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Suguru-le-Bouc et Sarufyisi-l’Hyène

Il y a très longtemps vivait Suguru-le-Bouc. En ce temps-là, on préparait encore de la bière de sorgho, souvent pour en offrir aux amis et voisins. Un jour, Suguru-le-Bouc qui voulait de la bière alla chez son voisin où des invités étaient en train de la boire. Néanmoins, son voisin et les invités en burent sans lui donner ne fut-ce qu’une goutte parce qu’il n’avait pas été invité. Lorsque les convives estimèrent avoir terminé la boisson, ils déposèrent sous le grenier la

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jarre dans laquelle il ne restait que de lies. L’importun s’en approcha et se mit à lécher des gouttelettes tombées sur les rebords et murmura en se plaignant : « Ooh ! Eux seuls ont eu à savourer une telle bière ! Et il enchaîna : « Moi aussi, dès l’aube, je défricherai un terrain où ensemencer du sorgho. Après la moisson, j’en préparerai de la bière : Rira bien qui rira le dernier. »

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Le lendemain, lui, sa femelle et ses cinq chevreaux furent rassemblés et conduits aux pâturages. La chèvre et les chevreaux se mirent à paître au moment où le mâle allait dans un pré jamais défriché où il passa toute la journée à lui assener des coups de cornes, croyant qu’il était en train de déraciner des touffes d’herbes. Il rentra très épuisé, persuadé qu’il se vengerait de celui qui ne lui avait pas donné à boire la veille. Le jour suivant, Bouc y retourna

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et poursuivit de cogner les touffes au moyen de ses cornes; mais ce travailleur zélé n’eut aucune portion de terre cultivée. La troisième journée, il redoubla d’efforts sans pour autant aboutir à un résultat palpable.

Ce jour-là, une pluie torrentielle s’abattit. Un peu en haut, il y avait un logis où habitait la famille des Hyènes. Ces chèvres s’y rendirent pour être abrités. Ils y arrivèrent et dirent :

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« Pourriez-vous nous abriter s’il vous plaît ? » Le chef dudit ménage, quant à lui, se mit à saliver à la vue de ces mets qui s’amenaient et il leur répondit : « Oui, Venez vous abriter. » Entre temps, dans un coin se tenait la femme d’Hyène qui couvait ses petits pour les protéger contre le froid. Les chèvres, à la queue-leu-leu, entrèrent. Les chevreaux se plaçaient non loin de l’entrée, tandis que leur père se tenait juste à côté de son pair, le mâle Hyène. Celui-ci se

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réjouissait de ces mets que la providence venait d’offrir à sa famille.

L’Hyène regardait curieusement Suguru qui ruminait et qui était orné de cornes sur la tête et de barbes son menton. C’est ainsi qu’il décida de lui demander: « Ami, comment appelle-t-on ceux qui sont posés sur ta tête ? » Sentant le danger, le Bouc dissuada les Hyène : « Ceux-ci

sont de longs couteaux-Bicumaguranyi19 qui, une fois ils percent et repercent l’Hyène mâle le

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font s’écrouler sur sa femme réchauffant les petits et, elle aussi, de ce fait, s’écroule sur les petits qu’elle protège contre le froid. » Dame Hyène intervint : « Saisis-le ! » Le mâle l’interrompt : « Oh, vous femmes aux influences nuisibles ! N’as-tu pas entendu que ses gros couteaux me perceraient et me reperceraient, et que je m’effondrerais sur toi et que, de ce fait, tu te renverserais sur nos petits ? Ne te rends-tu pas compte que nous risquons de périr tous à

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cause de ses couteaux ? » Hyène tourna son regard à son pair et lui demanda : « Comment appelle-t-on ces autres objets fixés sous ton menton ? » Bouc trouva une autre occasion de les dissuader « Celles-ci sont des haches-Bisataguranyi20 qui, si elles saisissent l’Hyène mâle, n’hésitent pas à le fendre et les refendre. » La femme d’Hyène s’empressa de redire : « Saisis-le !... » Le mâSaisis-le tâcha de la ramener à la raison: « Chère épouse, attention de ta témérité!

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N’aurais-tu pas entendu que ses haches-Bisataguranyi me fendraient et me refendraient et que je m’effondrais sur toi tandis que tu te renverserais sur nos petits ? » Hyène regarda les mâchoires de Bouc et lui demanda : « Ami, qu’est-ce que tu es en train de mâcher ? » Ce que je mâche, dit l’abrité, ce sont de friandises destinées aux seuls hommes. Hyène enchaîna : « Donne m’en un peu afin que je goûte! Cher frère, fais tout pour m’en procurer » Bouc lui

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répondit: « Je peux envoyer l’un des miens à la maison pour t’en apporter ». « Oui, envoie le m’en apporter camarade ».

Suguru-le-Bouc s’adressa à l’un de ses chevreaux: « Va et apportes-en-lui rapidement ; mais souviens-toi d’emprunter un chemin non-retour. » Le chevreau s’engagea sur le sentier en direction du domicile. À peine arriva-t-il qu’il fut saisi et attaché. Hyène mâle s’impatienta :

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« Pourquoi ton petit tarde-t-il à revenir ? » Et Bouc de répondre : « Frère, il arrive que l’enfant de ces derniers temps adopte un comportement bizarre. Attends un peu, j’envoie un autre pour qu’il aille t’en apporter. » Il l’envoya en lui disant: « N’agis pas comme ton frère, va et reviens immédiatement ; mais souviens-toi d’emprunter un chemin non-retour. » Ce second petit se mit aussi en route. Juste à son arrivée à l’habitation, il fut également attaché au coin

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19 Le vocable « bicumaguranyi » se traduirait en français comme « quelque chose dont on se sert pour trouer à plusieurs endroits d’un même corps. C’était une façon de décourager père Hyène dans son éventuelle intention de nuire à la famille de Bouc.

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Bisataguranyi équivaudrait, en français, à un instrument à lame tranchante et au moyen de laquelle on fend et refend le même objet. Dans ce sens, le substantif composé hache-bisataguranyi signifierait que père Bouc pourrait se servir de ses barbes pour morceler plusieurs fois les corps des membres de la famille de Maître Hyène au cas où Hyène se hasarderait à inquiéter outre mesure les Suguru.

Annexe II : Contes constituant le corpus

du foyer. De nouveau, l’Hyène s’impatienta et s’adressa à Bouc : « Attention, tu dois m’avoir menti. Tu continues à mâcher tes friandises alors que je n’en ai pas encore eu ! » Le Bouc calma son interlocuteur dont la colère se lisait sur le visage: « Patiente un peu, cette fois-ci, j’envoie tous les trois chevreaux qui restent pour qu’ils t’en apportent enfin. » Il s’adresse à ses petits: « N’agissez pas comme vos frères ! Je vous envoie à trois, courez et apportez-lui de

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friandises destinées aux seuls hommes. Elles sont conservées à l’endroit que vous connaissez bien; mais souvenez-vous d’emprunter un chemin non retour. » Ils s’engagèrent en direction de leur habitation. Dès l’instant qu’ils y arrivèrent, ils furent attrapés et attachés là où étaient attachés les deux premiers. Hyène attendit et ne les vit pas revenir. Il demanda à Bouc : « Alors, pourquoi ne sont-ils pas revenus! » Bouc calma son interlocuteur : « Ami,

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attends encore, j’envoie ma femme, sans doute, elle va revenir sans tarder. Il s’adressa à sa femme : « Femme, démarque-toi de nos chevreaux. Va et apporte-lui des friandises destinées aux hommes. Reviens vite ! Mais, souviens-toi d’emprunter un chemin non retour. » Elle se mit en route. À son arrivée, elle fut aussi attrapée et attachée à côté des cinq chevreaux.

Hyène attendit longuement et s’impatienta davantage. Las d’attendre ceux qui ne reviennent

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pas, Hyène mâle s’inquiéta : « Vois-tu ? Ton mensonge est sur le point de se dévoiler ». Bouc paraît comprendre le bien fondé de cette inquiétude avant de le rassurer: « Chacun pourrait penser comme toi. Attends que j’y aille moi-même, je t’en apporte immédiatement. Le naïf accepta cette proposition : « Vas-y donc ! Je pense que tu ne tarderas pas à revenir. » Bouc courut, rejoignit les siens et fut saisi et attaché à son tour. Hyène attendit vainement le retour

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de père Bouc. Dès cet instant, il jura sur tous les diables qu’il sanctionnerait sévèrement ce menteur au cas où ils se rencontreraient de nouveau.

Un jour après, ces animaux domestiques furent conduits non loin du rugo où ils furent attachés. Entre temps, les propriétaires ignoraient du tout l’incident de la veille. Soudain, le même Hyène surgit à l’endroit où les chèvres venaient d’être attachées. Quand ce sauvage

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revit Suguru-le-Bouc, il ne s’était pas retenu: « Est-ce toi que je revois ? Enfin, nous nous rencontrons encore! » Le Bouc répliqua : « Oui, nous nous rencontrons. N’est-ce pas que l’homme croise toujours son semblable ? » À l’instant même où ils allaient en arriver aux gueules, Bouc intervint: « Compère, allons-nous vraiment nous battre comme des enfants? Je trouve mieux que chacun de nous ait à dire ne fut-ce qu’un vers panégyrique avant notre duel.

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Hyène acquiesça. Bouc proposa à son adversaire: « Prends la parole le premier ; moi, je vais te seconder. » Hyène hurla mais il en sortit à peine un son: « Bhuu !! ...» À son tour, Bouc bêla avec toutes ses énergies tel un cri d’alarme : « Meeeeh !! …

Ces cris successifs furent entendus par les propriétaires de chèvres qui présumèrent un danger : « Aaaah ! Nos chèvres sont en péril. » Ils coururent les secourir sans tarder. Effectivement,

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ils trouvèrent l’indompté face leur Bouc. Ils le tuèrent à coups de lances et de gourdins dont ils s’étaient muni.

Ainsi mourut Hyène.

En cas d’une attaque imprévue, l’agressé, faible soit-il, n’a plus le droit de battre en retraite. Conte tirés d’une brochure de contes burundais, pp. 66-69.

Annexe II : Contes constituant le corpus

XIII. Sankima

Il était une fois une femme qui était veuve. Son mari lui avait laissé un grand troupeau de vaches ; mais il n’avait pas d’enfants. Cette femme se reconnaissait être riche ; mais digérait mal l’ildée que sa richesse allait être disputée par tout opportuniste après sa mort.

Elle prépara une offrande et se rendit chez un sorcier. Ce dernier lui fit des prescriptions: « Tu rendras dans un cimetière situé de l’autre côté de la haute montagne surplombant la vallée où

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puisait ta famille d’origine21

et tu y chercheras un os. Emporte-le chez toi et mets-le sur le promontoire22. Chaque fois que tu trairas, c’est sur cet os que tu déposeras la calebasse dans laquelle tu verses le lait trait. »

La femme rentra et exécuta à la lettre les prescriptions du devin. Des jours passèrent, des mois s’écoulèrent et l’enfant se forma et évolua. Lorsqu’il fut assez grand pour être porté sur le dos,

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la mère l’en retira, l’allaita et commença à le porter sur son dos. Mais le devin lui avait interdit de parler de l’origine de cet enfant. C’est pour cette raison qu’elle se gardait de répondre à toute question sur l’origine de son fils dont la venue au monde est entourée de mystère.

L’enfant grandit, commença à s’occuper des vaches. Le berger les conduisait aux pâturages la

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journée et les rentrait le soir. Par la suite, il épousa une femme. Plutôt, il n’en épousa pas une seule ni deux seulement. Peu d’années après, le polygame eut des enfants.

Un jour, la sœur d’Inasankima vint lui demander l’origine de son fils. Mais la détentrice du secret s’entêta à ne pas le révéler. La curieuse insista et harcela sa sœur tellement que celle-ci finit par céder. Alors, Inasankima l’emmena dans la cour intérieure de l’autre côté de la

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21 Le texte orginal parle d’un cimetière des Batutsi. Mais nous en proposons une description autre pour question d’adaptation du contenu du conte en fonction de l’évolution de mentalité des Burundais. Il est par ailleurs impensable qu’il existerait, actuellement, des cimetières réservés à une seule composante ethnique au Burundi. Décrire autrement le cimetière en recourant à notre pure imagination nous permet d’éviter l’éventuel débat ethnique par ailleurs peu utile en classe de français à l’heure actuelle.

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Pour bien gérer l’espace dans des maisons, l’on construisait traditionnellement des promontoires ou se déposaient des objets précieux tels que des barattes, des calebasses à bière, des sacoches ou sacs contenant des habits d’apparat et d’autres outils utilisés rarement. Confectionnés soit au moyen des tiges d’arbuste semblables Tiges roseaux soit au moyen de bambous, soit encore au moyen de banchages de natures variées, ces emplacements étaient souvent aménagés dans la chambre parentale.

maison et lui révéla que c’était un os tiré du cimetière situé de l’autre côté de la haute montagne surplombant la vallée où puisait la famille parentale à elle. Immédiatement, Inyomvyi-le-Rossignol s’envola, alla trouver Sankima là où il avait conduit le bétail et se mit à raconter:

Ta mère a mangé Sankima,

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Jusqu’à plus faim, Sanki, Elle a parlé de toi, Sanki, Que tu es un os, Sanki,

Trouvé dans un cimetière, Sanki, Situé de l’autre côté…, sankima.

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Il ne l’entendit pas du premier coup et l’oiseau reprit de plus belle. Ceux avec qui Sankima gardait les vaches lui dirent : « Ecoute Sankima celui qui t’appelle. » L’oiseau reprit encore sur le même ton et Sankima courut se cacher dans un buisson. L’oiseau le poursuivit, se percha au-dessus de lui et entonna :

Ta mère a mangé, Sanki,

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Jusqu’à plus faim, Sanki, Elle a parlé de toi, Sanki, Que tu es un os, Sanki,

Trouvé dans un cimetière, Sanki, Situé de l’autre côté…, Sankima.

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Sur ce, le berger choqué rassembla ses vaches, quitta les pâturages et ramena son troupeau à la maison. Arrivé à la maison, il appela toutes ses femmes, toute sa descendance ainsi que sa mère. Il s’assit par terre et dit à cette dernière :

Tu as mangé, Inasankima, Jusqu’à plus faim !, Inasankima ;

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Tu as parlé de moi, Inasankima, Que je suis un os, Inasankima,

Annexe II : Contes constituant le corpus

Un cimetière situé de l’autre côté…, Inasankima.

Que tous les enfants de Sankima te laissent dans la solitude,

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Te laissent dans la solitude, Inasankima.

Que toutes les femmes de Sankima te laissent dans la solitude, Te laissent dans la solitude, Inasankima.

Que tous les biens de Sankima te laissent dans la solitude, Te laissent dans la solitude.

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Ils virent la terre s’ouvrir et chaque fois qu’il terminait un couplet ses jambes furent englouties, puis son tronc puis tout son corps à l’exception de la tête. Ensuite, elle s’empara de son troupeau, de ses enfants et de ses femmes. Il ne resta que la tête de Sankima pour adresser des reproches à sa mère.

Par après, cette tête fut aussi engloutie et Inasankima resta seule, dans la

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solitude absolue.

Chantefable tirée des Ibitito collectées-anonyme, pp. 33-34.

XIV. Semushoza

Il y avait un homme qui était très riche ; mais qui avait des frères qui étaient misérables. Sa femme avait conçu pour la première fois et, pour la première fois, son taureau géniteur venait de saillir.

Un jour, les frères de Semushoza tuèrent un homme pour lui nuire. Il les rencontra qui couraient et leur demanda où ils allaient aussi vite. Ses frères lui répondirent qu’ils partaient

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vers des contrées éloignées. - Quand reviendrez-vous?

- Lorsque ce sera la saison des vaches.

- Et d’où serait venu ce sang que je vois sur vos habits ? - Nous avons tué Imbwebwe, nous avons tué Isambwe23.

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Le soir même, à l’heure où Semushoza rentrait ses vaches, une vieille femme l’avisa : « En es-tu au courant ? Tes frères ont tué quelqu’un ! Même si tu rentres les vaches, Sûrement que les siens viendront le venger. »

Les vaches entrèrent dans l’enclos et Semushoza alla s’asseoir, désespéré, sur le bas côté de l’entrée du rugo, la tête tournée vers le bas, le front entre les genoux. Sa femme alluma du feu

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autour duquel s’attroupaient les vaches et s’adressa à son mari :

- Mon cher époux Semushoza, qui est aussi Semushungura ! Tu viens de rentrer le troupeau et tu t’assois, désespéré, au bas côté de l’entrée du rugo. Est-ce parce que tu n’apprécies pas bien la qualité du feu au tour duquel les vaches se réchauffent? Que je le ranime ? Est-ce les pots au lait ne sont pas assez présentables? Ne sont-ils pas bien

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nettoyés lavés ? Tu n’apprécies pas bien la façon dont ils ont été lavés? Que je le nettoie de nouveau? »

- Ma chère épouse, ce qui m’attriste n’est pas autre chose. Pour le moment, ma femme porte une première grossesse, mon taureau, pour la première fois également, vient de saillir. Et voilà que mes frères ont tué un homme sans même daigner m’en informer ». Je

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Les deux termes désignent des animaux sauvages. « Imbwebwe » ressemble à un chien tandis que « isambwe » pourrait être comparé à un chien de petite taille et à museau un peu allongé. Ce sont des bêtes nuisibles à la société et dont il faut se débarrasser à tout occasion. Dans ce contexte, les deux frères de Semushoza évoquent les noms de ces animaux pour tâcher de le tranquilliser quant à la provenance du sang remarquable sur leurs habits.

Annexe II : Contes constituant le corpus

les ai croisés qui couraient et leur ai demandé où ils allaient. Ils m’ont répondu qu’ils partaient vers des contrées éloignées. À ma curiosité de savoir quand ils projettent revenir, ils m’ont dit : « lorsque se sera la saison des vaches.»

La femme, insista:

- Mon cher époux Semushoza, qui est aussi Semushungura ! Tu viens de rentrer le

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troupeau et tu t’assois, désespéré, au bas côté de l’entrée du rugo. Est- ce parce que ces pots au lait ne sont pas assez présentables ? Ne sont-ils pas bien nettoyés ? Tu n’apprécies pas bien la façon dont ils ont été nettoyés? Que je le refasse. Est-ce parce que tu désapprécies la qualité du feu au tour du quel les vaches se réchauffent? Que je le ranime ?

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Entre temps, les gens venus venger la victime des frères de Semushoza grouillaient derrière l’enclos. Et Semushoza de dire : « Gens qui rodent autour de mon enclos, venez et faites ce qui vous amène. Ce n’est pas votre faute, la faute est à mes frères qui ont tué un homme sans même daigner m’en informer. » Ils franchirent l’entrée du rugo et restèrent debout à l’intérieur de l’enclos. Semushoza les invita à entrer à l’intérieur de la maison et leur apporta une cruche

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de bière à boire. Lui, il retourna près de ses vaches, se mit à traire, termina et ferma l’entrée du rugo. Il entra par la suite dans sa maison tout en tremblant de peur, car il était certain de sa mort imminente.

Les lueurs vespérales cédèrent la place à l’obscurité de la nuit alors que les fameux hôtes discutaient sur le sort à lui réserver. Certains disaient qu’il fallait le tuer tout simplement

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tandis que les plus âgés s’y opposèrent pour lui imposer plutôt de donner quatorze vaches en guise de réparation. Semushoza accepta et leur dit de choisir eux-mêmes celles qui leur conviendraient et ils prirent assez de temps pour contempler son troupeau.