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2.6 Résultats

2.6.1 Statistiques descriptives

Comme le montre la figure 2.1, seule une minorité de producteurs (17%) parvient à va-loriser l’ensemble de sa production sur des marchés biologiques. Près de 15% ne vendent sur aucun marché biologique. 65% des producteurs se situent entre ces deux bornes et vendent à la fois sur des marchés conventionnels et sur des marchés biologiques. Parmi eux, 15% choisissent de vendre en priorité sur des marchés conventionnels. La vente sur des marchés biologiques n’est pas celle qu’ils privilégient. Ainsi, nous ne retenons que 30% des producteurs, ceux qui n’ont pas, en première transaction, un marché biologique.

FIGURE2.1 – Accès aux marchés biologiques

Notre échantillon initial de 101 producteurs certifiés se répartit donc désormais comme suit : 72 qui vendent prioritairement sur un marché biologique et 29 producteurs, qui pourraient avoir accès à ces marchés spécialisés, privilégient les marchés conventionnels. Nous disposons d’une surreprésentation d’une catégorie de producteurs. Cependant, une des propriétés du logit est que les estimateurs des paramètres de pente sont invariants à une surreprésentation fondée sur la variable expliquée (Louis et Rousset, 2010). La figure 2.2 précise la part de chaque type de marché et montre une prépondérance des marchés de plein vent, qu’ils soient biologiques ou conventionnels9.

Les statistiques descriptives des deux groupes de producteurs (tableau 2.3) permettent

9. Notons que nous regroupons ici sous le terme “intermédiaires conventionnels” la vente aux inter-médiaires type courtier ou brokers, à des grossistes collecteurs ou à des détaillants qui approvisionnent ensuite des marchés de gros. En effet, les coûts de transaction étudiés ne nécessitent pas de distinguer ces configurations dans notre analyse.

FIGURE2.2 – Les différents types de marchés biologiques et conventionnels

de situer la production biologique dans l’ensemble du secteur agricole et ainsi de préciser les caractéristiques des ménages enquêtés.

Taylor (2006) note que dans la sous-région, la majorité du travail agricole en agri-culture biologique est réalisée par les femmes. C’est également ce que nous observons ici, notamment dans le cas des producteurs ayant comme débouché principal un mar-ché biologique. Précisons que le chiffre de 68% désigne bien le genre des personnes en charge de la production, et non du chef de famille. En somme, le secteur biologique présente ici une caractéristique très proche du secteur agricole pris dans son ensemble.

D’autres caractéristiques sont également prises en compte : l’âge, l’ancienneté de la pratique agricole et de la conversion. Relativement élevé l’âge moyen des producteurs (52 ans) est similaire à celui que trouvent Khan et al. (2008) dans leur enquête auprès de producteurs céréaliers kenyans. Il ne varie pas beaucoup d’un groupe à l’autre. Ce-pendant, nous notons d’importantes dispersions autour de la moyenne, concernant l’âge, l’ancienneté de la conversion et de la pratique agricole qui diffèrent peu d’un groupe à l’autre. Si les premières formations dispensées sur les techniques agricoles biologiques ont été proposées par KIOF dès les années 1980, ici la conversion moyenne que nous ob-servons est plus tardive. Elle correspond davantage à l’apparition des premiers marchés biologiques (années 2000).

Comme dans la plupart des pays en développement, l’accès au crédit peut s’avérer contraint pour les petits producteurs kenyans (Feder et al. 1985 ; De Janvry et al. 1991 ; Besley, 1994). Près d’un tiers des producteurs enquêtés ont bénéficié de crédit dans les 3 dernières années. Ces chiffres sont globalement proches de ceux trouvés par Alene et al.

(2008) dans son étude des producteurs de maïs kenyans. On note néanmoins une légère différence entre les deux groupes puisque les producteurs qui vendent en priorité sur les marchés biologiques ont davantage eu accès au crédit.

La part du revenu agricole dans le revenu global constitue une variable retenue dans de nombreux travaux. Plusieurs d’entre eux ont mis à jour un lien entre la diversification du revenu et l’amélioration de celui-ci au Kenya (Reardon, 1997 ; Barrett et al. 2001). Les données utilisées par Reardon (1997) datent des années 1970 et 1980, rendant des comparaisons difficiles. Néanmoins, à partir du ratio de 50% de revenus non agricoles trouvé par Clay et al. (1996) et Kelly et al. (1996) au Rwanda et au Sénégal, Reardon (1997) ne prévoit pas d’augmentation de la part des revenus agricoles dans le futur. Nos données captées par la variableIncOrgsemblent confirmer cette tendance annoncée. On relève toutefois une différence notable entre les producteurs qui vendent en priorité sur les marchés conventionnels (les revenus agricoles comptent pour 72% de leurs revenus globaux) et les producteurs qui vendent en priorité sur les marchés biologiques (50% environ).

Dans le secteur agricole traditionnel, la taille des exploitations varierait de 1,6 et 2,4 hectares selon les cultures (Neven et al. 2009). Ces données sont convergentes avec les observations de Jayne et al. (2010) qui établissent la moyenne des petites exploita-tions kenyanes entre 2,5 et 3 hectares. Ici, les producteurs biologiques tournés vers les marchés conventionnels ont en moyenne des superficies d’à peine plus d’un hectare. Les producteurs qui parviennent à vendre sur des marchés biologiques en première transac-tion possèdent des superficies agricoles légèrement plus grandes (1,8 hectares). Dans les deux cas, la taille des exploitations est donc légèrement inférieure aux moyennes trou-vées dans le secteur conventionnel. Elle correspond cependant aux observations de Hine et Pretty (2006) sur l’agriculture biologique en Afrique de l’Est. Nos données semblent confirmer ce point. Par ailleurs, une très grande majorité des producteurs sont proprié-taires, une propriété acquise par un achat ou transmise dans un cadre familial. On note également que les deux groupes ont en commun de posséder en majorité du bétail (Li-vestk).

Enfin, les producteurs des deux groupes vendent sur un nombre de marchés similaire, entre 2 et 3 marchés (Mark_Totalnum).

Variable Description Moy. (To-tal) Ecart-Type Moy. (Tran-sact1 = bio.) Moy. (Tran-sact1 = conv.) N

Market 1 = Marché biologique en première transaction, 0 = marché conventionnel

71 0.45 72 29 101

Gender = 1 si la personne en charge de la production est une femme

0.68 0.47 79.3 63.9 101

Age Age du producteur 52 12.65 53.3 51.7 98 Area Superficie agricole utile (in

acres)

4 10.21 2.80 4.37 100 Own = 1 si le producteur est

pro-priétaire de ses terres agri-coles

0.9 0.3 90 90 99

Years_Farm Ancienneté de la pratique agricole en années

22 14.6 19.8 23 100 Years_Org Ancienneté de la pratique

agricole biologique (depuis le début de la conversion), en années

12 9.1 11.8 12.5 101

Livestk = 1 si le producteur a du bé-tail (volailles inclues)

68 0.47 65.5 69.4 101 Loan = 1 si le producteur a eu

ac-cès à un crédit dans les trois années précédentes

0.33 0.47 33.8 24 99

IncOrg13 Part des revenus tirés de la vente des produits biolo-giques dans le revenu global en 2013

66.4 29.1 52.2 72 100

IncOrg12 Part des revenus tirés de la vente des produits biolo-giques dans le revenu global en 2012

65.5 29.9 52 71 100

Mark_TotalnumNombre total de débouchés auprès desquels le producteur vend la production biologique

2.6 0.85 2.3 2.7 99