fonctionnement particulier de la zone fouillée avant de se prononcer sur le statut général du site. Cela implique très certainement de nouvelles collaborations avec les archéozoologues (des répartitions différentielles affectent-elles aussi la faune, et de quelle manière ?) ; cela suppose aussi une analyse bien plus fine, et phase par phase, de ces rejets sans doute échelonnés dans le temps.