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I. Revue de littérature

1.3 Les phases de maturité et de croissance

Bien que chaque startup soit unique et ait une trajectoire différente, on retrouve une

succession de cinq étapes clef. Il s’agit de phases typiques du développement dont les

durées sont variables mais dont les enjeux restent identiques pour générer ou

poursuivre la croissance. Un de ces enjeux est de savoir effectuer une analyse du

marché en profondeur et de bien définir les besoins des futurs clients, et ce dans le but

d’influencer et d’orienter le développement du produit ainsi que les choix stratégiques

de la jeune entreprise. Pour Cloutier et al (2013) les phases de croissance prennent en

compte la survenue de crises durant la vie de l’entreprise. Cela justifie un

accompagnement dédié via des dispositifs de soutien assurant la cohérence de la

trajectoire empruntée par la startup.

En effet, la startup doit être dans un processus permanent d’adaptation de son offre

aux besoins du marché et son cycle de déroulement se compose généralement des

étapes suivantes :

- Idéation

La première phase est celle de l’idéation, c’est l’étape durant laquelle l’idée nait puis

se consolide, le néo entrepreneur est en réflexion quant à son positionnement et à son

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model puis du business plan débutent. C’est donc à cette étape que l’entrepreneur

commence à identifier les compétences complémentaires dont il aura besoin pour

faire avancer le projet et donc celle où la recherche d’associé commence.

A cette étape, le financement se fait par fonds propres, généralement les économies

et les prestations sociales du fondateur, l’entrepreneur peut également accéder aux

premiers avantages fiscaux.

- Création

Elle commence par l’officialisation du projet et de l’entreprise. L’entrepreneur peut

alors prétendre intégrer un incubateur et c’est durant cette étape que l’idée est

confrontée aux potentiels clients. Pour cela, il faut déterminer son Minimum Viable

Product (MVP) ainsi que les Personas Marketing, c’est-à-dire le groupe cible afin de

tester le plus rapidement possible l’offre sur le marché. Ce MVP est le produit avec

suffisamment de fonctionnalités pour satisfaire les premiers clients et ainsi recueillir

un premier feedback. L’entrepreneur peut à cette étape solliciter le financement par

les fonds de ses proches, ce qu’on appelle la Love Money ainsi que le crowdfunding.

Ces deux mécanismes peuvent donner lieu ou non à une prise de capital et donc à une

première dilution des parts du ou des fondateurs. Il peut également, en plus des

avantages fiscaux, avoir accès à certaines subventions.

- Amorçage

Ce stade est consacré à la recherche, à l’évaluation et au développement d’un concept

initial, avant la mise sur le marché des produits ou services.

Cette troisième phase est celle de la traction, c’est-à-dire la mise en œuvre de

mécanismes permettant d’attirer les clients. Pour cela, il faut définir des indicateurs de

performance (KPI) ainsi qu’une stratégie marketing adaptée avec une bonne

compréhension des besoins du client. Dans certains cas, l’exploitation des datas

permet d’améliorer l’expérience utilisateur (UX). Lors de l’amorçage, il est aussi

nécessaire de savoir remettre en cause les caractéristiques de l’offre et la faire évoluer

selon les retours du marché, on parle de Product-Market Fit. Il s’agit d’un enjeu majeur

car c’est ce Product-Market Fit qui donnera sa traction à la startup, c’est donc à cette

étape que le pivot a souvent lieu.

L’étape d’amorçage va demander des recrutements supplémentaires, elle nécessite

souvent l’embauche de profils clefs afin de gérer les différents services opérationnels.

La phase d’amorçage est donc celle où le besoin en financement s'accélère. Certaines

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l'autofinancement (bootstrapping) n'est pas possible, elle est généralement financée

par une première levée de fonds, appelée Seed et dont les montants oscillent entre

500k et 1 million d’euros. Cette ouverture du capital est pour certains secteurs

d’activité, comme celui des biotechnologies qui demande des investissements

considérables, une étape obligatoire. C'est typiquement à cette étape que les Business

Angels et les fonds d’amorçage prennent position. L’entrepreneur, en plus d’avantages

fiscaux tels que le CIR ou le statut de JEI, peut également avoir droit à des prêts

participatifs d’amorçage pour l’intermédiaire de Bpifrance.

- Scaling

A ce stade l’offre et le besoin sont validés, c’est donc la phase d’industrialisation de la

stratégie d’acquisition de clients… Cela peut passer par le déploiement d’une stratégie

commerciale innovante. Le management des équipes, majoritairement constituées

d’employés récemment recrutés, est également un enjeu majeur.

Quand cela est nécessaire pour l’entreprise, il y a en général lors du scaling un second

tour de table, appelé Série A et dont les montants varient entre 1 et 5 millions d’euros.

Là encore le recours au private equity n’est pas une obligation mais se révèle

incontournable dans des business au « burn rate » important.

- Expansion

Après avoir acquis suffisamment de maturité, la startup a désormais de solides

fondations. La dernière étape est celle de l’expansion, phase durant laquelle

l’entreprise renforce encore son équipe et sa stratégie marketing. Elle a fait ses

preuves sur un ou plusieurs marchés et l’enjeu est maintenant d’en conquérir de

nouveaux, généralement à l’international. C’est durant cette étape que la question du

financement du Besoin en Fonds de Roulement (BFR) est souvent posée. Cette

expansion nécessite donc des ajustements de la stratégie financière, qui est

généralement financée par un nouveau tour de table.

Olivier Ezratty définit dans Le guide des startups 2019, sept points clés pour mener à

bien le développement d’une startup que sont l’équipe, le business, le produit, le

marketing et la vente, l’internationalisation, la finance et le juridique.

La startup va donc vivre différentes phases de développement durant sa croissance et

chacune de celles-ci sera liée à un système organisationnel différent. « Les jeunes

entreprises connaissent des formes de croissance variées mais éprouvent toutes le

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besoin de mieux maîtriser leur développement dans un environnement marqué par

une forte incertitude (Cloutier et al, 2013). »

Cette croissance est souple et basée sur la créativité lors de la phase de création puis

tendra de plus en plus vers une hiérarchisation et un système de gouvernance au fur

et à mesure de son développement (Boissin & Grazzini, 2018). « Pour Greiner (1972),

la fin de chaque phase, et donc l’évolution de l’organisation, est synonyme d’une crise

interne. Par exemple, les limites de la phase de créativité́ peuvent être liées à une

communication trop informelle ou à une orientation trop centrée sur la technologie.

Une crise de leadership devrait alors se faire sentir et amener l’entreprise à évoluer

vers une organisation plus fonctionnelle et mieux structurée (Boissin & Grazzini,

2018). »

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