I. Revue de littérature 4 Structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat 4.7 Startup studio Les startups studio sont des entreprises qui ont vocation à créer ou développer des startups en s’appuyant sur un pool de ressources partagées. Ils sont typiquement composés d’une équipe multidisciplinaire comprenant des personnes ayant une expérience dans l’entrepreneuriat, ou à minima dans des postes clefs du secteur d’activité concerné (« The rise of company builders », Leena Rao – TechCrunch, Février 2013). Les fondamentaux des studios sont l’apport de capital humain et financier dans les projets qu’ils soutiennent et une répétition du processus d’accompagnement. Ils ambitionnent, au même titre que les incubateurs et accélérateurs, de créer une infrastructure permettant aux entreprises de naître, d’émerger et de survivre au sein de l’écosystème. A l’instar de ces structures d’accompagnement, les studios sélectionnent des projets mais leur offre est plus large qu’un espace de travail et du coaching. En effet, les studios se positionnent de manière particulière parmi les acteurs de l’écosystème puisqu’ils apportent à la fois une aide financière et humaine en mettant à disposition des startups des compétences et ressources clefs. Les équipes en résidence sont très impliquées opérationnellement et suivent de près les décisions et les orientations prises pour chacun de leurs projets. De plus, souvent spécialisés dans un domaine particulier, ils apportent une expertise sectorielle aux startups qu’ils accompagnent. Les startups studios vont ainsi plus loin que les fonctions habituelles de contrôle ou d’orientation stratégique des investisseurs. En plus des capitaux propres, ils accompagnent étroitement les projets et interviennent de manière opérationnelle dans la vie des startups qu’ils soutiennent (Startup Studio – Wikipédia). Le studio apporte une logistique opérationnelle forte, ce qui implique moins de recours à des financements externes, et donc à de la dilution. C’est un modèle qui maximise les ressources et les fonds pour s’autofinancer le plus possible et qui s’appuie sur un accompagnement « intime » du porteur de projet. L’équipe va notamment aider l’entrepreneur à trouver son Product Market Fit, c’est-à-dire à savoir ce dont ont exactement besoin les futurs potentiels clients et l’aiguiller dans la mise en œuvre du 59 Il existe en fait trois types de startup studios qui sont les suivants : - Builder studio : dans ce cas le studio trouve lui-même l’idée, au sein du studio puis créé la startup et recrute l’équipe - Corporate studio : il s’agit là de startup créée au sein d’une entreprise pour résoudre un problème qui concerne l’ensemble des industries du secteur (c’est le cas de Anova studio, qui s’intéresse à l’IA). Il va dans ce cas permettre de pallier aux difficultés à innover des grandes entreprises. En effet, leur comportement de « paquebot » rend l’entreprise peu agile et aversive au risque. Il est difficile aujourd’hui, pour un grand groupe de se contenter de faire de la Recherche et Développement (R&D) ou d’intégrer directement des innovations disruptives, souvent en provenance de startup, dans une activité classique. Pour se transformer, il est nécessaire de favoriser les partenariats, notamment avec les startups, et c’est pourquoi les grands groupes cherchent de plus en plus à se rapprocher de celles-ci, en créant des structures dont la vocation est de créer de nouvelles opportunités de croissances. Ainsi, certains d’entre eux choisissent même de créer leurs propres startups en amenant la réflexion autour de sujets et d’enjeux qui les concernent. - Investor studio : plateform VC où le support opérationnel est fourni par des ventures capitalists. Il y a alors un temps à consacrer pour l’accompagnement et le bon suivi du projet. Il est donc primordial que le VC ait envie d’y contribuer, comprenne les enjeux, convienne au type de projet suivi et aux personnes qu’ils ont accompagnées, on parle de fit avec l’investisseur « finance market fit ». Une relation de confiance doit être développée, via notamment des interactions et une communication appropriée tout au long du développement de la startup. Le venture capitalist doit aussi être en capacité d’apporter son expertise et une plus-value aux entrepreneurs qu’il finance. Cela peut résulter d’une forte expérience dans le financement d’entreprises du secteur, ou d’une expérience d’entrepreneur aillant abouti à une excellente connaissance du marché, à l’image de ce qui est rencontré dans les équipes des builder studio. Les startups studio ont pour objectif de faire en sorte que des startups qui auraient dû vivre, réussissent en France, grâce à un financement approprié, une équipe adéquate, une connaissance idoine et un accompagnement personnalisé. 60 Ce concept fait ainsi figure de nouvel acteur dans le paysage de l’accompagnement à l’entrepreneuriat. Il permet à certains entrepreneurs de se faire accompagner avec plus de proximité que les modèles d’incubation existants. Pour d’autres, qui n’auraient pas oser se lancer dans l’entrepreneuriat classique, cela peut également être le moyen de l’expérimenter sous un angle différent, de découvrir comment une idée devient un produit et les problématiques auxquelles sont confrontées les entreprises naissantes. Le phénomène d’accompagnementà l’entrepreneuriat a donc connu une importante ampleur à travers le monde et le nombre de ces structures a augmenté sans que de véritables évaluations de la pertinence de leurs interventions n’aient été faites (Maalel, 2016). La principale mission des structures d’accompagnement étant d’accumuler des ressources pour les redistribuer aux jeunes entreprises, l’industrie de l’accompagnement entrepreneurial est devenue concurrentielle (Baraldi et Ingemansson Havenvid, 2016). L’émergence de nouveaux acteurs les a amenés à faire évoluer leurs stratégies (Clarysse et al., 2005 ; Vanderstraeten et Matthyssens, 2012) ainsi que leurs business model (Bruneel et al., 2012 ; Pauwels et al., 2016 ; Mrkajic, 2017). La nature et le contenu de l’accompagnement (Bruneel et al., 2012 ; Mian et al., 2016) se sont ainsi développés en empruntant des modèles différents. Avec cette compétition naissante, les exigences des entrepreneurs grandissent et ils sont désormais à la recherche d’une valeur ajoutée importante en rejoignant une structure d’accompagnement (Caillard et Paris, 2018). Pour Cloutier et al (2013), les actions prioritaires doivent être orientées vers le développement opérationnel en interne pour rendre pérennes les jeunes entreprises. Ainsi, le concept de startup studio dont le modèle se révèle radicalement différent de celui des autres acteurs de l’écosystème fera l’objet de notre attention. Nous nous consacrerons à l’étude de l’apport du startup studio réalisant un accompagnement de startups existantes en prenant des parts de capital de celles-ci. Ce nouveau modèle d’innovation vise à maximiser la rentabilité d’un ensemble de ressources collectives tout en réduisant le risque de perte. Il décompose la vie de la startup en phases critiques, durant lesquelles un membre du studio ayant acquis une expérience dans chacune de ces étapes de développement porte l’entrepreneur à surmonter les défis et problématiques rencontrées. Conscients que certaines opérations ne peuvent être réalisées seul, les startup studios ont recours à un ensemble de talents mutualisés dans diverses disciplines telles que la finance, le marketing ou encore le juridique afin de les 61 En plus d’entrainer une réduction des coûts, le caractère répétable de cette démarche permet, par effet d’expérience, une diminution des taux d’échec (« Créer un startup studio. Oui, mais pourquoi? », 2019). Dans le document Structures d'accompagnement à l'entrepreneuriat : apport du startup studio pour les jeunes entreprises du secteur de la santé en France (Page 66-69)