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III. Projets des énergies renouvelables et spécificités de la filière solaire

III.3 Présentation des principales caractéristiques des risques inhérents aux projets des

III.3.3 Les spécificités des filières majeures du domaine de l’énergie renouvelable et les

Il s’agit maintenant de dresser une liste, représentative bien que non exhaustive, des spécificités attachées aux grandes filières relevant des ER, qui se différencient à de nombreux égards, ce qui ne facilite pas leur prise en compte dans une approche cohérente de gestion des risques.

Les filières se différencient par le type de vecteur énergétique qu’elles produisent (électricité, chaleur, combustible ou carburant), par le caractère plus ou moins modulaire et l’échelle des équipements qu’elles nécessitent (maison individuelle, champ solaire, grand barrage hydroélectrique), par leur degré de maturité technico-économique, par leur niveau d’interactions avec d’autres secteurs de l’activité humaine et par la nature des contraintes environnementales qu’elles engendrent (Malbranche, 2013).

Energies renouvelables Energies conventionnelles

Retour d’expérience <20 ans >> 20 ans

Délai de commercialisation Rapide Moyenne

Familiarité vis-à-vis de la technologie tout au long de la chaîne de valeur Faible Forte

Marges d'exploitation Faible Forte

Horizon d’investissement >10 ans 10 – 15 ans

Dépendance vis-à-vis des mécanismes de support gouvernementaux Forte Faible

Facteurs inconnus influençant la rentabilité du projet Forte Moyenne

Sensibilité aux variations des prix du pétrole Forte Forte

Sensibilité aux variations des prix de l’électricité Forte Moyenne

Sensibilité au retard dans l'achèvement Forte Moyenne

Maturité / stabilité de la chaîne d’approvisionnement Faible Forte

Niveau de développement des normes techniques Faible Forte

Modularité (par rapport aux investissements minimums / typiques) Forte Faible

Criticité du cycle de vie de l'investissement : R&D Forte Moyenne

Criticité du cycle de vie de l'investissement : Prospection Forte Forte

Criticité du cycle de vie de l'investissement : Financement Forte Faible

Criticité du cycle de vie de l'investissement : Conception Moyenne Forte

Criticité du cycle de vie de l'investissement : Acquisition Moyenne Moyenne

Criticité du cycle de vie de l'investissement : Construction Faible Forte

Criticité du cycle de vie de l'investissement : Exploitation Forte Faible

74 Les similitudes et différences entre les grandes filières des ER du point de vue des aspects importants à considérer dans la démarche de gestion des risques projets sont :

 la politique publique,

 l’offre et la demande,

 la disponibilité des données environnementales des sites d’implantation,

 la disponibilité des données de performance des différentes technologies,

 l’intégration au réseau électrique existant,

 l’exploitation de la centrale,

 l’acceptation du projet par le public qui est fortement dépendante du contexte social,

 le retour d’expérience vis-à-vis des risques projet dans ces filières. Ces similitudes et différences sont résumées dans le Tableau III-4.

Tableau III-4 : Similitudes et différences entre les grandes filières des énergies renouvelables du point de vue des aspects importants à considérer dans la démarche de gestion des risques

projets

Pour affiner l’analyse, étudions plus précisément les aspects liés aux filières solaires thermodynamique à concentration (CSP) et photovoltaïque (PV).

Les filières CSP et PV sont fortement sensibles aux politiques publiques mises en œuvre, et ce, du point de vue des facilités financières instaurées par les autorités publiques (réduction d’impôts ou tarif négocié de l’électricité produite). La rareté et la faible fiabilité des données disponibles font de cet aspect, une importante source d’incertitudes et donc un facteur clef à prendre en considération en gestion de risques projet.

Les données météorologiques et en particulier l’ensoleillement, sont disponibles à grande échelle (données satellitaires) et non à l’échelle du site d’implantation, ce qui induit des

Sensibilité vis-à-vis de la politique

publique

Offre et demande

Disponibilité des données sur les

ressources énergétiques /

conditions météorologiques

Disponibilité des données sur les

performances techniques Solaire thermique + +/- - - à + Solaire Photovoltaïque + +/- à + - +/-Biomasse + - +/- -Eolien +/- +/- +/- +/-Géothermie +/- - - + Hydrolien + - + + Facilité d’intégration au réseau électrique Risques d’exploitation Risques intangibles, e.g. perception du public Nombre d’analyses de risques projets existantes Solaire thermique + +/- +/- -Solaire Photovoltaïque +/- +/- - à +/- +/-Biomasse +/- + + +/-Eolien + + + +/-Géothermie +/- + - + Hydrolien + + +/-

+/-75 incertitudes importantes qui peuvent avoir pour conséquences un rendement final inférieur à celui escompté. De plus, ces données sont disponibles sur des échelles de temps insuffisantes pour garantir une bonne estimation de la variabilité interannuelle. Enfin, certaines données locales sont disponibles, mais sont souvent éloignées du site d’implantation souhaité. La difficulté et donc les incertitudes, résultent alors de la représentativité de ces données selon leur résolution spatiale.

Du point de vue des performances techniques, la disponibilité et la fiabilité des données disponibles sont directement reliées à la maturité des technologies employées. Elles sont donc faibles à moyennes selon la technologie CSP employée et moyennes pour le PV.

Les incertitudes concernant le raccordement de centrales de production ER au réseau électrique existant, vont dépendre principalement de l’isolement du site d’implantation (distance par rapport au point de raccordement le plus proche), de la stratégie d’exploitation (présence de stockage d’énergie ou non) et de la demande locale (quelle quantité à distribuer et à quelle période de la journée). Ainsi, le raccordement d’une centrale CSP au réseau électrique existant est problématique. Différemment, dans le cas de la technologie PV, ces incertitudes sont moins importantes, du fait de la part importante d’électricité produite par des installations de petites tailles (particuliers) pour lesquelles le raccordement au réseau est moins problématique.

L’exploitation des centrales CSP ou PV est soumise à des incertitudes vis-à-vis notamment du nettoyage des miroirs (fréquence, disponibilité de la ressource en eau) pour les centrales CSP et de la fiabilité dans le temps des modules PV.

La perception et donc l’acceptation du projet par le public est le plus souvent bonne à moyenne pour les centrales CSP et PV. Cependant, elles dépendent en grande partie de la taille de l’installation et de la proximité avec des zones habitées ou d’intérêt écologique.

Enfin, le retour d’expérience est très réduit, l’existence d’analyses de risques projet est nulle pour les centrales CSP et quasi-nulle pour les centrales PV.

Pour ce qui est des autres filières technologiques (éolien, biomasse, géothermie et hydrolien), ces dernières sont aussi sensibles aux politiques mises en œuvre par les autorités publiques, et pour les mêmes raisons qu’évoquées précédemment. L’offre et la demande sont quant à elles peu incertaines pour ces filières énergétiques à l’exception de l’éolien dont le développement futur (sites offshores) pourrait engendrer une inadéquation entre l’offre et la demande s’il est trop rapide. Comme pour tout domaine scientifique novateur, la quantité de données disponibles ainsi que leur fiabilité, sont insuffisantes. La disponibilité des données techniques dépend grandement de la filière considérée avec un niveau acceptable pour l’éolien par exemple et un niveau très insuffisant pour l’hydrolien (technologie émergente). La facilité d’intégration au réseau électrique ainsi que les risques liés à l’exploitation sont méconnus pour toutes ces filières. L’acceptation par le public est très incertaine mise à part pour la géothermie qui est relativement bien accueillie. Enfin, les analyses de risques existantes sont peu nombreuses, mis à part dans le domaine de la géothermie.

76 Enfin, recensons de manière non exhaustive les principaux facteurs de risque recensés dans la littérature (Michelez, et al., 2011) (UNEP, 2004) (SEFI, s.d.) spécifiques à chacune des filières ER. Ces derniers sont les suivants pour la filière CSP :

 La durabilité incertaine des différents composants de la centrale,

 La facilité de maintenance et les coûts associés,

 Le faible nombre de fournisseurs pour les composants de la centrale,

 L’agressivité de l’environnement,

 La stabilité des incitations financières,

 Le vandalisme,

 La mauvaise estimation des rendements.

Pour la filière PV, nous pouvons souligner les facteurs de risques suivants :

 La stabilité du marché (coûts des matières premières),

 La qualité des modules photovoltaïques (durée de vie et rendement énergétique),

 La stabilité des incitations financières,

 Le vandalisme,

 La mauvaise estimation des rendements.

La filière biomasse est quant à elle exposée aux facteurs de risque suivants :

 La volatilité des coûts de la matière première,

 La disponibilité de la matière première.

 La filière éolienne est potentiellement affectée par les facteurs de risques suivants :

 La complexité de la maintenance,

 Les coûts relatifs à la maintenance de la centrale,

 La difficulté d’obtention des permis de construction et d’exploitation,

 La stabilité des coûts de la matière première,

 La stabilité réglementaire.

Les principaux facteurs de risque relatifs à la filière géothermiques sont les suivants :

 Les incertitudes relatives à la quantité et à la capacité calorifique du vecteur énergétique,

 La qualité d’exécution des forages.

Enfin, il est possible de recenser les facteurs de risque suivants pour la filière hydrolienne :

 La complexité de la maintenance (accessibilité),

 Le coût de la maintenance,

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