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Kanzaza ka Nzobera avait fixé sa lance dans une touffe de pré, les démons souterrains la déterrèrent et il s’en étonna : « Vous démons souterrains, vous vous pressez de réagir car les délais convenus n’étaient pas arrivés à terme. »

Jadis, il y avait un homme qu’on appelait Matama ya Nyagutanwa qui avait l’habitude de séjourner à la cour royale en quête de dons de vaches que le roi accordait à ses courtisans. Un jour que ce courtisan s’y rendait de nouveau, une épine s’enfonça dans l’un de ses pieds. Promptement, il se saisit du couteau dont il s’était muni et coupa une petite partie de la peau pour en tirer cette épine avant de continuer sa route. Miraculeusement, ce petit morceau

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enlevé puis jeté se transforma en un autre Matama ya Nyagutanwa qui retourna à la maison. Le visiteur en quête de faveurs passa des jours à la cour royale. Quelques semaines après, il délégua un envoyé pour que ce dernier aille lui apporter d’autres vivres parce que les provisions dont il s’était muni étaient sur le point de se vider. Arrivé au domicile du courtisan, l’envoyé s’adressa à la femme de Matama ya Nyagutanwa : « Donnez-moi des provisions à

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apporter à votre époux car il estime que ses provisions vont bientôt finir. » La femme refusa de les lui envoyer et alla même jusqu’à injurier le messager : « Vaurien, viens-tu m’escroquer, j’ignore même la personne qui t’aurait envoyé ici!! »

Matama ya Nyagutanwa a vainement attendu un ravitaillement en provenance de chez lui. Il se décida alors à aller droit au roi : « Majesté, auriez-vous la générosité de m’accorder un don

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et l’amabilité de me libérer afin que je rentre chez moi de peur que je ne meure d’inanition ici au palais ? » Et le roi de répondre : « Rentre chez toi, quand tu auras passé un mois, tu reviendras et je t’offrirai le cadeau. »

Matama ya Nyagutanwa reprit le chemin de retour. Il arriva chez lui un soir. Il toqua pour qu’on lui ouvrît la porte. Sa femme et ses serviteurs refusèrent de la lui ouvrir. L’homme qui

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s’était constitué à partir du petit morceau de sa peau se présenta, accompagné de tous les serviteurs armés tous de lances, d’arcs et de flèches et ils le chassèrent de son domicile. Comme Matama ya Nyagutanwa venait d’être chassé de chez lui, il se retrouva contraint à l’errance et alla dans un pays lointain. Dans cette contrée, il tomba dans les bras d’une vieille femme qui n’avait plus d’époux. Il prit refuge chez elle et devint son mari.

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Le lendemain matin, elle lui donna une serpette et lui ordonna d’aller aux champs pour débroussailler des terrains. Dans cette propriété, il y rencontra un gros animal sauvage qui régnait jusque-là en maître absolu sur toute cette clairière. L’animal avisa ce défricheur : «

Toi, Sagiteme5, ne me coupe pas ! » Et l’homme à la serpette prête à couper de répliquer : « Au cas où je te couperais, quelle réaction envisages-tu? » Le fauve répondit : «

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Tu m’aurais coupé expressément. Tu l’aurais fait contre moi ; tu subirais le même sort. » Touché par le fond du contenu de cette mise en garde, Matama ya Nyagutanwa retourna à la maison et restitua le message à sa nouvelle épouse : « Dans les champs où tu m’as envoyé défricher, j’y ai rencontré un fauve. Juste au moment où j’allais débuter le débroussaillage, cet étrange animal m’a prévenu en ces termes : « Toi, Sagiteme, ne me coupe pas. » Et j’ai

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répliqué : « Au cas où je te couperais, quelle réaction envisages-tu?» Le fauve répondit : « Tu m’aurais coupé expressément. Tu l’aurais fait contre moi ; tu subirais le même sort. » La nouvelle épouse décida de renvoyer immédiatement cet homme jugé lâche et peu sérieux. Face à cette fatalité, Matama ya Nyagutanwa se désespéra : « C’est maintenant que je deviens le plus malheureux ! »

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Matama ya Nyagutanwa reprit son errance. Sans s’y attendre, il trouva une famille qui le retinrent et l’embauchèrent aux travaux contre la nourriture. Sa tâche consistait aussi à débroussailler des terrains à cultiver et une serpette lui fut donnée à cette fin. À l’instant même où il coupa les premières herbes, il eut la malchance de couper en deux un calebassier6 que dissimulaient les mauvaises herbes en cet endroit. Cette plante se mit en colère et lui

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rappela : « Ne t’ai-je pas dit que tu aimes jouer de sales tours exprès ? Toi aussi, tu subiras le même sort! Et voilà, tu viens de le faire, accepte d’en assumer la conséquence. » Encore une fois, il fut renvoyé par ceux qui venaient de lui accorder asile parce qu’ils remarquèrent que ce nouveau travailleur venait de couper leur plante nourricière.

Par la suite, loin du village, sur une colline isolée, il découvrit une termitière où avaient

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poussé des champignons7. Ce malheureux les cueillit et continua son errance. Sur ce sentier, il croisa des gens qui étaient à la recherche de leur vache volée et le soupçonnèrent. Ils lui demandèrent : « Homme, que portes-tu sur ta tête ? » Il leur répondit que c’étaient des

5 Homme en train de couper des herbes et arbustes pour apprêter un terrain à être labouré.

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Plante sauvage rampante aux feuillages semblables à ceux d’une courgette et dont les fruits sont des calebasses En cas de pénurie alimentaire, les feuilles de cette plante servaient de légumes.

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Par opposition aux champignons cultivés, les champignons naturels poussent en des endroits situés dans un sillage d’une termitière peuvent être cueillis par tout passant. Is peuvent aussi être utilisé comme condiment principal pour faire de la sauce qui accompagne le repas constitué de la pâte du manioc, du maïs, etc. surtout pour des personnes de la classe modeste.

Annexe II : Contes constituant le corpus

champignons. Ils l’arrêtèrent pour vérifier et remarquèrent qu’il portait des cornes d’une vache. Ils le saisirent et l’amenèrent à la cour royale. Le jugement eut lieu et Matama ya

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Nyagutanwa gagna le procès. Au moment d’applaudir pour manifester son enthousiasme, les doigts de cet acquitté touchèrent dans les yeux de sa Majesté le roi.

Ainsi fut-il condamné malgré son innocence.

Que ce ne soit pas à moi d’y périr, qu’y périsse plutôt Matama ya Nyagutanwa8 .

8 Cette leçon de morale pourrait être reformulée car elle condamne la malheureuse victime de l’injustice sociale.

Conte tiré d’Imigani n-ibitito [les contes et chantefables] de Jean-Baptiste NTAHOKAJA (1976), pp. 56-57.

V. Karyamyenda [L’homme qui vivait des dettes]

Il était une fois un homme dénommé Karyamwenda qui avait contracté beaucoup de dettes auprès de ses voisins alors qu’il n’avait rien à donner pour les rembourser.

Un jour, il déménagea et s’installa dans une forêt avec sa femme et ses enfants. Au moment où il allait débroussailler pour de futurs labours, il vit Sarugwe qui dévorait une vache. En voyant cet inconnu s’approcher, le sauvage poussa un cri de terreur. Mais l’homme le

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calma : « Non, je viens pour être ton voisin. Pour te rassurer, donne-moi la moitié de cette vache. » Sarugwe lui donna tout un quartier de viande et Karyamyenda l’apporta à sa famille. Sa femme qui le revit s’endetter encore s’inquiéta et avisa son époux : « Mon mari ! Tout ce que tu as l’habitude d’amener à la maison, je crains que tu nous apportes des ennuis car tu risques de nous mettre dans de sales draps ». « Laisse-moi faire, rassura l’homme, c’est

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même qui saurai comment rembourser. »

Une autre fois qu’il se rendait au débroussaillage comme d’habitude, il remarqua Rufyisi- l’Hyène qui dépeçait une vache. L’homme le supplia : « S’il te plaît, je te prie de m’en donner une partie, je m’engage à te rembourser une vache entière. » L’Hyène n’hésita aucune seconde, suite à cette promesse combien alléchante et il lui en donna une. Karyamyenda partit

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après lui avoir promis ceci : « Tel jour, viens chez moi, je te rembourserai. »

Au jour convenu, Sarugwe vint le premier, il se présenta et précisa qu’il venait réclamer son dû. La femme de Karyamyenda le reçut et lui répondit que son mari n’était pas là. Le fauve rebroussa chemin et rentra chez lui. Le soir, ce fut le tour de Rufyisi-l’Hyène de venir et celui-ci ne tarda pas une seconde pour exprimer le motif de sa présence : « Je viens réclamer mon

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dû. » Karyamyenda lui répondit : « Tu reviens tel jour, j’aurai amené ta vache ici. » Hyène reprit le chemin de retour lui aussi.

Le jour attendu arriva. Sarugwe fut le premier à toquer à la porte. Karyamyenda le reçut, lui indiqua par où se diriger et le conduisit sur une colline. L’endetté alluma du feu et Rugwe s’assit près du feu. L’homme retourna auprès des siens. Au retour, juste au moment où

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l’homme arriva chez lui, Rufyisi arriva au rugo et lui rappela : « Je viens pour que tu me rembourses comme tu me l’as promis. Au cas contraire, … » « Arrête de te tracasser cher ami, ta vache, je l’ai amenée. La voilà, là-bas sur la colline où est allumé du feu. Qu’elle ne t’échappe pas! Sinon ce sera ton affaire. » Il lui indiqua bien où était Sarugwe. L’Hyène y alla rapidement, calmement et discrètement. Sarugwe, quant à lui, avait été avisé en ces

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Annexe II : Contes constituant le corpus

Aussi resta-t-il les yeux tournés vers la direction indiquée. L’hyène progressa furtivement en se dissimulant le plus possible. Il finit par atteindre Sarugwe qui le saisit d’un coup sur le cou par sa gueule et une véritable bataille s’engagea. Entre temps, l’endetté s’était placé à un endroit de telle sorte qu’il observait toute la scène. De là, il cria : « Attrape! Attrape! Je viens

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de rembourser mes dettes et c’est fini. Mes dettes sont remboursées! » Il appela son épouse et lui dit : « Viens voir, je viens d’honorer mes engagements. Je ne suis plus redevable. Mes dettes sont toutes réglées. » Dès ce moment-là, il venait de liquider ses dettes ; mais la faim continuait à sévir dans son ménage. Mais Karyamyenda avait plus d’un tour dans son sac. Un autre jour, Karyamyenda se promenait lorsqu’il passa tout près d’un éleveur de vaches qui

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essuyait son troupeau et lui enlevait les tiques avant de le conduire au pâturage. Ce promeneur repéra une de ces vaches et entreprit de la critiquer : « Quelle vache stérile ! » Le propriétaire approuva : « C’est vrai ! Stérile, cette vache l’est. » Le rusé lui proposa : « Accepte de me la donner pour que j’aille en consommer la viande dans ma famille. En contre partie, je te ferai deux vaches. » L’éleveur accepta et la lui céda. Le preneur précisa au donateur le jour de

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remboursement. Au jour convenu, l’éleveur se dirigea au domicile du redevable pour réclamer les deux vaches. Il fut reçu par la femme qui lui apprit que son époux n’était pas là.

Très tôt le matin, Karyamyenda apprêta une peau de vache et ordonna à son épouse : « Prenez cette peau, pliez-la et enfermez-moi dedans. Faites-le avec habileté et élégance. Restez tout près pour éloigner les mouches qui voudraient s’en approcher. À l’arrivée de l’éleveur de

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vaches, informez-le qu’il s’agit d’une offrande destinée au roi ». Ils exécutèrent les ordres donnés. Cette tâche fut réalisée au moyen des écorces du bananier sèches. Après l’emballage du corps dans la peau de vache, à l’instant où l’on commençait à chasser les mouches qui voletaient autour du gros paquet, l’homme qui réclamait ses deux vaches revint. Il demanda à la femme qui veillait sur le « cadeau » récemment emballé : « Ton mari, où est-il ? » Elle lui

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répondit : « Il n’est pas ici. Je ne sais pas où il est allé se promener. » « Puisqu’il en est ainsi, je ne lui laisserai pas ce gros paquet quand je reviendrai. Je m’en accaparerai avant de repartir. » Sur cet avertissement, il regagna son domicile.

Le lendemain, il revint demander où était le chef du ménage. On lui répondit : « Il n’est pas ici. » « Cette fois-ci, tonna-t-il, je ne vous laisse plus ce gros paquet ». Il ordonna aux gens

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qui l’avaient accompagné : « Prenez cette offrande et apportez-la chez moi. » Selon la logique de cet homme, saisir cette offrande destinée au roi était exposer Karyamyenda à la colère du roi. Aussi, croyait-il l’avoir eu à son tour après tant de faux rendez-vous. Arrivé chez lui, il dit

à ses serviteurs de déposer ce cadeau à l’intérieur du rugo. Ils l’y déposèrent et allèrent, par la suite, boire de la bière pour s’étancher la soif. À ce moment, de l’intérieur du gros paquet,

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l’homme se servit d’un petit couteau dont il s’était muni avant de se faire enfermer et il se mit à couper la peau de vache, les écorces de bananier sèches et les ficelles qu’on avait utilisées pour bien l’emballer. Il en sortit et retourna chez lui. De là, il revint au domicile du ravisseur de l’offrande du roi.

À son arrivée, il se présenta : « Pourriez- vous nous recevoir s’il vous plaît ? « Volontiers » !

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lui répondirent-ils. Tout à coup, il menaça : « Remettez-moi, dans l’immédiat, l’offrande destinée au roi ; au cas contraire, j’irai intenter le procès auprès de sa Majesté ». L’éleveur se précipita de regarder là où on avait déposé l’offrande du roi et ne trouva que la peau de la vache et les écorces de bananier sèches. Il fut alors envahi d’une grande peur. L’homme qui menaçait courut jusqu’à la cour royale où il porta plainte : « Roi du Burundi, ici, je suis avec

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un homme qui m’a volé mes biens. Je viens donc pour demander votre autorisation pour lui prendre tous ses avoirs. »

Alors, le roi lui accorda l’autorisation et on alla dépouiller l’éleveur de toutes les vaches qu’il possédait et d’autres biens dont il était propriétaire.

Ainsi Karyamyenda devient-il riche.

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Conte tiré d’Imigani n-ibitito de Jean-Baptiste [les contes et chantefables] NTAHOKAJA (1976), pp. 60-61.

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VI. Nzigidahera

Il était une fois un éleveur qui s’appelait Nzigidahera. Il avait beaucoup de vaches et en était à la fois fier et orgueilleux. Kinyamwanira-le-Faucon profita du moment où Nzigidahera était allé prendre son léger repas d’avant-midi pour tuer et manger un des veaux de cet éleveur. À son retour, le propriétaire de vaches retrouva son veau étendu par terre et s’étonna alors que ce rapace diurne était en train de s’en régaler. L’homme choqué voulut se rassurer : « C’est

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vraiment toi qui viens de tuer mon veau ? » L’arrogant ailé lui répondit avec insolence : « Je suis en train de le dévorer, moi, roi des éperviers. Malheureux éleveur, résigne-toi. Autrement, comment comptes-tu m’attraper, moi qui m’émeus dans les airs? »

Loin de se résigner, l’éleveur offensé et agressé rétorqua : « Je suis sûr que je t’attraperai. » L’oiseau au gros bec crochu se moqua de lui : « Tu te leurres! Tu ne m’attraperas pas parce

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que je me meus en air au moyen de mes ailes. Quand tu tenteras de venir, je vais me percher sur les branches du très haut arbre. Quand tu me lanceras des pierres pour m’en déloger, j’irai sur une autre colline. Comprends-le bien, tu n’auras aucun moyen pour me contraindre à payer ton veau ! » Cet éleveur en fut à la fois choqué et vexé. Il lui rappela le proverbe en lui disant: « "Petit à petit, l’oiseau fait son nid " Et souviens-toi aussi, "Dieu vaut mieux qu’une

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foule de guerriers." Je t’attraperai, tu verras. »

Or cet éleveur avait un troupeau de vaches. En vue de préparer sa vengeance, il invita des hommes sachant faire saigner les vaches9 et leur dit : « Venez avec vos flèches pour tirer un peu de sang de mes vaches et je vous en récompenserai ; mais faites-le la nuit ! » Ces tireurs à l’arc acceptèrent car il leur avait promis une récompense. Ils vinrent et accomplirent la tâche.

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Leur employeur leur indiqua là où ils vont placer les pots remplis de sang recueilli, ce qu’ils firent comme indiqué.

À l’aube, avant que le soleil ne soit levé, il supplia des gens qui enduisirent de ce sang son visage et même tout son corps, afin qu’il se vengeât du Faucon, qui s’était moqué de lui et qui se croyait inaccessible, donc impunissable. L’éleveur n’a pas tardé à gagner son pari! Il

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apporta une flèche et un arc qu’il déposa à côté de lui, parce qu’il voulait saisir l’agresseur de ses mains au cas où il ne l’aurait pas atteint en utilisant la flèche et l’arc. Dieu avait inspiré ce

9 Cette pratique consiste à faire saigner les vaches pour en diminuer la quantité de sang et les risques de maladie. L’on dit aussi que les vaches saignées grossissent davantage. Une fois coagulé, le sang ainsi recueilli entrait dans la constitution de repas prisé ou pouvait être cuit et consommé seul chez le peuple éleveur.

pasteur offensé car ce dernier avait su éloigner les autres, notamment les hommes, qui avaient tiré le sang et ceux qui venaient d’ensanglanter son corps étaient tous retournés chez eux. Alors, il dormit et joua le mort. Il s’était tellement rendu méconnaissable qu’aucune trace

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humaine ne se manifestait sur son corps. Qui ne l’avait pas vu un peu avant aurait cru que ce n’était que de la viande.

C’est ce seul l’oiseau dit imarankoni gazouillant pendant toute la nuit qui voyait quand l’éleveur agressé faisait tout cela. Au lever du soleil, les éperviers se réjouirent de ce sang. Ils se dirent : « Le Bon Dieu nous donne à manger. » L’homme en question sut bien jouer le

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mort. Pendant que ces éperviers se ripaillaient avec réjouissance, Faucon le malfaiteur sentit une grande envie et oublia ce qui lui avait été dit. D’ailleurs, estima-il: « Celui-là qui ne bouge plus ne vaut plus rien. » Aussi s’approcha-t-il des jambes de l’homme et se mit à picoter du sang coagulé des alentours. L’oiseau qui voyait quand se passaient toutes les scènes se mit à se moquer de ces éperviers en riant : « Cet homme est encore vivant, même

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s’il se laisse manger. Regardez ! Il dort sa lance et son arc à côte de lui! » Ceux qui avalaient du sang un peu solidifié croyaient que ces oiseaux nocturnes étaient peureux ; ils les jugeaient d’ailleurs craintifs. Quand le roi des éperviers entendit tout cela, il avançait des jambes à tout le corps de l’homme étendu par terre. Jusque-là, le rusé ne réagissait pas. Il restait immobile et gardait le silence afin qu’il eût la possibilité de bien le saisir. En picotant pour se gaver du

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sang, Faucon se réjouissait. Convaincu que rien ne bougeait, l’oiseau se plaça en face de celui