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B Discussion autour des résultats

3. Les sujets à explorer

La prise en charge, le soin et le suivi des gens du voyage sont des tâches difficiles pour les médecins, du fait du gouffre qui sépare nos cultures respectives. Nous nous devons donc de rechercher des solutions qui tendraient à améliorer ces points afin d’assurer à ces personnes les mêmes soins et les mêmes chances qu’à la population générale.

Il reste encore de nombreux sujets à explorer afin de proposer des axes de travail pour un meilleur accompagnement en santé des gens du voyage, que ce soit auprès des populations ou des médecins.

3.1 Les sujets à aborder avec les gens du voyage

Plusieurs problématiques que nous avions pu explorer dans nos recherches bibliographiques n’ont pas ou peu été abordées dans les entretiens réalisés.

Il s’agit notamment de sujets comme la quête de fertilité, parfois entravée par la consanguinité, ou encore des maladies ou symptômes tabous comme le cancer, le sang, la diarrhée, les pathologies psychiatriques ou les troubles cognitifs.

De même, la question de la prévention chez les gens du voyage via la vaccination ou les campagnes de dépistage pourrait à elle seule faire l’objet des divers travaux : évaluer le taux de participation aux campagnes de dépistages organisés, comprendre les moteurs et les freins qui sont en jeu en ce qui concerne la prévention.

Cela permettrait d’explorer des voies ouvrant à un meilleur accès à la médecine préventive pour les populations Tsiganes.

3.2 Sujets à aborder avec les médecins

Nous avons également pu constater tout au long de ce travail que les gens du voyage se sentent souvent rejetés ou incompris par les médecins, libéraux ou hospitaliers, qu’ils sollicitent.

La question serait bien entendu de savoir s’il existe réellement un rejet de la part des médecins, ou si ce sentiment résulte d’un manque de compréhension entre deux populations aux temporalités différentes.

Il serait également intéressant de réaliser un travail auprès des médecins traitants, des médecins habitués à ces populations : quelle est leur attitude vis à vis des gens du voyage ? Quels sont les stratégies employées pour rassurer, voire faire comprendre la nécessité d’un suivi ou d’une politique de prévention ?

Les médecins les plus sollicités et habitués à recevoir ces populations pourraient donc apporter leur expérience aux médecins les moins expérimentés.

Enfin, nous n’avons pu trouver aucune donnée chiffrée qui permette de comparer les populations de gens du voyage et la population générale ou encore les populations de gens du voyage itinérantes aux sédentarisées, en terme de consommation de soins, que ce soit chez le médecin généraliste ou aux urgences.

CONCLUSION

Tout au long de la réalisation de ce travail, nous avons abordé la question de la santé et de l'accès aux soins chez les gens du voyage.

Etant donné l’état de santé actuel de ces populations et leur espérance de vie réduite (inférieure de 15 ans à celle de la population générale), il s’agit d’un sujet crucial, et malgré les travaux qui ont déjà pu être réalisés, nous n’avons pas constaté d’amélioration de la situation.

Notre étude a pu montrer que l’accès aux soins primaires chez les gens du voyage se fait essentiellement et autant que possible par le biais d’un médecin traitant, d’un médecin généraliste référent auquel les gens du voyage accordent leur confiance, souvent par habitude.

La relation avec ce médecin référent est basée sur la communication, l’écoute et la disponibilité du médecin. Le temps accordé à l’examen clinique est essentiel. Le plus souvent, il s’agit d’un médecin repéré comme «   bon   » par la famille ou la communauté. Il est sollicité pour les pathologies aiguës ressenties comme bénignes, le suivi de certaines pathologies chroniques ne faisant pas partie des tabous de cette population, mais très peu pour la prévention.

Lorsque le médecin traitant n’est pas disponible ou durant les voyages, d’autres médecins généralistes sont sollicités, mais cette situation ne permet pas aux gens du voyage de choisir le médecin qui les reçoit. Ils se sentent parfois rejetés du fait de leur appartenance à cette communauté.

Enfin, le recours aux services d’urgences est également assez fréquent, mais plus particulièrement pour les enfants, lorsque le délai de rendez-vous chez un médecin généraliste (médecin traitant ou non) est considéré comme trop long compte tenu du symptôme, ou bien lorsque la compétence du médecin généraliste est jugée insuffisante pour la situation.

Il est important de relever que si le principal sentiment qui ressort des discussions autour du médecin traitant est la confiance, celui qui est le plus exprimé concernant les urgences est la peur.

Nous avons donc pu constater que la prise en charge des populations de gens du voyage est encore à améliorer pour assurer un meilleur suivi et un meilleur accès à la prévention, en plaçant le médecin traitant au coeur du parcours de soins, mais également en établissant une meilleure relation entre les professionnels de santé.

Il s’avère donc nécessaire de poursuivre la recherche sur différents points, auprès des médecins généralistes, mais également des populations de gens du voyage, pour pouvoir un jour ramener l’espérance de vie de ces populations au plus près de celle de la population générale.