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La mise en place d'actions ou de programmes satisfaisants aux critères du développement durable suppose la réalisation préalable d'un bilan (où en sommes nous ?), ce qui permet alors de confronter les réalités aux enjeux portés par le développement durable. Au niveau micro-économique les entreprises s'appuient sur le bilan sociétal du CJDES. Le diagnostic étant alors posé, il s'agit alors d'avoir une vision globale du projet (où voulons nous aller ?). En fonction des objectifs, il s'agit alors de définir une ligne de conduite idéale, vertueuse, en phase avec la logique du développement durable. Ces objectifs, pour peu qu'ils soient admis par les décideurs et qu'ils fassent l'objet d'un consensus global de la part de la population permettent alors de définir un "modèle" intégrant les opportunités valorisantes vers lequel le projet va évoluer. Les actions à mener pour le développement durable, s'inscrivent en effet dans une logique de projet qui nécessitera des corrections et des adaptations. C'est à partir de la mise en place d'indicateurs que les actions correctives au fil du temps interviennent. Le projet développement durable s'inscrit dans une logique de progression se déclinant en différentes étapes permettant de passer de la situation en un temps t à la situation "idéale". La logique est de considérer ces indicateurs comme un tableau de bord qui permet l'évaluation des différentes phases (mesurer ce qui a été accompli et ce qu'il reste à faire).

Figure 12 : Le processus du développement durable : du bilan à la situation idéale

BILAN

BILAN

de la

de la

situation

situation

Situation

Situation

idéale

idéale

TEMPSTEMPSTEMPS

Indicateurs d’évolution Actions correctives Indicateurs d’évolution Actions correctives Indicateurs d’évolution Actions correctives Indicateurs d’évolution Actions correctives

Ces indicateurs risquent de ne pas être "scientifiquement exactes", mais doivent être "développement durablement corrects" en ce sens qu'ils "indiquent" la progression du projet vers ses objectifs du développement durable et viennent alors alimenter l'aide à la décision.

2 LA MOBILITE DURABLE : DE LA COMPLEXITE A L'ACTION

Nous venons de le voir, la problématique du développement durable nécessite une approche transversale et multidisciplinaire. Domaine complexe et mal maîtrisé le terme tend pourtant à se vulgariser, et nécessite alors de voir quelles sont les actions possibles pour s'y approcher et se l'approprier. Evidemment, les actions se manifestent dans plusieurs champs, mais c'est dans le domaine du transport et de la mobilité que nous concentrerons maintenant notre réflexion et ceci pour différentes raisons : tout d'abord, nous l'avons déjà évoqué, le domaine du transport participe largement aux émissions de

représentent 35% de la consommation d'énergie qui est pour a moitié consommée en ville. Cette situation a des impacts environnementaux importants (contribution au réchauffement climatique, dégradation de la qualité de l'air…), et des impacts pour la santé notables (pollution, bruits…) ; mais aussi, le transport, de par sa banalisation conditionne les modes de vie des citoyens (accès à l'emploi, ségrégation spatiale…) ; le transport est également une manne économique qui participe largement à la santé économique des territoires. La question du transport et de la mobilité s'inscrit alors dans le triptyque environnement – économie – société. Pourtant, en France notamment, peu de villes s'en sont réellement saisies, et à l'exception de l'élaboration de l'Agenda 21, la concrétisation des actions reste faible voire inexistante.

La difficulté vient sans doute de la délicate transcription d'un concept global vers des échelles locales variées. Car à cette échelle, les grandes idées se concrétisent de façon souvent contraignantes pour les habitants, ce qui éclaire une certaine frilosité des villes à s'inscrire véritablement dans une logique de développement durable. Ou plutôt, ce qui revient à souligner le caractère ambigu de cette notion, la forme concrète que doit prendre le développement durable demeure indéterminée. Contrairement à ce qui est parfois implicitement ou explicitement avancé, il n’y a pas d’évidence dans ce domaine. Le développement du transport public par exemple n’est pas forcément une bonne chose pour l’environnement si le taux de remplissage des bus est faible. Et ce qui peut apparaître bon d’un certain point de vue (par exemple la baisse de la consommation unitaire des véhicules) ne l’est plus si l’on prend en compte les effets secondaires d’une solution donnée (ici, la croissance du nombre de kilomètres parcourus).

Nous commencerons donc par faire le point sur la problématique, somme toute récente, de la mobilité durable, notion qui demeure encore très floue.

Ceci expliquant cela, nous verrons, dans une deuxième section, les difficultés que peuvent rencontrer les collectivités à s'approprier le thème et à développer des actions concrètes en ce sens. Nous étudierons donc différentes stratégies qui peuvent se nouer autour de la question de la mobilité durable.

La diversité des voies choisies nous conduira à une interrogation sur l’évaluation. Qu’il s’agisse de l’évaluation a priori des effets sur l’environnement des différents types de mobilité, ou de l’évaluation a posteriori des politiques mises en place ici où là, il est de plus en plus nécessaire de forger des indicateurs de mobilité durable. Nous présenterons les efforts qui ont été conduits dans ce sens par la recherche, en France et à l’étranger.

Sur ces bases, diversités des stratégies, sensibilité aux évaluations, choix de certains types d’indicateurs, nous reviendrons à la question clé des arbitrages, et donc à la dimension politique de la mobilité durable. En reprenant les travaux du groupe de BATZ, puis en les élargissant à la mobilité interurbaine des voyageurs et des marchandises, nous serons en état de présenter la boîte à outils politique dans laquelle les décideurs publics pourront piocher pour traiter dans les années à venir les exigences issues de la montée en puissance de la question de la mobilité durable.

Après avoir fait un bref point sur la problématique somme toute récente de la mobilité durable, nous verrons dans une deuxième section les difficultés que peuvent rencontrer les collectivités à s'approprier le thème et à développer des actions concrètes en s'y référant, et quelles sont les différentes stratégies qui peuvent se nouer autour de la question de la mobilité durable.

Graphique 6 : Responsabilités des modes de transport terrestre dans les émissions de polluants55

55 Les données de l'environnement n° 69 (Septembre 2001) : http://www.ifen.fr/pages/5sc69_1.htm Emission de CO

Emission de NOx

Emission de particules

Emission de CO2

Voiture particulière Deux roues à moteur Fret et Transport combiné Véhicules utilitaires Transport collectif Voies d'eau

Source : DAEI/SES/ADEME/Impact COPERT,1998