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Vouloir appliquer le développement durable à la mobilité suppose implicitement que les collectivités ont un rôle actif à jouer. Les leviers d'actions se traduisent généralement soit par des réglementations, soit par des incitations. Déjà, les collectivités ont clairement exprimé leur volonté de traduire les impératifs de développement durable dans les différents documents juridiques d'urbanisme. Les villes de plus de 100 000 habitants doivent se doter de schémas de cohérence territoriale (SCOT) dans lesquels s'inscrivent les PDU, et la loi SRU consolide les moyens pour qu'une politique globale de déplacements se mette en place. Le programme national de relance de la maîtrise de l'énergie propose un catalogue d'actions qui permet d'intégrer les impacts environnementaux liés aux déplacements dans les instruments de planification (SCOT, PDU, PLU…). Ces actions se traduisent par la restriction du trafic automobile en zones denses, la complémentarité entre les modes de transport et le partage de la voirie, le développement de transport de marchandises en véhicules propres, la mise en place de plan de déplacements d'entreprises, la mise en place de zones piétonnières, l'amélioration de l'accès des transports dans les zones périurbaines, l'inscription de la lutte contre le réchauffement climatique, avec une approche globale, cohérence entre l'offre de stationnement et les transports collectifs, le recours à l'énergie propre par les flottes publiques, l'internalisation des coûts de transports…. 60

Voilà pour la théorie, et les ambitions sont louables, mais qu'en est il en réalité ? Il se trouve que finalement peu de villes ont réellement concrétisé ces actions, et celles-ci restent alors sous forme de projets qui traduisent mal leur réelle adhésion aux principes de durabilité. L'insertion du développement durable dans leurs projet ne correspond t-elle pas finalement davantage à une stratégie de communication plutôt que d'une volonté de répondre à un problème d'environnement manifeste. La question mérite d'être posée. En effet, la multiplicité des acteurs de la ville entraîne des intérêts nécessairement contradictoires, quelle est alors la stratégie de ces acteurs à l'égard du développement durable en général et de la mobilité durable en particulier ? Se sentent-ils vraiment investis d'une mission ? ou développent ils des stratégies servant leurs propres intérêts ?

2.2.1 Une problématique de cohérence : le triangle d'incompatibilité

Pour être durable, le développement doit alors concilier ces trois objectifs. Relâcher l'uns des objectifs du triangle peut aboutir à compromettre la croissance économique. Les différents scénarios de la mobilité durable dépendent des objectifs politiques forts (non idéologiques et fortement dépendant des gouvernements en place). Selon les objectifs poursuivis, plusieurs scénarios peuvent être identifiés. Quels en sont alors les conséquences ?

Figure 15 : Contraintes du développement durable

Environnement

Economie

Société

Développement

durable

Quel est alors le duo à privilégier sachant que les incertitudes concernant le développement durable sont plus ou moins importantes en fonction des variables prises en compte ?

2.2.2 Une problématique de coordination : le triangle des clivages

Pour le politique la mobilité durable est un problème technique : l'amélioration des technologies permettra de respecter les contraintes de la mobilité durable. Pour le technicien la mobilité durable est un problème économique : l'amélioration des systèmes économiques permettra de respecter les contraintes de la mobilité durable. Pour l'économiste la mobilité durable est un problème politique : l'amélioration des réglementations et des incitations permettra de respecter les contraintes de la mobilité durable.

Figure 16 : Le politicien, l'économiste et le technicien face au développement durable

Développement durable

Développement durable

Le PolitiqueLe PolitiqueLe Politique

Le TechnicienLe TechnicienLe Technicien

L’EconomisteL’EconomisteL’Economiste

ProblèmeProblème

politique politique Problème Problème économique économique Problème Problème technique technique

Mobilité

Mobilité

durable

durable

Quels sont les intérêts des différents acteurs de faire émerger les principes répondant aux objectifs du développement durable ? Le concept général et global du développement durable, élaboré à une échelle mondiale, doit être transposé à l'échelle locale. Les motivations des acteurs sont alors différentes et correspondent à une approche stratégique. Les objectifs de durabilité ne sauraient répondre à une simple approche idéologique sans être détournés à des fins d'intérêts personnels et sectoriels. Il en résulte alors de véritables conflits d'objectifs, d'autant plus importants que le concept de développement durable, est multidimensionnel, et qu'il peut être interprété et donné lieu à des multitudes d'approches, chacun alors pouvant finalement revendiquer son adhésion au concept. Les problèmes soulevés par le développement durable et la mobilité durable prennent des formes si multiples qu'ils ne peuvent donner lieu à une seule interprétation et donnent alors des solutions non homogènes. C'est essentiellement la pluralité des acteurs, aux interprétations et aux intérêt divergeants, qui donne lieu à des solutions tout aussi divergeantes, parce que la hiérarchisation des priorités et des objectifs varient selon les groupes d'acteurs. De fait, même si le volontarisme local est présent, il est indubitablement source de conflits d'intérêts et donc d'objectifs. En effet, face à l'économie libérale mondialisée, l'approche en termes de durabilité suppose une grande prise de risque de la part des décideurs, parce que la concurrence est présente et la compétition s'exprime à la fois dans un contexte national (compétition entre les villes), européen et mondial.