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IMPACT DU SYSTEME DE TRANSFERT HYDRAULIQUE DU BARRAGE DE BENI-HAROUN SUR LA REGION EST DE

IX.5 STRATEGIES DE DEPOLLUTION

IX.5.1 Considérations générales sur les niveaux de rejet à atteindre

Le projet de dépollution visé par les services de l’ANBT a pour but de réduire les flux polluants transitant vers le lac de Beni-Haroun afin de ne pas compromettre les utilisations futures notamment la production d’eau potable, principal enjeu de l’ouvrage.

Les impacts des flux polluants sur la retenue du barrage se traduisent de plusieurs façons :

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• Contribution à l’envasement du barrage.

• L’apport de matières organiques biodégradables contribue à la diminution du taux d’oxygène dans les eaux et peut entraîner des phénomènes de fermentation et de dystrophie.

• Apparition de composés toxiques. Le pH, lié à la photosynthèse à des valeurs fortes dans la journée. Si en plus les températures sont élevées et les teneurs en ammoniaque (NH4+

) sont fortes, il apparaît de l’ammoniac gazeux (NH3) très toxique pour les poissons.

• Asphyxie du milieu. Le jour, les végétaux produisent beaucoup d’oxygènes par photosynthèse et en consomment peut par respiration pendant la nuit, seule la respiration continue. Si la quantité des végétaux dans la retenue est très importante, au petit matin, tout l’oxygène de l’eau sera peut être consommé. Les poissons et certains insectes aquatiques peuvent alors mourir par asphyxie.

• L’apport en matières azotées peut compromettre la vie piscicole, accentuer les coûts de potabilisation et contribuer à l’eutrophisation.

• L’apport de substances phosphorées est en grande partie responsable de l’eutrophisation du milieu avec excès de production d’algues et de matières organiques, contrainte de potabilisation et risques d’asphyxie et de fermentation.

Ces impacts sont d’autant plus significatifs en période estivale (débit presque nul dans tous les thalwegs et oueds) et il faudra en conséquence s’attacher à réduire les émissions polluantes pendant ces périodes de fragilité du milieu naturel.

L’enjeu consiste donc à limiter ces impacts par la mise en œuvre d’un programme de dépollution qui passe par la collecte et le traitement des effluents urbains.

En matière de traitement, les technologies d’épuration des eaux usées domestiques permettent d’atteindre une réduction des flux polluants dans les proportions maximales suivantes :

80 à 95% de la matière organique et des matières en suspension.

70à 80% sur les matières azotées.

80% sur les substances phosphorées.

Si la plupart des procédés d’épuration assurent aisément un traitement efficace de la matière organique et des matières en suspension, le traitement de l’azote et du phosphore est réservé à quelques procédés plus complexes à mettre en œuvre.

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L’étude environnementale permettra de préciser les impacts des flux résiduels et les niveaux de rejets nécessaires pour chacune des agglomérations.

En effet, les flux polluants transitent par des oueds différents et les temps de transit permettent de prendre en considération des phénomènes d’autoépuration avant rejet dans le lac.

Par conséquent, dans l’état actuel, l’Agence Nationale des Barrages et de Transfert visera de façon préventive à limiter les apports des agglomérations dans les zones périphériques de la retenue du barrage tout en proposant des solutions faisables et réalistes (ANBT, 2003).

L’étude élaborée pour l’ANBT par le bureau d’étude internationale BG en 2003 fait en première approche, de se fixer comme objectif global :

• De réduire significativement les apports organiques (<80%) pour l’ensemble des agglomérations avec pour objectif de niveau de rejet, les normes algériennes :

DCO 120 mg/l DBO5 40 mg/l MES 30 mg/l

• De réduire partiellement, voire progressivement les apports en azote et phosphore en se focalisant sur les agglomérations principales à l’origine des flux les plus significatifs et où les temps de transit des rejets sont assez courts.

Aussi des solutions complémentaires au traitement des effluents peuvent réduire significativement l’impact des rejets et limiter le niveau de rejet après traitement :

• Evacuation des eaux traitées hors du bassin versant en acheminant ces eaux loin du barrage à l’instar des aménagements réalisés pour la retenue de Hammam Grouz.

• Réutilisation des eaux traitées à des fins agricoles ou agro-forestières.

• Aménagement de « zones tampon » en bordure du lac.

IX.5.2 Solutions visant à réduire les impacts de la pollution résiduelle après traitement

Ces solutions complémentaires au traitement des eaux brutes sont envisagées dans l’optique de réduire les apports résiduels dans la retenue et de limiter les niveaux de traitements sur les ouvrages d’épuration et en conséquence sur les coûts des investissements et d’exploitations de ces stations.

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a- Dérivation des effluents à l’aval du barrage

Cette solution radicale, nécessitant des travaux de raccordement importants a déjà été mise en œuvre pour la retenue de Hammam Grouz. Un réseau de détournement d’une longueur de 25 km achemine les effluents bruts à l’aval du barrage où ils sont ensuite traités sur une station d’épuration d’une capacité de 45.000 EH (ANBT, BG., 2003). Cette solution serait envisageable pour les agglomérations de Mila, Grarem et Sidi Merouane qui constituent 76% de la population qui entoure la retenue du barrage. Une station d’épuration en amont ou en aval du barrage assurerait alors un traitement de base (MO et MES).

b- la réutilisation des eaux traitées

La réutilisation des eaux, après traitement, est une priorité nationale dans le contexte de la pénurie que connaît le pays. Cette alternative de valorisation a été d’ailleurs retenue pour une partie des effluents traités par les stations d’épuration de Constantine et de Chelgoum Laid.

Il faut également rappeler que la réutilisation à partir d’effluents bruts est une pratique courante dans la zone d’étude. Les agriculteurs dérivant les eaux sur les parcelles à partir des collecteurs ou des oueds. Dans le cas des deux projets d’épuration de Constantine et Chelgoum Laid, les exploitants ont constatés que ces prélèvements avant l’arrivée à la station d’épuration sont significatifs et entraînent une baisse importante et préjudiciable des charges entrantes dans les stations qui fonctionnent en sous charge. A l’avenir, ces pratiques devront être réglementées à la fois pour des questions sanitaires et pour assurer le bon fonctionnement des ouvrages de collecte et d’épuration.

Le niveau de qualité nécessaire pour la valorisation agricole des eaux usées peut être défini en se référant aux recommandations préconisées par l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) publiées en 1989.

Dans ce contexte, la réutilisation est indispensable et aurait un double intérêt:

• Valoriser les eaux traitées en les affectant à l’irrigation notamment en période sèche où les besoins agricoles existent et la protection du barrage doit être maximale.

• Limiter les apports de pollution résiduelle sur le lac en période de fragilité du milieu.

Les spécificités à prendre en compte dans la zone périphérique du barrage (Mila, Grarem, etc.) pour les envisager pratiquement sont énumérées ci-dessous:

• L’implantation des futurs sites d’épuration à priori en points bas proches du lac limitera les surfaces agricoles facilement irrigables.

• L’irrigation à partir du lac sera sans doute privilégiée par les utilisateurs.

• Le relief accidenté limitera les possibilités de reprise des eaux traitées.