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Chapitre IV : Matériel et Méthodes

IV.1. Présentation du site d’étude

La zone humide de Beni-Belaid appartient aux domaines de l’état et est gérée par la conservation des forêts de Jijel. Son statut foncier est celui de la propriété domaniale, mais il obéit plutôt à l’usage de « Arch » ; où la gestion et l’exploitation du territoire impliquent d’avantage la communauté elle-même, que les autorités communales. La zone humide s’étend sur une superficie de 163 ha, dont 53 ha d’étendues marécageuses, 75 ha de peupleraie et 11 ha de terrains broussailleux. Le nord du lac, est composé de terrains sablonneux sur 24 ha. La population dans la région a été estimée à environ 6 000 habitants, voire plus importante si on compte les communes de Khiri-Oued Adjoul et d’El-Acer, dont le site fait partie, elle dépasse les 50 000 habitants.

Actuellement les pouvoirs publics détenteurs du patrimoine foncier semblent accorder un intérêt particulier et prioritaire à ce site ; il a été choisi comme site pilote du projet MedWet2 en Algérie(1997-1998), ce choix est basé sur l’intérêt écologique national et international de la zone humide. En effet, malgré sa modeste superficie, la réserve de Beni-Belaid offre plusieurs types d’habitats rares à l’échelle de la Méditerranée (prairies humides, lac d’eau douce, mares temporaires, dunes et ripisylves…), à ce titre s’ajoute une diversité biologique (faunistique et floristique) aussi importante (de Bélair & Samraoui,2000), cette biodiversité est en partie liée à la juxtaposition de deux écosystèmes contrasté humide et xérique. Actuellement la gestion de ce milieu est confiée à la conservation des forets de Jijel, agissant en tant qu’administration souvent bureaucratique ; loin des préoccupations environnementales, écologiques, et socioéconomiques des populations rurales riveraines.

IV.1.2. Evaluation économique de la zone humide de Beni-Belaid

Une étude socio-économique est réalisée par Berchiche,1997 dans le cadre du projet MedWet2 ; cet auteur avance l’hypothèse que les changements de la perception du milieu, et par un certain coté de la mentalité des utilisateurs, par rapport aux caractéristiques du milieu humide, sont des paramètres majors dans l’évaluation économique d’une zone humide ; s’ils sont mis en corrélation avec d’autres paramètres socio-économiques, tels que la structure de population, l’évolution des rapports de production et la croissance démographique.

Pour évaluer la valeur de l’environnement sur le plan qualitatif et quantitatif, en fonction des systèmes de production rencontrés dans la zone humide de Beni-Belaid ; l’auteur a procédé d’abord à une classification de la population enquêtée sur la base de la superficie possédée, possession de cheptel (tout type confondu), et le critère de l’âge de l’exploitant ; en tout il a établi

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quatre classes. Ensuite il a procédé à établir une corrélation entre ces 4 classes des systèmes de production, et leur consentement à payer par rapport aux revenus déclaré.

L’auteur souligne que la fiabilité d’un tel calcul est peu conséquente, mais nous renseigne sur la stratégie des exploitants par rapport au site ; et nous permis de comprendre la relation qui existe entre l’activité des exploitations et le milieu dans lequel elles évoluent. L’analyse de la corrélation des données recueillies suite à 40 interviews effectués, nous informe que seul l’activité élevage présente une prédisposition positive dans les objectifs d’équilibre du milieu, avec un coefficient de corrélation de 0,473, par contre les autres activités sont moins corrélatives, à titre d’exemple l’activité agricole se présente comme étant la plus néfaste pour le milieu avec un coefficient négatif soit -0,043.

IV.1.3. Calcul de la valeur économique du site de Beni-Belaid

L’enquête qui a été réalisée auprès des ménages résidents sur le site par Berchiche,1997 ; indique que le milieu est fortement exploité, principalement en raison de la richesse des ressources que procure la zone humide. Le revenu global calculé à partir des spéculations agricoles pratiquées et l’élevage indique que les produits tirés directement du site interviennent pour 53,32% dans la formation du revenu des exploitants.

Les spéculations maraîchères (pastèque, melon, tomate, poivron) restent dominantes et soutire le maximum de biens tangibles du site, qui s’évaluent à 75,5% du revenu annuel calculé. Cette remarque est d’une importance capitale puisqu’elle vient justifier ; la surexploitation des ressources en eau de la zone humide, surtout celle de la lagune, sans laquelle le site n’existerait pas. Enfin pour toutes les classes étudiées l’apport des cultures maraîchers en terme de revenu est de plus de 3 millions de dinars par an, soit 54,6% de la valeur économique de la zone (Berchiche,1997).

IV.1.4.Contexte géologique et géomorphologique

La région de Beni-Belaid est située dans l’une des séries géologiques complexes des zones côtières du secteur des massifs anciens de la petite Kabylie, dans le nord-est de l’Algérie. Elle est délimitée par des chaînes montagneuses essentiellement formées de terrains métamorphiques, recouvertes de lambeaux argilo-gréseux d’âge oligo-miocène et traversées par des roches éruptives d’âge miocène (Marre,1992). La plaine se caractérise par des nappes de charriage, d’alluvions argileuses, de limons et de sables du Quaternaire. Les montagnes sont très accidentées et entaillées par de profondes vallées à évolution morphologique très rapide.

Du point de vue morphologique, cette région est caractérisée par deux directions orographiques principales (figure23):

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La première (WNW-SW) est matérialisée par la ligne de crête joignant le chaînon de Tassadet à celui de Sidi-Abdelaziz.

La second (N-E) est soulignée par plusieurs petits massifs parallèles (Djebel Ourar, Oued- Adjoul), entaillés de profondes vallées de même direction (vallée de l’Oued-Adjoul ).

L’évolution de la structure géologique de la petite Kabylie, est marquée par le socle Kabyle largement charrié vers le Sud, chevauchant sur son front méridional des flyschs en position infra. Les unités en position supra qu’il supporte, s’expliquent selon Bouillin,1979 ; par des retro- glissements à la fin de l’Oligocène. Le Numidien, en position externe, est charrié, quant à lui, au Burgalien inférieur moyen.

Figure23.la zone humide de Beni-Belaid ; A : Situation géographique ; B : Orographie et réseau hydrographique ; C : Subdivisions phytogéographiques selon Quézel & Santa 1962-63.

IV.1.5. Situation géographique et rôle hydrologique régionale de la zone humide

La zone humide de Beni-Belaid (36o52'28''N ; 06o67'42''E ; 2-3 m d’altitude ; (figure23). Elle occupe une dépression endoréique parallèle au littoral méditerranéen, limitée au nord par la Méditerranée et au sud par des terrains agricoles. Elle est alimentée par les eaux de pluie, par les résurgences de la nappe phréatique et, par intermittence, par l’Oued Adjoul qui sillonne

diagonalement la plaine dans sa partie nord. Lors des crues de faible récurrence, peu dévastatrices, il se produit des débordements et des inondations qui constituent des marécages temporaires. Ce phénomène empêche l’exploitation agricole de décembre jusqu’en mars-avril. Le site a une grande importance sur le plan hydrologique : en période de faible pluviosité, il assure l’alimentation de l’aquifère de Belghimouze et en période de forte pluviosité, il participe à tamponner les crues,

notamment par la rétention des eaux excédentaires de l’Oued Adjoul.

IV.1.6. Contexte écologique et particularité physionomique de la zone humide

D’abord un phénomène qui mérite d’être souligné, et qui constitue une forme de dégradation du site par les riverains, réside dans la multiplication anarchique de l’habitat rural. Car en plus de l’aspect inesthétique des architectures inadaptées (maisons en brique non blanchies, absence de toiture en tuiles…), le mitage du site risque de lui ôter une partie de sa valeur paysagère ; sans compter les nuisances qui peut générer ce type d’activité humaine à proximité du site (modification de l’habitat naturel, rejets d’eau usées, ordures ménagères etc...).

La zone humide est située entre deux cordons dunaires littoraux. Le substrat y est dominé par les sables (>95%). L’eau, d’un pH de 7,8, présente une conductivité moyenne de 600 µs/cm (Bouldjedri et al.,2008). La proximité d’un tel écosystème dulçaquicole avec le littoral, tout en étant exceptionnelle, n’est pas un cas isolé dans le Maghreb, puisque de tels milieux sont connus au Maroc Atlantique Nord (lacs de Sidi Bou Rhaba et Merja Zerga (Ramdani et al., 2001) ; et dans le complexe humide d’Annaba-El Kala (Géhu et al.,1993 ; de Bélair, 2005 ; de Bélair,2008a,b).

La zone humide de Beni-Belaid représente en outre l’extrémité occidentale d’un ensemble de zones humides qui occupe les plaines littorales entre les Mogods (Tunisie) et la petite Kabylie (Algérie). Elle est constituée d’un plan d’eau libre d’une superficie de 10 ha, dont la profondeur varie entre 0.3 et 2.5 m. Ce lac est entouré par une ceinture de végétation palustre, composée d’Alnus glutinosa, Bolboschoenus glaucus, Fraxinus angustifolia, Phragmites australis,

Schoenoplectus litoralis, Tamarix gallica, Typha domingensis et Vitex agnus-castus. Les

hydrophytes sont représentés par des espèces libres comme Ceratophyllum demersum et Lemna

minor, et des espèces radicantes comme Nymphaea alba, Persicaria amphibia et Potamogeton pectinatus.

A l’extrémité ouest du lac, s’étend une peupleraie âgée à Populus alba, caractérisée par un sous-bois de Nerium oleander, Rosa sempervirens, Rubus ulmifolius et Smilax aspera. Un cordon dunaire sépare le lac de la Méditerranée ; depuis la ligne de rivage, on rencontre successivement des plages colonisées par Cakile maritima et Salsola kali, ces deux espèces très pionnières qui s’accomodent avantageusement des conditions extremes de mouvement des sables et absence momentanée de concurence. Des dunes vives dominées par un couvert herbacé plus dense, caractérisé au printemps par Calystegia soldanella, et enfin, des dunes plus ou moins stabilisées,

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dominées par Eryngium maritimum, Chamaesyce peplis, Medicago marina, Achelia maritima,

Pancratium maritimum, Phyla nodiflora, et deux espèces très rares en Algérie sensu (Quézel &

Santa 1962-1963), Echinophora spinosa et Matthiola incana, ne sont observées que sur ce site, du fait de leur disparution partout ailleurs. Elles sont menacées d’extinction.

Au bord du lac, sur la dune, se développe une ceinture ligneuse composée de Rosa

sempervirens, Rubus ulmifolius, Retama raetam subsp. bovei et Tamarix gallica. Enfin, des

populations de Schoenoplectus littoralis et Iris pseudacorus, souvent associés à Bolboschoenus

glaucus, Phragmites australis et Typha domingensis, sont développées en plusieurs points du lac,

sur des substrats vaseux en permanence inondés. Une ceinture discontinue de Scirpoides

holoschoenus et Juncus acutus marque la limite des eaux permanentes. Du côté sud, à l’opposé de

la dune littorale, le lac est bordé par une zone temporaire, entièrement asséchée en été et transformée alors en espace agricole pour les cultures saisonnières, et par un cordon dunaire consolidé couvert d’une végétation à base de Retama raetam subsp. bovei. Cette structuration complexe de la végétation témoigne de la grande diversité des conditions écologiques locales.

L’Oued El-Kébir présente un couloir fluvial qui a un double aspect, aquatique et forestier, il constitue une source de renouvellement pour les populations végétales et animales implantées à proximité ainsi que celles occupant des milieux connexes ; d’autre part la présence de quelques boisements épars apporte une diversité importante, même si la fragmentation de ces milieux diminue leurs potentialités fonctionnelles.

Les parcelles agricoles occupant ce secteur ne présentent qu’un faible intérêt sur le plan écologique. Ces terrains, sans cesse remaniés par l’activité agricole, ne sont occupés que par quelques espèces végétales peu remarquables ; ces groupements transitoires sont composés de plantes annuelles à croissance rapide, principalement estivale, on y rencontre entre autres les adventices des cultures comme Lysimachia arvensis (=Anagalis arvensis), Lotus corniculatus

subsp. preslii, L. subbiflorus, Glebionis segetum(=Chrysanthemum segetum), Xanthium strumarium.

En résumé les particularités écologiques de la zone humide de Beni Belaid, d’après la classification Ramsar, comprend les 4 types de milieux suivants : - Cours d'eau permanent. -Lac d'eau douce permanent. - Marais d'eau douce saisonniers. - Systèmes dunaires.