2.3 Les principes qui guident la réflexion
2.3.2 Les sujets, les objets et le langage. Vision anthropocentrée
Le travail présenté dans ce mémoire rejoint d’autres études menées sur la question
du genre du document numérique, comme par exemple, ceux de Stokinger [Sto99],
[Sto03] [Sto05], de Biber [BF89], [BF94], plus récemment de Pédauque [Ped06],
[Ped07], etc. Ces travaux adoptent des points de vue centrés tantôt sur l’« objet
» comme élément central autour duquel s’articulent les pratiques des individus,
tantôt sur le « sujet » en tant qu’utilisateur. Depuis les temps les plus éloignés
l’« objet » a été constamment au centre des préoccupations. Pour la première fois
attesté dans Léviathan, en 1651, T. Hobbes défendait explicitement une position
matérialiste, en comparant le corps humain à une machine [Hob00]. Le positivisme
logiquequi a suivi, (notamment Leibniz, Frege
2) exprimait clairement une conception
syntaxique de la pensée perçue comme un calcul : « Lorsqu’un individu raisonne, il
ne fait rien d’autre que de concevoir la résultante d’opérations parcellaires », car «
le raisonnement n’est autre qu’un calcul. . . » [Lie51]. Ce postulat, qui affirme que
tout ce qui existe peut être traité comme un objet isolable (discrétisable) et donc
délimité, se retrouve chez Heidegger sous l’appellation de «rechnede Denker » – la
pensée calcul. Heidegger y voit même dans cette idée le but final de la philosophie qui
aboutit inévitablement à la technologie [Hor08]. Le concept de calcul et donc celui
de la déductivité deviennent principes fondamentaux, nécessaires et aussi suffisants
pour représenter, comprendre, expliquer tout phénomène, toute activité, tout objet,
toute situation.
Ces tentatives de situer l’objet au centre des préoccupations ont abouti vers les
années ’50, au démarrage d’un projet ambitieux, celui de l’Intelligence Artificielle
(IA), qui préconisait pour l’année 2000 l’invention des machines intelligentes
capa-bles de passer le test de la machine de Turing
3. Ce nouveau domaine, fondé sur
2Leibniz préconisait l’invention d’une langue universelle, logique qui ne serait autre que du calcul algorithmique. Ce projet d’une langue artificielle et purement formelle sera développée plus tard par Frege [Bel69]. Notée au moyen des symboles logiques, cette idée a inspiré toutes les logiques postérieures, Frege formalisant ainsi entièrement la logique.
2
un rapprochement extrême entre le sujet et l’objet, considérait que le vivant, tel
un ordinateur, manipule essentiellement des symboles élémentaires. Validant une
équation entre « penser » et « calculer », l’IA fait ainsi abstraction du corps humain
et recherche plutôt à l’intérieur du cerveau l’interface entre les mécanismes cognitifs
et le sens.
L’effort de discrétisation est, certes, récurrent dans l’existence humaine. Il semble
avoir été initié par l’invention de l’alphabet
4et aboutit de nos temps par l’invention
de machines de plus en plus complexes, qui, conçues sur ce principe élémentaire
de discrétisation, visent à mimer la pensée et l’action de l’homme. Si toutes ces
machines ne s’apparentent pas par leur forme (car le télescope ou le microscope ne
ressemblent guère à l’œil humain pas plus que l’ordinateur ne ressemble au cerveau
humain) elles réclament pourtant une parenté au niveau de leur mode de
fonction-nement. Néanmoins, il ne faut pas oublier que la construction de ces machines
et leur utilisation exige systématiquement l’interprétation de leurs lectures car les
technologies ne seraient rien sans l’extension d’une démarche dirigée par l’humain.
L’analyse du texte par ordinateur, les traductions automatiques, tout ce qui porte
sur la vie et le sens, constituent autant d’exemples qui nous obligent à rompre avec
cette vision naïve de la pensée et de la lecture en tant que résultat d’un algorithme.
En réduisant le psychisme de l’homme au câblage de son système nerveux on aboutit
à des méthodes qui, aujourd’hui, ne font pas autre chose que du traitement de la
forme, du signifiant, du contenant, car si « calculer permet probablement de prévoir,
et donc, parfois, d’agir sur les choses cela ne permet pas d’expliquer leur essence »
[Kan99].
Les études en IA ont également mis en évidence le fait que, pour traiter du fond,
du signifié ou du contenu, il faut considérer aussi, d’une part le système
neurosen-soriel qui permet à l’homme d’entrer en relation avec son environnement car il faut
pas oublier le fait que l’homme a aussi un corps émotionnel. Et pas seulement car,
« l’homme est bien au-delà des rouages de son corps et de son cerveau,
il devient homme dans le jeu des relations qu’il a avec d’autres humains,
dans le désir d’autres humains qui l’aident à advenir, dans le choc de
la parole qui tranche, qui sépare, qui dit « je » et « tu ». Entre ce «
je » et ce « tu », il y a tout l’espace d’une rencontre qui fait qu’émerge
l’humanité » [Sim94].
en 1936 par le logicien Alain M. Turing. Il s’agit d’une machine assez simple, susceptible d’effectuer tout traitement d’information que pourrait réaliser un système matériel fini. Par système matériel fini, on doit entendre non seulement une calculatrice quelconque (un ordinateur actuel ou futur), mais également un cerveau. On a donc pu voir dans la machine de Turing l’ébauche d’une « machine intelligente », libérée des programmes préétablis et capable de s’autodéterminer. Le sens émergerait du seul fonctionnement de la machine (association de symboles en propositions, etc.), par l’application de règles appropriées. Celles-ci, bien entendu, ne devant donner lieu qu’à des inférences logiques valides. Cette manière de voir est condensée dans la formule : occupez-vous de la syntaxe et la sémantique s’occupera d’elle-même. . .
2
Croire que la pensée de l’homme peut être réduite à une histoire d’algorithmes et
de connexions entre des éléments isolables et quantifiables s’avère être une erreur
majeure. Cela revient à supposer qu’il serait suffisant de monter dans un arbre pour
atteindre la lune!
Traiter le sujet en adoptant un point de vue atomiste, le penser avec les catégories
employées pour les objets est une option, voire un parti pris qui, dans certains
cas, peut être scientifiquement opératoire, mais philosophiquement sans fondement.
Sujet et objet sont, certes, indissociables, car il n’y a d’objet que par rapport à un
sujet qui l’observe et il n’y a de sujet que par rapport à un environnement objectif
qui lui permet de se reconnaître, de se définir, de se penser, voire même d’exister.
Néanmoins, le développement des technologies actuelles, dites aussi « intelligentes
», a le mérite de nous faire redécouvrir la complexité du phénomène langagier et
l’importance fondamentale de la médiation humaine. Ce développement accru a
mis en exergue le fait que le langage ne se laisse pas enfermer dans les significations
établies et que le sujet humain témoigne, à son égard, une liberté et une créativité qui
lui confèrent toute sa vitalité. On sait désormais que le sens n’est pas dans la tête ou
dans le cerveau, qu’il n’est pas non plus enclos et défini une fois pour toutes dans les
mots (bien que ceux-ci aient un « usage »). Le sens est essentiellement un glissement
indéfini de renvoi en renvoi selon les intentions, les compétences, les cultures ou les
états affectifs des sujets. Après tout, la question centrale de toute réflexion, de
toute action, de la nôtre aussi, est celle du sens, l’homme étant fondamentalement
un chercheur desens et toute entreprise humaine est mobilisée dans cette direction.
La seule plateforme pour aborder la question du sens, ainsi que pour aborder
d’une manière plus générale « un » monde, est la langue. La langue, la seule capable
de gérer l’absence del’objet à travers son évocation, est celle qui instaure une relation
privilégiée entre le sujet et l’objet. Peut-on imaginer aborder l’objet en dehors de
la langue? La langue devient l’espace (lieu) mental où s’organisent les impressions
en se transformant en expressions. Elle devient alors un support. Cependant, nos
instruments de jugement y étant forgés à l’intérieur, elle limite en cela la perception.
On est devant un paradoxe épistémologique car, on ne peut pas parler du rapport
entre la langue et l’objet, ou plus généralement entre la langue et le monde, et pas
non plus entre la langue et lesujet, par absence de point de vue extérieur. En effet,
de la même manière qu’on peut (fort heureusement) nous servir de notre cerveau
sans connaître son fonctionnement, la langue devient aussi ce « quelque chose »
que nous utilisons mais dont nous ne pouvons pas juger mais seulement faire des
hypothèses. La lecture s’effectue à travers la langue ; elle participe ainsi à la fois à la
construction du monde mais aussi de l’individu-même, par opposition au monde. De
plus, nous verrons qu’à l’ancrage perceptif de l’objet se rajoute systématiquement
un ancrage social qui semble éclater lesujet en tant qu’individu. C’est pourquoi on
ne parlera donc plus d’individu mais d’individus interprétants qui partagent un sens
construit collectivement, on ne parlera donc plus de « sujet » mais de « sujets ».
Car, l’impératif du partage de sens (condition primordiale de la survie) transforme
le signe personnel (et donc subjectif) en signe social (collectif). L’interprétation
2
Figure 2.1 : Triade classique des relations entre les sujets, les objets et les
connais-sances.
Figure 2.2 : Rapports entre les sujets, les objets, la langue et les connaissances.
Nous tenons à préciser que le terme « connaissances » tel que nous l’employons ici,
ne couvre que les savoirs construits et transmis à travers un code sémiotique.
de l’objet/signe implique nécessairement la confrontation de l’autre ainsi que son
partage, à l’intérieur d’une plateforme commune – la langue. Elle s’insère ainsi
entre les sujets et les objets rendant d’une part ces derniers « dicibles » et, d’autre
part en participant à la constitution des sujets en tant que tels, par le jeu collectif
qu’elle rend possible. Ce qui confère la légitimité d’une interprétation est justement
cette confrontation sociale qui aboutit à la socialisation du signe, celui-ci devenant
connaissance. La connaissance située entre les sujets résulte, englobe et revendique
une dimension sociale et de partage. Ainsi, si les sujets investissent les objets d’une
charge sémantique, le « sens » et les « connaissances » se déploient résolument dans
un espace anthropologique, intersubjectif.
Si traditionnellement, les relations entre sujets, objets et connaissances sont
représentées sous la forme d’un triangle isocèle cf. fig.2.1, une des idées
fonda-mentales de notre approche consiste à considérer que les connaissances émergent de
l’interaction à travers la langue entre des sujets à propos des objets.
Nous souhaitons revendiquer une approche qui situe au centre de ses
préoccupa-tions lelecteur – en tant que porteur d’une tradition socioculturelle des pratiques de
lecture héritées et, dans une certaine mesure, stabilisées. La notion delecteur intègre
2
l’idée d’acquisition d’une compétence interprétative qui s’inscrit dans une histoire
personnelle et collective, tandis que le terme utilisateur porte parfois des
connota-tions de consommateur. Au centre de notre dispositif d’analyse seront donc situésles
lecteurs qui ne seront pas compris comme des simples récepteurs, mais comme des
bâtisseurs de sens, pourvus certes, de cerveaux mais également de corps pensants,
voire même émotionnels. Les lecteurs seront observés en tant qu’individus, mais
surtout en tant qu’êtres sociaux subissant les pressions d’une cognition distribuée
qui engage leurs corps, leurs histoires et celles de leur communauté d’appartenance,
leur culture. Car nous considérons que l’affaire sémiotique reste et restera,
proba-blement pour longtemps, organisée autour d’un seul centre, définitivement humain.
Malgré le progrès des technologies, c’est l’Homme qui organise le sens, par rapport
à sa compétence de compréhension. C’est aussi l’Homme celui qui confère un sens à
des réponses uniquement formelles proposées par l’objet, puisque l’Homme ne peut
connaître que des choses pourvues de sens. Et même, avant juste sa quête par
rap-port à son désir de comprendre, c’est l’Homme qui reste le maître final de la mesure
de sa satisfaction face à la réponse obtenue. Nous voulons souligner le fait que c’est
lui celui qui sera le juge ultime, suivant les critères de sa propre satisfaction, de ce
qui sera finalement retenu comme pertinent ou pas, intéressant ou pas, valable ou
pas.
Pour dépasser ou contourner l’historique dialectique sujet/objet, nous
em-brasserons une démarche soucieuse de la praxis
5. Ainsi, nous ne viserons pas la
description des documents numériques en tant qu’objets ; nous ne viserons pas non
plus le conditionnement subjectif qui donne lieu à des interprétations individuelles ;
nous viserons surtout l’analyse des actions (des pratiques) qui conduisent les sujets
à construire, à organiser, et à utiliser intersubjectivement leurs interprétations. Si,
traditionnellement, on considère que le sujet est le domaine de l’être et que l’objet
serait celui del’avoir, nous situerons au centre de notre analyse le domaine dufaire,
maintenu par des projets (intentionnels), par des actions, par les pratiques. Entre
l’« être » et l’« avoir » vient ainsi s’interposer une autre instance – le « faire ».
A. Berrendonner définit l’action comme étant : « ce qui modifie l’ordre du monde,
ou, plus modestement, ce qui modifie un état des choses existant »[Ber82].
Néan-moins une précision est nécessaire pour différencierl’action du mouvement naturel.
Car, en effet, si ce dernier semble être indépendant des sujets, l’action est causée
par les intentions, les désirs et les croyances des individus. En tant qu’actions, les
contenus sémiotiques que nous étudierons par la suite seront compris comme des
évènements langagiers qui visent directement à lier un auditeur à un locuteur par
des liens multiples. Et puisque toute intention, désir ou croyance sont situés
néces-5Bien que des termes comme « pragmatique », « praxématique », « praxéologie », « praxénomie » ou « praxégraphie » couvrent des aspects spécifiques qui se rattachent à la pratique langagière, nous préférerons employer le terme plus englobant « praxis ». Nous élargissons ainsi le terme praxis à l’ensemble d’actions qui articulent l’acte de communication, notamment l’intention et la finalité, ainsi qu’à l’ensemble des expressions verbales et non verbales qui concurrent lors d’un événement communicatif.
2
Figure 2.3 : Triade classique des relations entre les sujets, les objets et les
connais-sances.
sairement dans une culture, nos lectures/actions n’ont lieu et sens qu’à l’intérieur
d’un ensemble de règles et de comportements déchiffrables par l’ensemble de la
com-munauté. Deux éléments détermineront ainsi nos actions (tant dans la production
que dans l’interprétation): d’une part le contexte socioculturel, et d’autre part les
moyens techniques d’expression dont une communauté dispose. On comprend alors
que le sens, notre sens, n’est à chercher ni dans les objets que nous-mêmes créons,
ni dans l’analyse de la conscience des sujets, mais dans la pratique quotidienne des
membres d’une société. Dans ce cas, l’étude transdiciplinaire
6de la lecture doit
viser l’analyse du déterminisme socio-technique des pratiques (actions).
À la suite de Rastier [Ras05] nous considérons que les productions sémiotiques
doivent être comprises comme des cours d’actions interprétatives ; le sens étant
sensible aux usages et aux pratiques quotidiennes, il doit être recherché dans l’aspect
dynamique de l’interprétation. Car, avant d’être une unité sémiotique analysable,
tout évènement langagier est un « acte sémiotisé » opérant une transformation de
« l’état de choses existant ». Lorsqu’on considère que les mots « agissent » nous
ne nous référons pas au sens
7mis en évidence par les études de la Linguistique
Pragmatique
8de Austin [Aus70] et/ou Searle [Sea72]. Lorsque nous nous référons au
6Transdiciplinaire et non pas pluridisciplinaire car, la pluridisciplinarité risque d’être comprise comme une agglutination, voire même une harmonisation et une unification des épistémologies propres aux domaines différents, alors que la transdisciplinarité vise leur tissage.
7Du point de vue de la linguistique pragmatique, les énoncés performatifs, par exemple, ont pour caractéristique proprement définitoire leur caractère réflexif, c’est-à-dire qu’ils dénomment (explicitement) l’acte qu’ils accomplissent, et qu’ils accomplissent précisément en le dénommant. Par exemple l’énoncé : « Je déclare la réunion ouverte ! » ne peut pas ne pas accomplir l’acte correspondant (celui d’ouverture).
2
« pouvoir agissant des mots » nous considérons que ce pouvoir d’action dépasse cette
acception. La valeur du pouvoir « agissant des mots », tel que nous le comprenons,
fait référence à un « faire » antérieur, intentionnel, à travers lequel se construit
tout évènement communicationnel. Il s’agit ainsi de la capacité du langage à réunir
l’intentionnalité, sa matérialisation, l’interprétation et l’usage. «Le pouvoir agissant
du langage découle ainsi du fait que la communication se construit invariablement
à travers « le faire » [KO05]. Pour illustrer ce propos, nous reprenons un exemple
proposé par C. Kerbrat-Orecchioni qui décrit la manière dont une gifle agit sur le
visage d’une victime en comparant cela avec l’effet d’une insulte. Certes, l’insulte ne
mobilise pas le même « faire » cependant, sa capacité « agissante » peut, plus d’une
fois « remuer » beaucoup plus qu’une gifle l’aurait fait. On observe ainsi qu’une
relation symétrique semble constituer ces deux pôles de notre cognition: le langage
et l’action. D’une part, le langage ne peut fonctionner qu’en rapport avec l’action
qui le guide, d’autre part l’action, se constitue aussi sur la base du langage, si bien
que ces deux faces sont interdépendantes.
En effet, le langage est, certes, un instrument qui aide à la réflexion, mais aussi,
et surtout un mode d’action. Pour basculer dans le régime herméneutique, nous dit
F. Rastier, il faut un engagement de l’individu sur le plan de la lecture [Ras89].
C’est pourquoi la lecture sera comprise comme un cas particulier d’action. Toute
construction d’un événement langagier, matérialisé sous la forme de texte, passe
immanquablement par des étapes successives, comme par exemple les tours de
pa-role, les interventions, etc. Même la construction d’un objet sémiotique comme
le monologue, ne s’inscrit pas dans une logique unidirectionnelle. La construction
d’un monologue, de même que tout acte interprétatif, suppose un va-et-vient de son
auteur à l’intérieur de soi-même et pas seulement. Il doit visiter les normes
inter-prétatives, les structures d’une langue, les faits de parole et les faits du monde, il
doit coordonner ses gestes, et contenir ses émotions, etc. Ainsi, si le sujet dispose de
la capacité de choisir et de décider sur l’interprétation et l’utilisation qu’il en fera
de l’objet sémiotique qu’il est en train de bâtir, symétriquement, l’interprétation
et l’usage repérables à travers la pratique participeront à la définition de l’identité
sociale de l’individu.
Entièrement tributaire au contexte d’actualisation qui, comme nous le verrons
par la suite, assure les conditions nécessaires à la réussite d’un acte de langage,
l’interprétation procède ainsi fondamentalement du registre du « faire ». À partir
des informations qu’elle tire des pratiques diverses, l’interprétation catégorise les
actes, les choses, les êtres qui poursuivent des finalités précises, tout en considérant
aussi les effets mutuels qui en découlent lors de leur interaction. La communication
devient alors l’ensemble des actions intentionnelles qui participent à la modification
d’un état. Dans ce cas, notre démarche s’ambitionne à étudier ce fin « maillage
» d’actions, verbales et non verbales qui composent nos actes de communication.
C’est vraisemblablement à l’intérieur d’un tel « maillage » que la notion de genre du
cette école semble se trouver en impasse lorsque on dépasse les domaines de la promesse, l’ordre, l’excuse.