• Aucun résultat trouvé

5. Résultats

5.2. Analyse des entretiens

5.2.15. Sujets de discussion

a) Le concept de bientraitance

Pour certains médecins, la bientraitance était un sujet vague, difficile à conceptualiser. Il n’était pas toujours aisé pour certains de répondre aux questions :

M2 : « Mais une définition, c’est difficile ça ! »

M4 : « Mouais ! mouais moi je pense que c’est quelque chose qui peut se faire avec tout le monde mais qui est propre au patient et propre au médecin… Voilà… Mais de là à conceptualiser... »

M2 : « C’est difficile à dire ça… »

M5 : « Je sais pas je me suis jamais posé la question… (rires) C’est une question embêtante… »

M10 : « Non, j’en ai pas qui me viennent comme ça »

M13 : « De la bientraitance euh… Qu’est-ce que...On fait une pause là ? L’enregistrement… »

M15 : « Je sais pas si je réponds à ta question… C’est très vague comme domaine… chacun y met ce qu’il veut… »

Pour M4, il a fallu du temps pour s’approprier le sujet : « Alors la bientraitance… Alors, du coup, maintenant comme je vois un petit peu ce que tu veux dire… » ; « Mais je pourrais te redire parce que là tu me prends un peu comme ça… ».Pour lui, le médecin est parfois bientraitant sans le savoir : « Voilà enfin je pense que sans le savoir je fais de la bientraitance… ».

120 M12 : « Mais peut-être que ton… que réfléchir sur le truc ça me changera des choses... » M14 : « J’ai pas de réponses, j’ai vraiment pas de réponses… Ouais ça, ça me pose plus de questions voilà… ».

M3, quant à lui, ne voit pas trop l’intérêt d’être bientraitant : « Non, c’est pas trop compliqué mais… (soupir) c’est un peu chiant puis finalement bon… bon t’améliores la bientraitance mais les gens ils sont pas… Je sais pas s’ils sont… Bon ils t‘en veulent pas tant que ça quoi… (rires) Je pense pas (rires) ».

b) La visite à domicile

Plusieurs médecins se sont interrogés sur le choix du sujet et notamment sur le fait de cibler les visites à domicile et pas sur les consultations au cabinet.

M3 : « En fait, je comprends pas pourquoi bientraitance plus dans les visites à domicile que dans les… On parle de bientraitance dans les visites à domicile mais pas au cabinet ? »

M4 : « J’ai pas beaucoup de visites donc tu vois… donc… en visite parce que la bientraitance au cabinet voilà... Mais dans le cadre de la visite... »

M12 : « Ben j’ai une question c’est pourquoi tu t’es limité aux visites ? » ; « ça renvoie cette fois-là au concept de la bientraitance qui est tout à fait applicable au cabinet médical... Parce que je pense qu’on est maltraitant…Je pense qu’on est maltraitant au cabinet médical !! » M14 : « Mais même en consultation... »

M12 s’est beaucoup interrogé sur la bientraitance des patients antipathiques : « Voilà je pense que les patients qui sont…qui savent pas... qui sont pas sympathiques et ben je pense qu’on les traite pas bien… Je pense qu’on est pas bientraitant avec eux … Donc ça aussi, c’est un travail à faire là-dessus je trouve ».

c) Les EHPAD

Quelques médecins ont évoqué leurs expériences en EHPAD, notamment M12 qui fait la plupart de ses visites en EHPAD et M7 qui est médecin coordinateur en EHPAD.

Pour M12, qui connaissait le concept, il existe un réel manque de bientraitance de la part du personnel en EHPAD. Il a donc décidé d’y consacrer plus de temps : « Comme tu veux pas parler des EHPAD c’est très compliqué, parce que je pense que là où j’ai mis le plus de chose de bientraitance, c’est surement dans les EHPAD. » ; « Non, c’est une question que dans les EHPAD, il y a du personnel soignant, et qui n’est pas toujours dans la bientraitance… ». Il y adopte « Une attitude différente » et fait un « travail de, presque de pédagogie avec le personnel soignant ».Selon lui, le personnel soignant est dans la surmédicalisation des

121 symptômes : « Ils vont soigner les symptômes ou ils vont penser bien faire en produisant du soin mais qui en fait qui est peut-être pas utile et qui mérite réflexion... », et cela sur les troubles du sommeil notamment : « Le trouble du sommeil chez les personnes âgées, l’agitation des personnes âgées, sur le nombre de médicaments qu’on met… ». Il note aussi que le personnel soignant manque de temps pour la prise en charge des patients : « Ils sont eux aussi dans des tensions par rapport à la prise en charge des gens... Sur le euh le temps qu’il faudrait avoir avec eux, sur les demandes qu’ils vont juger illégitimes de la part des patients ».

Pour M7, sa formation est pour lui un véritable avantage dans la prise en charge des patients : « ma formation de médecin « co » fait que je suis peut -être un petit plus vigilant encore que d’autres ? Enfin je suis plus sensibilisé à la chose ».

Cela lui permet d’avoir plus d’accès aux places d’hospitalisation : « Des places, par exemple, à l’hôpital de... à l’accueil de jour, par exemple, des choses comme ça… », de connaître les différentes aides possibles : « Moi, enfin, c’est un peu faussé parce que je connais bien quand même tout ce qui se met autour, aux alentours, avant ! », d’avoir plus d’arguments auprès des familles : « Donc parfois, ça m’a permis aussi de pouvoir trouver des arguments supplémentaires vis-à-vis, par exemple, des familles, vis-à-vis des… aidants à domicile » et d’être plus sensible à certaines choses « auxquelles d’une part je tiltais pas obligatoirement avant ».

Durant les entretiens, il est apparu que donner une définition de la bientraitance n’est pas quelque chose d’aisé. Il a fallu du temps à certains médecins pour s’approprier le sujet mais quelques-uns ont reconnu que cela les amenait à réfléchir sur leurs pratiques. Cependant, un des médecins a exprimé le fait de ne pas voir l’intérêt de la bientraitance, voire de trouver cela « chiant ». M4, quant à lui, s’est posé la question de savoir s’il était vraiment nécessaire de faire de la bientraitance un concept.

Par ailleurs, certains médecins m’ont interrogé sur le fait d’avoir choisi le thème des visites à domicile et non pas l’application de la bientraitance au cabinet, certains estimant être « maltraitant » à leur cabinet. Un des médecins s’est également beaucoup questionné sur la prise en charge des patients antipathiques de façon générale.

Deux médecins ont digressé lors des entretiens en parlant des EHPAD. Pour l’un, il y a un manque de bientraitance dans ces services et le médecin a un réel rôle de pédagogie à jouer auprès des soignants qui sont, pour lui, dans la surmédicalisation. Il reconnait que le facteur

122

temps est, là aussi, limitant dans ces institutions. Pour le second médecin, qui est coordinateur d’EHPAD, c’est un véritable avantage de connaitre les aides possibles, d’avoir des entrées plus faciles en institution ou d’avoir plus d’arguments auprès des familles. Sa formation lui permet également d’être plus réactif face à certains problèmes de la prise en charge du patient.

123