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Chapitre V : Résultats et discussion

V.1. Résultats

V.1.4. Structure spatio-temporelle de la végétation de Beni-Belaid

V.1.4.2. Structure spatiale de la végétation

La typologie des groupements végétaux a été abordée à l’aide de l’analyse factorielle des correspondances (AFC). Selon Bonin & Tatoni,1990 ; l'efficacité de l'AFC est généralement maximale pour l'analyse des gradients (dynamique, altitudinal, thermique, ou de dégradation, etc.); les deux auteurs rajoutent que les groupements végétaux étudiés s'ordonnent toujours selon des gradients de facteurs écologiques.

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En outre l'analyse factorielle des correspondances, mise au point par Benzécri (1973), s'applique à des données qualitatives ou semi-quantitatives et permet de comparer des relevés deux à deux à partir d'un ensemble d'individus sans leur attribuer une valeur particulière ; dans notre cas, l’AFC a été appliquée à un tableau de 23 relevés en colonne et de 179 espèces en ligne. Chaque espèce est représentée dans chaque relevé par son indice d’abondance dominance. Le nuage des points lignes ou des points colonnes s'étire le long d'une direction privilégiée correspondant à l'axe factoriel. Chaque axe factoriel est caractérisé par une valeur propre traduisant l'inertie du nuage de points le long de l'axe. Le taux d'inertie de l'axe représente quant à lui le pourcentage d'information apporté par l'axe dans l'inertie totale du nuage. Ainsi, la structuration d'un nuage le long d'un axe est proportionnelle au taux d'inertie et à la valeur propre de ce même axe.

L’analyse fait apparaître dans le plan F1-F2, une organisation régulière des relevés et des espèces dans une structure en forme de V, qui met en évidence l’existence d’un fort gradient écologique (effet Guttman), voir figure31.

Figure31.Plan factoriel 1/2 de l’analyse factorielle des correspondances (AFC).

*En haut : espèces regroupées en communautés ; la signification des codes est donnée dans le tableau12 ; les espèces ligneuses sont notées en gras.

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Le choix de l’espace factoriel défini par les axes 1 et 2, est justifié par la valeur propre élevée du premier axe et son taux d’inertie correspondant (axe1 :0,40 et 9,75%) et à la chute importante obtenue pour l’axe 2 (axe2 : 0,10 et 8,55%).

L’axe F1 est le plus informatif puisqu’il représente 9,75% ; il révèle à première vue, l’opposition entre les relevés effectués en milieu sableux (15-19) de ceux en milieu humide (1, 14, 20) ; terrestre (2-9) et forestier (10-12 et 21-23), il exprime donc un gradient de salinité issu de l’effet marin : milieu halophile/milieu dulçaquicole.

L’axe F2 (8,55%), permet de distinguer les espèces des milieux forestiers des espèces opportunistes des milieux ouverts ; il fait apparaître un gradient anthropique (milieu fermé/milieu ouvert). Ce gradient depuis des fruticées dominées par des phanérophytes arborescentes, arbustives et lianes (Populus alba ; Fraxinus angustifolia ; Ulmus minor ; Hedera algeriensis ; Smilax

aspera ; Rosa sempervirens ; Rubus ulmifolius…) jusqu’à des formations herbacées naines

comprenant (Filago pygmaea ; Paronychia argentea ; Plantago lagopus ; Festuca arundinacea ..). La projection des 23 relevés sur le plan factoriel limité par les deux premiers axes fournit d’emblée une représentation significative avec une disjonction spatiale des relevés en quatre ensembles répartis le long de l’axe1 et organisés selon deux gradients environnementaux (figure 31). Il faut noter que l’écart entre les valeurs propres des axes 1 et 2, est suffisamment élevé pour suggérer l’existence d’un gradient dominant le long de l’axe 1 (Bonin & Tatoni,1990).

(1) la communauté halo-psammophile (relevés 15-19), développée sur sol sableux, sous l’influence de la mer, comprend Cakile maritima, Calystegia soldanella, Echinophora spinosa,

Elymus farctus, Eryngium maritimum, Chamaesyce peplis, Glaucium flavum, Achelia maritima et

Pancratium maritimum, qui se développent très tôt entre la fin de l’hiver et le début du printemps.

Cette végétation se présente sous la forme de bandes parallèles à la côte, leur succession indiquant l’évolution des conditions écologiques le long du profil dunaire ; en outre la salinité du substrat est le critère déterminant la disposition des types de végétation en front maritime, alors que la mobilité relative du lido détermine leur répartition sur la partie continentale.

(2) la communauté hydro-hélophytique (relevés 01, 14, 20), développée dans les zones d’eau douce, à proximité du cordon dunaire, comprend des hydrophytes (Ceratophyllum

demersum, Ludwigia peploides, Myriophyllum spicatum, Nymphaea alba, Persicaria amphibia et Potamogeton pectinatus) et des hélophytes (Bolboschoenus glaucus, Phragmites australis, Schoenoplectus litoralis, Scirpoides holoschoenus et Typha domingensis).

(3) la communauté anthropique (relevés 02-09), développée dans les zones cultivées inondables, comprend des espèces opportunistes ou tolérantes aux perturbations (Carex flacca,

Ranunculus bulbosus et Trifolium spp.), ainsi que quelques espèces de ripisylve (Alnus glutinosa, Carex divulsa, Nerium oleander et Vitex agnus-castus). Ce cortège est mêlé d’espèces

transgressives de différents milieux plus ou moins ouverts et plus ou moins hydrophiles.

(4) la communauté forestière (relevés 10-13 et 21-23), développée dans les zones boisées, comprend Crataegus laevigata, Fraxinus angustifolia, Hedera helix, Iris foetidissima, I.

pseudacorus, Lolium multiflorum, Lycopus europaeus, Populus alba, Rosa sempervirens, Rubus ulmifolius, Smilax aspera, Ulmus minor et Vitis vinifera subsp. sylvestris.

Ces deux gradients, qui expliquent 18.30 % de la variance totale, révèlent l’influence des perturbations, d’une part d’origine anthropique et d’autre part d’origine marine. Le premier axe révèle que la communauté halo-psammophile, développées sur des sables non consolidés, remplace la communauté hélo-hydrophytique suite à l’envahissement du lac par les dunes de sables. Le second axe révèle que la communauté anthropique se développe quant à elle à la place des communautés hélo-hydrophytique et forestière dans les zones soumises aux pratiques agropastorales. Il faut souligner qu’au sein de chacune de ces communautés, le patron de pâturage hétérogène des herbivores est à l’origine d’une hétérogéneité de la stucture de la végétation du site, qui se présente sous forme d’une mosaïque de types patchs caractérisés par des compositions floristiques contrastées.